Chapitre 41

- À qui donc ai-je l'honneur ? Se présenter est la moindre des choses, tout de même.

Rétorqua l'homme tandis que le trou de sa main se refermait lentement.

– Je suis le cauchemar de ton pire cauchemar, et accessoirement le futur petit ami de la personne que tu tiens dans ton tentacule.

- Masked fais attention à ne pas respirer s-...

L'homme ne laissa pas le temps à Jane de parler et lui couvrit la bouche avec son tentacule. Sous son masque, les yeux du garçon s'écarquillèrent sous la colère.

– Tu souilles sa bouche en la touchant.

Masked s'approcha lentement, pas à pas. Il dégageait une impression de malaise, sans pour autant que l'entité dans son esprit n'ait besoin d'intervenir. C'était comme si l'aura maléfique qu'il dégageait formait un énorme démon noir comme une ombre grandissante derrière lui, qui observait sa proie de ses grands yeux rouges. Ce n'était rien d'autre qu'une de ses pulsions si fortes qu'on pouvait les voir, apercevoir clairement son besoin de tuer. Une fois aux pieds de la créature visiblement intimidée face à une aura si écrasante, le masqué ouvrit l'imperméable de l'homme et versa le thé brûlant sur son sexe, la seule partie sensible d'Offender. L'adolescent ne lui laissa même pas le temps de crier, il lança la tasse qui vint se briser sur le crâne de l'homme avant qu'il ne casse le plateau qu'il tenait contre sa jambe, lui sectionnant un tendon au passage à cause du plastique coupé. Suite à cela, le violeur posa un genou à terre contre son gré, et le garçon attrapa son menton entre ses mains pour le serrer très fortement en l'obligeant à le regarder dans les yeux bien que la créature en fût dénuée.

– Je crois que tu n'as pas bien compris, tu vas poser Jane sur-le-champ, c'est un ordre.

L'homme ressentit une étrange sensation, qu'il n'avait pas senti depuis longtemps. Effrayé, oui il était effrayé, tétanisé par un garçon de seulement treize ans qui avait à peine entamé sa puberté et faisait la taille d'un nain comparé à lui. Toujours aussi intimidé par le tueur, Offenderman n'avait eu d'autre choix que de reposer la femme qu'il tenait pourtant dans ses tentacules vicieux. Le temps d'un instant, il avait eu l'impression de voir ce démon qui autrefois s'était retourné contre Slender et ses frères. Il avait l'étoffe d'un Zalgo bis et représentait donc inévitablement un danger. Jane s'approcha du masqué et se cacha derrière lui. Elle se savait clairement en sécurité derrière ce garçon qui avait fait plier la créature sans le moindre effort, et bien qu'elle fût gênée de devoir se cacher derrière lui, ce n'était pas comme si elle avait grandement le choix.

– Merci Masked... Merci beaucoup... J'ai bien cru que cette fois c'était fini pour moi.

L'adolescent ne répondit pas, fixant le violeur d'un regard mauvais derrière son masque, on pouvait même apercevoir une lueur rougeâtre se dégager des orbites abyssales de ce dernier. Il approcha lentement sa main vers l'homme déjà agenouillé.

– Masked c'est bon je pense qu'il a son compte...

La créature se figea, et sentit alors la main du garçon soulever son chapeau et attraper le paquet de cigarette situé juste en dessous. Il prit deux cigarettes et en mit une dans la bouche de l'homme avant de lui allumer.

– Tu sais, c'est pas parce que t'as essayé de violer ma future meuf que je t'en veux, chacun a ses petits défauts toi c'est le viol, on peut quand même devenir potes. Houla cette phrase sonne vraiment what the fuck.

Fit le garçon avant d'allumer sa cigarette et tirer une latte toxique de l'objet. La créature fit de même en le regardant toujours, étonné de la phrase qu'il venait de prononcer. La surprise défigura le visage de Jane, qui ne savait absolument pas comment le prendre. Elle décida donc de ne pas rester là et profita de l'inattention d'Offender pour se retirer discrètement. Il souffla sa fumée en direction du visage de l'adolescent et lui demanda :

– Alors c'est toi cette fameuse recrue indispensable dont mon frère m'a parlé ?

