Chapitre 12
Alors que le soleil était déjà bien haut dans le ciel, le châtain ouvrit à peine les yeux et commença à bailler. Il était inutile de dire qu'il avait passé une très mauvaise nuit. Son oreiller avait été déchiré dans la nuit sans doute à force de mordre dedans. Il avait aussi rêvé du Slenderman et de son héros du moment : Jeff the Killer. Sauf que cette fois-ci c'était beaucoup plus malsain que d'habitude. Il s'était vu, il se regardait dormir depuis la fenêtre de sa chambre, et grâce au reflet il avait pu voir que celui qui l'observait n'était autre que le grand homme sans visage. Comme s'il s'était retrouvé dans l'esprit de l'homme et qu'il voulait se regarder dormir. Il avait aussi entendu des cris pendant son sommeil, des cris de douleur suivis de rires anormalement sadiques.
Pendant qu'il tentait de se remémorer le pourquoi il avait passé une sale nuit, son accroche avec son beau-père lui revint en mémoire alors qu'il se passait de l'eau dessus.
– Ce connard je le tuerai un jour... Si seulement par la suite la prison ne me privait pas de liberté... Pourquoi faut-il qu'on interdise le meurtre alors que c'est naturel bordel ? Peu importe ce qu'on dit une vie n'a pas énormément de valeur à côté de 7 milliards d'autres vies. Alors pourquoi j'ai pas le droit ? Pourquoi je devrais me plier à eux et courber le dos parce que ces tapettes ont peur de la mort ? La loi du plus fort c'était bien... Putain j'suis pas né à la bonne époque.
Alors qu'il sortait de la douche en continuant de monologuer afin d'y voir plus clair, il ouvrit la fenêtre de la salle de bains et attrapa le couteau qu'il avait laissé là la nuit précédente.
L'adolescent retourna rapidement dans sa chambre, muni de son arme, et souleva son matelas afin d'y faire un trou avec son couteau. Une fois cela fait, il plia l'arme et l'enfonça à l'intérieur afin de la garder à portée de main juste au cas où.
Dire qu'il lui restait encore treize jours avant de pouvoir retourner au collège... Il n'aurait jamais pensé s'ennuyer autant, mais dans un sens c'était logique puisqu'il n'avait ni consoles, ni ordinateur, ni téléphone. Il passait alors le plus clair de son temps à dormir ou dessiner. Et lorsque la nuit tombait, le garçon sortait en forêt, armé d'un couteau et d'une lampe torche, dans le simple but de trouver le Slenderman. Le monde ne voulait pas d'une personne comme lui, et visiblement le Slenderman n'en voulait pas non plus. Mais il n'abandonna pas pour autant, continuant de chercher à l'affût d'une page sur un arbre, ou d'un simple mouvement. Il espérait qu'une femme dotée d'un sweat à capuche blanc et d'un masque grimaçant vienne le chercher. Mais jamais il ne trouva quoi que ce soit, si ce n'est des déjections d'animaux ou des carcasses d'oiseaux.
Au fur et à mesure que le temps passait, le garçon perdit son intérêt pour le Slenderman. Il finit même par supprimer ses photos effrayantes de Slenderman et Jeff the killer de sa galerie lorsqu'il arrivait à voler son téléphone le temps d'une nuit avant de le reposer à sa place. Il commençait à s'intéresser à d'autres creepypastas plus glauques et réalistes mais moins connues. Mais une en particulier retint son attention. Une femme à la peau blanche comme la neige, les yeux noirs comme la nuit et vêtue d'une robe de soirée noire. Jane the Everlasting, plus connue sous le nom de Jane the Killer, bien qu'il détestait utiliser ce nom, celui-ci était plus court.
Quelque chose dans son histoire avait attiré son attention sur elle, et avait même éveillé en lui de l'empathie. Plus il s'intéressait à cette creepypasta et plus il en tombait amoureux. Elle avait une personnalité clairement atypique, et ne tuait pas simplement pour le plaisir. Non elle avait un but autre que s'épanouir dans la souffrance d'autrui, elle voulait la peau de Jeff the Killer. Alors qu'il contemplait une photo soi-disant réelle de Jane the killer, l'adolescent soupira.
