Addicted to you-TOME 1- Chapitre 13
Gabin
Je suis en train de poser la laine minérale lorsque j'entends l'alarme de l'extincteur de fumée. Jonas et moi échangeons un regard, puis nous nous précipitons dans l'escalier, suivi par Audélie et les enfants.
Ça sent la fumée et je me dirige vers sa provenance, qui n'est ni plus ni moins la cuisine.
Je ne suis donc que légèrement surpris en apercevant le feu s'échapper d'une casserole. Il monte presque jusqu'au plafond. Maisie essaie de verser de l'eau pour l'atténuer, mais ça ne fait qu'empirer.
Erreur de débutante. Tout le monde sait que l'eau attise le feu lorsqu'il provient d'une casserole pleine d'huile.
Mes yeux font rapidement le tour de la cuisine et j'aperçois la salière, que je saisis en vitesse en faisant un signe à Jonas d'éloigner la marmaille. Je dévisse le bouchon et jette le sel sur le feu, ce qui le contrôle immédiatement. Il réduit de moitié puis, lorsque je verse le reste, il s'éteint finalement.
Maisie se tient à côté de moi et me fixe avec des yeux ronds comme des billes. Apparemment, elle ne connaissait pas le truc du sel. Avec sa maladresse légendaire, elle devrait le retenir ou, plutôt, ne jamais essayer à nouveau de faire frire quelque chose sur la cuisinière.
- Qu'est-ce que tu fabriquais ? je lui lance d'un ton furieux.
Elle aurait pu mettre le feu à la maison si nous n'avions pas été là.
- Je...j'essayais une nouvelle recette, répond-elle d'une voix tremblante.
Je ne me laisse pas attendrir par ses beaux grands yeux plein d'eau. Ses mains tremblantes essaient de saisir le chaudron, mais j'arrête son geste.
- Tu vas te brûler, l'avertis-je. Tu devrais attendre que ça refroidisse.
Heureusement, je suis arrivé à temps. Même le plafond parait intact.
- Au feu, les pompiers, y'a la maison qui brû-le, au feu les pompiers, y'a la maison brûlée, chante Charlotte. C'est pas moi qui l'ai brulée, c'est la cuisiniè-re, c'est pas moi qui l'ai brûlée, c'est le cuisinier.
- Viens, Charlotte, allons jouer en bas, lui dit Audélie.
- J'ai un camion de pompier, annonce la petite fille. Je vais te le montrer. Il pourra aider maman à éteindre le feu, la prochaine fois.
Audélie hoche la tête et suit la petite au sous-sol tout en portant Théo dans ses bras.
- Je...euh...je vais poursuivre notre travail, balbutie Jonas en s'éclipsant, me laissant seul avec Maisie.
Celle-ci tortille son tablier dans ses mains, visiblement mal à l'aise en ma présence. Quant à moi, j'observe le comptoir de la cuisine. Le poulet a été découpé en fines lanières et attend visiblement d'être cuit, les oignons reposent sur la planche à découper et les ingrédients pour la sauce se trouvent dans un grand bol à mélanger. Je me penche légèrement au-dessus et hume l'arôme qui s'en dégage.
- Du poulet général tao, en déduis-je. Si tu veux manger chinois, c'est raté. J'ignore où tu avais la tête, mais apparemment pas en cuisine. Il ne faut jamais laisser de l'huile sur le poêle sans surveillance.
Elle plisse son joli petit nez et je vois bien que je l'ai froissée, encore une fois. Je suis plutôt autoritaire comme mec, mais je suis incapable de ne pas lui faire la morale. Pas devant ce genre d'erreur.
- On sait bien que Monsieur- Parfait aurait fait mieux, crache-t-elle en se penchant pour ramasser un oignon qui a roulé par terre.
Pendant ce temps, je me rapproche d'elle et, lorsqu'elle se redresse, nous nous retrouvons nez à nez, ou presque. Disons que j'ai plusieurs centimètres de plus qu'elle. Sa poitrine frôle mon ventre. D'ailleurs, je lorgne le personnage qui est illustré sur son vêtement, pilepoil entre ses deux seins.
- En fait, je suis assez doué pour ce type de cuisine, j'ajoute.
- Attention ! Ta tête ne passera plus par la porte ! ironise-t-elle.
Qu'est-ce que j'aimerais embrasser cette bouche insolente !
- Je dis seulement la vérité, réponds-je.
Je vois une lueur de défi illuminer ses yeux pailletés.
Ça tombe bien, j'aime les défis. Jonas peut certainement se débrouiller seul quelque minutes.
- Pousse-toi, je lui ordonne en saisissant son tablier. Laisse travailler le chef.
En un rien de temps, les légumes et le poulet sont cuits. Je les fais sauter dans le poêlon avec facilité et j'ajoute les ingrédients manquants pour la sauce.
- J'avais déjà presque tout fait le travail, me nargue-t-elle.
- En cuisine, le mot « presque » n'existe pas, je rétorque. C'est tout ou rien.
Si elle avait eu un couteau dans les mains, elle m'aurait sans douche découpé en minuscules petits morceaux. Ses yeux assassins expriment toute sa rancœur envers moi.
