Chapitre 57
(Merci à la put- euh la magnifique ixciyo pour la correction de ce chapitre)
Masked s'était enfin réveillé, et le paysage qui se dressait sous ses yeux n'était plus du tout le même que lorsqu'il les avait fermés pour la dernière fois, alors confronté à Zalgo. Tout autour de lui, un immense désert de terre et de cendres s'étendait à perte de vue. Il plissa les paupières un instant, tentant de ressentir les présences aux alentours, puis il se releva en serrant les poings jusqu'à faire saigner les paumes de ses mains.
– Nan... Nan nan nan nan ! C'est pas possible !
L'adolescent disparut puis réapparut immédiatement au manoir. Face au bâtiment, ou plutôt face à ses ruines, il hoqueta. De cette maison qu'il aimait tant, il ne restait plus qu'une moitié du rez-de-chaussée entourée de gravats et de poutres brûlées. Désormais sans son masque pour cacher ses émotions, le tueur laissa couler quelques larmes, le visage impassible cependant.
– Dites-moi que c'est un cauchemar... Qu'est-ce que j'ai fait ? C'est... C'est ma faute ?
"Oui, tout est de ta faute. Tu t'es fait mettre au tapis par une sale sous-race de démon inférieur. Résultat, tous tes amis sont morts et enterrés à cause de toi."
La voix du démon scellé dans l'inconscient de Masked avait résonné comme un écho dans son esprit. Elle était apparemment trop lointaine, ou peut-être se moquait-il d'elle puisqu'il ne l'entendit même pas. L'adolescent tomba à genoux. Il serra ses poings plus fort encore, empoignant de la terre au passage.
– Je suis désolé... Je voulais juste... Je voulais juste ressusciter Clockwork...
"Car tu es faible."
L'image du démon qu'il avait libéré, souriant d'un air narquois et hautain, lui revint en tête et son visage barré d'une mèche de cheveux noirs s'assombrit davantage. La lueur rouge de ses yeux, elle, semblait être la seule source de lumière des environs.
– Non. Tout... Tout est de sa faute à lui.
"Il t'a dupé."
Fit le démon, de sa plus belle voix aguicheuse depuis le subconscient de Masked. Le tueur répondit dans la volée, la voix froide et voilée :
– Je vais le tuer.
"Il n'a pas ressuscité Clockwork."
– Je vais le tuer.
"Il a tué tous tes amis. Il t'a enlevé tous ceux que tu aimes."
– Je vais le tuer !
Hurla l'adolescent en frappant le sol de toute sa colère, creusant un gigantesque cratère autour de lui. Une fumée noire se dégagea de son corps et l'ensevelit petit à petit dans ses particules, comme un parasite recouvre son hôte.
"C'est bien, laisse la haine te guider. Continue sur cette voie et tu seras invincible."
Le tueur leva soudainement la tête, les yeux écarquillés par la surprise. La fumée noire s'évapora tout aussi instantanément tandis qu'il s'exclamait :
– Ces forces vitales, ces énergies ! Je les reconnais ! Ce sont celles des autres CreepyPastas ! Jeff, Red ! Jane ! Toby ! Jack ! Et... Les autres ! Ils sont en vie !
Il n'en fallut pas plus au garçon pour se téléporter sans aucune hésitation, aussitôt leurs énergies ressenties.
De leur côté, le groupe de CreepyPastas marchait sur une vaste terre enneigée, entourée par d'imposants glaciers. Sur le sommet de l'un d'entre eux trônait un immense château noir, partiellement en ruine à cause du temps qui s'était écoulé depuis sa construction. Plus ils s'en approchaient, plus les démons et morts-vivants étaient nombreux. Caché derrière un rocher, le groupe devait établir une stratégie.
- Quelqu'un doit faire diversion. Quelqu'un d'assez rapide pour échapper aux démons le temps qu'on puisse s'introduire dans le château de Zalgo. Malheureusement, cette personne devra faire office de sacrifice.
Conclut Red, accroupit.
– Pourquoi pas toi ?
Le questionna Laughing Jack, un sourcil levé par la curiosité.
