Chapitre 15

Depuis un moment, le garçon se sentait épié ou suivi. Mais dès lors qu'il se retournait il n'y avait personne. Il continua donc de s'enfoncer dans la ruelle, et en sortit finissant sur un croisement pas très fréquenté. Lorsqu'il se retrouva au milieu de la route, un crissement de pneus se fit entendre. Alerté, le garçon se retourna vivement et vit une voiture avancer très rapidement vers lui, elle n'était déjà plus qu'à quelques mètres de lui. Le garçon n'eut pas le temps de réagir, il allait entreprendre de sauter mais il n'en avait pas eu le temps.

Immanquablement, la voiture percuta l'adolescent qui retint un énorme cri de souffrance lorsqu'il sentit ses genoux se retourner tout en se séparant de ses tibias qui eux de leur côté s'enfonçaient et se brisaient. Il cassa le pare-brise et passa par-dessus la voiture avant de venir s'écraser violemment au sol.

Tibias, genoux, côtes, crâne, coccyx, tout était cassé, fracturé, en miettes ou fêlé. La vision réduite et brouillée, le garçon vit alors sortir de la voiture une personne accompagnée par nul autre que Sofiane, le blond de troisième contre qui il s'était battu.

L'agresseur s'approcha avec un grand sourire aux lèvres, et regarda le brun de haut. Ce dernier ricana et cracha alors du sang, avant de regarder celui qui venait d'attenter à sa vie.

– C'est marrant parce que... Même quand t'es en position de force t'es toujours aussi ridicule avec ta dégaine de victime.

– Et toi tu ne dois pas être très intelligent pour la ramener alors que t'es bien amoché.

Fit le blond en resserrant un objet en métal dans sa main, un poing américain. Avec cet objet, il lui donna coup de poing assez violent en plein visage, avant d'attraper le garçon par les cheveux afin de le traîner à proximité d'une poubelle.

-Sofiane, tu sais que t'es amusant ? C'est drôle de faire mal aux autres hein ?

-T'es résistant dis moi. Tu sais qui je suis ?

Le blond souleva sa victime toujours en l'attrapant par les cheveux et il claqua la tête du garçon violemment contre le coin du conteneur à déchets. L'adolescent gémit bruyamment de douleur, restant étalé contre le sol. Priant pour qu'il en finisse au plus vite.

– Alors, tu sais qui je suis ?

-Oui... Un sacré fils de pute qui a peur de s'attaquer à moi d'égal à égal parce que t'es qu'un fils à papa.

Répondit le brun qui avait rassemblé ses dernières forces pour lui dire cela. Le blond le regarda et sourit sarcastiquement, secouant la tête avant de se baisser. Il chuchota alors à l'oreille du brun.

-Je suis ton pire cauchemar.

Dit-il avant de se relever, commençant à lui mettre des coups de pied dans des endroits déjà bien amochés, et dans la tête. Les coups résonnaient de plus en plus, et les voix qu'il entendait devenaient de plus en plus lointaines. De toute façon il voulait en finir secrètement alors pourquoi lutter? Il se laissa porter, et la dernière chose qu'il entendit fut la voix d'une fille lui disant vaguement quelque chose, hurler en suppliant que cela cesse.

"Arrêtez bande de fous vous allez le tuer !"

Puis plus rien. Ce fut le noir total pour le garçon. Il s'entendait même penser.

"Il fait sombre ici... Et j'ai froid... Très froid... Ça y est je suis mort ? Alors comme ça, je mérite ni le paradis ni l'enfer... Bon tant pis."

C'est alors qu'une voix grave et forte se fit entendre. Elle était nettement plus claire que les autres, comme si on lui parlait directement dans son esprit.

"Lahoussine ? Je sais que tu m'entends."

– Qui est là ?

– Je te répondrai après avant tout je tiens à te féliciter.

– Me féliciter ? Pourquoi ça ?

– Pour avoir tenu aussi longtemps. Toute ta vie tu n'as rien eu. Et ce que tu avais on te l'a pris. C'était mon intention bien sûr, mais je voulais te pousser dans tes retranchements histoire de voir si tu allais mettre fin à tes jours ou non. Errer sur terre sans avoir de réel but, avec des difficultés qui te tombent dessus toutes plus horribles les unes que les autres. Le fait que ton père t'a battu ta mère et toi, que tu as vu des êtres chers mourir, dont un que tu as vu s'éteindre sous tes yeux, se vidant de son sang juste devant toi à la suite d'une tentative de suicide à cause de harcèlements. Les problèmes de santé de ta mère. Un parfait inconnu qui entre dans ta vie et t'impose une insupportable dictature. Tout était prévu pour que tu craques et attente à ta propre vie mais tu ne l'as pas fait. Tu as grandi dans la violence la plus totale et a développé une pathologie de type psychopathique par ma faute et j'en suis désolé.

– Youpi super, merci beaucoup pour ces excuses, tu es tout pardonné vu que tu t'es excusé de m'avoir pourri la vie. T'es qui enfoiré ?

Avait répliqué sarcastiquement le garçon avant de prendre un ton agressif. La voix continua son petit numéro calmement.

– Vois-tu, j'ai tenté de te rallier à ma cause, mais visiblement cela n'a pas marché, au contraire même. Alors je vais te faire un cadeau. Tu n'as jamais eu l'impression d'être différent ? D'avoir une force au-dessus de la normale lorsque tu es en colère ? D'avoir l'impression de pouvoir soulever des montagnes mais que tu étais bloqué par ton enveloppe charnelle ? Je vais te laisser accès à une infime partie de ton pouvoir. Je sais que tu ne le feras pas, mais je te demande de faire le bien à l'aide de ces pouvoirs. Aide ton prochain avec cette force, et rends meilleur ce monde que tu détestes tant.

– Attends, attends... J'ai des pouvoirs ?

– Et bien, tu verras par toi-même. Ta soeur aussi en a, mais moins puissants. Et elle n'est pas encore prête à les éveiller.

– Ma sœur... Maëlya ? ! Le gnome qui squatte la chambre à côté de la mienne ? !

– Non, elle n'est pas ta vraie sœur. Au fait as-tu compris qui j'étais ?

– Tu es... Dieu ?

– Exactement. Maintenant je dois te laisser, j'ai fait ce que j'avais à faire. Tu comprendras tout en temps voulu. Dans trois ans.

– Attends ! Dieu ou j'sais pas quoi ! M'abandonne pas là ! Me laisse pas attends ! J'ai dit me laisse pas... Pas encore...

C'est alors que dans la noirceur des ténèbres, le garçon aperçut une lumière au loin. Une lumière éblouissante. Il s'approcha alors de la lumière, plus il se rapprochait moins il avait froid, et plus il retrouvait ses sensations.

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