– Ouaip c'est moi, The Masked of Shadow, mais tout le monde m'appelle Masked. Et Slender m'a chargé de ta surveillance comme il a déjà des choses à faire, apparemment les Anti-Creeps sont un peu trop actifs en ce moment, donc il vérifie méticuleusement les dossiers que j'ai ramenés pour les étudier et trouver des pistes qui permettraient de théoriser sur ce qu'ils font sans risquer d'envoyer un proxy ou autre pour espionner.

L'homme approuva d'un hochement de tête.

– Oui je pense que c'est la meilleure chose à faire, d'ailleurs j'étais venu parler de ça aussi à mon frère.

– Et tu voulais le voir pour quoi d'autre ?

– Je souhaitais qu'on parle d'un certain démon surpuissant, nous n'avons pas fait le nécessaire cette année, trop occupés chacun de notre côté j'imagine. Et je voulais aussi te voir et faire ta connaissance étant donné qu'il m'a dit énormément de bien sur toi, j'espérais t'enrôler.

– Bah je vais t'amener à son bureau. Désolé mais je dois te surveiller, on pourra parler après si tu veux. Par contre c'est mort je reste fidèle à la face de coton-tige.

L'homme n'eut pas le temps d'approuver que le garçon eût déjà saisi son bras et s'était téléporté avec lui devant la porte du bureau de l'homme. Sans crier gare, il l'ouvrit brusquement d'un violent coup de pied et entra tel un ouragan, la tempête qui cause le chaos et le désordre, venant troubler le calme dans lequel le propriétaire des lieux s'était plongé afin d'étudier attentivement les dossiers. Le cœur de ce dernier rata un battement à l'entrée fracassante du garçon qui visiblement n'avait que faire des bonnes manières. Il posa sa main sur sa poitrine et hurla.

– Masked je t'ai déjà dit de frapper avant d'entrer nom de Dieu ! J'aurais déjà fait plus de mille crises cardiaques par ta faute si je pouvais mourir !

– Oh mais tu le peux, surtout avec ce dont je vais te parler mon cher frère.

L'interrompit le visiteur en entrant à son tour, déposant son chapeau sur le portemanteau en bois foncé disposé dans un des coins sombres de la pièce à côté de la porte.

– Offenderman, je commençais à me demander s'il ne t'était pas arrivé malheur en cours de route mais je constate que le destin n'a pas voulu me faire cette faveur. Que me vaut l'honneur de cette visite si soudaine mon frère ?

Le violeur soupira, et vint se poster devant le bureau de l'homme sans pour autant s'asseoir à l'une des chaises. Afin de se faire plus discret, le garçon s'effaça complètement dans l'ombre d'un coin de la pièce, écoutant tout de même leur conversation. Il avait décidé qu'une fois qu'Offender serait parti, il allait rendre une petite visite aux Anti-Creeps. Ils avaient beau être l'élite, face à Masked ils tombaient comme des mouches, et c'était un très bon entraînement à ses yeux. Les voir paniquer à sa simple vie avait aussi un côté satisfaisant dont il ne pouvait se lasser.

– Trêve d'hostilités, nous avons plus urgent à régler.

– Comme ?

- L'entité de tu sais quoi. Nous n'avons toujours pas effectué l'entretient du sceau, et c'est dans l'intérêt général de le faire au plus vite. Si cela continue, sa puissance risque de fuiter et tu sais ce qu'il risque de se passer...

Le Slenderman le regarda, puis pointa ses dossiers du doigt.

– Pour l'instant nous avons plus urgent que de nous occuper d'une entité qu'on a déjà scellée, l'activité des Anti-Creeps s'est anormalement intensifiée ces derniers temps, et Ben m'a aussi rapporté qu'ils sont de plus en plus en contact avec la Zone 51 et la SCP fondation. Nous craignons vraiment qu'ils ne préparent un mauvais coup à l'aide de ces deux organisations en plus.

