Chapitre 54

En l'an 2014, le monde connu de nombreux changements drastiques. Pourtant, pas même la naissance de The Masked of Shadow en tant que CreepyPasta, n'avait eu autant d'effet que la réapparition de Zalgo. Alors que la terre était dans un semblant de paix, l'époque fut chamboulée lorsque le démon abattit son épée vengeresse sur les creepypastas avant de mettre la terre à feu et à sang. Les creepypastas ayant survécu à l'attaque du manoir orchestrée par Zalgo et son armée de démons et de morts-vivants étaient désormais obligés de vivre dans un réseau de grottes souterraines. Quant à l'humanité, elle résistait étonnamment bien mieux que leurs ennemis les légendes urbaines. Malgré la résistance des Anti-Creeps, l'armée de l'entité de la folie gagnait du terrain, s'attaquant même parfois à des pays entiers.

Semant la mort sur son passage, incendiant toutes les villes par lesquelles son armée passait, Zalgo avait réussi à dévaster un tiers des Etats-Unis, ainsi qu'une petite partie du Canada. Pourtant, au milieu de cette zone dévastée, une petite ville continuait de se battre. La ville de Springfield, celle où The Masked of Shadow était né. Dans cette ville déjà depuis longtemps habitée par le mal, les carcasses de voitures n'avaient pas eu besoin des démons pour s'enflammer. Plusieurs démons survolaient les habitations délabrées d'un quartier malfamé, se demandant si ce quartier avait été anéanti par eux ou s'il était déjà comme ça avant leur arrivée. Une rafale de détonation les coupèrent dans leur réflexion, avant que l'un d'entre eux ne fasse une chute d'une cinquantaine de mètres, venant s'écraser au sol et répandre ses organes.

Examinant les environs avec un peu plus d'attention, les démons volants purent voir un groupe d'humains réfugiés sur le toit. Ces derniers portaient des vestes de motards en jean avec écrit "Bandidos Dortmund" en rouge. Ils avaient tous l'air de faire de la moto, mais surtout de posséder toute une panoplie d'armes à feu dont la police jalouserait l'efficacité.

Ni une ni deux, les démons descendirent  en piquet vers le gang de motards à toute vitesse, fendant l'air dans un bruit strident. Les gangsters n'eurent pas la politesse d'attendre gentiment que leurs ennemis les tuent, ils s'étaient tous mis à tirer, vidant les chargeurs de leurs fusils d'assaut. Pas une balle ne toucha les serviteurs de Zalgo, qui à peine après avoir posé un pied au sol, décapitaient leurs assaillants à l'aide de leurs griffes acérées. Le reste des motards tentaient de résister tant bien que mal, l'un d'entre eux tira même avec un lance-grenade en direction de l'un des démons qui explosa peu après. Cependant au corps à corps, leurs couteaux aiguisés ne servaient plus à rien et ils n'avaient pas le temps de recharger leurs armes. Un des gangsters jeta plusieurs bidons d'essence et une bouteille de gaz qu'ils avaient avec eux pour faire chauffer leur nourriture, bien conscients qu'ils ne ressortiraient pas vainqueurs de ce combat. Mais quitte à mourir, autant les emporter dans la tombe avec eux. Un mince sourire aux lèvres, l'homme à la barbe noire et aux lunettes de soleil lâcha un dernier :

– On se reverra en enfer bande d'enfoirés.

Avant de lâcher son briquet enflammé sur une traînée d'essence reliée aux combustibles. Personne n'eut le temps de réagir, autant les démons que les gangsters, tous furent emportés par le souffle de l'explosion, calcinant chacun des êtres vivants qui étaient sur place. Tous ? Non. Un des démons avait eu le temps de s'envoler avant que les bouteilles d'essence et de gaz n'explosent en ne laissant plus qu'une énorme marque noire sur le toit et quelques morceaux de chairs calcinés. Malgré la distance qu'il avait prise, le démon fut tout de même touché par le souffle de l'explosion, lui brûlant la moitié du corps et le faisant lui aussi tomber de l'immeuble. La créature ouvrit difficilement les yeux, constatant que son œil gauche manquait à l'appel. Il se releva non sans difficultés, ressentant une vive douleur là où son corps était brûlé.

- Bordel de merde, l'enfoiré de fils de pute. Je ne peux même pas me régénérer, je vais devoir manger une âme et vite.

Grogna-t-il avec mécontentement. Il inspecta donc les environs d'un vif regard, à la recherche d'une âme humaine à se mettre sous la dent. Il se trouvait dans un quartier pavillonnaire typique des Etats-Unis, le genre de quartiers où les maisons se ressemblaient tous. Toutes les maisons avaient des toits orangés ainsi que des murs blancs et une allée bétonnée. Bingo, une porte d'entrée était ouverte et une silhouette noire se dessinait derrière les rideaux grâce à la lumière. Le démon se précipita donc dans le bâtiment, brisant l'encadrement de la porte sur son passage à cause de sa grande taille. Le regard prédateur et les mains tremblantes d'excitation, il menaça :

– Toc toc. J'ai faim.

