Addicted to you-TOME 1- Chapitre 14
Maisie
Ça fait une semaine que Gabin et Jonas ont terminé ma nouvelle chambre. Ils m'ont aidée à déménager mes meubles et, depuis ce temps, je dors paisiblement. Disons que j'avais beaucoup de sommeil à rattraper.
Je n'entends plus le bruit de leurs motos ou si peu que ce n'est pas suffisant pour me réveiller.
Je n'ai pas revu Gabin et les bikers depuis ce temps. C'est bizarre, je commençais à m'habituer à leur présence. Néanmoins, ma petite vie tranquille me satisfait. Mon travail à la clinique me plaît et, malgré mes horaires chargés, j'arrive à effectuer convenablement mes tâches. Il y a même des patients qui me parlent lorsque j'ai quelques minutes de libres et j'en apprends autant sur leurs vies que sur cette petite bourgade qui a piqué ma curiosité. Je connais maintenant tous les restaurants, les commerces, la bibliothèque et les activités qui s'y déroulent. Et tout cela, sans réellement me déplacer. Il n'y a qu'à ouvrir ses oreilles et les pies jacasseuses font leur travail. Je songe même à inscrire Charlotte à des cours de danse qui sont, à ce qu'il parait, fabuleux. Elle pourra se faire des amies car, l'an prochain, elle ira à l'école et je préfèrerais qu'elle ne se sente pas trop dépaysée.
Ce soir, le sommeil ne vient pas. Je dois dire que la soirée a été assez mouvementée. Après avoir regardé le film préféré de Charlotte, La Reine des Neiges, nous avons fait des casse-têtes et avons joué à des jeux de société, puis j'ai couché les enfants. J'en ai ensuite profité pour effectuer un peu de ménage. Je n'ai toutefois pas à me plaindre car Audélie m'aide beaucoup sur ce point. Chaque fois que j'arrive de travailler, la maison est rangée. Cependant, après quelques heures, tout est à recommencer.
Je suis donc un peu trop énergique pour dormir. Le café que j'ai bu en soirée n'a probablement pas aidé. Je me retrouve donc sur le patio en train d'observer les étoiles, chose que je n'avais pas faite depuis des lustres. La nuit est douce et chaude, alors j'en profite puisque l'automne approche à grand pas.
Soudain, j'entends le claquement d'une porte de voiture. Étrange... Il est seulement vingt-trois heures, alors il n'y a personne à la vieille remise des bikers. Habituellement, ils y arrivent vers deux ou trois heures du matin.
Donc, cela veut dire que le visiteur se trouve...chez moi. Or, je n'attends personne, alors la nervosité me gagne. Qui est cet intrus qui vient d'arriver ?
Je rentre dans la maison et j'attends en me rongeant les ongles. Je prends toujours soin de verrouiller les portes et les fenêtres. Une femme qui vit seule ne prend jamais de risques !
J'entends alors frapper à la porte, mais je décide de ne pas ouvrir. Le visiteur reviendra de jour.
Les coups redoublent et j'entends alors des voix. Mince ! Ils sont plusieurs.
- Ouvrez ! Nous savons que vous êtes là.
Toutefois, je reste cachée derrière les rideaux. Je n'ose pas jeter un coup d'œil dehors de peur qu'on ne me voie. Je me sens davantage en sécurité cachée ainsi.
Bang ! Bang ! Bang !
Les coups deviennent violents. Par chance, ma porte en bois massive tient le coup. Bonne chance pour la défoncer !
Je reste aussi silencieuse qu'une petite souris et je m'accroupis par terre. J'ai envie de crier « Vous ne passerez pas ». Hommage à Gandalf. Toutefois, ça ne jouerait pas en ma faveur.
J'attends ce qui me semble des heures. Je sais pourtant qu'ils ne sont pas partis. J'aurais entendu le bruit de la voiture.
Soudain, j'étouffe un cri lorsque la fenêtre du salon se brise. Une grosse pierre passe au travers et vient atterrir sur mon fauteuil.
