Chapitre 58

(Nda : Merci à ixciyo pour la correction de ce chapitre, sah quelle perle cette connas- gentille madame)

– Me faire souffrir ? La bonne blague ! 

Zalgo ria bruyamment puis, en rouvrant ses yeux sanglants, il réalisa :

– Attends... Comment ? Quoi ?

Bégaya le bourreau du Slenderman et de la fillette.

Si son château était en effet composé de pierres si épaisses qu'elles gardaient entre ses murs toute la fraîcheur et l'humidité, Zalgo était parfaitement conscient que la température, tout à coup excessivement basse, n'avait rien à voir avec son isolation. Ses longs doigts griffus comme des lames de rasoir empoignèrent ses cheveux noirs alors que ses pupilles se mettaient à trembler frénétiquement. Sa bouche entrouverte dévoila ses dents acérées, tout autant que sa surprise évidente coincée comme un écho au fond de sa gorge. Le démon ne s'attendait pas, ô grand pas, à découvrir sous ses yeux The Masked of Shadow. Il pointa l'adolescent d'un doigt incertain.

– Comment tu peux encore être de ce monde ? Je t'ai définitivement envoyé en Enfer avec mon épée, il n'y a pas d'échappatoire possible !

– Je n'ai pas à te répondre.

Rétorqua le tueur d'une voix aussi glaciale que l'était son regard. L'entité de la folie retrouva doucement ses esprits, réadoptant aussitôt son large sourire, sadique et dégoulinant de vices.

- Qu'importe ! Tu n'es rien à côté de moi ! Je n'aurais qu'à te tuer à nouveau, exactement comme je l'ai déjà fait !

Le noiraud ignora royalement les propos du démon en tournant la tête vers le Slenderman. Sa tête à lui restait bloquée en direction de Masked et, tout ce qu'il parvint à balbutier fut :

- C'est un miracle, une malédiction des enfers, tu es vivant, tu es bien là, en chair et en os...

Zalgo vit l'adolescent baisser la tête sans rien répondre. Probablement se sentait-il sûrement honteux ; devoir affronter le regard du Slenderman après ce qu'il avait fait ? Le démon en profita pour faire apparaître cinq petites boules orange au bout de ses doigts fins.

– Je suis désolé mais l'heure n'est pas aux excuses. Je vais l'obliger à s'agenouiller devant toi et à te demander pardon. Regarde-moi bien.

Il pivota en direction de Zalgo qui déclara tout sourire :

- C'est trop tard pour toi. Ces cinq boules ont chacune la puissance du soleil ; ce sont littéralement des soleils miniatures. Si tu te les prends, ça créera une explosion qui ravagera absolument tous les environs et, tu t'en doutes, tes petits camarades. Et inutiles d'esquiver puisque ç'aura exactement le même résultat.

En effet, il ne bluffait pas. La chaleur que dégageaient les petits soleils avait déjà commencé à attirer les objets à lui et, le paysage semblait se distordre, comme la surface de l'eau d'un lac lorsqu'une pierre y est jetée. L'adolescent pencha légèrement la tête sur le côté avant de se mettre à marcher vers son adversaire.

– Vas-y. Attaque plutôt que de parler.

Alors les petites sphères orange se dirigèrent toutes sur le noiraud, sifflant dans l'air tant leur vitesse était grande. Le tueur sembla s'en moquer puisqu'il continua de marcher d'un pas lent vers le démon. Et une fois les soleils miniatures à sa portée, il les attrapa tous de dans une main, retenant le souffle phénoménal de l'explosion dans le creux de sa paume précieusement fermée, là d'où s'échappait une traînée de fumée cendrée.

– Je vois... Tu es bien plus fort que ce que je ne le pensais. Mais ne prends pas la grosse tête pour autant, gamin.

