Addicted to you-TOME 1- Chapitre 16

     Maisie

Je ne me suis vraiment pas sentie la bienvenue chez les bikers. Je voulais de l'aide, qu'on me rassure, qu'on me dise qu'on ne me laissera pas tomber, mais j'ai seulement eu l'impression que j'étais une étrangère qui cherchait à profiter de la situation.

J'ai été étonnée que Gabin me propose de rester au club, ou plutôt au-dessus du club, mais j'ai vite déchanté lorsque j'ai entendu sa « famille » parler de moi comme si j'étais une itinérante qui cherchait un refuge.

Gabin a eu pitié de moi.

C'est la seule raison qui explique sa gentillesse.

J'ai crains pendant un instant qu'il me fasse un sermon puisque j'ai laissé Charlotte et Théo seuls dans la voiture, mais non.

J'ai donc décidé de partir pendant que Gabin essayait de convaincre les siens de me laisser « squatter » chez eux, comme son ami l'a si bien mentionné.

Ils ne veulent pas de femmes. Soit. Tant pis pour eux ! Ce ne sont qu'une bande de sauvages qui ne pensent qu'à sauver leur alcool. Ils mériteraient qu'on mette le feu à leur si précieuse distillerie.

Je retourne dans ma voiture et prends une grande inspiration pour ne pas éclater en sanglots. Cette nuit, je suis seule avec mes enfants. Totalement seule. Je ne retournerai pas au club des bikers. Ni chez moi.

Au lieu de cela, je conduis jusqu'au Walmart. Ce magasin à grande surface autorise les gens à dormir dans leur stationnement. Très souvent, l'été, les vacanciers en caravanes y campent. Toutefois, cette nuit, il n'y a qu'un « Fifth Weel » au milieu de la cour.

Je stationne ma voiture à l'extrémité du terrain, directement sous un arbre. Dormir assis n'est pas envisageable. Je ne peux malheureusement pas incliner mon siège à cause des enfants sur la banquette arrière et mon coffre n'est pas assez grand pour que je m'y allonge.

Je lorgne le gros arbre. La nuit est douce, alors je prends rapidement ma décision. J'entrouvre les fenêtres, prends une couverture qui traîne toujours dans l'auto que j'utilise pour nos pique-niques et m'installe sur le gazon. De petits cailloux me piquent le dos, mais j'essaie de les ignorer. Je suis si éreintée que j'arrive rapidement à m'endormir.

Je pousse un gémissement de douleur lorsque mes yeux s'entrouvrent. Mon dos est en compote. De plus, j'ai un mal de tête carabiné. Et des vrombissements de motos n'arrangent rien. J'ai l'impression qu'elles sont juste à côté de moi.

Je me redresse lorsque la réalité me percute de plein fouet et je lâche un cri de surprise en apercevant une trentaine de motocyclettes entrer dans le stationnement.

Je réalise que je grelotte sous la fraîcheur matinale. Mes vêtements sont humides à cause de la rosée et mes mains sont glacées. Quelle idée de dormir à la belle étoile !

Je n'ai pas le temps de me demander ce que ces motocyclistes font dans le coin, mais je doute que ce soit une coïncidence. Ils se dirigent droit vers moi, alors je me relève en vitesse, ramasse la couverture et cours vers ma voiture.

Le bruit des moteurs réveillent mes enfants. Théo commence à pleurer, probablement parce qu'il a faim, et Charlotte me demande où nous sommes. J'ai seulement le temps d'ouvrir la portière que, déjà, les motos encerclent ma voiture. J'en compte environ une trentaine.

Mes tremblements s'accentuent, de peur, cette fois. Et lorsque je vois un biker débarquer de sa moto, c'est un profond malaise qui s'empare de moi. Je l'ai immédiatement reconnu grâce à sa démarche assurée et à sa silhouette unique.

Gabin.

Il s'avance vers moi en enlevant son casque tandis que je reste immobile devant ma voiture. Même si je voulais m'enfuir, je ne pourrais pas me frayer un passage parmi les bikers, à moins d'en écraser quelques-uns. J'ai l'impression qu'ils m'ont prise en filature.

Gabin parait fatigué et l'air irrité sur son visage me laisse percevoir que cette discussion ne sera pas plaisante. M'en veut-il de ne pas avoir attendu son retour ? Je voulais seulement nous éviter un malaise.

