8🌟DILF


« Oua, Jill ! Tu ne pues pas la transpi' pour une fois ! »

Loan me siffle, tellement j'ai fait un effort pour être « présentable » ce matin, attendant patiemment le cours d'Histoire où doit intervenir le Président.

Enfin un « effort », c'est un grand mot. J'ai juste pris une douche matinale, un jean et un top bleu. Bon, mes cheveux sont aussi détachés et moins négligés de d'habitude, je l'avoue. Et j'ai peut-être mis du parfum.

Ok, je me suis un peu saucé pour sa venue.

Nora, elle, est comme d'habitude à l'exception qu'elle est à l'affut des ragots. Ayant appris que Maelys avait pu coucher avec notre professeur, les étudiantes de notre classe semblent encore plus motivées à passer « sur le billard ».

C'est stupide. Tout ça juste pour du sexe ? Jamais elles ne se sentiront spéciales si elles font toutes la même chose. Et est-ce que monsieur Luna n'est pas fatigué d'être considéré comme un morceau de viande ?

À trop penser à lui, la porte de l'amphithéâtre s'ouvre sur notre professeur ayant décidé de laisser pousser sa barbe au-delà des trois jours et ayant troqué ses chemises pour un t-shirt bleu marine et un pantalon noir. Il pose sa besace sur son bureau avant de tous nous observer et de nous faire son sourire faisant rougir les trois quarts de l'amphi.

Ce mec déborde de sympathie mais si les gens savaient à quel point il m'avait fait peur samedi soir en s'énervant... Même quand je l'ai raconté à Nora, elle ne m'a pas cru.

« Bonjour à tous. Aujourd'hui, un cours un peu spécial puisqu'il ne sera composé que d'une longue intervention de la part d'une personne... ou plutôt de LA personne la plus importante sur la scène magique actuelle. Merci d'accueillir le Président du Comité de la magie, monsieur Zéphyr Hoffman. »

Nora est obligée d'appuyer ses mains sur mes cuisses tellement elles sont agitées alors que j'applaudis de toutes mes forces en voyant le Président entrer dans la salle. Comme la dernière fois, il est habillé d'un costume élégant et a toujours ses cheveux blonds bien coiffés en arrière.

Il nous détaille tous un par un alors que les applaudissements s'estompent jusqu'à ce qu'il ait un échange de regard étrange avec notre professeur. Soudain, un sourire presque mauvais apparait sur son visage alors qu'il met les mains dans les poches de son pantalon de costume.

« Vous savez que si vous êtes tous ici aujourd'hui, c'est grâce à ce mec ? »

La familiarité avec laquelle il s'adresse à nous est déroutante, rajouté à cela monsieur Luna appuyé contre son bureau mais manquant de glisser à ces mots.

— Peut-être parce que c'est son cours ? intervient une fille.

— Est-ce que tu as levé la main ? Est-ce que je t'ai donné la parole ?

Outch.

La remarque fait descendre la température de la salle de plusieurs degrés et crée un silence de mort entre les rangs. L'étudiante doit surement trembler sur sa chaise et regretter d'avoir parlé sans y être invitée.

Notre professeur pousse un soupir mais se contente d'un sourire désolé pour elle, comme s'il s'attendait à ce genre de réaction de la part de « son meilleur ami ».

— Si je suis ici devant vous et si vous êtes étudiants, c'est grâce à Miguel Luna. Si ce campus existe, c'est grâce à lui. Si je suis Président, aussi. Si notre société se porte aussi bien, c'est grâce à lui. Si nous pratiquons encore la magie, c'est grâce à lui. Si les démons ne veulent plus la mort de chaque sorcier, c'est grâce à lui.

— N'abuse pas, lui intime le professeur fixant ses chaussures.

— Je suis très loin d'abuser et tu le sais. Est-ce que vous savez pourquoi tout ça, c'est grâce à lui ? Non, surement pas parce que Miguel Luna n'apparait pas dans l'histoire. Mais pourtant, cet homme est l'ombre derrière chaque grand accomplissement.

— Arrête, Zeph...

L'espagnol est obligé de cacher son visage de sa main, surement parce qu'il doit être rouge de honte face à la franchise de notre Président.

— Oh je ne compte pas arrêter parce que si je dois parler de moi aujourd'hui, il faut avant tout que tes étudiants connaissent le rôle que tu as eu dans toute ma vie mais aussi dans tout notre monde magique. Mais ne t'inquiète pas, je passerais sous silence énormément de choses.

