Addicted to you-TOME 1- Chapitre 18

Maisie

Gabin, Jonas et moi sommes assis au comptoir-lunch de ma cuisine. J'ai enfilé une robe de chambre en pilou et des moufles afin de me réchauffer.

Jonas, quant à lui, se sert de ma machine à café et me tend une tasse. Je secoue la tête en lui mentionnant :

- Si je bois un café, je ne dormirai pas de la nuit.

- Un thé, dans ce cas ? me propose-t-il.

- D'accord, mais je peux me le préparer.

- Ce n'est pas la peine, je suis déjà debout.

Cet homme est vraiment serviable.

- Allez-vous me dire ce que vous fabriquiez dans cette chambre froide ? questionne-t-il.

- Gabin m'engueulait et empêchait Charlotte de dormir, je lui réponds en jetant un regard noir au biker concerné. Il ne m'a pas laissée le temps de lui expliquer que la porte se verrouillait d'elle-même.

- Comment aurais-je pu le savoir ? grogne l'ours mal léché. Ça m'étonne que la petite vieille qui vivait là n'ait pas fait changer cette poignée. Imagine si elle s'était embarrée toute seule et qu'elle était morte !

- Son corps se serait bien conservé, rigole Jonas.

- Hey ! C'est de ma grand-mère dont vous parlez, je les coupe, de mauvaise humeur.

- Paix à son âme.

Je lâche un profond soupir. Ce soir, je n'ai pas envie de plaisanter. J'ai seulement le goût de me coucher et de dormir pendant une semaine entière.

- Plus sérieusement, je t'avais dit d'y aller doucement, mon pote, le réprimande Jonas.

Gabin hausse les épaules comme s'il s'en fichait.

Rien qu'à songer à la position dont Jonas nous a trouvés, le rouge me monte aux joues. Je cache mon embarras en plongeant le nez dans ma tasse.

- Et puis ? s'enquiert Jonas. Que penses-tu de notre proposition ? Marius a toujours voulu avoir un QG près de la distillerie, alors il n'a pas hésité à t'offrir d'acheter ce terrain.

De quoi parle-t-il ? Quel terrain ?

Je jette un regard d'interrogation aux hommes devant moi.

- Je ne lui en avais pas encore parlé, bougonne Gabin.

- Qu'est-ce que Marius veut acheter ? Quel terrain ? questionné-je.

- Le tien, répond-il. Il a pensé qu'après la nuit passée, tu aimerais peut-être déménager. Il y a une jolie maison en ville à vendre et elle se trouve près des services. Tu n'aurais plus de soucis à te faire.

Ils veulent acheter MA maison ? Certainement pas !

- Je ne veux pas déménager, je l'interromps impunément.

- Réfléchis-y, me dit Jonas. Tu es loin de tout, ici. Imagine si ces brigands reviennent !

- J'irai m'acheter une arme, affirmé-je.

Ils me fixent comme si j'avais dit une bêtise.

- Même avec une arme, s'ils sont plusieurs, tu ne feras pas le poids, affirme Gabin. De plus, il faut savoir maîtriser le tir, ce dont je doute fortement que tu sois capable.

Ce gougeât commence réellement à me taper sur les nerfs.

- À mon ancienne école, j'étais championne de tir à l'arc, je l'informe.

- Sauf que nous ne sommes pas à l'école, mais dans la vraie vie, rétorque le biker.

- Je sais me défendre !

- Avec quoi ? Un vase, me nargue-t-il.

- Arrêtez, nous interrompt Jonas. Vous êtes pires que des enfants.

Outrée, je me lève d'un bond, manquant de peu de renverser ma tasse.

- Je ne partirai d'ici sous aucun prétexte, m'entêté-je. Cette maison appartenait à ma grand-mère et elle me l'a léguée, à moi et à personne d'autre. Alors, je reste ici que ça vous plaise ou non !

- Même si tes enfants sont en danger ?

