Chapitre 5

Alors que le garçon dormait paisiblement, son sommeil fut perturbé par plusieurs images défilant dans sa tête, comme des flashs d'images.

La dernière, était un homme, son visage caché par un masque blanc et totalement inexpressif. Il était habillé tout en noir, et avait même une capuche pour cacher jusqu'à la moindre de ses parties humaines. Pas de cheveux, pas de peau, pas d'œil, rien de tout ça. Juste un masque.
L'homme se tenait debout dans une forêt, et le regardait.

Le garçon se réveilla en sueur, se tenant le crâne avant d'essuyer son visage. Après plusieurs tentatives, il n'arriva pas à se rendormir. Le brun regarda alors l'heure, et voyant qu'il ne lui restait qu'une heure à dormir avant de devoir se lever, il décida de ne pas dormir.

L'adolescent sorti de sa chambre, se dirigeant vers la salle de bains. Il se passa de l'eau sur le visage, tentant de reprendre ses esprits. Il se regarda alors dans le miroir, se concentrant sur son regard. Il avait de très grosses cernes, le faisant ressembler à un panda plus qu'autre chose.

Au fin fond de lui il entendit une voix autre que celle de son démon.

"T'es écœurant. Ton corps est aussi dégoûtant que ton âme."

Il secoua la tête avant d'aller préparer ses affaires pour aller se doucher.
La sensation de l'eau froide se déversant sur tout son corps était des plus agréables. Il avait l'impression de renaître ou de se réveiller.

Malgré ça, il ferma les yeux, se perdant dans ses pensées. Il se remémorait ce garçon qui se vidait de son sang, écroulé au sol. Un couteau dans la main, les veines taillées de l'autre. L'adolescent rouvrit les yeux, se tenant à un mur.

Il enfila son t-shirt blanc et sa veste noire, ainsi qu'un survêtement de la même couleur, et des chaussettes blanches qu'il avait remonté aux mollets.

Une fois sorti de la salle de bains, il alla dans la chambre de son beau-père pour prendre la clé du garde-manger sous son oreiller.

Le garçon alla se prendre une boîte de céréales, et commença à manger. Tandis qu'il versait ses céréales et son lait, son beau-père arriva dans le salon, à moitié nu.

– Je peux savoir ce que tu fous ?

Demanda ce dernier, les yeux à moitié fermés.

– Bah ça se voit non je mange.

– Donc tu te sers en pleine nuit en rentrant dans ma chambre pour voler la clé sous mon oreiller ? !

L'homme avait intentionnellement forcé sur le "Ma", comme s'il voulait montrer son territoire.

– D'un, tu ne te gênes pas pour rentrer dans ma chambre et fouiller alors  je vois pas pourquoi je ferais pas de même. De deux j'me suis réveillé une heure avant, autant ne pas me recoucher et aller directement me préparer.

– Je rentre où je veux, je suis chez moi ici.

– J'étais là avant toi, c'était chez moi avant que ce soit chez toi.

– Ce n'est pas toi qui paies les factures donc c'est chez moi.

Le garçon avait envie de répondre qu'ils s'en sortaient très bien avant qu'il arrive. Mais il n'avait pas envie de continuer cette discussion de sourd qui n'avait aucun sens. Il soupira simplement et afficha un sourire totalement faux et manipulateur, un sourire vicieux.

– Tu sais quoi, t'as raison c'est chez toi. J'suis qu'un squatteur après tout. Bref j'aimerais manger tranquillement parce que j'ai pas envie d'être de mauvaise humeur de bon matin.

– Hm. T'as intérêt à être au collège à l'heure. Sinon ça va mal se passer ce soir.

Fit l'homme en lui tournant le dos, retournant dans sa chambre. Une fois seul, le garçon se mit à imiter son beau-père avec une voix insupportable et des gestes et expressions faciales exagérées.

– Gneuh gneuh c'moi l'homme de la maison, gneuh gneuh t'as intérêt d'être à l'heure, gneuh gneuh je suis un gorille primitif et territorial.

Se moqua l'adolescent, rajoutant un petit "PD" avant de reprendre son festin, content d'avoir gagné même en ayant abandonné.

Alors comme ça, il avait intérêt à ne pas être en retard ? Et bien c'est ce qu'il verra. Le garçon avait décidé qu'il n'irait pas en cours aujourd'hui, simplement par esprit de contradiction et aussi pour lui montrer qu'il n'avait rien à lui ordonner.

L'adolescent attrapa alors un petit couteau tranchant, et le rangea dans sa poche, faisant en sorte qu'il ne se voit pas en mettant correctement son t-shirt par-dessus ses poches. Pas de problème pour faire ça, il avait toujours des t-shirts trop grand, pas par manque d'argent mais simplement par goût vestimentaire, il aimait porter des vêtements trop grand.

