3🌙No zob in job
Mes avant-bras appuyés sur la rambarde de la fenêtre, je souffle ma fumée dans la nuit londonienne où les corps déambulent ivres dans les rues juste en bas de chez moi.
Je gratte doucement les poils de mon torse alors qu'une main chaude glisse sur ma peau et qu'une paire de seins s'écrase contre mon débardeur.
« Tu es tellement confortable, Miguel. »
Je tique alors qu'elle s'est permise de m'appeler par mon prénom.
J'ai beau être « un amour », je déteste quand les gens avec qui je couche m'appellent Miguel. Ça me donne l'impression d'aller trop vite.
— Esteban, rectifié-je. Ne m'appelle pas Miguel, s'il te plait.
— D'accord, professeur.
Ouais bon...
Voilà hein.
Je n'ai pas attendu longtemps avant de tomber dans mes vieux travers et suivre le chemin de mon frère Dante. Baiser avec ses étudiantes, quelle idée à la con mais c'est tellement facile...
Elles sont loin d'être idiotes et connaissent la réputation des Luna. Elles ne s'attendent à rien de sérieux et ça m'arrange parce que ça fait trois ans que j'ai arrêté d'enchainer les petites amies pour ne passer qu'aux plans cul.
Mais bon, j'aurais dû noter la phrase magique mais ironique de la part de Sasha : « No zob in job ».
Que voulez-vous, je suis un Luna et les Luna ont toujours été des Don Juan !
« Tu ne veux pas enlever ton débardeur et me montrer ton torse musclé ? »
Un frisson me parcourt en entendant ces mots et je me dégage de son emprise avant d'écraser ma cigarette dans le cendrier sur la table basse. La brune semble surprise par mon changement d'attitude mais pourtant, je tente de garder un petit sourire et d'esquiver sa demande en resservant son verre de vin.
Je n'aurais même pas attendu une seconde pour le faire si je n'avais pas été tant marqué il y a quelques années...
Je passe ma main dans mes cheveux et observe la jeune femme boire son verre, ses vêtements trainants un peu partout dans l'appartement. Comme lorsque Dante vivait ici et amenait ses conquêtes.
Si j'ai décidé de reprendre la « garçonnière » de mon grand frère, c'était en premier pour continuer à investir dans l'immobilier en le lui rachetant mais également pour laisser Thérius et Ruby devenir mes locataires dans mon appartement d'Amsterdam. M'assurant une autre sécurité financière au cas où.
Un appartement au dernier étage avec une grande cuisine ouverte et un salon « Ikea », une salle de bain dans le même style et une chambre accueillant mon lit King Size pour y faire toutes les folies qui me passent par la tête.
Comme ce que j'ai fait ce soir avec Maelys.
C'est chiant de retenir chaque détail. Je ne pourrais jamais effacer de ma mémoire son prénom, ses cheveux, son parfum, ses grains de beauté mais aussi son rire agaçant, sa façon de surjouer quand elle prend son pied et ses ongles de pieds trop longs griffant mes jambes.
— Est-ce que tu veux que je reste ce soir ?
— Hinn... Non désolé mais je dois préparer mes cours.
— Est-ce qu'on pourra se revoir, disons, demain soir ?
Et voilà, ça commence.
Je frotte ma nuque et prends mon air gêné avant de faire un petit sourire.
— Je ne crois pas, non. Il n'y a rien qui l'interdit mais ce ne serait pas bon pour toi de coucher avec moi à nouveau. Si ça s'apprend, ça va te faire une réputation un peu... voilà.
— Oh... Moi qui comptais en parler à mes copines ! Dire que c'est moi qui ai remporté le pari !
— Le pari ?
— On se demandait laquelle de mes amies arriverait à coucher avec toi en première. Ne nous en veux pas mais tu es tellement sexy, professeur.
C'est flatteur sauf que je ne suis pas un morceau de viande, en fait.