- D'abord en toute honnêteté, j'ai pas envie de crever – même si ce qu'on va faire est une mission suicide dans tous les cas. Et ensuite, je dois rester parce qu'il va sans doute falloir tenir tête à Zalgo afin de gagner du temps pour libérer les autres.
– Donc, quelqu'un doit mourir hein ?
"Pas forcément."
Lança une voix blanche, sortie de nulle part. Les membres du groupe se retournèrent tous en rythme et découvrirent avec surprise The Masked of Shadow qui débarquait les bras croisés nonchalamment croisés. En réalité, leur plus grande surprise n'était même celle de le savoir vivant ; c'était celle de le voir sans son masque sur le visage.
– Masked ! T'es en vie !
S'écria Jeff avec un entrain de joie. Étrangement, Masked, quant à lui, semblait toujours impassible malgré son bonheur évident d'être de nouveau aux côtés de son meilleur ami et de la femme qu'il aimait. Et contre toute attente, au centre de la vague de soulagement du groupe, Toby se jeta sur le jeune garçon et lui planta sa hache en pleine tête.
– Enfoiré ! Pourquoi t'as fait ça hein ?!
Hurla le proxy enragé, ce qui ne manqua pas d'attirer les démons et les morts-vivants tout droit sur leur position. Le tueur n'eut aucune réaction et se laissa docilement plaquer au sol par le brun qui commençait à le ruer de coups.
– Pourquoi t'as libéré Zalgo ?! Tu sais comment on en a chié à cause de toi ?! Masky, Hoodie, et maintenant Sally, ils ont tous été enlevés par ta faute ! Eux, le patron et ses frères, ils se font tous torturer parce que tu as libéré Zalgo ! T'étais où, hein, pendant qu'on se faisait décimer ?!
– Toby ! C'est pas le moment là ! Tu attires l'ennemi à nous !
Gronda Kate en tentant de maîtriser le garçon, mais il continuait de massacrer son bouc émissaire. Masked demeurait cloîtré dans le silence, le regard et le visage absents. Sa lèvre ouverte à cause des coups se referma et il récupéra la hachette de Toby logée dans son crâne avec un détachement palpable.
– Je sais ce que j'ai fait Toby. Aucun mot n'est assez gros pour vous dire à quel point je suis désolé. J'ai pas fait mon deuil, j'ai pas accepté la mort de Clockwork, j'ai foncé dans la gueule du loup quand Zalgo m'a proposé de la ressusciter. Vous avez souffert et c'est de ma faute.
Le tueur se releva, essuya brièvement le filet de sang qui s'était frayé un chemin de sa lèvre jusqu'à son menton.
– Mais je vais me rattraper.
À ces mots, Masked tendit le bras vers un premier démon et celui-ci se trouva broyé par l'air seul, réduit à néant par une main de géant invisible. Tous les démons observèrent la scène avec stupeur, leurs yeux sanglants exorbités. L'adolescent ne laissa aucune expression faciale trahir la colère qui montait en lui lorsqu'il se mit à compter rapidement à voix haute.
-10... 20.... 30.... 35... 50.... 70... 100... 210 démons et morts-vivants.
Il marqua un temps de pause avant d'ajouter :
– Vous allez tous mourir.
Aussitôt, les têtes de tous ceux qui les avaient encerclés se mirent à exploser en chaîne, maculant le blanc de la neige de leur sang impur et de morceaux de cervelles, le tout sous les yeux écarquillés du groupe de CreepyPastas. Tous ces êtres qu'ils avaient fuis pendant des jours et des jours, toutes ces choses dont ils se cachaient, en proie à la terreur, lorsqu'ils en croisaient dans leurs parages, Masked les avait balayés sans aucune difficulté et, surtout, en un temps record. Il se tourna vers les survivants et déclara toujours aussi froidement :
– Maintenant je peux y aller. Vous, vous restez là jusqu'à ce que j'aie tué Zalgo.
– Pas question. C'est beaucoup trop dangereux pour que tu y ailles seul. Tu t'es déjà fait allonger une fois je te signale.