- Comment fais-tu pour être aussi exécrable ? me demande-t-elle.
Je hausse les épaules. Elle ne se souvient pas de notre conversation de la veille. C'est la seule façon pour moi de garder mes distances avec elle. Son joli petit minois m'embrouille trop et je ne veux pas flancher devant elle.
- Ce n'est pas si difficile, je réponds avec un petit sourire narquois.
- Je n'en doute pas une seconde, pépie-t-elle en se détournant de moi.
Elle range les condiments dans le frigo et, lorsqu'elle se penche, j'ai une vue magnifique de...la bouteille de ketchup. Du moins, c'est ce dont je veux me convaincre.
Je me concentre à nouveau sur ma tâche afin de ne pas faire la même bêtise qu'elle. Pendant ce temps, elle nettoie la cuisine. Je remarque qu'elle se déplace aussi légèrement qu'une danseuse. Finalement, elle n'est pas aussi balourde que je le pensais.
Elle dresse la table pendant que je termine la cuisson du riz.
- C'est prêt ! j'annonce enfin.
La cuisine embaume les épices asiatiques. Je me retourne et reste ébahi devant la jolie décoration de la table.
Tout à coup, j'ai une image de dîner romantique en tête, mais je la chasse instantanément. Après tout, c'est loin d'être romantique entre nous. Je ne suis pas fleur bleue ni le genre à offrir des chocolats à une femme ou à dîner aux chandelles. Pour moi, une sortie amoureuse ressemble à un tour au club qui se finit souvent au lit. Et pas pour roupiller. Je ne dors jamais avec une femme.
Maisie a déroulé une jolie nappe verte sur la table et a installé les couverts, qui sont d'un blanc immaculé. Au centre de la table, elle a installé un petit bouquet de fleurs saisonnières parfumées.
- C'est en quelle honneur, tout ça ? je lui demande.
- Vous me créez une chambre. C'est la moindre des choses que je vous invite à déjeuner.
- Sauf que, techniquement, c'est moi qui l'ai fait, je l'agace.
- Merci de me le rappeler, grogne-t-elle.
Bon, j'arrête de la taquiner, car ça ne semble pas l'amuser et je vais chercher les convives.
Ce plat semble plaire à Charlotte, car elle en redemande. C'est le mets préféré à Audélie, alors elle le dévore et Jonas me donne une tape dans le dos, signe qu'il apprécie. Mes recettes ont toujours un franc succès au club. Je ne cuisine pas souvent pour toute la bande mais, les rares fois où ça arrive, ils se régalent.
Maisie reste silencieuse.
Je préfère pourtant ne pas la provoquer...pour l'instant.
Après le repas, Jonas et Audélie aident Maisie à ranger tandis que Jonas et moi retournons à l'ouvrage. Les travaux avancent bien. D'ici deux jours, nous devrions avoir terminé. Le plus long, ce sera le tirage de joints.
Je n'ose pas informer Maisie que sa maison sera couverte de poussière. Elle s'en apercevra assez rapidement.
- Comment va ton bras ? me demande Jonas. Es-tu certain de pouvoir poursuivre les travaux ?
J'ai enlevé mon attelle ce matin et j'ai été satisfait de voir que la guérison était presque complète.
- Ne t'en fais pas, je n'ai plus du tout mal et mon bras bouge très bien, le rassuré-je.
- Fais tout de même attention, m'avertit-il.
Je hoche la tête, puis nous poursuivons notre travail.
En après-midi, Audélie part puisqu'elle a un cours et Maisie s'occupe de ses enfants. Ils sortent jouer dehors puisqu'il fait beau et rentrent seulement en fin de journée, alors que nous terminons la pose du gypse.
Ce soir, Marius nous donne congé, à Jonas et à moi. J'en profite pour me reposer. Je surfe un peu sur le net puis, pris par un élan de curiosité, je décide de rechercher Maisie sur Facebook. À ce qu'il paraît, le compte d'un individu en révèle beaucoup sur lui. Espérons qu'elle n'ait pas mis toutes ses photos en mode privé !
Lorsque j'aperçois sa photo de profil, ma fureur émerge. Elle se trouve avec un homme que je devine être son feu petit-copain. Les deux sourient aux anges et semblent heureux. Plus, je clique sur les images suivantes. Ma déception s'accroît. Ce type ressemblait à l'homme parfait. Coupe parfaite, vêtements parfaits, sourire Colgate parfait. Tout chez lui frôlait la perfection, du moins, en apparence. Et la Maisie que j'ai rencontrée, pour le peu que je connaisse d'elle, est l'ombre de celle-ci. Je devine que sa vie a basculé après le décès de son...
Mon regard s'arrête sur une photo où elle porte une bague. Je l'ai déjà aperçue à son annulaire gauche, mais je n'avais pas percuté.
Ils s'étaient fiancés...et elle porte toujours cette bague.
Je me passe la main sur le visage.
Bon. Une chose est certaine : elle vit encore dans le passé.
L'autre chose incontestable : Cette fille m'obsède.
Deux choix s'offrent alors à moi : Soit je me la sors de la tête, soit je sors ce type de sa tête.
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