1🌙Professeur Luna


3 ans plus tard



« J'ai l'impression de voir notre enfant faire sa première rentrée. C'est émouvant. »

Je fais un magnifique doigt d'honneur à Thérius avant qu'il ne me saute dessus pour m'embrasser plusieurs fois la joue comme une maman trop collante. Le rire de Mercutio couvre l'exaspération de Zéphyr qui augmente à chaque nouveau baiser du démon.

— Arrête mec, t'es lourd !

— Oh chéri, pourquoi tu me rejettes comme ça ? T'étais bien plus chou quand on vivait ensemble. Depuis qu'on s'est séparé, je sens que l'amour entre nous s'est am-

— Ta gueule Thérius, grogne Zéphyr en le tirant en arrière. Allez, on se dépêche sinon il va être en retard. Et nous aussi, d'ailleurs...

A ces mots, une des plus belles démones du monde se lève de son tabouret de bar, habillé d'un sublime tailleur, avant de passer ses ongles dans le cou de son Prince pour mieux le faire grogner.

Il y a toujours une de ces tensions sexuelles dès que l'un d'eux touche l'autre, ça me fait frissonner.

Soudain, Ruby s'approche de moi et vient rajuster le col de ma chemise noire alors que son odeur vient brouiller mes sens.

« Des notes de citron et mandarine avec un peu de pêche, de jasmin, de fruit rouge et même... de la noix de coco. Du caramel... Et du magnolia. C'est le parfum que Roxy t'as offert à Noël, Black XS Los Angeles for Her de Paco Rabanne. »

Lorsque j'ouvre mes paupières, le petit groupe me regarde en souriant et Ruby vient même m'embrasser la joue avant de me claquer les fesses.

— Il n'y en a pas deux des comme toi, déclare Mercutio.

— Et ça ne trouve pas sa moitié, ajoute Thérius. C'est encore de la faute à Zeph, ça !

— Pfff, écrase. Allez, on y va.

Je salue mon cousin avant de suivre mes amis à travers le portail nous entrainant hors du Marvelous Diner, dans un espace irréel crée de toute pièce par le Comité. Un campus magique.

Lorsqu'il a été question de créer une université pour les créatures magiques, la question du lieu ne s'est pas posée et Zéphyr a tout de suite établie un immense chantier pour construire un endroit présent sur un autre plan de la réalité que notre monde.

Un travail qu'il n'a pu mener qu'avec le soutien même de... Satan.

Comme quoi, avoir pour meilleur pote un des fils du diable est vraiment pratique.

Le Comité de la magie étant déjà « déconnecté » du monde humain, il a été déplacé dans un lieu crée artificiellement où s'est vu ajouter un campus pour les étudiants de tous âges, des commerces magiques contrant le marché noir existant depuis des décennies, des centres de formation et le nouveau quartier général des agents du Comité.

Une prouesse aboutie depuis maintenant une petite année et qui assure une nouvelle présidence à la tête du Conseil de la magie pour Zeph.

Je regarde le blond et son costume bleu nuit impeccable moulant parfaitement son corps...

Oula calme-toi Luna. Ne retombe pas dans tes vieux travers.

Mes yeux dérivent sur sa main et surtout son alliance lorsqu'un soupir s'échappe de ma bouche. Seul Thérius le capte et me donne un coup d'épaule alors que nous arrivons enfin devant les grandes colonnes grecques du Comité de la Magie.

Je salut mes amis partant en réunion mais avant cela, Zéphyr revient en arrière et pose sa main contre mon torse pour me chuchoter :

« Ne t'inquiète pas, tu as surmonté bien pire comme épreuve qu'une rentrée des classes. »

Je reconnais que malgré mon air espiègle, mes sourires et blagues, je suis une boule d'angoisse quand il s'agit de commencer un nouveau boulot.

Enfin nouveau, c'est relatif.

Après avoir raté la période d'examen pour devenir professeur à cause de... eh bien... de l'invitation à « manger » de Belzébuth, le démon de la gourmandise, j'ai décidé d'aider mon frère avec sa nouvelle paternité, puis Thérius et Ruby avec leur nouveau business et enfin... jouer à la nounou de Maxime.

Entre deux examens, je surveillais le fils de Zéphyr et Roxanne alors que ses parents se battaient encore et toujours contre l'injustice sociale dans notre monde magique. Le petit Maxime n'a que deux ans mais il est tellement chouchouté que sa mère a déjà peur qu'il devienne un enfant roi.

Avec un papa gâteau comme Zeph, ça risque d'arriver et heureusement que Roxanne est là pour appliquer les punitions sur ce petit bébé inquiétant déjà tout le monde alors qu'il n'a pas encore une once de pouvoir magique dans sa couche.