La colère s'empare de moi.

- Êtes-vous en train de me menacer ? leur demandé-je.

- Non, mais...

- Alors, dites à votre chef que JAMAIS je ne lui vendrai cette maison. Et remerciez-le pour la fenêtre. Sur ce, bonne nuit !

J'ai été sèche, mais je veux leur faire comprendre que j'ai des ressources et que, même si je suis mère célibataire, je n'ai pas peur d'habiter seule, sauf peut-être lorsqu'on vandalise ma maison. Mais ça, je ne leur dirai pas.

Je leur indique la sortie.

- Nous ne voulions pas te vexer, me dit Jonas.

- Vous n'aviez qu'à y penser avant de me faire cette horrible proposition.

Si j'avais su ce que c'était pour cette raison (et pour m'engueuler) que Gabin s'était pointé chez moi tout à l'heure, je ne lui aurais jamais ouvert. Ça m'aurait évité bien des désagréments.

- Tu aurais dû me laisser lui en parler seul, le réprimande Gabin.

- Biens sûr ! Avec ton tact légendaire, ironise son pote.

- Dehors, je vocifère assez fort pour réveiller Charlotte. Je ne veux plus jamais vous revoir !

J'exagère peut-être, mais la fatigue de la journée mêlée à tous les événements récents l'emportent sur le reste.

- Maisie, tente Jonas, tu fais partie des nôtres, à présent, alors essaie de comprendre que...

- Des vôtres ? je répète, pas certaine d'avoir bien compris.

- Oui, depuis que tu es au courant de nos activités et que tu as visité notre distillerie, il ne fait aucun doute que tu es rattachée à nous.

Mince ! Je ne veux pas être identifiée à ces types. Je veux seulement avoir une vie paisible avec mes enfants. Ce n'était pas mon intention en emménageant dans cette ville de faire copains-copains avec des bikers qui font de la vente illégale d'alcool.

Même si certains sont plutôt sympathiques.

Et d'autres très attirants... Surtout un en particulier que je ne nommerai pas.

- Que ce soit clair, je leur dis alors. Il n'y a aucune relation entre nous. Vous n'êtes que des voisins indésirables.

Gabin ricane.

- Indésirables, hein ? Pourtant, c'est chez nous que tu t'es pointée hier soir.

- C'était une regrettable erreur que je ne referai plus.

- On dirait bien que tu les enchaînes, c'est temps-ci, raille-t-il.

Je lui jette ma tasse de thé, mais il a le réflexe de se déplacer et le liquide atterrit directement sur ma table.

- Raté, se moque-t-il.

- Qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas vous qui avez envoyé ces hommes afin de me faire peur ? j'ajoute.

- Nous ne ferions jamais une telle chose, me répond Jonas.

- Laisse-moi en douter.

Gabin pousse un long soupir.

- N'essaie pas de la dissuader, dit-il à son ami. Elle ne bougera pas d'ici. J'aurais cru que le cimetière lui aurait flanqué la frousse, mais il faut croire que les bonnes femmes comme elle n'en ont rien à cirer.

- Quel cimetière ? je questionne.

À un mile de ma maison, une vieille église d'antan est toujours debout. Les irlandais qui ont immigré dans cette région l'utilisaient un siècle plus tôt. Il y a quelques tombes derrière le bâtiment, mais les autres ont été enlevées.

- Tu n'es pas au courant ? s'étonne Jonas.

- Au courant de quoi ?

- Ton terrain appartenait aux Irlandais.

Ça ne m'étonne pas puisque ma grand-mère était irlandaise. Elle vivait dans ce petit patelin depuis que ses ancêtres y ont emménagé au dix-neuvième siècle. Malheureusement, certains ont succombé durant la traversée de l'Atlantique et d'autres sont morts du typhus à leur arrivée.

Je ne suis qu'en partie Irlandaise puisque mon père est canadien. Les racines de ma mère sont plutôt lointaines, alors je ne me considère pas vraiment comme l'une d'entre eux.