Toutefois, je ne l'ai pas évité longtemps.

Les cernes sur son visage démontrent qu'il n'a pas dû beaucoup dormir cette nuit. Toutefois, malgré cela, il reste toujours aussi séduisant. Ses cheveux décoiffés par son casque lui donnent une allure plus sauvage tandis que ses prunelles ombrageuses me foudroient.

Il s'arrête à deux pas de moi et me détaille silencieusement.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? me demande-t-il de sa voix rauque. Je t'ai cherchée toute la nuit.

- Je ne voulais pas retourner chez moi et je n'étais clairement pas la bienvenue chez vous, alors je me suis débrouillée.

- Si tu m'avais sagement attendu comme je te l'avais demandé, vous auriez pu dormir dans un lit. En passant, mes frères étaient seulement surpris, mais ils auraient accepté de vous héberger pour la nuit. Pas vrai, les gars ?

Ils hochent la tête en approuvant, mais je remarque que quelque chose cloche. Ils n'avaient pas l'air aussi emballés à l'idée, hier.

- Écoute-moi bien, Gabin, je lui dis alors. Je ne veux de ta pitié, ni de celle de personne ici. Je vais me débrouiller seule...comme je l'ai toujours fait.

- La pitié est loin du sentiment que j'éprouve pour toi en cet instant, me répond-il avec une gravité qui me surprend.

Ses yeux quittent les miens pour descendre au niveau de mon buste. Je suis l'orientation de son regard et retiens un juron en réalisant que les pointes de mes seins sont érigées et qu'on les aperçoit très bien à travers le tissu de mon t-shirt.

- Tu es frigorifiée, remarque-t-il.

Il enlève sa veste et la dépose sur mes épaules. Son parfum envahit aussitôt mon sens olfactif et j'ai envie d'enfouir mon nez dans le cuir du blouson. Sauf que je ne le fais pas car j'ai encore un soupçon de fierté.

- Je dois retourner chez moi afin de me préparer pour le travail, je lui dis.

Il écarquille les yeux.

- Tu comptes aller travailler malgré la nuit que tu as passée ?

Je hoche la tête.

- Je dois travailler, je lui réponds.

- Tu pourrais prendre une journée de congé-maladie, me suggère-t-il.

- Je ne peux pas. On compte sur moi, à la clinique.

Je ne veux pas laisser Nancy seule avec tout l'ouvrage qui nous attend. J'aurais toutefois eu besoin de cette journée pour me reposer. Je suis si courbaturée que j'ai l'impression d'avoir couru toute la nuit. J'ignore comment je vais réussir à venir à bout de cette journée.

- Dans ce cas, nous nous occuperons de ta fenêtre pendant que tu seras au travail, me dit Gabin.

- C'est que...

J'hésite à lui dire que je n'ai aucune assurance-habitation. C'est une grosse erreur de ma part, mais j'ai tellement été débordée ces derniers temps que j'ai oublié de contacter mon agent d'assurance.

- Ne t'en fais pas, me dit Gabin. Nous avons des assurances pour la distillerie, alors Marius va s'occuper d'inclure ta maison dans le contrat.

- Non, ce n'est pas...

Gabin lève sa main dans les airs et balaie mon commentaire d'un petit geste.

- De toute façon, c'est déjà réglé. La vitrerie sera là vers dix heures ce matin et, ce soir, tu pourras reprendre ta petite routine.

J'hésite à le remercier. Hier, Marius avait l'air de se ficher de moi et, aujourd'hui, il m'aide. Ce comportement est étrange.

Je jette un coup d'œil à ma montre. Mince ! Il est déjà sept heures. Je dois me dépêcher.

- Il faut que j'y aille, j'annonce d'une voix pressée. Je ne dois pas être en retard.

- D'accord. J'irai te voir ce soir.

- Pourquoi ?

- J'ai quelque chose à te proposer. Bonne journée !

Il largue sa réponse comme une bombe et s'en va, l'air de rien. Moi qui suis une grande curieuse, je suis furieuse qu'il me laisse sur ma faim. Je vais devoir attendre toute la journée avant de connaître cette proposition. Veut-il que lui et moi... Je secoue la tête afin de chasser ces pensées. Nous sommes trop différents pour imaginer ne serait-ce qu'une simple relation amicale ensemble. Après tout, nous nous entendons comme chat et chien, même si j'ai remarqué que Gabin a fait des efforts dernièrement pour être un peu plus agréable.