— Vous m'en voyez ravi, dieu de la foudre ! Je vais m'assoir parce que je risque de défaillir de honte si vous continuez.

La complicité entre ces deux hommes est tellement présente qu'ils ont l'impression d'avoir leur code et leurs propres sourires réservés l'un à l'autre. Et je ne dois pas être la seule à l'avoir capté car certaines de mes camarades ont l'air captivées par ce qui semble être un début de fanfiction homosexuelle entre notre prof et le Président.

Zéphyr Hoffman commence à nous raconter brièvement comment il est devenu ami avec Miguel Luna, son total opposé dans la vie. Insistant bien sur le côté pile électrique toujours souriante de notre professeur mais soulignant aussi, avec l'accord de ce dernier, sa vie modeste.

Un détail qui pourtant semble avoir fait prendre conscient à ce sorcier héritier d'une grande fortune que la vie était inégale et injuste.

Il a raison, s'il n'avait pas rencontré Miguel Luna, il n'aurait jamais mis en place d'études supérieures et une bourse pour les étudiants pauvres comme moi. Il n'aurait pas soutenu les Orphelins de Salem donc...

Sans Miguel Luna, je ne serais surement pas ce que je suis. Indirectement.

Il nous parle aussi de ses boulots, de l'impact qu'a eu Miguel et de son aide constante envers ses amis notamment sur l'affaire d'Himiko Watanabe qui avait créé un grand remue-ménage à l'époque. Comment grâce à lui, Zéphyr Hoffman est devenu Président, a lancé sa société et s'est même marié.

J'ai l'impression qu'il lui doit tout, vu comment il en parle.

Mais ça ne s'arrête pas là. Il n'en parle pas en détail mais grâce à notre professeur, « la magie existe toujours dans nos mémoires » et n'a pas été détruite par un des fils de Satan.

À croire que sans l'espagnol, notre monde ne tiendrait plus en place. Comme s'il était une sorte de fil rouge reliant une myriade d'éléments entre eux créant l'Histoire de notre société actuelle de ces dernières années.

Je prends note avec assiduité mais à certains moments, je ne peux m'empêcher de regarder notre professeur : il est rouge du début à la fin. Tellement gêné que je sens qu'il se retient chaque minute de quitter la salle.

Or, le charisme du Président est tel qu'on ne peut s'échapper de son oration.

Lorsqu'il arrête de parler de Miguel Luna, il aborde enfin son regard sur l'Histoire de ses dernières années liées au Comité de la magie. Son rôle en tant qu'agent masculin grimpant les échelons dans une société frappée par la médisance des sorcières sur les sorciers autant par ses accomplissements que ses missions obscures et sanglantes.

Tous ces investissements, les changements de ces dernières années depuis qu'il siège au Conseil et enfin depuis qu'il est Président. Nous buvons ses paroles comme le plus précieux des breuvages et sommes tous déçus lorsque la fin du cours est annoncée.

Un tonnerre d'applaudissements le remercie de son intervention et même s'il a suscité une multitude de questionnements, les gens n'osent pas venir l'interrompre alors qu'il parle avec notre prof.

Il faut dire que sa froideur naturelle et certaines choses qu'il a faites dans sa vie ont autant augmenté sa cote de popularité qu'accentué son côté effrayant.

Mais moi, j'ose. Je suis une fangirl revendiquée et je veux des réponses à mes questions.

J'entraine Nora par le poignet avec moi alors qu'elle me chuchote de ne pas y aller mais tant pis. Je prends mon courage à deux mains et me plante à quelques mètres du duo se faisant des plaisanteries.

— T'étais obligé de passer trente minutes à parler de moi ? soupire notre professeur.

— Tu as peur qu'on parle de « bromance » entre nous ?

— Je ne date pas avec des DILFs.

— Tu me vois encore comme un « Dad I'd like to fuck » ? Oh Miguel...

— Hiiinnn ! N'interprète pas comme tu v-... Mesdemoiselles ?

Ils remarquent enfin notre présence et le regard mauvais du Président veut clairement dire « Vous auriez dû vous signaler avant. Vous en avez entendu trop et je réfléchis si vous tuer serait un peu trop comme punition. »

Un truc dans le genre.

— Excusez-moi monsieur le Président mais j'ai plusieurs questions.

— Mademoiselle ? J'ai oublié votre nom.

— Stella. Jill Stella.

— Aaaah... ! C'est vous qui êtes méchante avec mon Miguel ?

— Quoi ? Moi ? Méchante ? JAMAIS !