- Je suis au courant puisque ma grand-mère était Irlandaise, je réponds.

- Donc, tu sais que son terrain est un ancien cimetière. Les pierres tombales ont été enlevées, mais les ossements sont toujours là.

J'ouvre la bouche, abasourdie.

- Ma grand-mère m'en aurait parlé !

- Peut-être qu'elle l'ignorait. C'est une chance que tu ne sois pas superstitieuse, dit Gabin d'un haussement d'épaules. Au moins, si tu te creuses un jardin un de ces quatre, tu sauras à quoi t'en tenir.

- Et si tu possèdes un chien un jour et qu'il te rapporte un os, ne te pose pas de question, rajoute Jonas.

Ils ont l'air de s'amuser de ma réaction. Néanmoins, ils ne me font pas peur. Je ne crois pas aux fantômes et c'était il y a bien longtemps.

- Dans ce cas, pourquoi n'avez-vous pas appelé votre brasserie « Les os des démons » ? je raille en embarquant dans leur petit jeu.

- C'est moins appétissant que « Les portes de l'Enfer », tu ne crois pas ? rétorque Jonas. Imagine que le mot « Os » se retrouvent sur ta bouteille. Tu aurais peur de t'étouffer, non ?

J'aime bien son sens de l'humour.

- D'où je viens, il y a un endroit qui se nomme ainsi, je les informe.

- Ah oui ? font-ils d'une même voix.

J'ai désormais toute leur attention.

- C'est un endroit touristique caractérisé par des cavités dans des rochers creusés par une rivière tout en bas. Des escaliers permettent d'y descendre à notre guise.

- Pourquoi ont-ils nommé cet endroit ainsi ? me demande Jonas.

- Il y a une légende qui raconte qu'il y a bien des années, dans le temps de nos grands-parents, des raquetteurs se promenaient dans la neige. L'un d'eux est tombé dans la cavité du rocher qui était recouverte de neige. Le trou s'est refermé par la suite, du moins, c'est ce que le randonneur qui le suivait a raconté. Selon lui, ça ressemblait aux portes de l'Enfer, d'où le nom.

- Et l'histoire est-elle vraie ?

- Aucune idée.

Nous restons silencieux quelques instants. Les bikers se sont rassis au comptoir-lunch comme si je ne leur avais pas crié quelques instants auparavant de dégager. Si je continue ainsi, je ne serai plus crédible. Ils savent que je crie, mais que je suis incapable de mettre mes menaces à exécution.

De toute façon, ils ont bien vu que peu importe ce qu'ils me diront, jamais je ne partirai d'ici.

- En passant, dit soudain Jonas, l'histoire du cimetière, c'était une blague.

- Hey ! s'écrie Gabin. Tu ne tiens jamais ta langue !

Je me lève et m'empare du balai.

- Espèce de crétin ! je lance au Coyote. Je vais te l'enfoncer si profond dans le c...

Boom !

Une explosion coupe ma menace. Les murs tremblent et mon cœur s'arrête de battre. Que se passe-t-il ?

- Si c'est une de vos blagues pour me faire quitter l'endroit....je commence, mais l'air sérieux des bikers me dissuade de poursuivre.

Ils se précipitent vers la fenêtre et poussent des jurons bien sentis. Gabin sort son téléphone et lance un appel.

- Will ! s'écrie-t-il. Viens immédiatement à la brasserie avec tes collègues pompiers. Il y a eu une explosion et l'entrepôt est en feu. Oui ! Merci.

Je fixe, horrifiée, la remise des bikers par la fenêtre du salon.

Finalement, je vais prendre un café.

L'endroit touristique appelé "Les Portes de l'enfer" existe vraiment et la légende également. Je suis allée le visiter il y a quelques années.

Voilà une photo pour vous montrer à quoi ça ressemble. Mieux vaut ne pas tomber

Bon weekend !

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