L'entité de la folie invoqua son épée enflammée dont il s'empara aussitôt. Son sourire s'agrandit davantage tandis que ses lèvres noires marmonnaient une langue étrange, incompréhensible. Il disparut soudainement ensuite, comme s'il n'était qu'un mirage. Tout ce qui se trouvait autour du masqué sembla s'effacer au même moment, il fut plongé dans une obscurité complète, même s'il le savait, tout ça n'était en réalité qu'une simple illusion causée par Zalgo.

Le démon vit le tueur s'arrêter et balayer le décor du regard à la recherche de son adversaire. Son rire résonna dans la tête de Masked, partout et nulle part à la fois, semblable à un écho. Zalgo ne se surprit aucunement par le manque de réaction du garçon qui restait stoïque devant son spectacle. Il disparut de nouveau pour réapparaître cette fois dans son dos.

– Masked, attention, derrière toi !

Prévint le Slenderman dans une mise en garde presque paternelle. Le noiraud se retourna mais, c'était trop tard, le démon l'embrochait déjà avec la lame de son épée, transperçant son estomac et sa colonne vertébrale. Ce n'en était pour autant pas fini pour lui ; un autre Zalgo apparut à ses côtés pour cette fois trouer sa gorge, ses jambes ensuite. Encore et encore, Zalgo semblait se multipliait à l'infini pour mutiler le corps du garçon de toute part. Puis les différents Zalgo disparurent, comme pour fusionner avec leur véritable corps. Sourire narquois aux lèvres, l'entité de la folie savoura sa réussite, il avait réussi à piéger le noiraud grâce à son illusion.

– Ce ne sont pas de vrais clones mais des illusions. Pourtant, même si tu n'es pas censé sentir la douleur, elle reste tout de même bien là, n'est-ce pas ? Tu n'as pas l'impression que tout ton corps s'enflamme de l'intérieur ?

L'adolescent afficha un sourire certain avant de lever les yeux sur le démon.

– Pas du tout. Tu sais, tu n'es pas le seul à pouvoir t'infiltrer dans l'esprit des autres pour créer des illusions.

Déclara-t-il tandis que son corps s'évaporait. Les yeux rouges du démon s'agrandirent davantage sous la surprise lorsque ce fut son tour d'être plongé dans les ténèbres d'une illusion. Ce dernier entendit la voix froide du garçon résonner dans sa tête, il grinça des dents.

"Tu as torturé Slenderman et ses frères."

Dit la voix du tueur avant que Zalgo ne se torde de douleur comme s'il venait de se prendre un coup de poing dans le ventre. Il entendait les murmures de son assaillant lui provenir d'un peu partout, des chuchotements discrets par milliers qui se noyaient dans un bruissement inaudible. Puis une phrase par-dessus toutes les autres résonna sa tête, bien plus nette et compréhensible.

"Tu as tué Masky et Hoodie. Tu as torturé Sally et souillé les cadavres de Clockwork et Eyeless Jack."

Cette fois-ci, les bras et les jambes du démon se mirent à se tortillonner sur elles-mêmes, anéantissant ses os d'abord craquelés pour ensuite se dérocher. Zalgo hurla et tomba lourdement sur le sol, incapable de faire quoique ce soit pour riposter.

"Tu t'es joué de moi, tu t'es servi de mes sentiments pour me tromper. Et, surtout, tu m'as dépouillé de mon bien le plus précieux."

Les membres de l'entité s'arrachèrent définitivement du reste de son corps dans un bruit d'os et de chair répugnant. Ses cris noyèrent ses tympans, baignèrent l'entièreté de la pièce. Le masqué réapparut devant lui et posa son pied sur son crâne pour le dévisager hautainement. Zalgo releva la tête afin de soutenir le regard glacial du noiraud.

– Comment oses-tu me piétiner ? Sale mortel.

– La ferme.

Le coupa froidement Masked en éclatant la tête de son adversaire contre le sol à l'aide de son pied. Zalgo disparut puis réapparut un peu plus loin avec de nouveau son sourire sur ses lèvres. Il leva sa main et, dans son creux, un masque reposa tout à coup au milieu des flammes générées par son pouvoir.