Mon sang se glace dans mes veines et mon cœur manque d'exploser de frayeur dans ma poitrine. Je viens d'être attaquée. La panique s'empare de moi.
Mon cellulaire, le seul téléphone de la maison, se trouve dans ma chambre, au sous-sol. Dois-je appeler la police ?
Oui. C'est ce que je compte faire.
Cependant, j'entends la voiture démarrer et ils partent dans un crissement de pneus. La police ne pourra donc pas les arrêter.
Alors, je prends une décision. Il est hors de question que je reste ici cette nuit.
J'enfile une paire de pantalon troué qui traîne par terre, un t-shirt noir et une veste en similicuir achetée à la brocante. Je me rends compte que j'ai oublié mon soutien-gorge, mais je n'ai pas le temps. Je veux déguerpir d'ici le plus rapidement possible de peur qu'ils ne reviennent.
Je me dirige vers la chambre de Théo, qui dort paisiblement dans son petit lit, et place sur mes épaules le sac à couches qui repose sur le fauteuil berçant et qui est toujours rempli du nécessaire. Puis, je prends mon fils dans mes bras en prenant soin de ne pas le réveiller. Je monte au rez-de-chaussée et entrouvre la porte.
Rien.
Je me précipite vers mon véhicule, place Théo dans son siège d'auto, puis l'attache. Ensuite, je retourne dans la maison et prends Charlotte à son tour dans mes bras. Ouf ! Elle doit peser au moins deux sacs de patates ! Je saisis d'une main un pantalon et un chandail (ceux qu'elle devait porter le lendemain) et sors de la maison en verrouillant la porte.
Ma fille dort, mais murmure : « Qu'est-ce que tu fais, maman ? » pendant que je l'attache dans son siège.
- On part se promener en voiture, je lui réponds. Rendors-toi.
Ce qu'elle fait lorsque le moteur démarre.
Tandis que je sors de la cours, je remarque un véhicule stationné devant le hangar des bikers. Je vois des silhouettes rôder autour de la bâtisse et j'entends de puissants coups comme s'ils essayaient de forcer l'entrée.
J'appuie sur le champignon et me dépêche de dépasser le terrain.
À l'exception de ma collègue Nancy, je ne connais personne dans cette ville. Or, j'ignore son numéro de téléphone et où elle habite. J'ai besoin d'un endroit où je pourrai me sentir en sécurité en attendant de retourner chez moi. Ce qui ne sera certainement pas cette nuit.
Dommage que je n'aie pas songé à demander à Gabin son numéro de téléphone. J'ignore où il habite, lui aussi.
Toutefois, je me souviens avoir entendu parler d'un club tenu par les bikers. Si je m'y rendais, peut-être que quelqu'un pourrait m'indiquer où je pourrais le joindre. Peut-être même que j'y verrais Marius ou Jonas.
L'endroit n'est pas bien difficile à trouver puisque c'est la seule boîte de nuit exotique en ville. Ça me dégoûte de devoir y entrer, mais je n'ai pas vraiment le choix si je ne veux pas être obligée de dormir dans ma voiture.
Je me gare donc devant le panneau clignotant de la boîte de nuit sur lequel le nom Les Portes de l'Enfer est indiqué. Impossible de se tromper d'endroit. Ces bikers semblent avoir un goût très prononcé pour tout ce qui se rapporte à l'Enfer. Évidemment, ça aurait été bizarre qu'ils se soient appelés « Les Anges ».
Je stationne la voiture dans un parking libre. Il est minuit, mais je suppose que, puisque nous sommes mardis, l'endroit n'est pas plein. J'hésite vraiment à entrer. Premièrement, je ne suis pas habillée pour sortir, alors on ne me laissera probablement pas entrer et, deuxièmement, je ne veux pas laisser les enfants seuls dans la voiture. En plus, c'est interdit par la loi. Je ne peux pas non plus les emporter avec moi à l'intérieur. Qu'est-ce que je fais ? S'ils se réveillent et que je ne suis pas avec eux, ils vont paniquer.