– C'est vraiment chiant que t'existes pas... Si t'existais pour de vrai je crois que tu serais la personne la plus importante à mes yeux. Je crois que je pourrais me réveiller le mâtin sans maudire ma putain de vie et me dire que mon âme sœur est là, quelque part dans ce monde.
Dit-il simplement avant de réaliser qu'il parlait à une photo, se sentant tout à coup très stupide de faire ça. Alors qu'il rangeait discrètement son téléphone en place, le garçon se remémora les paroles de sa CPE, lui disant qu'il devrait aller dans un établissement scolaire pour les délinquants et autres personnes atteintes de troubles du comportement l'année prochaine. C'était pour lui hors de question d'y aller, il était prêt à tout pour éviter cela, même au pire... Ce qui incluait le meurtre en série. Oui plus il y songeait plus il y voyait clair. De toute façon tous ces gens qu'est-ce qu'ils avaient vraiment fait pour autrui ? Qu'avaient-ils fait pour lui ? Absolument rien, alors il ne les aidera plus, non il les enfoncera comme tout le monde s'amusait à le faire. Alors qu'il songeait à cela, il ressentit de nouveau ce sentiment de toute-puissance, couplée un grand sentiment de haine une envie insatiable d'ôter la vie à quelqu'un de ses propres mains. Insatiable ? Non. Il fallait juste attendre encore un peu. Attendre le jour de son treizième anniversaire.
Car quand le garçon aura treize ans, il aura le même âge que Jeff. Il ne voulait pas vraiment lui ressembler non il voulait se créer sa propre identité en tant que tueur. S'il veut avoir son âge pour tuer, c'est simplement pour faire une sorte d'hommage ou de clin d'œil à son tueur préféré. Et si on l'arrête pendant sa folie meurtrière, il pourra fièrement annoncer au monde qu'il a trouvé le sens de sa vie grâce à Jeff. Pourquoi s'intégrer à une société hypocrite qui renie sa propre nature quand on peut s'amuser à ôter la vie des gens de cette même société qui nous juge incapable ?
Mais avant tout il devait se trouver une tenue de tueur, de quoi passer inaperçu et rester caché dans l'ombre sans se faire voir. L'adolescent regarda alors dans son armoire. Il attrapa toutes sortes de vestes jusqu'à tomber sur la perle rare. Un gros manteau noir, avec une capuche de couleur grise. Un jogging noir pour rester dans des tons sombres être à l'aise et garder une liberté de mouvements. Et pour ses chaussures en revanche il préféra le style à la discrétion, optant pour ses chaussures préférées à savoir des adidas blanches avec trois rayures noires sur le côté. Mais il lui manquait quelque chose... Il ne savait pas quoi mais il sentait que quelque chose manquait à sa tenue. Il attrapa donc la tenue incomplète, et la rangea dans un carton, qu'il rangea par la suite dans son armoire en métal.
Par la suite il décida de continuer de mener son train de vie habituel, attendant le moment opportun pour craquer et lâcher la bête qui sommeillait en lui, lâcher toute l'animosité qu'il retenait depuis toutes ces années et montrer au monde qu'il aurait dû le remercier de les protéger de lui alors que ça le rongeait de l'intérieur.
Il restait maintenant deux semaines avant Noël, l'adolescent était en vacances et s'ennuyait horriblement. C'est alors qu'un bruit de klaxon se fit entendre en bas de chez lui. Le châtain se précipita sur le balcon où était déjà sa mère parlant à la personne qui venait d'arriver. C'est alors qu'il reconnut la voix de l'homme qu'il avait longtemps admiré comme un héros, son plus jeune oncle avec qui il n'avait que dix ans d'écart. Le garçon avait descendu les marches de son bâtiment quatre à quatre avant de venir lui sauter dans les bras.
-TONTON LUDO LE BLAIREAU !