Une goutte d'eau tombe sur ma nuque, me faisant frissonner et marcher rapidement vers le bâtiment d'études supérieurs où je dois donner cours. Aujourd'hui, je viens les mains dans les poches et tellement décontracté que je pourrais ressembler à un étudiant.

J'espère qu'ils vont aimer étudier l'Histoire de la magie.

Après avoir eu mon examen, j'ai été pris en charge par le premier professeur responsable de cette matière et j'ai également suivi une formation pédagogique avec des humains. J'ai déjà trois ans de retard sur la profession mais je vais enfin pouvoir délivrer tout ce que ma mémoire absolue a retenu à des gens passionnés.

J'arrive sous le porche du bâtiment alors que la pluie a déjà commencé à mouiller ma chemise noire et je décide de profiter du peu de temps de libre avant le cours pour m'en griller une.

La cigarette dans la bouche et le zippo en main, je l'allume devant les étudiants se pressant à l'intérieur, évitant déjà certains regards insistants avant de fermer les paupières et de souffler ma fumée en regardant le ciel gris.

Faire le vide, ne pas stresser. Tu vas gérer, Miguel. Tu vas g-

« Raaah mais où est ce foutue briquet ? »

J'ouvre les paupières, n'ayant pas remarqué la présence de la jeune femme à côté de moi, sa roulée à la main et fouillant son sac à dos.

« Tiens. »

Par politesse, je lui tends mon zippo argenté avec le symbole de ma famille gravé dessus. Si c'est une étudiante intelligente, elle devrait vite comprendre qui je suis.

Mais elle se contente d'hocher la tête en me regardant à peine.

Ses cheveux sont attachés en un chignon autant négligé que sa tenue : un sweat-shirt vert pomme trop grand pour elle et des sneakers de la même couleur. Il n'y a que son legging noir moulant parfaitement ses fesses qui peut être intéressant.

Allez Luna, on avait dit « prof sérieux » et pas « prof baiseur »...

Hinn... Enfin... Dante était aussi prof et il s'est surement tapé toutes ses élèves quand il donnait des cours donc... Est-ce que l'on peut changer un Luna du jour au lendemain ? Meh.

La blonde a l'air hypnotisée face à la flamme bleu éternelle produite avec la magie du père de Zéphyr, Ludwig, zippo cadeau pour avoir réussi mes examens. Elle allume enfin sa roulée et me le rend avant de souffler sa fumée en poussant un soupir.

Vu sa dégaine et le peu d'énergie qu'elle dégage, elle ne doit pas être une élève modèle. Inconsciente de la chance qu'elle a de pouvoir suivre des études supérieures magiques alors qu'il y a trois ans, c'était impossible.

« Tu en penses quoi des cours ici ? » me demande-t-elle pour faire la conversation. « J'ai une pote en troisième année qui doit passer sa certification d'enchanteresse et elle m'a dit que l'enseignement variait selon l'orientation. »

Elle me prend pour un élève ? Je n'aurais peut-être pas dû me raser de près aujourd'hui. Ça m'a un peu rajeuni.

Ses yeux me regardent sans vraiment me regarder, comme s'ils étaient vides et que la pluie devant nous était plus intéressante que moi.

— C'est assez strict dans sa filière, réponds-je d'un air détaché. De ce qu'on m'a rapporté mais après, je suis nouveau ici donc je me trompe peut-être.

— Un conseil : sois assidu. Je suis arrivée l'an dernier mais je ne suivais que certains cours. Les plus importants pour valider... Et ça m'a valu une obligation d'effectuer un stage cette année. Ça me saoule d'avance ! Tout ça parce que j'ai séché les cours de « Langue mystique » et « Histoire de la magie ».

— Pourtant « Histoire de la magie », c'est une matière majeure dans certaines spécialités, non ?

— Mouais, mais il parait que le cours est chiant. Et puis franchement, ça se saurait si les êtres vivants retenaient les leçons du passé alors pourquoi ne pas se concentrer sur l'avenir ?

— C'est un point de vue qui se défend. Mais ce sera peut-être moins chiant cette année ? Il parait que l'ancien prof se fait remplacer par un nouveau titulaire.

— C'est ce qu'on m'a dit à l'administration. Mais les profs ne sont jamais captivants donc bon courage au gars qui le remplace !

Je me mords l'intérieur de la joue, retenant mon pied de s'agiter pour ne pas montrer mon stress... Mais aussi mon agacement.