Devant lui, un colosse d'environ 2 mètres, à la chevelure de sang semblait tenir par les cheveux la tête décapitée d'un homme. Il portait une grosse veste marron dotée d'une capuche de la même couleur. Le colosse se retourna, foudroyant le démon de son regard assassin, dévoilant ses yeux aux iris semblant inexistantes. Le garçon répondit d'une voix profondément mauvaise :

– Approche un peu plus près que je te tue toi aussi.

– Les humains sont décidément très stupides à notre époque. 

Le démon fit apparaître une lame rougeâtre dans ses mains, et vint transpercer le cœur du colosse qui se tenait toujours devant lui, ne semblant même pas se soucier de ce qui venait de lui arriver, affichant toujours le même sourire dérangé. Surpris, le démon tenta de le frapper au visage avec un coup puissant et rapide, mais le colosse para sans aucune difficulté, attrapant la main de la créature.

– Tu as faim non ? Mange ça.

Le tueur frappa le démon au niveau de l'estomac, transperçant le ventre de ce dernier tant le coup était puissant. Lorsqu'il ressortit son bras, il semblait tenir l'estomac du serviteur de Zalgo, affichant un air narquois.

– Tu ne devrais plus avoir faim maintenant.

– Comment... Comment un humain ou... Un revenant peut tuer un démon de mon envergure ?

-Quand je me suis échappé de l'enfer, nombre de tes congénères se sont mis en travers de ma route, ils étaient plus forts que toi. Mais je les ai tous tués, déchiquetés avec seulement mes mains ou mes dents quand ils m'ont tranché les bras.

Le démon n'eut pas le temps de rétorquer quoi que ce soit, le colosse attrapa la mâchoire inférieure de la créature avec sa main gauche, puis la mâchoire supérieure avec sa main droite. Une fois fait, il usa de sa force, et arracha la moitié inférieure de la tête du démon, continuant encore de tirer dessus, entrainant toujours plus de peau et d'organes avec lui. La vie du démon s'arrêta ici même. Il était tombé sur la seule personne sur terre sur laquelle il ne fallait pas tomber. La raison pour laquelle cette ville avait tenue aussi longtemps était un simple tueur du nom de Child of Pain, un revenant qui hantait les rues de Springfield et dont la force n'avait d'égal que sa haine.

La petite ville de Springfield n'était pas la seule à offrir une légère résistance aux impitoyables démons et à Zalgo lui-même. Jamais les Anti-Creeps n'avaient été aussi actifs. Au Nord des Etats-Unis, avant la frontière du Canada, les immeubles grimpants jusqu'au ciel et les routes envahies de véhicules avaient fait face aux ruines et aux carcasses de voitures enflammées. Des parcs verdoyants il ne restait que des cendres et du béton craquelé et ensanglanté. Près d'un supermarché aux vitres cassées, des hommes en tenue militaires marchaient rapidement en file indienne, agrippant leurs fusils d'assaut avec crainte. Derrière cette petite escouade, Sylvanie et Sarah étaient à l'affut, prêts à ordonner le repli si nécessaire. Si cette éventualité venait à se réaliser, nul doute qu'ils resteraient pour assurer la fuite de leurs hommes. Les deux ordonnèrent aux militaires de rester ici à couvert, d'un simple geste de la main. 

Une fois fait, Sarah regarda Sylvanie et lui fit signe de le suivre avec un petit mouvement de tête, ils entrèrent donc dans un des rares immeubles toujours debout malgré les dégradations. Ils passèrent la porte cassée, bien que la plus petite eut un peu de mal à ne pas faire frotter le fusil de précision attaché dans son dos contre le métal de la porte. Une fois dans les escaliers, Sylvanie demanda à voix basse :

- Qu'est-ce que tu fabriques Sarah ?

- Je vais prendre de la hauteur et chercher d'autres civils que ceux que nous sommes venus chercher, je suis sûre qu'il doit rester des survivants.

- Sarah, on est en plein territoire ennemi, dans une ville en ruine où les démons et les morts rôdent partout de jour comme de nuit, je doute qu'il reste des gens à sauver. Et si tu te mets en hauteur comme ça, à découvert, tu vas facilement te faire griller par des démons.

- Et c'est pour ça que je veux que tu viennes avec moi.

Rétorqua la jeune femme avant de tirer la langue, faisant un rapide clin d'œil au vampire. L'albinos soupira, de toute façon il n'avait pas vraiment le choix.