On me le rappelle souvent mais je confirme que je suis bien con. J'ai cédé à la facilité de me faire une étudiante dès mon premier jour, l'erreur.
No zob in job. No zob in fucking job, Miguel !
— J'espère que tes amies et toi serez tout de même attentives à mon cours et pas qu'à mon cul.
— Je ne garantis rien, grraoouuu !
Et merde, encore un truc que je n'arriverais pas à oublier.
Finalement, j'aurais préféré avoir des étudiantes toutes aussi blasées et insensibles à la Jill.
D'ailleurs, profitons-en pour jouer à « l'Inspector Luna » et glaner quelques informations sur cette fille qui trouve l'Histoire chiante mais qui est bien plus calé que n'importe quel élève de sa promo.
— Dis-moi Maelys, qu'est-ce que tu sais sur Jill Stella ?
— Qui ? demande-t-elle en se rhabillant. Ah ! La fausse blonde de ce matin ? C'est la meilleure pote de Nora. Nora Kacem est une des plus gentilles fêtardes que je connaisse et-
— Oui oui d'accord, mais Jill ?
— Si elle est fêtarde ou chaude comme moi ?
Mais qu'est-ce qu'elle est gênante... Les femmes de son âge sont toutes comme ça, maintenant ? Des extraverties décomplexées sur le sexe et n'ayant pas leurs langues dans leur bouche ?
Il ne suffit pas d'être une pile électrique chaude pour devenir intéressante.
— Je crois que Jill aurait pu être major de notre promotion l'an dernier si elle ne séchait pas autant les cours. En contrôle continu, elle avait des notes à chier parce qu'elle n'était présente que pendant les partiels. C'est là qu'elle a tout défoncé.
— Donc tu dirais que c'est une tête ? Une fausse flemmarde ?
— Bah ouais, elle est bien obligée parce que même si elle sèche les cours, elle doit maintenir une bonne moyenne pour garder sa bourse.
Ah, enfin une information intéressante.
Je remercie Maelys et la fait quitter l'appartement gentiment sans avoir l'air de la chasser. Elle a l'air contente et toujours en admiration face à moi donc je ne risque pas de vivre un moment gênant en la recroisant, c'est positif.
Enfin seul, j'étire mes bras et mon cou avant d'enfin retirer mon débardeur transpirant et de regarder mon torse nu dans le miroir. Mes doigts passant sur mes tatouages, je sens que je vais devoir demander à Ruby de faire des retouches d'encre sur ma peau, lorsque je me tourne pour observer mon dos.
La cicatrice d'un pentagramme.
Se faire scalper la peau par le démon de la gourmandise se régalant de votre chair comme d'un apéritif, c'est... le genre d'expérience que je n'ai pas envie de raconter à mes conquêtes d'un soir.
Et heureusement que Thérius m'a fait oublier cette torture mais pourtant, j'ai des bribes qui surgissent parfois dans mes cauchemars. J'ai beau avoir consulté un psy pendant ces trois ans, je suis toujours... marqué.
Badum tss !
Bon allez, fini les conneries.
Mon portable en main, j'envoie un SMS au père de Zéphyr, Ludwig, celui qui s'occupe des admissions en études supérieures sur le campus mais également le seul ayant décidé de l'attribution des bourses chaque année depuis trois ans.
Si cette Jill Stella est une boursière, il doit la connaitre.
D'ailleurs, si elle est boursière, elle doit être à l'opposé de la première impression qu'elle m'a fait. La précision de ses réponses tout à l'heure m'ont presque foutu sur le cul tellement elle m'a surprise.
Cette « fausse blonde » presque major de promo doit bûcher ses cours à fond. Le genre d'élève rêvé qui vient te voir à la fin du cours pour te demander de lui recommander d'autres ouvrages à lire pour approfondir le cours.
