Chapitre 7 : Yeux verts
Un silence s'écoula pendant quelques instants. Jenelle se figea à nouveau. Mais ce n'était plus un frisson de peur qui la parcourait. Ses prunelles restèrent fixées sur celles de James qui la surplombait toujours de toute sa hauteur. Elle mit quelques secondes à réagir à cette information.
- Quoi...?
- Ils ont dit que vous étiez instables, et pas encore prêts à affronter une nouvelle vie.
Une culpabilité nouvelle dansait dans les yeux du blond face à elle. C'était étrange. Il semblait s'en vouloir. Mais de quoi exactement ? Elle ne sut pas comment réagir. Devait-elle...?
- On peut se gérer comme des adultes. Lança-t-elle.
La lumière jaune assombrissait les yeux bleus de James qui la fixait intensément. Il n'avait pas bougé d'un centimètre, mais semblait plus proche que jamais. Dans cet atmosphère, le jeune homme aux allures d'ange paraissait plus étrange encore. Pourtant, sa voix resta douce.
- Je n'en doute pas. Mais ces gens s'inquiètent vraiment.
L'expression de Jenelle se durcit. Elle serra la mâchoire, se forçant à ne pas dévoiler davantage d'informations qu'il n'aurait fallu. Les bras le long du corps, ses doigts serrèrent plus fortement le bout des manches trop grandes du sweat de ce certain Louis.
- Ce n'est qu'une façade.
James baissa la tête face à cette soudaine froideur. Elle le vit secouer discrètement la tête de gauche à droite, se demandant bien si elle avait été assez convaincante pour qu'il n'insiste pas. Les poings du blond se serrèrent tout aussi timidement, et la jeune femme sut qu'il n'avait sûrement pas l'habitude de se mettre en colère. Le devait-il face à cette invitée improvisée ?
- Je n'ai peut-être pas à te demander ça, et ça ne me regarde pas mais... Pourquoi tu étais là-bas ?
Il releva la tête dans sa direction. Sa voix continuait d'être douce, pleine d'empathie. Et ses yeux... La lueur qu'ils dégageaient aurait fait rougir n'importe quel fille. Le coeur de Jenelle rata quelques battements face à ce jeune homme aux traits de visage absolument adorable. La prise de ses doigts se desserra quelque peu sur les manches, et elle se radoucit malgré elle. Ses mains commencèrent à trembler, alors que des souvenirs refaisaient surface. Si elle ne lâchait pas ne serait-ce que quelques bribes de l'histoire, elle savait que leur comédie ne durerait pas.
- J'ai perdu quelqu'un que j'aimais. Dit-elle, les dents serrées.
Elle ne put supporter le regard de James sur elle et détourna les yeux. Le jeune homme continua à la fixer avec plus d'insistance. Il sembla la détailler d'encore plus près, avec encore plus d'intérêt. Cette fois, elle ne faisait pas semblant.
- Je suis désolé. Souffla-t-il, et son souffle atterrit directement sur sa joue. Louis n'a pas dit que vous étiez là. Et demain, comme prévu, on vous fera retrouver votre chemin.
La jeune femme cilla. L'assurance qui s'était révélée dans la voix du blond l'étonna presque autant que ces paroles. Pourquoi des personnes totalement étrangères auraient-elles fait passer leur sécurité en premier ? Pourquoi les avaient-ils protégés ? A présent, dans les yeux de James, dansait une sincère conviction.
- Merci, James.
Elle esquissa un faible sourire et James détourna les yeux pour la première fois.
- Tu devrais retourner te coucher. Reprit-il en s'emparant de la lampe. Je vais y aller aussi. Bonne nuit, Jenelle.
Le blond fit demi-tour, commençant déjà à s'éloigner dans l'autre direction.
- Bonne nuit.
La châtain le suivit s'éloigner dans le couloir, la faible lumière s'évanouissant avec lui. Elle déglutit. Jamais elle n'aurait pensé que ressasser des souvenirs ferait partie de cette nuit. Aussi silencieusement qu'elle était venue, Jenelle se retourna et commença à repartir en direction de sa chambre. Lorsqu'elle passa devant une énième porte, un bruit la fit sursauter. C'est à cet instant qu'elle remarqua que la dite-porte était ouverte à moitié. Était-ce la chambre d'un des garçons ? Ce n'est pas vraiment possible étant donné que James avait dit qu'elles se trouvaient à l'étage. Devait-elle y jeter un oeil ?