- Bon, du moment que ce n'est pas un des généraux de Zalgo ça me va. Tout de même, qu'est-ce qui s'est passé ? Tout a dérapé si vite... Comment il a pu revenir à la vie ?

- Si tu t'alliais à Masked comme vous aviez fait l'autre jour, vous ne pourriez en faire qu'une bouchée. 

La jeune femme avait dit cela comme ça, ne se doutant pas que le vampire avait bien senti que la présence du masqué avait disparu. Alors, il baissa simplement la tête, suivant la jeune femme dans les marches.

- Tu sais... Je crois qu'il est mort... Je ne sens plus son énergie nulle part et s'il était en vie il n'aurait clairement pas laissé ça arriver.

- Comment tu peux en être aussi sûr ? C'est un monstre, il ne vit que pour le meurtre et la violence.

Le militaire haussa les épaules.

- Premièrement il ne veut pas que ses proies changent. Il veut pouvoir tuer et terrifier les humains dans un monde comme celui qu'on a connu, pas un autre. Là Zalgo sème la souffrance et le chaos partout où il passe avec son armée, tuer un humain dans ces conditions c'est presque comme une délivrance pour eux. Ensuite, Masked est fan de mangas, de comics et de jeux vidéo, il ne ferait jamais quelque chose qui nuirait à leur distribution dans ce pays. D'ailleurs moi aussi j'adore ça, donc les évènements qui se déroulent maintenant me canulent un peu.

"Monsieur Globine ! Madame Connor ! On a du nouveau ! L'un des commandants de l'armée de Zalgo est présent au loin à six heure de notre position, un de nos hommes l'a repéré !"

Fit la voix entrecoupée de bruits parasites au travers des talkie-walkie accrochés aux ceintures des deux militaires. L'albinos attrapa l'objet et le porta devant sa bouche.

- Oui bah c'est un peu normal quoi, on s'attendait à voir un démon ou un mort vivant un peu plus gros que les autres, forcément Zalgo a besoin de nommer des chefs pour gérer une si grosse armée.

Répondit-il d'un air un peu exaspéré.

- Négatif, ce n'est ni un démon, ni un mort-vivant. C'est... Je ne sais pas, il ressemble à un humain mais... Avec une peau incroyablement pâle, de la même couleur que celle du Slenderman. Il a des yeux imbibés de sang, et de longues oreilles.

Sylvanie écarquilla alors les yeux, tandis que sa main se resserra autour du talkie-walkie.

- Sa coiffure, et sa dentition ? Vous pouvez la voir ou pas ?

Demanda l'albinos d'une voix étranglée.

- Il a les cheveux noirs coupés court, impeccablement coiffés en arrière, il a des dents pointues aussi. Ah et il porte une cape.

La panique dans les yeux de Sylvanie sembla s'intensifier d'avantage. Il savait qui était cette personne, il l'avait compris dès la première description mais il devait en être sûr et certain. Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ? Et bon sang, qu'est-ce qu'il faisait ici lui ? Le vampire changea soudainement d'expression faciale, arborant finalement un visage sombre, dénué d'émotions, il se retenait d'exploser, mais ça n'allait pas durer. À nouveau, il porta l'objet à son visage et ordonna d'une voix morte :

-Repli soldat.

Avant d'accrocher de nouveau l'engin à sa ceinture. La jeune femme à ses côtés porta son regard vers l'albinos. De son air éternellement inexpressif, elle prévint le jeune homme.

-Sylvanie, je sais très bien ce que tu penses. Mais nous ne sommes pas sûrs que ce soit lui, et même si c'est difficile tu dois te maitriser. Si Dracula est bel est bien avec les forces de Zalgo, alors l'affronter maintenant serait du suicide, nous avons besoin de l'appui de Gazmo.

Le militaire ne répondit pas, serrant fortement les poings, le visage crispé. La brune posa délicatement sa main sur l'épaule de son collègue. Tentant toujours de le calmer,  elle déclara d'une voix se voulant apaisante :

- Je te promets que nous aurons d'autres occasions de le recroiser, et que cette fois nous aurons sa peau.

L'albinos se dégagea de son emprise, et la regarda dans les yeux, ses magnifiques pupilles rouges qui habituellement brillaient d'un éclat rappelant deux précieux rubis, ressemblaient désormais à deux simples flaques de sang sans ombres ni reflets. Ajouté à son regard mort, ses sourcils vinrent se froncer d'avantage.

- À quoi bon s'être engagés dans les Anti-Creeps si nous déguerpissons dès qu'on repère une créature surnaturelle à abattre ?!