– Alors ça, c'est un problème... Mais n'oublie pas que la personne dont nous parlons les faisait déjà tous trembler à la seule évocation de son nom, même la SCP fondation et les anomalies qu'ils renferment ne pourraient rien face à lui. Nous nous sommes donné bien trop de mal pour le sceller il ne doit surtout pas sortir.

– Ne t'en fais pas, même en arrivant à provoquer des événements surnaturels autour de lui en étant enfermé, le seul moyen de se libérer pour lui c'est cette clé que je porte autour du cou et que je ne quitte jamais.

Masked lui, n'écoutait déjà plus la conversation, son temps de concentration étant bien trop limité. Il était en train de se demander ce qu'il allait manger ce soir. Nutella aux tartines ou tartines de Nutella ? Là était la question...

Au même moment, bien plus loin dans le pays, au QG principal des Anti-Creeps, Sylvanie observait un pot de confiture de fraise avec envie, un filet de bave s'écoulant de sa bouche et venant salir le sol en résine blanche pourtant plus propre qu'un sou neuf. Une petite main vint se poser sur son épaule.

– Manges-en si tu en as tant envie que cela.

Fit joyeusement une douce et mignonne voix de femme, s'approchant plus de celle d'une fillette que d'une femme forte représentant l'élite de l'armée. L'albinos se tourna vers la propriétaire de la voix et de la main, l'ayant directement reconnue. C'était Sarah, qui le fixait de ses yeux marron et brillants de mille feux en souriant gentiment. Elle non plus n'était pas en service et n'avait donc pas son habituel uniforme. Elle était simplement vêtue d'un pull à col roulé en laine gris clair, et d'un treillis militaire ainsi que sa paire de rangers noirs. Son badge d'employée indiquant qui elle était et la fonction qu'elle occupait était directement épinglé à sa poitrine, juste au-dessus de son sein gauche.

– Oh Sarah ! Tu m'as fait peur ! J'ai cru que c'était l'autre rabat-joie quand j'ai senti ta main !

La jeune femme à l'apparence enfantine fronça légèrement les sourcils.

- C'est pas cool de le traiter de rabat-joie.

- J'y peux rien si c'est vrai, il est toujours là avec sa voix froide à lâcher des "En tant que militaire d'élite un tel relâchement n'est pas tolérable". C'est un vrai rabat-joie je te dis.

– Qui est un vrai rabat-joie ?

S'éleva soudain une voix d'homme aussi grave que froide. C'était bel et bien le concerné, qui venait d'entrer dans la pièce et écoutait ce que Sylvanie avait dit. Sarah l'avait vu, et avait tenté de prévenir l'albinos en lui faisant signe de se taire, mais il était tellement concentré sur ce qu'il disait qu'il n'avait même pas remarqué les alertes de la brune. Le blanc se tourna, parcouru par un frisson de frayeur et découvrit le grand brun au regard sévère, ses yeux jaune foncé le transperçant. En plus de cela, sa taille intimidante ne mettait absolument pas en confiance.

– Ah euh... Gazmo. T'as écouté notre conversation ?

Demanda Sylvanie d'un air inquiet. Les bras croisés, l'homme répondit.

– Je n'en ai pas raté une miette.

Sylvanie se frotta la nuque en souriant bêtement.

– Je parlais de toi parce que t'es vraiment un rabat-joie sérieux.

L'homme soupira, se moquant éperdument de ce que pensait son collègue. S'il s'était inscrit à l'armée afin d'intégrer les Anti-Creeps, ce n'était pas pour se faire des amis, il avait un but bien précis, et il comptait le réaliser.

– Ce genre de comportement immature n'est pas tolérable pour un soldat d'élite. De plus, le fait que notre grand commandant soit mort fait de moi votre supérieur hiérarchique étant donné que je suis son remplaçant le temps que l'on réussisse à contacter celui qu'il avait désigné comme étant son héritier.

– Tu vois ? Qu'est-ce que je disais ?! T'es un vrai rabat-joie barbant ! Je suis sûr que tu vas encore refuser de venir boire un verre avec nous.