Nora à mes côtés se retient de rire et pour cause : l'espagnol vient de laisser tomber sa tête sur son bureau tellement mon mensonge faisait pitié et n'a aucunement trompé l'homme que j'admire depuis des années.

Alors comme ça il parle de moi au Président ? Je suis si méchante que ça ?... Bon, j'avoue, j'abuse souvent en lui parlant.

— Pour provoquer une telle réaction chez mon meilleur pote, faut le faire. D'habitude, il n'y a que moi qui arrive à le mettre sur les nerfs mais si une de ses étudiantes est capable de faire sortir sa colère, diable que ça m'intrigue.

— Merci ?

— Je dois partir en réunion pour le Comité mais si vous avez des questions, je suis sûr que l'on pourra trouver un moment pour en parler. Vous me direz quel est votre secret pour le mettre dans cet état.

— Zeph ! s'écrie mon prof. Tu ne peux pas.. !

— Quoi ? M'entretenir sur l'Histoire avec une de tes élèves ? Tu es jaloux que je fasse mieux que toi ton boulot ?

— Alors ça ne te dérange pas si je passe ce temps-là avec ta femme et ton fils ?

Je sens soudain l'air devenir plus électrice à cette simple remarque ressemblant aux précédentes plaisanteries entre eux... Sauf qu'il y a quelque chose en plus qui visiblement énerve Zéphyr Hoffman.

Est-ce qu'il n'y aura pas une histoire de triangle amoureux là-dessous ?

« Vous pourriez passer ce temps-là avec moi, professeur ! »

Nous nous tournons tous vers Nora alors qu'elle enroule une de ses mèches noires autour de son doigt. Elle fixe avec intensité l'espagnol qui lui répond d'un sourire entendu et d'un hochement de tête.

Je suis encore surprise par sa proposition, même après que nous ne soyons arrivés au café du jardin botanique une quinzaine de minutes après. Touillant le sucre dans mon thé à l'hibiscus, j'écoute à peine ce qu'elle me raconte sur les actualités du moment lorsqu'elle évoque un point intéressant :

— ...Et Maelys, mais qu'est-ce qu'elle était bourrée ! Heureusement que Loan l'a raccompagné parce qu'on l'aurait retrouvé lundi matin, morte dans le caniveau !

— En parlant de Maelys... C'est vrai ce que tu m'as dit ? Elle a couché avec le professeur Luna ?

— Yep et on peut la croire parce qu'elle nous a envoyé une preuve sur Whatsapp !

— Je n'ai rien reçu, moi.

— Parce que tu ne fais pas partit de la conv' « ✨La classe à Dallas✨ ». On voudrait bien t'intégrer mais tu refuses toujours de sortir avec nous !

— Pour vous entendre parler de cul à longueur de journée ? Non merci. J'aime ce sujet mais qu'il soit le principal d'un groupe d'amie... Je ne trouve pas ça très intéressant. Comme si notre monde devait tourner autour des mecs et de leurs bites...

— C'est faux, Amina est lesbienne donc ça ne tourne pas qu'autour des mecs !

— Tu m'as comprise. Alors, c'était quoi cette preuve ? Pitié, pas une dick pic.

— Oh crois-moi que si Maelys avait une dick pic de ce cher Miguel Luna, elle ne l'aurait pas partagé ! Regarde.

Toute sourire, Nora fait glisser son doigt sur l'écran tactile de son portable avant de me le tendre et de s'agiter sur sa chaise : une photo mal éclairée d'un homme de dos appuyé contre la rambarde d'une fenêtre, une cigarette entre les doigts.

En soi, c'est peu comme preuve car ça pourrait être n'importe qui...

Mais c'est l'aura que dégage cet homme à travers la photo qui a dû convaincre les filles que c'était bien Miguel Luna. Et je dois reconnaitre que j'y crois aussi. Ses épaules et bras musclés, ses cheveux bruns légèrement ondulés et cette teinte de peau rappelant son origine, c'est lui à 70%.

— Pourquoi tu es si excitée ? demandé-je à Nora en lui rendant son portable. Et puis pourquoi avoir dit ça au prof tout à l'heure ? Il t'intéresse vraiment même si Maelys est « passé avant » ?

— Je le trouve adorable et sexy à la fois. Un genre de « good boy » qui ne nous décevra jamais contrairement aux bad boys qui attirent la majorité des femmes. Le genre réconfortant.

— Tu veux que je t'offre un ourson en peluche ? Ou alors un sextoy ? On colle les deux ensembles et ça te ferait presque le même effet.