Demanda-t-il d'une faible voix brisée. Sarah ne savait quoi répondre, elle ne nourrissait pas de haine envers Dracula et les créatures surnaturelles de son entourage comme Sylvanie le faisait, elle n'avait pas vécu l'abandon. Toutefois elle savait bien quels sentiments laissait ce genre d'expérience, elle s'en doutait fortement. Comment raisonner un véritable volcan sur le point d'entrer en éruption ? Tout ce qu'elle savait c'est que s'attaquer maintenant au comte vampirique était une grave erreur. Comme pour ne pas laisser le temps à Sarah de trouver une réponse qui pourrait le convaincre, Sylvanie enchérit :

- Toute ma vie, je n'ai cessé d'espérer croiser la route de cette infâme créature. Je n'ai vécu que pour une chose : Tuer Dracula. Et le jour où enfin j'ai une chance de croiser le fer et enterrer pour de bon ce fils de pute, tu voudrais que j'y renonce parce que les sbires de Zalgo qui l'entourent sont trop puissants ?

- Sylvanie, si tu y vas, tu te feras tuer ! Je ne veux pas avoir à pleurer ta perte ! Je ne veux pas retrouver le cadavre de celui qui m'a apporté autant de choses ! Je ne veux pas enterrer le cadavre de l'homme qui me permet de me dépasser et de sourire !

Les mots de la brune l'avaient touché. Tout semblait se bousculer dans la tête du vampire. Ce dernier secoua la tête comme pour chasser les pensées qui l'envahissaient désormais.

- Désolé Sarah, mais je ne peux pas. Je ne peux pas laisser cet homme, cette... Chose en vie. Va-t'en, mets-toi en sécurité, je reviendrai.

Avant même qu'elle n'ait le temps de rétorquer, Sylvanie avait disparu en un coup de vent. Il avait monté les escaliers quatre à quatre aussi vite que possible, et une fois sur le toit de l'immeuble, le vampire observa attentivement les alentours de cette ville en ruine, cette ville en proie aux flammes et au désespoir depuis que Zalgo avait refait surface.  Son regard se porta alors sur l'homme que le soldat avait décrit tout à l'heure. Cette tenue de noble, ces cheveux noirs, gominés et impeccablement coiffés en arrière, ces canines pointues dépassant légèrement de ses lèvres, jamais il ne pourrait oublier ce visage, celui de la personne lui ayant fait connaitre l'enfer sur terre. Déterminé, il posa un pied sur le rebord en béton du toit. S'apprêtant à sauter, il déclara :

- Masked... Je sais pas si t'es mort ou pas. Mais si tu as bel et bien trépassé, je ne vais pas tarder à te rejoindre mon pote. J'espère qu'ils ont Street Fighter en enfer...

Puis, il fit le grand saut, bondissant en un éclair en ligne droite en direction de son bourreau d'antan. Le comte maléfique ne se doutant pas une seule seconde de ce qui arrivait, sentit tout de même quelque chose, une énergie explosive qui avait soudainement fait surface et qui fonçait à vitesse grand V dans sa direction. Ses oreilles pointues s'agitèrent légèrement, et il tourna la tête vers la source de cette énergie, découvrant une silhouette blanche et rouge lui foncer rapidement dessus en hurlant de rage. Malheureusement pour lui, le vampire aux cheveux noirs n'eut pas le temps d'éviter l'attaque, se prenant de plein fouet un coup de poing dévastateur qui l'envoya valser dans le décor et passer à travers de nombreux murs déjà fortement détériorés. Sylvanie lui, avait brutalement atterri sur le ventre, roulant sur le sol si violemment que le béton se brisait instantanément là où son corps traînait.

Le blanc se releva avec peine, observant avec satisfaction un Dracula sonné qui n'arrivait même pas à rouvrir complètement les yeux. Alors qu'il venait seulement de se relever, l'albinos sentit quelque chose saisir fermement son bras, il se tourna donc vers ladite chose et découvrit un démon bien plus imposant que les autres, un démon dont les cornes semblaient aussi plus longues et plus grosses. Il avait beau se débattre, il n'arrivait pas à se libérer. La créature le saisit alors par les cheveux et le traina jusqu'au comte maléfique, déclarant d'une voix tonitruante :

- Hé Monsieur Dracula. Qu'est-ce que j'en fais ?

Alors, l'homme finit par recouvrir finalement la vue, reconnaissant immédiatement son fils. Il se releva péniblement, époussetant sa veste et arborant un sourire insupportablement hautain.

- C'est mon raté de fils. Tu peux le relâcher, il ne représente aucun danger il est bien trop faible pour. Il ne m'a touché que parce qu'il m'a pris par surprise.

Le démon relâcha donc son emprise sur Sylvanie, dont le corps sembla guérir instantanément des blessures causées par sa chute libre. Le blanc ricana et déclara d'une voix terrifiante et emplie de rancœur :

- Tu viens de commettre l'erreur de ta vie, enfoiré de fils de pute.

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