Contesta Red en croisant les bras. Le noiraud baissa la tête et répondit simplement :
– Ah...
Presque aussitôt, Red sentit la pointe d'un couteau effleurer sa gorge. Le visage de Masked à deux pauvres centimètres du sien, il décelait la férocité dans son regard inexpressif et froid à glacer le sang. Le regard d'un tout autre Masked, celui plus noir, plein de défi du tueur déterminé, de la véritable machine à tuer que Masky avait mentionné quand il avait raconté ce qui était arrivé à Slenderman.
– Et j'imagine que c'est celui qui se retrouve avec ma lame sous la gorge qui va changer quelque chose à l'issue du combat, n'est-ce pas ? C'est vous qui n'avez rien pu faire, à plusieurs contre moi, alors que je venais tout juste d'avoir mes pouvoirs et que je ne m'étais jamais entraîné. Et vous prétendez pouvoir battre Zalgo avec moi ? Vous ne seriez rien d'autre que des boulets. S'il vous prend en otage, là, tout sera fichu.
L'adolescent baissa son couteau et rangea immédiatement ce dernier dans la poche de son manteau. Red sembla réfléchir quelques instants et répondit finalement :
Tu as raison. On ne servirait à rien là-bas. Alors ramène-nous Tim et Brian, t'as compris ?
– Bien entendu.
Et Masked s'engouffra aussitôt sur la route menant au château. Tout à coup, une fumée noire jaillit du bâtiment et à mesure qu'il avançait, se dirigeait vers lui, puis vers le groupe dans son dos. C'est alors que sous les yeux écarquillés de tous, à quelques pas seulement du garçon, Clockwork et Eyeless Jack apparurent. Il grimaça de douleur en constatant l'état lamentable dans lequel se trouvait le corps de sa sœur adoptive, en lambeaux, et ses jambes tremblantes le poussèrent à reculer.
– Clocky ?! Clocky c'est toi ?!
La jeune femme pencha légèrement la tête sur le côté, visiblement interloquée.
– Tu es The Masked of Shadow n'est-ce pas ? Ne m'appelle pas comme ça, on ne se connaît pas.
Le cœur déjà tambourinant du tueur se mit à battre la chamade. Il avait l'impression que milles aguilles venaient le transpercer à chacune des pulsations contre sa poitrine. Pourtant saisi par le désespoir, il se lança dans une nouvelle tentative : elle devait le reconnaître.
– Le serment du petit doigt ! On se protégera mutuellement, tu te souviens ? T'es ma sœur et moi ton frère !
- Qu'est-ce que tu racontes ? Jamais je n'aurais fait quelque chose d'aussi ridicule. Je n'ai jamais eu qu'un frère et c'était un enfoiré. Je te dis que je ne te connais pas.
Répondit-elle sèchement.
– Laisse tomber mec ! C'est pas Clockwork, c'est qu'un pantin de chaire et d'os ; les seules choses qu'elle possède en sa mémoire ne sont que des informations utiles pour nous combattre, c'est tout ! Tu perds ton temps !
Le cadavre d'Eyeless Jack bondit tout à coup sur l'adolescent, et malgré sa perturbation certaine, il intercepta son attaque en attrapant sa gorge sans aucune difficulté.
– Me dérange pas enfoiré !
Hurla-t-il en venant éclater le corps de l'homme sur le sol, éparpillant des morceaux de chair un peu partout. Il regarda à nouveau Clockwork qui se jetait à son tour sur lui, poignardant abruptement dans l'estomac celui qu'elle considérait jadis comme un petit frère. Masked ne bougea pas d'un millimètre. Il se contenta d'attraper le visage de la jeune femme entre ses mains, les yeux brillants de larmes.
- C'est toi... C'est bien Clockwork. Son énergie est différente mais c'est elle...
– Lâche-moi bâtard ! Fils de pute !
Grogna-t-elle en se débattant, multipliant les coups de couteau en plein ventre du garçon ; ce dernier resta stoïque et lui sourit en inclinant légèrement la tête sur le côté.
– Désolé Clocky, mais je peux pas te frapper, c'est au-dessus de mes forces... Je t'aime putain. T'es la grande sœur que j'ai toujours voulu avoir, je peux pas te tuer encore une fois.