L'homme avait les cheveux noirs coupés court, une barbe de deux jours un corps fin pas très grand, dans les environs d'un mètre soixante-dix. Il avait aussi un visage fin. Il avait de magnifiques yeux bleus et de discrets écarteurs au niveau des oreilles. Il avait une sorte de casquette plate de couleur kaki, un t-shirt blanc avec écrit "Che Guevara" et un fin gilet gris par-dessus.
– Super l'accueil p'tite bite, comment ça va ?
Le garçon attrapa la valise de l'homme pour l'aider, tandis que lui, prenait son sac à dos et son chien.
– Ça va et toi ? Tu passes Noël ici ? Elle est où tata Vérane ?
– Elle passe Noël avec sa famille, comme ça tout le monde est content. Mais elle t'a pris un cadeau aussi.
– Ah ouais qu'est-ce que c'est ?!
– Ça, tu le sauras le jour de Noël.
Répondit l'homme en lui faisant un clin d'œil, souriant d'un air de suspens aussi nul qu'un cliffhanger de vieille série des années 70. (NDA: J'suis gentil je vous mets la définition selon Wikipédia : Le « cliffhanger » (expression anglophone), ou le suspens selon les recommandations officielles, désigne, dans la terminologie des œuvres de fiction, un type de fin ouverte destiné à créer une forte attente.)
Le garçon soupira, posant les valises de l'homme dans le salon. Ce dernier regarda l'adolescent et demanda :
– Et l'école ça va ? Ta mère m'a dit que tu t'étais fait virer pendant deux semaines, t'es vraiment incorrigible sans déconner. Tu veux galérer comme moi?
– J'ai pas envie de parler de ça.
L'homme soupira et s'en alla alors vers sa grande sœur.
– Jenn, est-ce que vous êtes prêts ?
La jeune femme hocha la tête d'un air affirmatif. L'adolescent étant intrigué, se tourna vers eux.
– Vous partez ? Où ?
– On va au Canada, y'a une petite ville où les clopes sont moins chères. Et je dois me racheter de l'herbe.
– Oooh s'il vous plaît je peux venir ?!
La jeune femme le regarda et croisa les bras.
– Non.
Dit-elle d'un air autoritaire. Mais c'était sans compter l'argumentation de son fils qui n'allait pas abandonner si facilement pour un refus de sa mère d'habitude si peu autoritaire.
– S'il te plaît maman, j'serais sage, j'ai pas envie de rester avec Romu.
C'était l'argument ultime, elle savait très bien que si elle les laissait tous les deux ça se terminerait mal. La jeune femme soupira alors et le regarda dans les yeux.
– T'as cinq minutes top chrono. Sinon on s'en va sans toi.
Ni une ni deux, le garçon alla dans la salle de bains, se passant un rapide coup d'eau, se brossant les dents à la va-vite et s'habilla aussi rapidement qu'un ninja. En moins de cinq minutes le garçon était prêt, habillé, coiffé et même chaussé. Il monta dans la voiture et attendit en compagnie de son oncle avec qui il entretenait une conversation sur le monde actuel et les problèmes de la société.
La route avait été longue même avec une conversation intéressante. Le garçon regardait la route défiler jusqu'à finalement arriver dans une petite ville commerciale.
– On y est.
Fit la brune tout en stationnant son véhicule. Le petit groupe de trois marchait dans les rues de la ville, regardant toutes sortes de magasins. Ils rentrèrent dans un magasin de jouets de toutes sortes, une sorte de bazar tenu par une charmante jeune femme brune aux yeux bleus dans la vingtaine. La jeune femme sourit alors et fit son habituelle phrase de bienvenue.
– Bonjour, si vous avez besoin de quelque chose demandez-moi.
– Bonjour, non merci ça devrait aller on va se débrouiller en regardant.
Le garçon regarda parmi les jouets dans un panier, et leva la tête, tombant sur un objet qui attira étrangement son attention. Il ne s'en doutait pas, mais c'était ce même objet qui à ce moment-là, altérera son destin à jamais.
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