– Par pur esprit de contradiction je vais aller boire un verre, et comme je suis un rabat-joie, demain midi tu vas aider les soldats cuisiniers à éplucher les patates, ensuite tu me feras 10 séries de mille pompes et dix fois le tour de la base militaire en courant à 30 kilomètres heure.

- C'est vrai Gazmo ?! Tu vas venir boire un verre avec nous ?!

S'exclama joyeusement la plus petite du groupe, bien que seulement quelques centimètres la séparassent de Sylvanie qui lui aussi était plutôt petit. L'homme acquiesça en afficha un sympathique sourire envers la brune.

– Bien sûr, que ce soit en tant que collègue ou en tant que supérieur il est important de créer quelques moments de ce genre.

- C'est génial ! Je vais me préparer tout de suite !

Puis elle partit en courant, enjouée et impatiente. L'albinos avait assisté à la scène sans dire un mot, ayant simplement contemplé le sourire radieux qu'avait arboré la jeune femme lorsqu'elle avait entendu que Gazmo venait à leur petite soirée entre amis. Bien que froid, Gazmo n'était pas insensible, au contraire il cachait très bien son jeu, il posa sa main sur l'épaule de Sylvanie et le regarda dans les yeux.

- L'amour peut soigner toutes les plaies, comme il peut causer d'irréparables dégâts. Tu devrais lui avouer ce que tu as sur le cœur tu sais ? Crois-moi ce serait mieux pour toi, on ne sait jamais de quoi demain est fait.

– Elle avait quand même l'air vachement contente que tu viennes...

- C'est normal, je ne participe qu'a une soirée sur cinq, donc forcément savoir que je viens lui fait plaisir. N'oublie pas qu'elle nous considère comme ses plus proches amis. Si tu veux savoir, quand on t'a retrouvé dans l'état pitoyable dans lequel tu étais l'autre jour, elle n'a pas arrêté de se demander comment tu allais, même en mission. Elle s'inquiète souvent de ton bien-être.

Sylvanie n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit, que la voix d'un adolescent se fit entendre.

– Sérieux Sylvanie en pince pour Sarah ?! Faut trop que j'aille lui dire !

– Jason ?!

C'était un garçon aux longs cheveux noirs qui avait fait irruption dans la pièce. Ses yeux verts étaient grands ouverts et exprimaient sa surprise. Il portait un t-shirt noir avec une tête de mort dessinée dessus, ainsi qu'un jean gris foncé et avait aux pieds une paire de rangers comme tout le monde à part Sylvanie. Le détail qui faisait la différence avec les autres, c'est qu'il avait deux bras en métal. L'adolescent s'en alla en courant, tandis que Sylvanie regardait Gazmo avec un visage déformé par un mélange de surprise et de colère. Un œil plus petit que l'autre, il avait la bouche ouverte et les mains ouvertes dirigées vers la porte l'air de dire "T'as vu comment c'est un enfoiré ?". Ni une ni deux, Sylvanie se précipita à sa poursuite, tandis que l'adolescent semblait s'amuser comme un petit fou. Rapidement rattrapé par le vampire, Jason se fit plaquer contre un mur, le bras de l'albinos exerçant une certaine pression sur son cou.

– Tu vois Jason c'est pour ça que t'es pas promu. Si tu dis un mot à Sarah je t'assure que je te jette du sommet du One World Trade Center !

Le bras métallique du brun tenta de repousser celui du vampire, en vain.

– Oui c'est bon j'ai compris, aller lâche moi j'étouffe.

Sylvanie le lâcha et l'adolescent tomba par terre, se tenant la gorge en tentant de récupérer.

– On peut même plus rigoler ici...

Se plaignit le garçon tout en se relevant.

– Tu n'es toujours pas en mesure de battre Jeff. Il m'aurait fait une prise ou aurait profité de ma proximité pour me mettre un coup de couteau dans le foie. C'est aussi pour ça que tu n'es toujours pas aussi gradé que nous.

Le garçon écarquilla en grand ses yeux verts, puis ses sourcils se foncèrent et son regard se durcit, devenant aussi froid que celui d'un tueur. Après quoi, il se reprit rapidement et adopta à nouveau son regard d'adolescent habituel. Il haussa les épaules et pointa le vampire du doigt.