Le cadavre de Clockwork continuait de se débattre, insensible à la tirade désespérée du garçon qui subissait toujours plus la lame à répétition dans sa chair. Elle le frappait au visage, le plantait, le mordait, rien n'y faisait, il ne la lâchait pas. Fatigué de voir son ami dans cet état, Jeff empoigna son couteau et fonça sur la jeune femme. Il la plaqua au sol et lui enfonça son arme blanche dans la carotide sans une hésitation. Jeff s'éloigna ensuite du corps inerte la jeune femme, conscient qu'il avait pris la bonne décision tandis que le noiraud, sidéré, le dévisageait.
– Jeff, qu'est-ce que tu fais ?!
– Arrête de déconner putain, réveille-toi ! Tu l'as bien regardée ?! Notre Clockwork était bien plus jolie que ce cadavre à moitié décomposé ! Elle ne t'aurait jamais poignardé, Masked, elle t'admirait ! Je t'interdis de confondre ma pote, ta soi-disant sœur adoptive, avec cette chose ! Si tu peux pas ouvrir les yeux, alors c'est moi qui vais la combattre ! Toi, tu dois te dépêcher d'aller libérer Slender et les autres, compris ?!
Alors, l'adolescent sentit une main se poser avec délicatesse sur son épaule. Il tourna la tête pour découvrir son identité ; Jane vint se tenir là, devant le cadavre de Clockwork qu'elle cachait précautionneusement derrière elle.
- Masked, regarde-moi. Je sais ce que tu ressens. Ma sœur aussi est morte, et si elle réapparaissait si soudainement devant moi, je ne pourrais pas l'affronter non plus. Mais Clockwork est morte, et tu dois l'accepter, c'est clair ? Ça fait partie de la vie, nous fréquentons la mort tous les jours. Si tu n'y arrives pas, alors je serai là pour t'aider, exactement comme toi tu as dit que tu serais toujours là pour moi.
Masked attrapa la main de la jeune femme aux couleurs monochromes dans la sienne, puis il plongea ses yeux de rubis dans son regard entièrement noir. Il lui sourit faiblement avant de doucement lâcher ses doigts fins pour reculer de quelques pas. L'adolescent jeta un dernier regard au cadavre de Clockwork, constatant les asticots, les morceaux de chair manquants, ainsi que sa mâchoire à moitié tombée. Puis il observa Jeff abattre son poing sur elle. Il détourna brusquement les yeux pour contempler Jane et son large sourire empli de bienveillance. Il murmura un simple "Merci." avant de disparaître tout droit en direction du château de Zalgo.
Un peu plus tôt, dans le château noir de l'entité de la folie, des pleurs aigus éclataient entre les murs, résonnant bruyamment dans les couloirs humides qui regroupaient les cachots du bâtiment. Attaché à la verticale derrière ses barreaux, le Slenderman ne pouvait que constater le piteux état dans lequel Sally avait été laissée. L'enfant était retenue prisonnière dans la cellule faisant face à la sienne, soumise à des chaînes en acier sur lesquelles d'étranges runes rouges étaient gravées. La petite grelottait, sanglotait. Ses yeux avaient été arrachés, son corps entièrement mutilé, et ses tendons sectionnés l'empêcheraient de s'enfuir si elle parvenait à se libérer par un quelconque miracle. La voix du Slenderman retentit à travers la pièce.
– Sally, est-ce que tu m'entends ?
Demanda-t-il en tentant vainement de la rassurer au ton de sa voix.
– Oui...
– Tu as toujours les clés que tu as volées à Zalgo ?
– Oui... Pourquoi ?
– On va s'évader. Je sens, grâce à leurs marques, que Toby, Red et Kate se rapprochent d'ici. Ils viennent pour essayer de nous sauver, et inutile d'ajouter qu'à la seconde où ils entreront ici, ils mourront instantanément de la main de Zalgo. On doit s'échapper au plus vite pour ne pas qu'ils risquent leurs vies inutilement, tu comprends ? On tente le tout pour le tout, comme eux.