J'aurais bien pensé à approfondir autre chose mais cette fille m'a l'air bien trop indifférente à mon charme naturel et puis surtout... elle fait négligée. En mode « le dimanche est comme tous les jours de la semaine ».
Et puis j'ai l'impression qu'il y a un truc étrange chez elle.
Meh. Dès que j'en apprends un peu plus pour combler ma curiosité, je lâche l'affaire avec cette fille.
🌙🌙🌙
« Hiiiinnnn mon espagnol préféré ! »
Si Zéphyr est dans la retenue sur ses émotions, son père au contraire est tellement expressif que ça me fait à chaque fois rougir.
Ludwig Hoffman m'accueille avec une étreinte dans son bureau et me prie de m'asseoir avant de me servir un jus de fruits. Comme si j'étais encore le gamin d'avant alors qu'il n'hésite pas à servir aux autres un whisky lorsqu'ils viennent le voir.
À croire que je ne suis qu'un gosse pour tous les adultes m'ayant connu comme tel...
C'est à la fois mignon et énervant parce que l'on ne me prend pas assez au sérieux.
— Vous pourriez arrêter de vous moquer de mon TIC, s'il vous plait ?
— Et tu pourrais arrêter de me vouvoyer après tout ce temps ensemble ?
— Je n'y arrive tout simplement pas...
— Eh bien moi aussi. Tu es tellement cute, Miguechou. Ça aurait été si comique que je devienne ton beau-père, alala... Quel dommage...
Ça aussi, c'est chiant. Que tout le monde me rappelle sans cesse ma déception amoureuse envers Zéphyr. Comme s'il fallait être fou pour aimer cet homme et encore plus fou de me rejeter.
Mon premier amour et celui de « toujours » qui finissent ensemble, me laissant leur progéniture à garder... Ce monde est aussi beau qu'ironique.
« Alors, pourquoi est-ce que tu voulais me parler ? J'imagine que ça doit être lié à ton nouveau boulot de professeur. »
Je hoche la tête en triturant la paille en carton de mon verre avant de lever les yeux au ciel et de prendre ma moue toute gênée exprès pour l'attendrir.
« Est-ce que vous pourriez me donner des informations sur les élèves ayant obtenu la bourse Hoffman ? J'ai envie de voir qui sont ceux ayant le plus bossé pour en arriver à ce niveau. »
Ludwig arque un sourcil d'un air interrogateur avant qu'un sourire aussi malsain que celui de son fils prenne place et qu'il se lève pour fouiller dans sa bibliothèque en bois massif tout en murmurant : « aucun intérêt de type sexuel, j'espère... »
¡Madre de Dios! Mais pourquoi tous les partisans de Satan sont obsédés par le cul ?
J'avoue être le pire exemple pour dire ça mais tout de même, on a plus le droit de s'intéresser à quelqu'un sans avoir un objectif charnel ? Je suis curieux de nature et parfois je fouille sans raison, il devrait le savoir !
Ludwig pousse un petit cri de satisfaction en déposant un classeur sur son bureau avant de s'affaler dans son siège en cuir et de le feuilleter en silence. Il lève enfin la tête vers moi et de son sourire le plus bright, me demande un nom.
— Jill Stella, réponds-je d'un ton réellement détaché. Elle est en deuxième année.
— Stella... Ah mais je m'en souviens. Tu ne l'avais pas rencontré ?
— Je pense bien être le seul à pouvoir affirmer à 100% que non.
— Hum... C'est bizarre parce qu'elle est inscrite sur la liste des premiers étudiants à avoir eu la bourse Hoffman. Tu te souviens du gala d'il y a trois ans pour féliciter la création de ce cycle d'étude universitaire ? Tu étais présent et elle aussi, normalement.
— Ah bon ? Vraiment aucun souvenir. Mais alors pourquoi elle n'est pas en troisième année ?
— Attends... Stella...