- C'est ça que tu veux, n'est-ce pas ? Viens le chercher.

Déclara le démon en mouvant le morceau de plastique blanc, provocateur. Il avait l'intention de lancer le masque au loin afin de gagner du temps pour libérer sa forme démoniaque et ainsi avoir assez de puissance pour le vaincre. Le garçon ne l'entendit pas de cette oreille ; il se tourna vers lui et pencha légèrement la tête sur le côté, toujours aussi stoïque. Son absence d'engouement agaçait Zalgo qui voulait le voir se mettre en colère, ressentir la tristesse et toutes ses autres émotions négatives se réveiller par son impuissance. Alors il continua d'agiter le masque comme un maître remuait un jouet pour attirer son chien. Le tueur se retrouva instantanément devant ce dernier et, sans que Zalgo n'ait le temps de réagir, il l'envoya valser d'un puissant coup de poing en plein milieu de la figure.

Zalgo lâcha l'objet contre son gré. Projeté à travers les pièces du sous-sol, il s'écrasa brutalement contre le mur adjacent. Sonné, il entraperçut le masque tomber dans la main du garçon qui le détailla pendant un court temps. Ce dernier ne dévoilait toujours aucun ressenti ni dans son regard inerte, ni dans ses traits à peine froncés. Il approcha simplement le morceau de plastique blanc de son visage et le calla correctement grâce au petit élastique derrière ses oreilles. Enfin, il pouvait revêtir son précieux visage de plastique blanc.

Le masqué jeta un regard sur les environs avant de hurler :

– Yeaaaaah ! Masked est de retour pour de vrai bande de putes !

Il sautillait sur place en s'écriant gaiement. Zalgo, de son côté, se releva et tanga légèrement. Il devait à tout prix trouver un moyen de se cacher, seulement pour une dizaine de secondes au moins. Sous sa forme actuelle, il n'était même pas capable d'utiliser un seul des sorts maudits de Samaël, ils demandaient bien trop d'énergie pour sa faible forme humaine. Il se téléporta devant le masqué et amorça un coup de poing, coup que ce dernier para avec un pot de Nutella vide. Évidemment, le verre explosa à cause de la force du choc, et répandit des bris de verre jusque dans les yeux de Zalgo qui les ferma juste à temps.

Masked s'était protégé en tournant la tête. Il savait pertinemment ce qui allait se passer. Il répondit ensuite au coup de Zalgo par un coup de poing tout aussi puissant, directement dans son ventre. La puissance du coup s'était propagée tout autour du château dans un bruit monstre, tellement fort que les murs en avaient tremblé. Le démon se tordait de douleur sur le sol, vomissant le contenu de son estomac, à savoir un étrange fluide grisâtre à la forme sinistre d'un visage flouté, hurlant à la mort.

– Tu as perdu ton sang-froid et tu m'as attaqué sans réfléchir. Tu parles d'une entité surpuissante...

Soupira le masqué avant de sauter sur le dos du démon. Il s'accrocha fermement à ses cornes noires et hurla :

– Hue dada ! Vive le rodéo !

Zalgo grogna et secoua la tête dans tous les sens en espérant le faire tomber avec son audace. L'adolescent, de son côté, s'accrochait tant bien que mal et riait aux éclats.

– Ouaaais ! Encore !

– Il suffit ! Insolent !

Pesta le démon en s'enflammant et, affecté par la chaleur, le garçon s'éloigna de son cheval improvisé par un bond maîtrisé.

– Tu triches là !

– Comment oses-tu te moquer de moi, Zalgo ! Celui qui se nourrit de la santé mentale des gens ! La terrible entité de la folie ?!

Le masqué pouffa et rétorqua aussitôt :

-"L'entité de la folie" ? L'entité de la connerie ouais. Tu vaux pas un clou mon pauvre !