Cette femme n'a jamais suivi un seul cours de mon mentor mais elle se permet de sécher à cause de ce qu'on lui a rapporté ? Et depuis quand l'Histoire, c'est chiant ?

La blonde écrase son mégot contre le mur après avoir regardé l'heure sur son portable. Elle pousse un soupir et se dirige vers l'entrée du bâtiment.

Encore un geste que je déteste alors qu'on vit à une ère où les cendriers de poche se démocratise.

— Tu n'as pas cours ? me demande-t-elle en réajustant les sangles de son sac. Ou alors tu as sauté une classe et on est dans la même promo.

— ...On va dire ça. Mais je prends juste le temps. Et puis, ce n'est qu'un cours d'Histoire.

— T'as bien raison ! Allez, à plus.

Elle me fait un salut de la main et je me surprends à avoir le genre de pensées influencé par Thérius. Le genre à vouloir tirer sur son chignon et lui claquer les fesses pour la punir de son insolence.

Cette fille m'a énervée et c'est rare que quelqu'un me fasse cet effet à la première impression.

Encore un truc que je ne risque pas d'oublier.

Je termine ma clope et l'écrase dans mon cendrier avant de faire craquer ma nuque et d'étirer mes bras, préparant mon corps à l'affrontement face à une classe d'une cinquantaine d'étudiants de seize à quarante ans.

Tous doté de pouvoir magique alors que la seule chose que je possède est une mémoire absolue, de bonnes relations et le charisme d'un Luna.

Ma démarche est décontractée dans les couloirs et à mesure que j'arrive vers l'entrée de l'amphithéâtre, l'angoisse s'est camouflée derrière cette pointe de courage qui apparait toujours chez moi au bon moment et me permet de réaliser parfois l'impossible.

Lorsque je passe la porte déjà ouverte de l'amphi, la salle est bruyante et personne ne fait réellement attention à mon arrivée. Je suis plus vieux que la majorité des élèves présents mais je repère trois/quatre personnes ayant probablement mon âge voire plus qui elles, m'ont tout de suite reconnu.

C'est quand j'arrive derrière le bureau de professeur et que je pose mes deux mains à plat dessus que le brouhaha s'estompe progressivement. Le questionnement sur le visage de la majorité ne dure pas longtemps, remplacé par la surprise lorsque je saisis une craie du tableau derrière moi pour écrire mon nom.

Enfin, quand je me retourne, c'est l'excitation qui a pris place sur de très nombreux visages. Une excitation qui provoque un sourire sincère chez moi, rassuré par ma nouvelle prise de fonction.

Je dévisage l'assemblée, repérant au cinquième rang la blonde de tout à l'heure qui est la seule à se décomposer sur place.

Je serais Zéphyr ou Thérius, je répondrais d'un sourire sadique face à sa détresse mais j'ai appris à être un peu plus subtil grâce à Mercutio.

« Mesdames et messieurs, bonjour. Je m'appelle Miguel Esteban Diego Luna et à partir de maintenant, je serais votre professeur d'Histoire de la Magie. L'an passé, votre ancien professeur m'a formé et par conséquent, j'ai connaissance de tout votre programme ainsi que vos facilités et difficultés. J'enseigne également l'option « l'Art et la magie » pour celles et ceux désirant s'orienter vers les branches d'ensorceleurs, artisans mystiques et autres. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à lever la main. »

Des sourires, des murmures et une phrase qui revient souvent : « C'est un des frères Luna ! »

La main d'un homme en fin de trentaine au premier rang se lève et je lui prie de parler d'un hochement de tête.

— Est-ce que c'est bien vous, le « Memorizer » ?

— Ça fait longtemps que l'on ne m'avait pas appelé comme ça... Mais oui. Je suis surpris que quelqu'un se souvienne de mon ancien travail.

— Vous rigolez ?! s'exclame-t-il un grand sourire aux lèvres. Grâce à votre pouvoir, vous avez résolu une enquête qui patinait depuis vingt-ans sous les yeux des agents du Comité ! J'avais suivi l'affaire dans la presse magique avec assiduité à l'époque et j'ai été surpris de votre départ, d'ailleurs.

— Disons qu'avec un tel don, on ne peut pas rester très longtemps sur les enquêtes criminelles.

Une autre main se lève, cette fois d'un gamin même pas majeur et dont je me souviens immédiatement.

— Donc ce n'est pas un pouvoir mais bien un don n'est-ce pas ? demande-t-il d'un ton hautain.

— Une mémoire absolue n'est effectivement pas considérée comme un pouvoir magique mais plutôt un talent purement humain.

— Et c'est un prof dénué de magie qui va nous faire cours ? Ben tiens...