– Oui mais je ne vois plus rien...
– Tu sais où je suis grâce à ma voix, je suis dans la cellule juste en face de toi. Lance-moi les clés, si jamais elles ne tombent pas dans ma cellule ce n'est pas grave, je les attraperai avec l'un de mes tentacules.
La petite fille acquiesça puis vint tâtonner le sol froid et sale de ses petites mains ensanglantées. Elle trouva une encoche et y fourra ses doigts minuscules, découvrant alors aux yeux de Slenderman un trousseau de clés rouillé. Elle lança l'objet à la créature qui la rattrapa en vol à l'aide d'un tentacule, et d'emblée, elle entendit le son significatif d'une serrure avant de sentir le Slenderman la soulever dans ses bras. Sally ne pouvait même pas s'accrocher à la veste de costard de l'homme à cause de ses tendons coupés, ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait.
– On va rentrer tous ensemble, ensuite on va te soigner, tout va bien se passer et tu vas t'en sortir, d'accord ?
Assura la créature. Sally était bien la seule personne avec qui il se montrait profondément bienveillant, surtout depuis que Masked avait été déclaré mort par Zalgo. Le Slenderman entendit des bruits de pas au loin, des bruits de pas qui se rapprochaient à toute vitesse. Saisi de panique, il balaya les environs à la recherche d'un endroit où se cacher, et il descella une porte en bois menant à une pièce dans laquelle il s'engouffra rapidement.
– Bon sang. Si je pouvais me téléporter, nous serions déjà loin d'ici.
– Comment retirer le seau qu'il t'a posé ?
– Il ne se retire que s'il meurt... Tu te doutes bien que dans ces conditions, je ne pourrais sans doute plus jamais me téléporter.
L'homme observa la salle dans laquelle il était maintenant caché, remarquant plusieurs grimoires étendus au sol.
– Mais peut-être y'a-t-il une formule pour nous aider là-dedans.
Il attrapa l'un des livres à la hâte puis l'ouvrit.
– Satan... La prophétie de Jasmin selon Samaël... C'est étrange, certaines pages ont été arrachées. Que pouvait-il y avoir d'intéressant là-dedans ? Les bienfaits des larmes d'ange qui guérissent tout... Les méfaits des larmes de démons qui font tout fondre... Les sorts vicieux de Baphomet... Lilith et Samaël... La philosophie de Samaël... L'enseignement de Eurynome... La tisane aux ailes d'anges qui guérissent tout... Là ! Les sorts interdits de Samaël pour se libérer d'une malédiction !
"Malheureusement mon cher Slenderman, ce que je vous ai infligé est une malédiction créée par Samaël lui-même, et les moyens de briser ses malédictions ne sont pas dans ce grimoire-ci. Échec et mat."
La voix de Zalgo avait résonné comme la cloche annonçant la fin de la récréation pour Slender. Dans ce cas-ci, c'était plutôt la cloche de l'enfer. Il fit volte-face et tomba nez à nez avec le démon qui souriait toujours aussi sadiquement, le vice déformant son visage.
– Zalgo...
– Tes petits amis sont arrivés jusqu'au pied de mon château. Je ne sais pas comment ils s'y sont pris mais ils ont éliminé tous mes hommes. J'ai envoyé mes nouveaux serviteurs les capturer. Je les tuerai sous tes yeux mais en attendant, je vais m'assurer que tu ne puisses plus bouger pendant que je les exécuterai. Je vais donc te couper bras et jambes.
Aussitôt, le démon disparut, réapparaissant en un clin d'œil devant la créature sans visage. D'un simple coup de pied, il lui brisa un genou, l'obligeant à s'incliner. Pour autant, il garda Sally précieusement serrée contre lui. Le démon fit apparaître son épée enflammée et trancha sèchement l'un des bras de la créature. Cette fois, il n'eut pas d'autre choix que de lâcher l'enfant qui s'écrasa au sol sans oser crier, bien que sa douleur fût un supplice. Elle se mit simplement en boule, tremblant sous la terreur, recroquevillée dans ses sanglots.