J'attends plusieurs minutes, puis je me décide. Je n'ai pas vraiment le choix.
Je ne resterai pas longtemps. Si personne ne peut m'aider, je m'en irai et je dormirai dans la voiture sur le bord de la route.
Je sors du véhicule, verrouille les portières, puis m'avance sur le trottoir. Quelques individus font la queue pour entrer, mais j'arrive à la porte assez rapidement. Le videur me regarde alors du haut de son mètre quatre-vingt dix.
- Je crois que tu t'es trompée d'endroit, gamine, me dit-il en croisant ses gros bras musclés. Il faut être accompagné d'un homme pour rentrer ici.
- Je suis capable d'entrer en enfer toute seule, je réplique.
Il ne sourit même pas à l'allusion.
- Je suis majeure, j'ajoute en lui tendant ma carte d'identité.
Il secoue la tête de gauche à droite.
- Je regrette, mais tu ne peux pas entrer.
- Je dois absolument parler à Gabin. C'est important.
- Navré, il est occupé.
- Écoutez, je tente une dernière fois. Je suis leur voisine et des intrus rôdent autour de la brasserie, alors laissez-moi passer ou je vous assure que lorsqu'ils découvriront la vérité, je ne donne pas cher de votre peau.
Il écarquille ses yeux, surpris. C'est la première réaction qui traverse son visage de marbre. Est-il lui aussi un biker ? Probablement, puisqu'ils semble comprendre de quoi je parle.
Il est évident que je ne mens pas puisque rares doivent être les gens au courant de leur petit marché noir.
- Entre, dit-il en s'écartant de mon passage.
- Merci.
Ouf ! Première étape réussie avec succès. Maintenant, je dois trouver le Coyote.
Le club est beaucoup plus luxueux que je ne l'aurais cru. Lorsque j'entre dans un petit couloir, je reste aveuglée par des lumières qui suivent le rythme de la musique, un genre de « Boom boom » parfait pour se déhancher avec sensualité. Tout est tape-à-l'œil, du plancher rouge aux murs remplis de rideaux de velours écarlates. Le plafond tendu noir miroite au-dessus de ma tête. Puis, le couloir débouche sur une salle comme je n'en ai jamais vue. De longues balançoires sont suspendues au plafond sur lesquelles des femmes se balancent en sous-vêtements affriolants. Elles arquent le dos de façon à ce qu'on aperçoive leur corps menu. Des banquettes sont disposées devant une scène où se trouvent des poteaux autour desquelles les danseuses font leurs petits spectacles. Actuellement, trois d'entre elles se trémoussent d'une façon qui embarrasse tant que je n'ai que le goût de partir. Toutefois, je dois absolument trouver un biker afin de lui raconter ce que j'ai vu.
Mes yeux balaient l'endroit. Il n'y a pas foule, mais assez de monde pour que je doive faire attention à mes pieds.
Je m'approche du comptoir-bar afin de demander de l'aide. Un barman s'y trouve. Il est assez mignon et me sourit de toutes ses dents lorsque j'arrive à sa hauteur.
- Salut ma mignonne, me dit-il. Qu'est-ce que je te sers ?
- Rien, merci. Je cherche seulement quelqu'un et je me demandais si...
- Si tu veux rester, tu dois boire. Ce sont les règlements, ici.
Eux et leurs règlements à la con ! D'abord, je dois être accompagnée d'un homme et, ensuite, je dois boire.
- Je veux voir Gabin, lui dis-je. C'est urgent.
- Alors, prends un numéro. Il est déjà occupé, dit-il en me pointant une banquette.
Deux demoiselles très légèrement vêtues sont assises de part et d'autre du biker. Les lumières tamisées me permettent tout de même d'observer sa chevelure châtaine, sa mâchoire attirante et sa petite barbe sexy.