Zalgo écarquilla les yeux ; ça y est, il l'avait trouvée, la solution miracle qui libérerait sa puissance et fermerait pour de bon son caquet à cet imbécile. Il ricana tandis que son corps s'enfonçait mystérieusement dans le sol, comme s'il n'était fabriqué que d'ombres noires. Le tueur se retrouva aussitôt plongé dans l'obscurité la plus totale, encore, mais il portait cette fois en lui un étrange sentiment de malaise, comme si même l'oxygène qu'il respirait voulait s'en prendre à lui. Le Slenderman apparut devant lui sous forme de lointain mirage avant que la voix de Zalgo ne se fasse entendre dans l'esprit du masqué.

"Il te piégera lui aussi, surtout maintenant que tu as trahi sa confiance. Il te hait dorénavant. Il te hait du plus profond de son être car c'est à cause de toi que l'un de ses frères est mort et que sa chère petite protégée s'est fait torturer."

Le masqué retint sa tête comme si elle allait tomber de sa corps. Ses mains restaient plaquées à ses oreilles, la voix du démon étant tellement forte qu'il lui sembla un instant que ses tympans allaient percer.

– Je sais déjà tout ça, je suis prêt à payer le prix de ma trahison et à subir les conséquences de mes actes.

Rétorqua l'adolescent avant que Zalgo n'argumente à nouveau :

"Toi et moi, nous sommes pareils, nous sommes bien trop puissants pour notre entourage, tant que même les monstres nous craignent. Il se sert de toi et te jettera au moment où tu ne lui seras plus d'aucune utilité, exactement comme il l'a fait pour moi. Alors viens, rejoins-moi et je serai comme un père, un mentor pour toi. Je t'apprendrai à te servir correctement de tes pouvoirs, il n'est pas trop tard pour ça. Tu seras traité comme un roi et ainsi, toi et moi, nous régnerons à deux sur le monde. Je suis même prêt à laisser certains de tes amis en vie, je peux aussi forcer ta précieuse Jane The Killer à tomber amoureuse de toi si tu le désires."

– Alors ça, c'est la meilleure, tu veux être comme un daron pour moi ? Alors fais comme mon daron et disparais. Ta proposition ne m'intéresse pas, Jane sera ma meuf sans que personne ne la force, elle comprendra combien je tiens à elle.

"Tu n'es pas très coopératif. Réfléchis bien. Plus personne n'osera t'approcher, je t'aiderai à retrouver ta sœur biologique, la SCP fondation abandonnera le projet de te retrouver. Tu n'obtiendras que des avantages en rejoignant mon camp."

- C'est vrai, ouais, tout plein d'avantages... Sauf un.

"Qui est ?"

– Celui d'écraser ta face de chèvre et de te détruire alors que t'es au summum de ta puissance.

Répondit-il, agressif.

"Bien. Tu as fait ton choix, gamin. Dommage, ta puissance aurait été utile pour tuer Satan. Quoiqu'en fait, il ne joue pas dans la même catégorie que nous, impossible de le battre. Fort bien, notre petite discussion m'a laissé le temps de relier mon âme à l'Enfer, je peux désormais libérer assez de puissance pour t'écraser."

L'adolescent écarquilla les yeux. Il s'était encore fait duper en entrant dans le jeu du démon et en prenant le temps de lui répondre. Il concentra toute sa force mentale en un seul point et dégagea une puissante onde de choc qui se propagea rapidement et dissipa l'illusion de Zalgo.

L'illusion avait complètement fondu, laissant le noiraud découvrir un Zalgo complètement différent de tout à l'heure. Cette apparence-là révélait bien plus sa nature démoniaque que celle d'avant ; cette fois-ci, il était un être entièrement noir qui ressemblait bien plus à une silhouette qu'à un homme. Il mesurait désormais aux alentours des quatre mètres et ses cornes étaient plus grosses, davantage tordues de façon chaotique. Sur son visage, quatre orbites rouges et vides surgissaient, comme s'il avait deux paires d'yeux mais qu'on les lui avait retirées. Au centre de son front, un cinquième œil trônait.