En constatant que le Slenderman ne bronchait pas, ne laissait pas sortir un seul son ne serait-ce que pour gémir de douleur, l'entité de la folie s'approcha de Sally dans un changement de méthode de torture radical.
– Tu te sers de moi, et quand je te désobéis tu me prends par surprise avec tes frères !
Hurla le démon avant de frapper la jeune fille d'un coup de talon. Elle cria de sa voix suraiguë en sentant ses côtes brisées par la violence du choc.
– Zalgo arrête ça je t'en supplie !
Le démon tourna la tête quelques secondes vers la créature en costard, seulement pour arborer son plus beau sourire. Il se délectait du pitoyable spectacle que lui offrait le Slenderman.
Il tourna de nouveau son regard vers l'enfant, et cette fois-ci, vint lui asséner un puissant coup de poing dans le nez.
– Tu m'enfermes pendant des années ! Seul, dans une grotte humide et froide !
Cracha de nouveau le démon, la voix cassée, sous les cris de la pauvre Sally qui commençait doucement à tourner de l'œil.
– Et surtout... Tu te permets de me remplacer, comme si j'étais un objet, par un putain de morveux qui ne vaut même pas trois sous et qui se planque derrière un masque !
L'accusa le démon, le ton cinglant, tout en déboîtant l'un des genoux de la jeune fille, retournant sa jambe sur 180 degrés. ( C'est plus déboîter ça, c'est détacher Zeto ) Sally hurla à plein poumons, supplia le démon d'arrêter cette torture. Elle s'arrachait les ongles en voulant se raccrocher désespérément au sol où ses larmes venaient se déposer par milliers. Mais même le sol lui échappait, et elle sentait que bientôt, ce serait le cas de sa vie aussi.
Puis soudainement, une silhouette noire se mue dans l'air, bien trop vite pour être détaillée. Elle décrocha un énorme coup de pied dans la mâchoire du démon ; un coup tel que certains murs du château s'écroulèrent suite au choc. Zalgo, atterri jusqu'à l'ancienne cellule du Slenderman, il avait même traversé la porte et les façades qui se dressaient auparavant sur sa trajectoire.
La créature sans visage obliqua sur le côté et découvrit tout d'abord une paire de chaussures familière faisant guise de socle à la silhouette. Une paire d'Adidas blanches à rayures noires. Son attention toute particulière, éveillée comme jamais, remonta doucement le long d'un jogging noir bouffant, bien taillé aux chevilles cependant. Slenderman déglutit. "Impossible." Mais sur le dos d'une main blanche qui dépassait de son manteau noir à capuche, il reconnut sa marque tatouée, gravée comme dans une roche immortelle. Masked. Comment avait-il pu le croire mort un seul instant ?
Fièrement dressé entre Sally et Zalgo, l'adolescent se tenait là, bien vivant, bien lui. Il attrapa silencieusement Sally dans ses bras. Elle reconnut directement cette odeur citronnée, celle de celui qu'elle se plaisait à considérer comme un grand frère.
– Masked ?! C'est bien toi ?!
Le garçon plongea ses yeux dans ceux absents de la jeune fille, constatant le piteux état dans lequel elle se trouvait. Il lui sourit, bien qu'elle ne pût le voir, avant de déclarer d'une voix douce.
– Oui, tout va bien se passer maintenant, d'accord ? Tu peux te reposer, tu as tenu bon jusqu'à maintenant et je suis fier de toi.
– Tant mieux
Répondit-elle d'une voix fatiguée, presque inaudible. Puis, elle relâcha tous les muscles de son corps, cédant à l'épuisement dans les bras du noiraud. Le garçon déposa la jeune fille au sol, sous le regard interloqué du démon qui était toujours encastré dans un mur, un peu plus loin. L'entité de la folie se sentit trépasser lorsque les yeux du tueur se posèrent sur lui, comme s'il transperçait son âme d'un simple regard, pourtant tellement inexpressif, mais si froid que sa peau se mettait à frissonner.
Masked pointa Zalgo du doigt, avant de déclarer d'un ton monotone :
– Je vais te faire souffrir.
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