Je me demande ce qu'il veut me proposer. Je suis encore perdue dans mes pensées lorsque nous arrivons à la maison. J'en profite pour prendre une bonne douche chaude et trop courte à mon goût, puis je m'habille. Audélie arrive à l'heure prévue et fait manger les enfants. Quant à moi, je file sinon je vais arriver en retard au travail.

Dix minutes plus tard, me voilà assise au bureau d'accueil avec une tasse de café bouillante.

- On dirait que tu as dormi sur la corde à linge, m'agace Nancy en m'apercevant.

- C'est presque ça, je lui réponds.

Je lui raconte alors ma mésaventure de la veille.

- Je te plais, me dit ma collègue. La prochaine fois, appelle-moi.

- Je n'avais pas ton numéro et, même si ça avait été le cas, il était tard...

- Ce n'est pas grave. Tu l'auras pour la prochaine fois...en espérant bien sûr que ça ne se reproduise plus.

Je hoche la tête pendant que nous échangeons nos numéros respectifs. Ensuite, la clientèle arrive et nous sommes occupées le reste de l'avant-midi.

Puisque je n'ai pas eu le temps de me faire un lunch, je me rends au Mc Donald du coin et achète un sandwich au poulet. Tant pis pour les calories ! De toute façon, grand bien me fasse, je ne prends pas de poids facilement. Je suis le genre de personne à pouvoir manger autant qu'elle le veut sans craindre pour sa ligne. Je fais toutefois attention à mon alimentation car la cellulite, elle, n'épargne personne, ou presque. Je ne me souviens pas en avoir un jour aperçue sur ma mère....

L'après-midi avance trop lentement à mon goût. Je crois que c'est la première fois de ma vie que j'ai aussi hâte de voir un homme. La proposition de Gabin soulève toutes sortes de questions dans ma tête. Toutefois, j'ai beau chercher, je ne vois vraiment pas de quoi il pourrait être question. Excepté pour me donner son numéro de téléphone. Ce serait déjà un bon commencement. Pas que je veuille communiquer avec lui, mais si jamais les ordures de la veille se pointent à nouveau, je pourrai immédiatement l'avertir.

- Maisie ! m'appelle sèchement le docteur Côté. Puis-je vous parler ?

Son ton de voix ne me rassure pas.

Je le suis dans la salle d'opération et il ferme la porte.

- Vous vous êtes trompée dans l'agenda des rendez-vous, me dit-il sévèrement. Vous avez inversé mes rendez-vous de la journée de mardi avec ceux du docteur Thivierge.

- Oh ! Je suis extrêmement désolée, je lui dis, dépitée.

- Vous ne devez jamais refaire cette erreur. Lorsque les patients se font suivre, ils s'attendent à toujours rencontrer le même médecin. Vous auriez dû voir le visage de madame Larochelle lorsqu'elle s'est rendu compte que c'est moi qui allait la recevoir au lieu du docteur Thivierge.

- Je m'en excuse, ajouté-je. J'ai dû inverser vos noms sans m'en apercevoir.

- À la prochaine erreur, nous devrons vous licencier, alors que ça ne se reproduise plus.

- Oui, ne vous inquiétez pas.

- Vous faites du bon travail, mais la moindre faute pour nous coûter notre réputation. Vous comprenez ?

Je hoche la tête. Je dois avoir l'air d'une tomate en ce moment. Me faire rabrouer de la sorte m'a coupé ma bonne humeur. Ma journée avait déjà mal commencé ; ça a fini de l'achever.

Je retourne donc chez moi d'humeur maussade.

Lorsque je vois le salon sans dessus-dessous, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne prends pas en compte les explications d'Audélie sur leur jeu éducatif ; je ne vois que de la peinture partout sur de la pellicule de plastique. Ma colère tant refoulée depuis des heures explose et je renvoie l'adolescente sans tenir compte des cris de protestations de Charlotte.

Audélie s'excuse en sanglotant, mais je suis trop remontée pour l'écouter.

Ce n'est que lorsqu'elle est partie et que j'aie remis le salon en ordre que je réalise que j'ai exagéré et que je regrette de l'avoir renvoyée.

J'aurais vraiment dû prendre congé. 

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