Le même bruit retentit. Cette fois, Jenelle décida de s'en approcher. Après un rapide coup d'oeil derrière elle, elle se retrouva rapidement à l'entrée de la pièce. Au fond, une fenêtre mal fermée claquait contre le bois. Les rideaux entrouverts volaient délicatement dans la pièce et la lueur de la lune, ou bien celle de l'aube, accordait à la chambre une certaine lumière. La pièce ressemblait fortement à celle qu'on lui avait attribuée à la différence que celle-ci était plus petite. La fenêtre claqua à nouveau, et Jenelle fit un pas à l'intérieur. Proche de l'entrée se trouvait directement un meuble avec un cadre photo posé dessus. Elle se rendit compte qu'elle se trouvait certainement dans la même chambre qu'elle avait précédemment explorée. Ses yeux détaillèrent l'endroit. Vide. C'était le moment de satisfaire sa curiosité. Elle fit encore quelques pas et se retrouva face au meuble. Devait-elle vraiment s'écouter et fouiller ? Alors que ces garçons les avaient chaleureusement invités chez eux ? Sa main se tendit d'elle-même en direction du cadre qu'elle ne tarda pas à avoir entre ses doigts.
Les cinq silhouettes se dessinaient déjà dans la pénombre. La jeune femme ramena la photo à elle et l'inclina pour profiter de la lumière de l'extérieur. Elle reconnut sans mal les garçons, tous au complet. Hunter avait d'ailleurs moins de cheveux qu'aujourd'hui, mais Dylan semblait toujours aussi en retrait. Au milieu, la cinquième personne se dessina plus visiblement. Des cheveux sans doute clairs, dix centimètres de moins que celui aux cheveux noirs, un sourire rayonnant et... Des yeux verts. Un vert semblable à celui des émeraudes mais dont l'éclat s'était légèrement terni. Moins vif que celui de Hunter, mais tout aussi intense. Des yeux verts... Ses yeux verts. Le coeur de Jenelle manqua un battement. Ses mains commencèrent à trembler, alors que ses yeux s'écarquillaient.
C'était lui.
Ce fut lorsque ses doigts manquèrent de lâcher le cadre qu'elle sortit de ses pensées. Elle revint à la réalité aussi brusquement qu'avec un coup de poing. Il était là, sur cette photo dans ce cadre, dans cette chambre, dans ce manoir. Entourés de leur quatre hôtes. Elle devait prévenir Elliott. Sur le champ. La jeune femme reposa le cadre à sa place comme si il l'avait brûlé, et se dirigea en toute hâte dans le couloir. Elle retrouva facilement la chambre d'Elliott et toqua d'abord doucement sur la porte. Personne ne répondit. L'adrénaline monta davantage en elle. Elle jeta un coup d'oeil dans le couloir dans lequel elle se trouvait, avant de retenter. Rien. Elle recommença plus fortement.
- Elliott. Murmura-t-elle. Elliott, ouvre, c'est moi.
La porte s'ouvrit à la voler alors que Jenelle restait la main en l'air, stoppée dans son geste. Elle croisa le regard à moitié endormi de son compagnon qui avait probablement dû trouver un semblant de sommeil. Il se frotta un oeil, fronçant les sourcils d'incompréhension.
- Jenelle...?
- Elliott. S'empressa-t-elle de couper. Faut pas qu'on reste là. Ces garçons, cet endroit... Je les sens vraiment pas, il faut...
- Calme-toi.
Le brun ouvrit un peu plus la porte, appuyant son épaule contre le mur. Incapable d'arrêter les tremblements de ses mains, Jenelle les mise un instant contre elle, puis en poings...
- J'ai trouvé quelque chose. Poursuivit-elle plus doucement. Dans une des chambres. Ils...
- Une des chambres ? Coupa-t-il à son tour. Tu es allée fouiller dans leurs affaires ?
Jenelle lui intima d'un geste de baisser d'un ton. Sa panique échappa-t-elle au garçon ?
- Elliott, écoute moi, tu...
Un long soupire d'exaspération la coupa encore. Elliott se redressa face à la châtain qui restait bouche bée face à son attitude. Le faisait-il exprès ? Lui qui était le premier à partir en courant, à se méfier de tout.
- Jenelle. Appela-t-il plus durement. Il est tard, et j'ai envie que cette nuit passe très vite.
La châtain ne bougea pas, se contentant d'entendre les battements de son coeur affolé. Face à elle, Elliott sembla prendre conscience de la dureté de ses mots. Il se radoucit quelque peu après avoir jeter un coup d'oeil au plafond.
- On discutera de tout ça demain, tout les deux. Va dormir.
La jeune femme ouvrit la bouche pour reprendre la parole mais déjà le brun lui referma la porte au nez.
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À bientôt ^^
~Malo
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