Lorsque le garçon le détaillait, il avait l'impression de regarder le vide, le chaos. Le démon n'avait pas de cou, sa tête flottait anormalement légèrement au-dessus de ses épaules. Dispersées sur son torse, cinq bouches aux dents acérées parlaient dans plusieurs langues différentes, des langues immondes et confuses. Du sang coulait en abondance de ces dernières.

Une sixième bouche se trouvait au niveau de son ventre, mise à part, plus grande que les autres. Celle-ci était fermée mais laissait tout de même apercevoir une fine traînée rouge, un peu comme des points de suture sur une large plaie sanguinolente. Son corps tout entier était anormalement disproportionné, il avait quatre bras bien trop longs par rapport au haut de son corps se mouvaient sur ses flancs. Ses épaules, d'ailleurs, n'appartenaient pas à son torse. Elles donnaient l'impression d'être indépendantes.

Le chaos, rien d'autre ne pouvait décrire la créature qui se tenait désormais devant Masked. Son aura était tellement puissante que la réalité sonnait comme distordue tout autour de lui. Le sol était mou, la glace et la neige aux alentours du château avaient laissé place à une coulée de lave ainsi qu'aux flammes infernales. De gigantesques rochers voltigeaient tout autour de lui et la gravité s'animait, elle aussi, par le chaos, créant des zones où elle était inversée, parfois même absente. Dans certaines zones, la gravité tourbillonnait même.

Dans l'une de ses mains, Zalgo tenait une bougie, une bougie étrange dont la flamme aussi noire que sa cire répandait l'obscurité malgré la lumière générée par la lave. Les ténèbres gagnaient de plus en plus de terrain, recouvrant le Slenderman, Sally, les compagnons de Masked postés un peu plus loin, la lave, le sol, absolument tout disparaissait dans un voile de noir complet. Tout, sauf l'adolescent et la lueur rougeâtre qui se dégageait des orbites de son masque. Il leva la tête vers la créature avant d'applaudir lentement, des applaudissements sarcastiques qui trahissaient son ennui total face au spectacle que lui offrait Zalgo.

- T'es content ? T'as réussi à libérer toute ta puissance pendant que tu étais en train de me distraire ? Oh, mon Dieu l'obscurité, ma plus grande faiblesse ! Maman, j'ai peur !

Se moqua le tueur en regardant l'entité avec dédain, lui prouvant qu'il le voyait toujours. Zalgo se mit à rire à gorge déployée, un rire dont la sonorité paradoxale échappait à la compréhension de l'esprit humain.

– Je vais te tuer à petit feu, gamin.

– Tu oublies quelque chose, face de chèvre. OK, t'as plongé tout le monde dans l'obscurité. Mais les ténèbres, c'est justement mon terrain de jeu.

Déclara le masqué en se craquant les poings.

Les deux adversaires s'observaient de loin sans pour autant risquer de s'approcher. Bien que confiants envers leurs capacités respectives, ils avaient désormais arrêté de sous-estimer l'autre, ayant eu un aperçu de toute l'étendue de leurs puissances. Un long silence lourd de menaces s'était installé dans la pièce, l'aura glaciale et meurtrière du masqué semblait lutter avec l'énergie infernale et brûlante du démon sans qu'aucune ne prenne pour autant le dessus sur l'autre. L'entité croisa les bras, pencha légèrement sa tête sur le côté et tendit le bras vers l'adolescent.

– Je te laisse une dernière chance de rester en vie et de me rejoindre dans ma quête de la destruction du multivers. Sous cette forme, tu n'as absolument aucune chance, gamin.

– Et pis quoi encore ? Arrête de blablater et viens te battre. J'attends que ça moi.

Rétorqua le tueur en position de garde.

– Je pense que je t'ai déjà laissé assez de chance de me rejoindre. Cela me fait mal au cœur de gâcher autant de puissance en la détruisant mais, qu'il en soit ainsi.