— Si vous n'êtes pas content, monsieur Watanabe, vous pouvez toujours rentrer chez vous rejoindre vos professeurs particuliers. Je suis sûr que vous ne manquerez à personne.

Le jeune homme japonais fronce les sourcils alors que ceux autour de lui ont l'air choqué. Je me suis directement opposé au fils d'une grande famille de sorcier et ils doivent se dire que j'ai un grain...

— Exactement, répond-il en se levant et en descendant les escaliers, je vais rentrer chez moi et valider ce cours par mes moyens.

— Grand bien vous fasse.

Il s'arrête devant moi et je pose une main sur son épaule en souriant avant de lui chuchoter :

— Bon courage pour passer mes partiels.

— Pff... Je n'aurais aucun mal. Les humains normaux ne me font pas peur et sont inférieurs.

— C'est ce que disait ta mère avant de se faire battre par une humaine lambda et ses amis. A trop sous-estimer ses adversaires, on finit par se prendre un coup de jus fatal.

Ma remarque le rend rouge de colère et le fait presque fuir l'amphithéâtre alors que je conserve mon sourire face aux autres étudiants pour qu'ils n'y voient que du feu.

Il n'avait qu'à pas me manquer de respect, ce sale gamin aussi imbu que sa défunte mère.

Je laisse de longues secondes de silence après son départ, observant chaque étudiant lorsque mes yeux reviennent vers ceux de la blonde qui elle aussi m'a bien énervé. Je prends une grande inspiration avant de passer devant le bureau et de m'appuyer sur ce dernier.

« Celui qui ne connaît pas l'Histoire est condamné à la revivre. Ce n'est pas d'une grande sorcière mais de Karl Marx. Je pourrais vous parler de tous les biens faits que la connaissance de l'Histoire peut avoir dans nos vies mais justement, l'Histoire de la magie nous a montré que nous n'avons fait que répéter les mêmes erreurs. A croire que les sorciers ne sont pas si supérieurs que cela face aux humains. »

Certains élèves ont déjà commencé à prendre des notes alors que je n'ai même pas officiellement commencé mon cours. D'autres, surtout les femmes, me regardent déjà en bavant quand l'une d'elle semble se cacher en s'enfonçant dans sa chaise.

Je vais te faire regretter d'avoir séché toute une année de cours d'Histoire parce qu'il parait que « c'était chiant ».

« Vous, mademoiselle. » dis-je en la désignant du menton. « Venez ici. »

Son visage se décompose à nouveau alors que sa voisine la presse de descendre, ce qu'elle fait au bout de quelques secondes pour se planter à côté de moi et face à l'assemblée. Elle est plus petite que moi, même pas 1m70, mais j'évite de baisser la tête pour la dévisager parce qu'elle est déjà bien mal à l'aise pour que je lui mette encore la pression.

— Je vais voir le niveau de votre classe à travers vos connaissances et selon vos réponses, je vous ferais un test de rentrée ou non, et dès aujourd'hui.

— Ce n'est pas juste ! s'exclame une fille. Elle n'était même pas présente aux cours d'Histoire de l'an passé !

— Ça devrait aller car après tout, « ce n'est qu'un cours d'Histoire ».

Sa pupille trésaille en même temps que sa langue passant sur toute sa lèvre supérieure, donnant un petit côté sensuel gâché par l'exaspération qu'elle produit déjà chez moi.

Je croise les bras, toujours souriant et curieux de savoir comment elle va répondre à mes questions lorsque je lui demande son prénom pour mémoriser ce moment dans ma première journée en tant que professeur.

La blonde ferme les paupières tout en inspirant lorsqu'elle retrouve une expression très sérieuse et que je repère une pointe de défi dans ses yeux noisette.

« Je m'appelle Jill Stella et je suis prête à répondre à toutes vos questions, professeur Luna. »



Welcome on this marvelous story ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre avec notre Miguechou ?

Retrouver la petite équipe 3 ans après ? Les doutes de Miguel sur son nouveau job ? 

Sa rencontre avec la fille rencontré dans le prologue, Jill Stella ? Va-t-il réussir à la piéger pour se "venger" ? Vos avis sur la suite ?

🌙N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur l'étoile et en me laissant un petit commentaire ! Pour l'instant, je publierais deux chapitres par semaine jusqu'au chapitre 5, le mardi/samedi, donc on se retrouve mardi prochain pour la suite !🌙

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A l'approche des fêtes, en cette période maudite de 2020, j'ai décidé de vous offrir la chance de gagner deux histoires de jeunes femmes "maudites" mais qui arrive avec leur caractère à braver les difficultés à leur façon !

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