– Mais toi t'es toujours en train de rigoler aussi...

– Je connais les limites à ne pas franchir. Et je me suis entraîné aujourd'hui tout comme je m'entraînerai demain. Sur ce je te laisse méditer là-dessus, je dois me mettre sur mon 31.

Le plus haut gradé des deux s'écarta et se mit à marcher en direction de sa chambre. Les autres soldats étaient tous dans des chambres à plusieurs, mais le trio des gradés eux, avaient droit à une chambre personnelle. Les autres soldats voyaient ça comme du favoritisme mais après tout, leurs faits d'armes en faisaient des pièces maîtresses de qualité dont il fallait prendre soin. La chambre de Sylvanie faisait la taille d'un petit studio étudiant mais c'était déjà ça. Il avait une cuisine américaine avec peu d'espace, quelques livres disposés sur une table basse en bois clair juste en face d'une grande télé où une vieille console était branchée. En face de la télé, il avait un canapé qu'il pouvait plier et déplier à sa guise afin de lui servir de lit. Un cendrier était disposé sur la table ainsi que quelques bouteilles pour quand Gazmo et Sarah venaient dans sa chambre, chose assez rare. En effet, les supérieurs comme eux avaient vraiment plus de libertés que les autres. Une fois qu'il fût douché et habillé en tenue de civil composée d'un jean noir lui arrivant un peu au-dessus des mollets ; d'une veste en jean sans manches et d'un pull à capuche noir, il mit des chaussures noires et blanches style Converse basses et sortit de sa chambre. Il sortit son téléphone et pu y lire un message de Sarah disant :

"Viens on t'attend devant, on prend la voiture de service ;-)"

Alors il se mit à courir aussi vite que possible, arrivant presque instantanément devant l'entrée de la base militaire où une voiture blindée attendait là, moteur allumé. Le petit corps de Sarah sortit de la fenêtre en lui faisant signe de se dépêcher de venir, alors c'est ce qu'il fit. Gazmo avait mis une tenue banale, composée d'un simple polo blanc avec son treillis militaire et ses rangers. Il n'avait même pas non plus pris la peine de se coiffer.

Sarah en revanche, elle, sa beauté l'illuminait encore plus que d'habitude. Elle avait enfilé un magnifique débardeur blanc, un cœur noir dessiné au niveau de sa poitrine. Ses lèvres brillaient légèrement et ses longs cils étaient légèrement recourbés mais pas trop. Elle avait un mini-short en jean bleu et avait gardé ses rangers, ça rappelait bien son air de Texane qui avait fait craquer l'albinos.

La voiture avait filé à toute allure à travers les montagnes et les forêts, Gazmo étant au volant, il n'aimait visiblement pas circuler sur une route en forêt de nuit cela se voyait au sourire crispé qui étirait ses lèvres dans une tentative de se mêler à la bonne humeur de ses deux camarades.

– Ça va pas Gazmo ? Tu veux que je prenne le volant ?

Demanda gentiment Sarah à la place passager en le regardant tandis que Sylvanie qui devait normalement être à l'arrière était pratiquement à l'avant, entre les deux sièges, il n'avait même pas attaché sa ceinture.

– Non merci ça va, ne t'en fais pas. C'est juste que rouler de nuit dans une forêt avec toute cette bonne humeur ça me rappelle de mauvais souvenirs ce n'est rien. Et Sylvanie bordel de merde pose ton cul sur le siège arrière.

Sylvanie n'en fit qu'à sa tête et ne s'assit pas correctement comme l'avait ordonné son ami.

- Vas-y, dis nous ce que ça te rappelle mec, tu peux tout nous dire tu sais, on est le trio d'élite quand même.

- Je n'en ai rien à faire du titre que les gens nous donnent, ça ne change rien.

Répondit froidement le géant en zieutant les rétroviseurs.

– Alors ça, c'est pas cool, aller dis-nous tu peux nous faire confiance promis ! Hein Sarah ?