Gabin semble très à l'aise. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un petit pincement au cœur en le voyant ainsi. Ses bras sont appuyés sur le dossier de la banquette et il fixe le plafond tandis qu'une des femmes lui susurre des mots à l'oreille. L'autre masse son torse avec un peu trop d'appétit. Le voir ainsi m'écœure au plus haut point.
J'ai envie de faire demi-tour, mais je reste seulement parce que j'ai peur de retourner chez moi. Je me fiche de leur distillerie. J'ai envie de ne pas lui dire qu'ils sont probablement en train de se faire cambrioler, juste pour le punir de...de quoi, au juste ? Cet homme est un inconnu, alors pourquoi est-ce que je me sens trahie ?
Probablement parce que je m'attache toujours trop rapidement aux gens que je côtoie.
Je m'avance vers Gabin, les bras croisés sur ma poitrine. Je le fixe d'un air sévère et avec dégoût.
Il baisse la tête vers moi, probablement parce qu'il a senti du mouvement devant lui, et me voit aussitôt, mais ne réagit pas tout de suite. Il cligne des paupières, probablement parce qu'il doit croire à un mirage. Il a sans doute trop bu, quoique la bière qui repose devant lui ne soit qu'à-moitié entamée. Peut-être que le jeu de lumières lui donne l'impression que je ne suis pas réelle. Il est vrai que tout parait être propulsé dans un autre monde, ici. Comme si on évoluait dans un songe.
Lorsque l'homme voit que je suis toujours là, et habillée différemment des autres femmes, il se redresse et arrondit ses yeux d'ahurissement.
- Maisie ? crie-t-il pour couvrir le son de la musique. Qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Je ne suis certainement pas là pour danser, abruti, je lui réponds en tapant du pied, fort mécontente.
- Excusez-moi, mesdemoiselles, dit-il à ses compagnes.
Celles-ci se lèvent et disparaissent à travers la foule.
Pourquoi Gabin est-il poli avec elles tandis qu'il ne l'a jamais été avec moi ? Ce constat m'affecte. Pourtant, j'essaie de ne rien laisser paraître. Je ne veux pas qu'il perçoive mes faiblesses. Je me suis déjà assez ridiculisée devant lui.
Il reste néanmoins assis et me fait signe d'approcher. Quoi ? Pense-t-il que je vais accepter de poser mes fesses là où celles de ces bombasses étaient posées quelques secondes plus tôt ? Qu'il aille se faire voir !
Je reste au même endroit en lui décrochant mon regard le plus meurtier qui soit. Il semble enfin comprendre et un petit sourire étire sa bouche fort attirante.
Le Coyote se lève enfin. Puisqu'il se trouve dans un petit salon en retrait, il y a une marche à monter pour arriver à sa hauteur, alors je me sens encore plus petite où je suis, c'est-à-dire à un niveau plus bas.
Gabin vient enfin me rejoindre.
- Que fais-tu ici ? me demande-t-il. Y a-t-il un problème ?
- Quelle perspicacité ! je persifle.
Il fronce ses sourcils.
- Vas-tu me dire enfin ce qu'il se passe ou préfères-tu rester ici toute la nuit ?
Jamais je n'ai vu de prunelles aussi envoûtantes. Au gré des lumières, elles semblent encore plus intenses. Le gris a disparu pour laisser toute la place au vert d'eau.
- Des bandits ont essayé de défoncer la porte de ma maison et m'ont foutu la trouille de ma vie, je lui réponds enfin.
J'essaie d'empêcher ma voix de trembler, mais je suis sur le point de craquer.
Gabin s'en rend compte et me faire signe de le suivre. Peu importe mon ressentiment envers lui, je le suis car il est ma seule porte de sortie.
Gandalf est un personnage imaginaire appartenant au légendaire de l'écrivain britannique J. R. R. Tolkien, apparaissant dans Le Hobbit, puis dans Le Seigneur des anneaux.
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