Le tueur n'eut pas le temps de cligner des yeux que le démon apparaissait déjà devant lui, sa vitesse de déplacement telle qu'elle incendiait tout son chemin. Masked reçut un violent coup de poing dans la mâchoire ; il voltigea jusqu'à l'extérieur du château et, tandis qu'il fendait les cieux, le noiraud recouvra ses esprits pour se téléporter derrière l'entité de la folie, profitant de l'élan procuré par l'uppercut de Zalgo pour lui asséner un coup de genou tout aussi puissant en plein dans sa colonne vertébrale. Contrairement au garçon, le démon ne recula pas énormément, seulement de quelques mètres. Il jetait un regard stupéfait au tueur qui se tenait là, droit devant lui.

– Comment est-ce possible ?

– Bah je peux me téléporter, abruti.

– Pas ça... Non seulement je ne l'ai pas vu venir depuis le futur mais en plus, j'ai modifié ton destin. Tu n'étais pas censé faire ça ! Tu étais censé atterrir dans une autre dimension !

Il inspira comme pour sortir de ses songes et se remettre au combat.

– Très bien, puisque c'est comme ça... Ton corps sera mien.

Ils s'analysèrent mutuellement durant quelques secondes. Masked écarquilla subtilement les yeux en réalisant, trop tard. Sa main se leva face à son visage, il la détailla longuement, puis il observa le corps inerte de l'entité de la folie, écroulée à ses pieds.

– Possession réussie avec franc succès. Il ne me reste plus qu'à dévorer ton âme, maintenant.

Déclara le masque avec une voix qui n'était indéniablement pas la sienne. C'était celle de Zalgo qui ressentit tout à coup un étrange sentiment de malaise dans son dos, comme un regard plein d'insistance. Il avait la désagréable impression d'être cerné par un grand danger, le sentiment qu'une aura noire, sauvage et infiniment plus mauvaise et destructrice que la sienne le menaçait. Bien vite, dans l'esprit du masqué possédé, la voix de la chose qui sommeillait en lui se fit entendre, une voix agressive, à la sonorité dissonante.

"Bienvenue dans mon antre, sale sous-race de démon. Malheureusement, son corps et son âme m'appartiennent déjà et je déteste qu'on me vole ce qui est à moi. Hors de ma vue, déchet !"

Et l'esprit du démon se trouva brusquement éjecté de la conscience du garçon. En prime, il se mit à frissonner et dut se tenir le crâne, comme pris d'une violente migraine. Le masqué était revenu à lui au même moment, balayant l'horizon du regard en se demandant ce qui avait bien pu se passer.

Zalgo fulmina :

– Mais putain, qu'est-ce que tu es, à la fin ?! Pourquoi aucun de mes pouvoirs mystiques ne fonctionne sur toi ?! Manipulation temporelle, réécriture du destin, possession, modification de la réalité pour effacer ton existence ou te plonger dans la folie, rien ne marche ! Mais surtout... Qu'est-ce que c'est que cette chose monstrueuse en toi ?!

Le garçon se mit à nouveau en garde et toisa Zalgo avant de répondre agressivement :

- J'en ai aucune foutue idée. Tout ce que je sais, c'est qu'il veut mon corps, qu'il veut se venger de Satan et de Dieu pour je ne sais quelle raison, et que c'est l'être le plus dangereux qui puisse exister.

Le masqué marqua une courte pause avant de poursuivre :

– Mais j'ai cru comprendre que tu pouvais modifier le temps et la réalité mieux que moi... Dans ce cas, je vais t'obliger à faire comme si je ne t'avais jamais libéré et, en plus, tu ressusciteras ceux que tu as tués.

Zalgo pouffa.

- J'aimerais beaucoup voir comment tu vas m'y obliger. Jusqu'à preuve du contraire, je suis toujours le plus puissant, pas de grand-chose, je l'admets, mais suffisamment pour t'écraser.

– Tu vas voir !

Le masqué s'évapora dans la vitesse de la lumière puis ce fut le tour de Zalgo. S'ensuivit, un échange de coups, rapides, précis, mortels, puissants. Chacun d'eux provoquait une puissante onde de choc, menaçant de détruire la Terre en permanence et ce malgré le fait qu'ils se trouvaient dans la dimension chaotique et sombre que Zalgo avait fait apparaître à l'intérieur du château.