– Un peu que tu peux nous faire confiance ! On est tes frères d'armes, on doit tout se dire !

– Vous commencez sérieusement à me gonfler les gamins.

– Les quoi ? Les "Gamins" ? Sarah a 19 ans et toi 27, y'a une différence mais quand même elle est pas énorme. Aller dis-nous !

– Hm.

Grommela le grand brun avant de mettre un gros coup de frein, propulsant Sylvanie la face contre le pare-brise.

– Je t'avais dit de t'asseoir correctement, il fallait m'écouter.

Le vampire se redressa tout en râlant et en l'insultant de tous les noms, insultes auxquels son supérieur temporaire répondait sans vraiment y faire attention. Malgré ses airs chaotiques, cette nouvelle ambiance qui s'était installée dans la voiture était assez amusante et suffit à Sarah pour qu'elle explose de rire en voyant ses deux amis se prendre le chou. C'est dans cette bonne humeur enfantine que la voiture des militaires arriva finalement au niveau d'un bar-restaurant sur le bord de route. Ils n'avaient même pas encore commencé la fête que Sarah et Sylvanie étaient déjà excités comme des puces, Gazmo dû les rappeler à l'ordre plusieurs fois.

Une fois à l'intérieur, ils s'étaient installés à une table pour trois, commandant de grands verres d'alcool pour chacun. La lumière arc-en-ciel projetée par les stroboscopes un peu partout dans la salle à la décoration rustique, et la musique country qui pouvait être entendue de loin tant elle était forte, leur donnait envie de danser. Mais ils ne le firent pas tout de suite, ils devaient d'abord parler autour d'un verre. L'endroit n'était pas trop fréquenté au vu du peu de personnes qu'il y avait, alors ils pouvaient se permettre de parler travail. Leurs postures révélaient parfaitement leurs caractères, Sylvanie était accoudé à la table, presque affalé dessus. Le géant lui, était parfaitement droit, le dos bien redressé et les bras croisés. Quant à Sarah, elle donnait un peu l'impression d'être repliée sur elle-même, bien qu'elle regardait tout de même les gens danser avec un léger sourire dessiné sur le visage.

– Vous vous rendez compte ? C'est pour protéger ça, et tous ces gens qu'on fait ce travail. Ça ne vous met pas la pression des fois ?

Commença la brune en reportant son attention vers ses amis.

– Pas plus que ça. Personnellement je me suis engagé seulement pour exterminer tous ces monstres, et plus particulièrement le Slenderman.

Répondit froidement le plus grand du trio.

– Oh t'es vache ! Ça ne te fait rien de voir tous ces gens s'amuser et être heureux ? Tu es vraiment égoïste Gazmo.

– Ce n'est que la face cachée de l'humanité, dans pas longtemps on va voir un homme bourré vomir ses tripes et chercher les ennuis à tout le monde.

– Alors là je suis pas d'accord ! Dis-lui toi Sylvanie !

Le blanc qui n'écoutait la conversation qu'à moitié en buvant son verre manqua de s'étouffer. Il murmura un discret "Laisse moi en dehors de ça s'il te plaît", mais il n'avait pas vraiment pas d'autre choix que de répondre. Il posa donc sa boisson et croisa les bras en regardant en direction des gens sur la piste de danse, fuyant le regard de son amie qui, il le savait, allait être déçue.

– Personnellement moi aussi ça m'importe peu, j'ai décidé de m'engager moi aussi afin d'exterminer les créatures surnaturelles même si j'en suis une, et que contrairement à Gazmo j'ai des cibles bien précises. Mais comme je ne veux pas être un tueur au même titre que ces déchets, je les tue sous prétexte que c'est pour protéger le peuple. Mais bon je reste fier de pouvoir les protéger d'un côté donc oui, mais pour moi ce n'est qu'un objectif secondaire.

– Sylvanie, tu me déçois beaucoup.

