Chapitre 20

Le masqué finissait de ranger sa salle de torture de fortune, tandis que le souvenir de son beau-père l'insultant de sous-merde tournait en boucle dans sa tête. Tous ces mots, toute sa vie, plus rien n'allait. Il se sentait comme perdu. Il se téléporta au milieu d'un village, dont les rues étaient désertes à cause de la nuit tombée depuis bien longtemps. Alors que les vitrines défilaient sous ses yeux au rythme de ses pas, le masqué s'arrêta soudainement devant l'une des vitrines, observant son reflet d'un air légèrement distant. Il ôta alors son masque et observa attentivement son reflet à nouveau.

Tout d'abord il put constater qu'il avait perdu un peu de poids, son visage s'était affiné. Ses cheveux coiffés de sorte à ce qu'une mèche vienne tomber sur son œil droit, étaient passés d'un brun foncé à un noir corbeau, aussi noir que son bas de survêtement. Mais le plus troublant n'était pas son visage affiné ou sa couleur de cheveux, c'était ses yeux. Ses yeux luisaient dans la nuit d'un rouge sang glacial. Un rouge qu'il trouvait particulièrement malsain.

– Ce visage... Il a beau avoir changé ce n'est plus mon visage. C'était le visage d'un garçon souriant, aimable et un peu trop généreux, un mauvais grand frère et un fils indigne. Je ne suis plus ce garçon, ce garçon est mort. Je suis... Hmm... Bah je vais faire genre que je sais pas malgré le nom de cette histoire et respecter le scénario. Bref qui dit nouvelle identité, dit nouveau visage, donc mon masque sera mon visage. Je ne l'enlèverai plus jamais sauf par nécessité.

Dit-il en replaçant correctement son masque blanc à l'expression neutre sur son visage.

- Et maintenant je vais aller rendre une petite visite à ma famille. C'est à cause de l'autre connard si ces pensées me hantent, tant qu'il sera en vie je n'en serai jamais débarrassé.

Plus la colère le gagnait et emplissait son être de son pouvoir enivrant, plus la lueur rouge qui s'échappait des orbites du masque luisait fortement. Comme si le rouge de ses yeux était en adéquation avec son envie d'hémoglobine.

Le garçon fourra alors ses mains dans les poches de sa veste, et se retrouva directement devant la porte d'entrée métallique de son ancien appartement. Cette porte qu'il avait pendant longtemps peiné à ouvrir chaque fois qu'il rentrait des cours. Cette porte qui lui procurait une sensation de boule dans la gorge, cette fois-ci il l'ouvrit sans grande difficulté d'un simple coup de pied, faisant valser la porte qui s'échappa de son encadrement.

– Toc toc, je suis rentré je viens m'amuser avec vous.

Fit le masqué d'un air menaçant. Il pénétra alors son appartement, étonné de n'entendre aucune voix retentir. Il comprit alors très vite lorsqu'il vit le corps de l'homme qui était autrefois son beau-père étalé au sol, baignant dans son propre sang. Il s'était visiblement fait poignarder à plusieurs reprises au vu du nombre de plaies profondes dans sa peau. Les murs habituellement d'un blanc immaculé étaient tachés de sang. Suivant les traces de sang qui le guidaient jusqu'à la chambre du fond du couloir, le garçon découvrit le cadavre de sa mère, le poing toujours serré autour d'une barre en métal. Les corps étaient encore chauds et donc fraîchement tués. Sans aucun remords ou même une once de tristesse, le garçon posa son pied sur le crâne de la jeune femme afin de lui tourner la tête et vérifier son état.

- Bon bah... T'es morte aussi. Tu ne me servais plus à rien de toute façon t'as perdu ma confiance et mon intérêt le jour où tu t'es rangé du côté de l'autre merde allongée là-bas. Je t'aurais tué aussi de toute façon.

Alors que la maison lui paraissait vide, il sentit une présence sans trop de force vitale dans la chambre de sa sœur. Il marcha alors jusqu'à la porte de chambre de cette dernière et l'ouvrit. Les murs étaient d'un rose qui piquait presque les yeux et des jouets étaient étalés un peu partout au sol. Collé sur les murs et le plafond on pouvait voir des étoiles fluorescentes dans le noir. Le garçon s'approcha alors du lit de sa sœur, constatant que la présence dans sa chambre n'était autre qu'elle-même.
Il posa alors délicatement sa main sur le crâne de l'enfant, caressant tendrement ses cheveux tout en esquissant un sourire triste derrière son masque.

– Je suis désolé... Désolé pour tout ce que je t'ai fait subir, désolé de t'imposer cette situation. Désolé que tu ne puisses pas compter sur ton grand frère. J'aurais aimé te voir grandir. Mais ton grand frère est mort maintenant. Ne laisse pas les garçons te marcher dessus parce que tu es une fille. Si quelqu'un t'embête défonce le, ne te laisse pas faire. Deviens forte et sois digne d'être ma sœur.

Dit-il avant d'enlever sa main. Il marcha jusqu'à l'encadrement de la porte et s'arrêta quelques secondes, lui jetant un dernier regard pour graver ce visage à jamais dans ses souvenirs. Ses beaux cheveux châtain clair légèrement ondulés, son sourire enfantin qu'elle perdra à jamais le lendemain lorsqu'elle découvrira le cadavre de ses parents. Son visage aux joues bien rondes et cette lueur d'innocence et de plaisir constant dans le noir de ses yeux.

Le masqué sortit alors de l'appartement, replaçant correctement la porte en métal de façon qu'on ne remarque pas qu'elle avait été enfoncée du premier coup d'œil. Il descendit les marches et vit un peu plus loin l'un des murs en béton gris clair qui entourait le cimetière.

– Bon, j'irais bien retourner des croix pour imiter le signe de l'Antéchrist moi.

Déclara le garçon en se dirigeant vers le cimetière. Maintenant devant l'entrée de ce dernier, il observa le grand portail aux barreaux verts qui donnait accès directement à l'intérieur où deux anges étaient taillés dans deux grands troncs d'arbres. Il avait assisté à ces travaux par le passé, c'était un homme qui possédait un chien de race Border Collie, aux longs poils noir et blanc et aux yeux vairons. Il s'appelait "Fanta" et il venait jouer avec le garçon lorsque celui-ci se rendait dans le cimetière pour observer l'avancement des anges. Une fois en pause, l'ébéniste lui donnait une canette de coca et fumait une cigarette tout en parlant avec lui.

Mais ça, le garçon ne s'en souvenait que très vaguement, et même s'il voulait épargner cet homme il ne pourrait pas étant donné qu'il ne se rappelait même pas de son visage. Le masqué s'avançait entre les tombes, regardant les ombres de la nuit danser sur le marbre des pierres tombales. Il s'assit alors, le dos contre une des tombes. Mais là, entre les tombes, il put sentir une présence, une présence qui l'observait depuis qu'il était entré dans le cimetière. Cette présence ne dégageait pas une puissance exceptionnelle, elle était même à peine au-dessus de la moyenne, mais elle était étrangement malsaine. C'est alors qu'une musique se fit entendre en provenance de l'endroit où se trouvait cette mystérieuse personne. Un solo de guitare électrique, reprenant la musique de Marilyn Manson "Sweet Dreams".

https://youtu.be/R0XmCnDyeUQ

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