J'esquive sa tape sur mon bras alors que sa moue faussement énervée disparait aussitôt lorsqu'elle soupire en regardant son portable.

Attends... Nora...

« Maelys a confirmé ce qu'on pensait toutes : coucher avec un Luna, c'est vraiment très bon. Mais coucher avec Miguel Luna, c'est avoir l'impression d'être la huitième merveille du monde. On se sent spéciale pour quelqu'un même si c'est l'espace d'une soirée. Il traite les femmes comme s'il en était réellement amoureux et ça fait du bien de se sentir respecté et pas juste être un trou et une paire de seins. »

Nora... Est-ce que tu ne serais pas en train de tomber amoureuse de notre professeur ? Mais... Je croyais que...

« Et Ilya ? »

Cette fois-ci, elle fronce les sourcils et affronte mon regard jusqu'à me faire craquer en fermant les paupières. Je regrette d'avoir prononcé le prénom de notre tuteur des Orphelins de Salem parce que pour elle, c'est toujours un sujet sensible.

Si Nora est ma meilleure amie depuis l'enfance et que l'on se parle de tout, il y a un sujet qui reste flou entre nous : Ilya Vitaïev. Notre sorcier russe « vampire » préféré qui s'est chargé de notre éducation et qui a toujours entretenu une relation étrange avec Nora.

Ça passe par des petites attentions, des gestes simples mais qui à notre âge donne l'impression aux inconnus que mon amie est sa copine alors qu'il n'en est rien. Je ne sais pas si Ilya ressent la même chose de Nora mais il ne montre rien. Il nous a toujours traités de la même façon et en respectant notre vingtaine de différence.

— Quoi, Ilya ? finit-elle par répondre en croisant les bras sur sa poitrine. Tu penses qu'il aurait quelque chose à dire là-dessus ?

— Non... Enfin... C'est plutôt pour toi. Je croyais que...

— J'ai lâché l'affaire depuis longtemps, Jill. Ilya ne veut pas me donner ce dont j'ai besoin depuis des années.

— Et Miguel Luna le pourrait, tu penses ?

— Pourquoi pas. Il dégage un truc qui m'attire. Ça te dérange parce que tu ne peux pas le saquer ?

— Non, tu fais comme tu veux. Je suis la dernière personne au monde qui peut te dire comment vivre ta vie.

C'est juste énervant de rencontrer un homme qui a un tel pouvoir d'attraction sur les gens. Et en termes d'attraction, je sais de quoi je parle...



Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? De l'arrivée de Zéphyr dans la classe de Miguel et de ce qu'il a à raconter ? Du fangirlisme de Jill ?

De la proposition de Jill envers le Président mais surtout de celle de Nora face à Miguel ? De la réaction de Jill à ça et de leur discussion ? Vos théories sur la suite ?

🌙N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur la petite étoile et n'hésitez pas à me donner votre avis sur le chapitre en commentaire s'il vous a plu ! On se retrouve samedi pour la suite !🌙

⚠ Point d'information : dans le chapitre précédent, il a été fait mention de "connasses misandres" pour définir les sorcières de l'univers Marvelous. J'ai utilisé le terme "misandre" dans sa définition brute qui est "la haine des hommes" mais une lectrice a tenu à m'informer qu'en fouillant plus loin, par exemple sur les causes de la misandrie, il y a mauvais compréhension (donc utilisation de ce mot) :

Copie/colle  : [La misandrie] C'est une réponse, une conséquence au sexisme, patriarcat, et non son reflet, les misandres n'aiment pas les hommes mais ne leur veulent aucun mal, peuvent être amoureuses, amies avec des hommes, elles partent simplement du principe que les menaces et les oppressions viennent des hommes et veulent s'en protéger en étant plus entourées de femmes. Le terme misandre n'est pas encore assez connu et les gens l'associent souvent à la haine, à une branche extrême du féminisme alors que ce n'est vraiment pas le cas (si jamais tu veux te renseigner il y a le livre « Moi les hommes je les déteste » qui explique super bien ce qu'est être misandre. Juste peut-être précise que misandre dans le monde réel n'est pas vouloir du mal aux hommes et les émasculer tous jusqu'au dernier ! 

Voilà, voilà ! Juste pour mettre au clair que les sorcières de l'univers Marvelous sont qualifié de misandre pour leur haine du sexe masculin parce qu'elle le considère faible, utile qu'à procréer et non en réaction à une oppression ou masculinité toxique. ⚠

Eeyore (feat. mkls) 🎶 back on top

https://youtu.be/4OWq36CFy5o


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