Fit la brune en le toisant d'un regard accusateur. Sa remarque cinglante lui avait fait l'effet d'une flèche dans le cœur mais bon, le vampire le savait, Sarah était loin d'être une personne qui mâchait ses mots. Bien au contraire, elle était une personne franche, peut-être trop directe. Il savait qu'elle était verbalement maladroite au point de blesser certains alors il s'y était habitué. Le blanc s'accouda de nouveau à la table, et regarda son verre d'alcool d'un air pensif.

– Je pense à Jason et à tous les autres apprentis soldats qui sont encore que des gosses. Vous pensez que c'est une bonne idée d'accepter des gosses chez nous ?

– Nous ignorons la façon dont les supérieurs se procurent les enfants, mais ce qui est sûr c'est que ça doit être tout sauf légal. Mais je pense que ces enfants sont bien meilleurs que la plupart des soldats d'élites adultes, tout simplement parce qu'eux sont entraînés et conditionnés depuis leur plus jeune âge.

– Nous trois on est l'exception à la règle.

Les vanta Sarah en brandissant son verre, rapidement rejoint par celui de ses deux camarades. Les trois militaires se mirent alors à boire joyeusement, discutant de la pluie et du beau temps, lorsqu'ils furent dérangés par le cri d'un homme colérique.

"Comment ça, je dois m'en aller ?! Tu sais que t'es dans la merde si tu me fous dehors ? Je vais revenir avec des potes et on va tout cramer à coups d'essence !"

Gazmo, Sarah et Sylvanie regardèrent en même temps la provenance de la voix. C'était un homme blanc au crâne rasé, bien plus petit que les 2m15 de Gazmo mais pas moins imposant avec sa musculature de Bodybuildeur. Un homme à la peau noire et aux cheveux lui aussi rasés se tenait devant l'élément perturbateur, au vu du logo sur sa veste en cuir marron, il travaillait en tant que serveur.

– Monsieur, vous avez honteusement touché le postérieur de l'une de nos serveuses, n'aggravez pas votre cas avec des menaces.

Fit l'employé en soutenant le regard haineux du malotru. Ce dernier propulsa le serveur au sol d'un violent coup de poing dans la mâchoire. Les trois militaires avaient assisté à la scène, ayant à peine eu le temps de se lever de leurs sièges.

– Non mais ça va pas la tête ?! On ne frappe pas les gens comme ça, vous risquez une sévère amende monsieur ! Si vos manières de sauvage dégénéré vous empêchent de vous trouver une femme, ce n'est pas aux serveuses de cet endroit de subir les conséquences de votre virginité ! Et vous en profitez pour frapper un homme dont vous faites le double de sa taille, c'est honteux. Si vous continuez c'est moi qui vous mettrai dehors.

Gronda la plus petite du groupe en s'avançant vers l'homme d'un air indigné. L'homme se tourna vers la plus petite et se mit à rire à gorge déployée, la trouvant ridicule particulièrement à cause de sa taille.

– Tu veux essayer de me sortir ? Je suis curieux de voir ça.

L'homme s'apprêta à envoyer un coup de poing en direction du visage de la jeune femme mais se stoppa net. Les deux individus derrière elle lui apparaissaient comme deux démons aux intentions hostiles. Gazmo qui faisait plusieurs têtes de plus que lui, et Sylvanie dont le regard meurtrier voulait tout dire, les deux dégageaient de telles hostilités que l'homme ne put s'empêcher de se sentir en danger. On aurait dit une petite fille qui avait deux gros monstres en guise de gardes du corps. L'homme finit par se reprendre en secouant la tête.

"Et puis merde, je me les fais quand je veux de toute façon"

S'était-il dit sur le moment avant d'envoyer un coup de poing en direction de la tête de la jeune femme. Cette dernière esquiva avec facilité et contre-attaqua en mettant un premier coup de paume dans le visage de l'homme, et un coup du tranchant de la main dans la pomme d'adam de ce dernier. L'homme se tint la gorge, le souffle coupé.

– Tu as eu tort de sous-estimer une femme militaire sous prétexte qu'elle est une femme. Ces deux derrière moi sont bien plus forts que moi c'est certain, mais je ne suis pas non plus à négliger. Aller file, sinon je vais broyer tes testicules sous la semelle de mes rangers.