Il se posa alors dans le canapé et alluma la télévision pour regarder Gulli. Oui, malgré toutes ses crises, le fait qu'il se batte et qu'il soit potentiellement dangereux, il restait un enfant dans ses têtes, qui aimait regarder des dessins animés dans le style de Thomas le train bleu.

Lorsque l'heure vint, le garçon prit son sac et sorti de chez lui, faisant mine d'aller à l'arrêt de bus. Tout en descendant les escaliers de son immeuble, il imaginait déjà tous les scénarios possibles, et tout ce qu'il devrait répondre. Il commençait déjà même à imaginer comment il allait s'y prendre pour échapper aux punitions ou les contrer en secret. Il prit alors un autre chemin que celui pour aller à son arrêt de bus. Cette fois-ci, il passa par le cimetière pour ensuite aller dans la forêt juste à côté de chez lui.

Alors que les feuilles mortes craquaient sous ses pieds, il observait attentivement chaque mouvement de la flore. Il se concentrait sur le moindre bruit, totalement sur ses gardes tandis que les arbres défilaient au rythme de ses pas.

-Sleeeendermaaaaaaaan t'es oùùù? Vieeeeens je te ferais pas de mal ! Enfin, tant que tu n'essaies pas de m'en faire !

Avait hurlé le garçon. Ses amis ne cessaient de lui répéter que les creepypastas n'étaient que des contes de fées, de simples légendes urbaines pour effrayer les enfants.

Mais lui, il voulait y croire, il voulait croire à cet homme qui lui permettait d'atteindre la rédemption, d'être en dehors du système en l'explosant impunément. Cet homme en qui il avait foi, ce meurtrier dont les cibles principales étaient des enfants.

Des ossements d'enfants ont été retrouvés un peu partout dans des forêts et endroits isolés du monde entier. Pour le garçon, c'était cet homme, pour lui il n'agissait pas seulement en Amérique ou au Canada. Après tout, pourquoi se limiter à un endroit quand on peut se téléporter partout sans limites ?

Alors qu'il se perdait dans ses pensées les plus sombres, son rythme cardiaque s'accéléra rapidement, tandis que sa poitrine et son estomac lui faisaient atrocement mal.

– Pourquoi ?... POURQUOI TU M'AIDES PAS À ME LIBÉRER DE ÇA ? !

Le garçon attrapa le couteau dans sa poche et le planta violemment dans un arbre. Le geste était si rapide et sec que la lame avait eu le temps de s'enfoncer profondément dans le tronc de ce dernier avant de se briser.

Mais la violence explosive et incontrôlée du garçon n'était pas encore partie pour autant. L'adolescent s'écroula au sol en tremblant de tout son corps, tout en grognant et en serrant les poings.

Tandis que la voix intérieure du garçon se moquait de son comportement "Absurde" selon lui, le brun attrapa alors le couteau suisse qu'il avait dans son sac.

Il porta la lame au niveau de son ventre, et commença à l'entailler sans aucune retenue, comme si la mort ne lui faisait aucunement peur. Il se taillada aussi au niveau des épaules.

-Je t'en supplie... Que quelqu'un me sorte de ce corps insupportable toujours en colère... Que quelqu'un m'aide...

L'adolescent se replia alors en boule, avant de fermer les yeux, sa respiration se faisant de plus en plus régulière, et moins rapide. Tandis que sa conscience commençait à sombrer, il aperçut un homme en costard parmi les arbres. Un homme au corps dont les dimensions étaient totalement difformes. Il était fin comme un lampadaire, et assez grand pour le confondre avec des arbres. Ses bras étaient longs lui arrivant aux genoux, et minces comme des pieds de chaises. Ses mains blanches étaient dotées de longs doigts osseux.

Le détail le plus choquant était l'absence de visage. Simplement une peau avec de sortes de creux aux endroits où il devait y avoir des yeux, une bouche et un nez. Comme si son visage aurait dû avoir des attributs normaux mais qu'à la place sa peau avait finalement décidé de recouvrir entièrement son visage.

C'était lui, le Slenderman. Il était penché sur l'adolescent, le "visage" près de celui du garçon comme pour l'analyser ou le dévorer.

-Pro...xy...

Le garçon avait difficilement prononcé ce mot. L'homme disparu, et le garçon ferma les yeux, plongeant dans un sommeil abyssal. Ça n'avait duré qu'une fraction de seconde, mais il avait eu l'impression qu'il l'avait regardé pendant une longue minute.

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