Lulu continu de feuilleter son classeur jusqu'à s'arrêter sur une feuille, de la saisir et de prendre un temps interminable pour la lire et relire avant de soupirer. Il fronce les sourcils et à soudain une expression gênée que je ne comprends pas.
— Jill Stella, c'est la boursière qui ne s'est pas présentée lors du discours de Zéphyr, tu t'en souviens ?
— La fameuse absente qui l'a agacée ? Alors c'était elle ?
— Elle a quitté le gala sans même entrer dans la salle de réception et quelques jours après, elle a refusé sa bourse.
— Pourquoi ça ? C'est toujours un honneur ce genre de distinction !
— Ah mais elle en a visiblement conscience puisqu'elle la retenté l'année d'après et à réussit à l'avoir ! Je ne me souviens plus trop de sa tête mais j'ai dû la féliciter, il me semble. Non, si elle a refusé la première bourse, c'est... pour soucis personnels.
Je croise les bras sur mon torse en fermant les paupières. Je sais que je n'aurais qu'une question à poser pour que Ludwig me confie ladite raison mais ce serait aller trop loin dans la curiosité.
Quand il s'agit de « soucis personnels », je suis le pro. Je cache tout à tout le monde en invoquant ces deux mots et s'ils sont employés pour le cas de Jill, c'est qu'il a dû lui arriver quelque chose que je n'ai pas besoin de savoir.
Aller plus loin serait indiscret.
— Tu ne veux pas savoir ? me demande-t-il en penchant la tête. C'est rare que tu calmes aussi vite ta curiosité.
— Les « soucis personnels » doivent rester personnels.
— Ta maturité te rend encore plus désirable... Et il n'y a toujours pas de « Madame Luna » ?
— Si, allez voir votre fille en bas.
— Oh ne m'en parle pas... Je souffre encore de la facture du mariage de ma fille et ton frère ! Comment diable est-ce que vous avez pu cassr deux lustres en cristal, une table en bois rare, un vase en marbre et... pfiou. Je n'ai pas la force de continuer. Les jeunes et vos soirées à la poussière d'étoiles, vous allez me tuer !
Je ne peux m'empêcher de sourire en me souvenant du bordel que l'on avait créé en pensant qu'avec l'âge, on supporterait toujours le mélange alcool et drogue magique. Grave erreur.
Et c'est le mariage de Dante et Maeve qui m'a convaincu que même si mes amis étaient les meilleurs, je devais m'éloigner d'eux pour me faire ma place et devenir enfin celui que je voulais être.
Et puis rester qu'avec des gens en couple, ça fait de vous l'éternelle roue de secours.
— En tout cas, commence-t-il, tu n'as aucun doute à avoir sur la détermination de cette mademoiselle Stella pour ses études. Elle a dû déconner mais elle fait partie des élèves les plus motivés à être diplômés.
— Comment vous savez cela ?
— L'administration allait finir par t'en informer mais Jill Stella est une des rares étudiantes venant des Orphelins de Salem. Elle n'a plus de famille depuis l'enfance.
Je détourne le regard vers la fenêtre, ne voulant pas montrer ce qu'inspire cette nouvelle en moi. Moi qui ai une grande famille soudée, je m'en veux de ressentir de la pitié envers elle.
Je me sens limite comme un con de l'avoir titillé autant dès le premier jour.
Une orpheline...
NO ZOB IN JOB ! This is the sacred rule !😆 Que pensez-vous du non-respect de cette règle malgré tout bien en tête chez Miguel ? De ses envies sur sa vie et de sa façon de voir les choses ?
De ses questions sur Jill et de ce que les réponses peuvent lui apporter ? S'intéresse-t-il vraiment à elle juste par curiosité ou est-ce bien plus ?
🌙N'hésitez pas à me donner votre avis sur ce chapitre avec un commentaire et en me soutenant avec un petit vote rapide ! On se retrouve mardi prochain pour le chapitre suivant !🌙
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