L'homme se releva rapidement et couru aussi vite qu'il put en dehors du bar. La jeune femme croisa les bras d'un air vexé en regardant ses deux amis.

– Ne croyez pas que je n'ai pas senti que vous dégagiez une aura meurtrière digne des Creepypastas pour l'intimider et lui faire comprendre que s'il me touchait vous lui botteriez le cul. Vous croyez que je ne sais pas me défendre toute seule ou quoi ?

Les disputa la jeune femme, les poings sur les hanches. Elle se dirigea vers sa table, et leva ensuite son verre en direction du plafond en ordonnant :

– Aller, aller ! La fête reprend ! On remet la musique et plus vite que ça !

La musique recommença alors, tandis que tous les serveurs adressaient leurs plus sincères remerciements. Afin de les remercier comme il se devait, ils décidèrent ensemble de les laisser consommer gratuitement à condition de ne pas trop en abuser. Mais la boisson n'intéressait déjà plus que Gazmo, qui sirotait seul son verre d'alcool en observant les deux membres de son équipe s'amuser sur la piste de danse comme des enfants dans une salle de jeu. Les différentes lumières et les mouvements gracieux que la plus petite faisait, suffisaient à faire chavirer davantage le cœur du jeune vampire qui dansait bien plus maladroitement à ses côtés. Il ne savait faire que des danses en duo comme le slow par exemple. Gazmo eut alors une idée. Sourire en coin, il se rendit au comptoir en faisant mine de vouloir resservir son verre. Il chuchota quelque chose à l'oreille du serveur et lui glissa quelques billets dans la main. Ce dernier remplit le verre de l'homme avec plusieurs alcools différents et quitta son comptoir tandis que Gazmo soutenait le regard suspicieux de son ami couard. L'albinos comprit très vite la situation lorsque la musique changea du tout au tout pour un air bien plus romantique et doux. Il marmonna dans sa barbe en proférant des menaces et insultes à l'égard du géant qui répondit par un simple clin d'œil en lui tendant son verre de loin, affichant un sourire satisfait.

Sylvanie sentit une petite main tapoter son épaule et se retourna, trouvant une Sarah visiblement heureuse et arborant un grand sourire joyeux jusqu'aux oreilles. Ses yeux semblaient s'illuminer de milliers d'étoiles. Le jeu de lumière la rendait encore plus magnifique à ses yeux.

– Dis Sylvanie, tu veux bien danser ?

Demanda-t-elle de sa douce voix dont il était déjà éperdument tombé amoureux dès le moment où il l'avait entendue. L'albinos hocha la tête sans aucune hésitation, avalant la boule de stress qui s'était formé dans sa gorge. Elle attrapa alors la main froide du vampire dans la sienne pour l'inciter à commencer à se mettre en position et à danser. Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre, le blanc vint saisir la taille de la brune de son autre main libre, tandis que la jeune femme posa la sienne sur son épaule. Leurs deux corps s'étaient rapprochés, ils se regardaient dans les yeux, semblant sonder l'âme de l'autre.

Sylvanie avait beau être une créature surnaturelle surpuissante et ayant causé la mort de beaucoup de Creepypastas, il n'en restait pas moins intimidé par cette femme de plusieurs centimètres de moins que lui. Gazmo les observait danser avec nostalgie, cela faisait longtemps qu'il avait été privé du droit de danser avec sa bien aimée, privé du bonheur. Mais à cet instant précis, même le géant au cœur de pierre se sentait attendri et ne ressentait plus de colère en lui. Il était simplement heureux de voir son ami danser avec celle qu'il aimait. Le téléphone professionnel de l'homme se mit à sonner, le coupant de ses pensées. Il décrocha sans même regarder le numéro qui appelait, les petits farceurs n'ayant de toute manière pas accès à ce numéro.

– Allô, vice commandant suprême des Anti-Creeps, Gazmo Smithers à l'appareil ?

Après un court instant à écouter ce que la voix au téléphone avait à dire, le géant s'exclama.

– Comment ? Que voulez-vous donc à l'officier Sylvanie ?


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