Pour chaque coup qu'infligeait le masqué, il en évitait un et s'en prenait deux. La moitié du haut de son corps explosa sous l'un des coups du démon, avant de se reformer instantanément. Son bras droit fut aspiré par un trou noir que le démon créa soudainement mais le membre de l'adolescent réapparut de nouveau. Il fendit aussitôt le crâne noir de l'entité d'un coup de poing agile. De son côté, le corps de Zalgo avait été pulvérisé plus d'une fois, et s'était également reformé tout aussi rapidement.

Ils finirent par s'écarter l'un de l'autre, constatant qu'aucun d'eux n'arrivait à prendre réellement le dessus sur son opposant. Le masque du noiraud fendilla au niveau de la bouche et un morceau de plastique blanc, au niveau de sa joue, se sépara du reste de son visage factice, dévoilant une partie de son immense sourire dérangé.

- J'adore, j'en veux plus, encore plus ! Depuis le temps que je voulais un combat de cette envergure, un combat qui me pousserait dans mes derniers retranchements !

S'esclaffa le tueur en tremblant d'excitation. L'entité ouvrit grand ses mains avant de les rapprocher l'une de l'autre. Une masse noire pigmentée de quelques lumières jaunâtres se formait tandis que le sourire du démon s'agrandissait davantage.

– Oh, tu veux qu'on te pousse dans tes derniers retranchements ? Il suffisait de le demander. La puissance d'un multivers devrait suffire pour ça !

L'étrange boule jaunâtre déchira l'air, en un éclair, en direction du garçon. Il lui sembla qu'elle se déformait par la vitesse.

– Voir du noir dans du noir c'est un peu chiant par contre, mec.

Fit remarquer le masqué avant de croiser les bras devant lui pour se préparer à encaisser. Il aurait très bien pu détruire l'attaque, la frapper, la faire disparaître, la téléporter autre part. Mais il avait préféré encaisser le choc afin de ne pas éparpiller les dégâts et ainsi risquer de détruire tout ce qui se trouvait dans le multivers. Lorsque la masse sombre le percuta enfin, un bruit étrange et distordu sonna, suivit d'une puissante onde de choc et d'une déflagration sans pareille. Masked tentait tant bien que mal de contenir le souffle de l'explosion, de tenir le choc, mais il fut rapidement projeté au loin.

L'obscurité céda, lentement, laissant transparaître des bribes de lumière au travers avant que la dimension de Zalgo n'explose en mille morceaux. Le château entièrement détruit, la région aussi tout autour d'eux, il ne restait donc plus rien des plaines enneigées. Ce n'était plus qu'une immense terre de feu à perte de vue.

– Et bien, il semblerait que ma dimension ait pris la majeure partie de l'attaque, sans quoi ce multivers n'aurait absolument pas tenu.

Puis il tourna le regard vers son adversaire qui était étalé contre un rocher, son masque fissuré davantage. Masked était entier, à sa grande surprise, mais il avait l'air très sonné. C'était tant mieux pour lui. Les yeux rouges du garçon, dénués de leur éclat, glissèrent sur Zalgo. Il voyait quatre silhouettes dupliquées à ses côtés, non, trois, puis deux. En fait, non, Zalgo était seul.

Masked reprenait petit à petit ses esprits sans trop réaliser que la créature marchait lentement en sa direction, son épée de flammes en main.

– Tu es l'adversaire le plus insupportable que j'aie eu à affronter jusqu'à présent. Tu ne voudrais pas crever une bonne fois pour toutes ?

La voix du démon lui sonnait comme un lointain écho. Pourtant, il répondit tout de même, en se redressant doucement, titubant avant de fixer ses pieds au sol :

- C'est marrant, ils disent tous ça. Mais pas moyen que je perde, je suis le personnage principal.

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