Chapitre 11 : L'idée
Louis avait refermé la porte à clef derrière lui ; elle l'avait entendu. Elle était à nouveau coincée dans cette chambre sans aucune chance d'en sortir. Mis à part briser une fenêtre avec l'un des lourds meubles qu'elle ne réussirait même pas à porter, il n'y avait rien. Pourquoi quatre garçons se donneraient-ils tant de mal à élaborer un plan pour les coincer Elliott et elle ? Et où pouvait bien être son compagnon de voyage ? La jeune femme jeta un coup d'œil en direction de l'extérieur qu'elle voyait par la fenêtre. Avait-il réussi à s'enfuir ? Jenelle se redressa sur le lit lorsque ses doigts rencontrèrent une surface solide. Surprise, elle extirpa avec prudence l'objet de dessous les draps. Qu'elle ne fut son étonnement de constater qu'il s'agissait de son téléphone. Son propre téléphone dont elle avait complètement omis l'existence. C'était presque un miracle qu'elle se retrouve en possession de cet objet. Elle resta un instant à l'observer. C'était surréaliste. Avec ça, elle pourrait s'enfuir c'était sûr. Devait-elle appeler Elliott en priorité ? Non, c'était trop risqué.
D'une main quoi que tremblante, Jenelle composa le numéro de la police. Son doigt resta suspendu au-dessus de la touche de validation. Devait-elle vraiment appeler la police ? Une idée lui traversa l'esprit, et elle appuya. Elle attendit la première sonnerie puis porta l'appareil à son oreille. Au même moment, la porte de sa chambre s'ouvrit sur James. Ils s'échangèrent un regard alors que Jenelle se figea littéralement sur place. Il semblait tout aussi surpris qu'elle qu'il débarque à cet instant crucial. Lorsqu'une voix répondit de l'autre côté, le blond se rua d'un seul coup dans sa direction. La jeune femme s'empressa de poser les pieds à terre mais lorsqu'elle vit qu'il prenait soin de contourner le lit de l'autre côté, elle grimpa sans plus attendre sur ce dernier. Dans un geste unique, James se jeta à son suite à plat ventre sur le lit et sa main se referma de justesse autour de la cheville de la châtain. Elle bascula et se retrouva la tête dans le vide, se cognant le menton contre la barre en bois du lit.
Elle émit une plainte et le jeune homme la tira brusquement pour la ramener vers lui. A moitié sonnée par la douleur, Jenelle ne reconnut James qu'une fois qu'il se pencha au-dessus d'elle. Ses sourcils froncés lui donnaient un air sérieux qu'elle ne lui connaissait pas.
- Dommage. Fit-il, la respiration légèrement haletante. Tu viens peut-être de gâcher ta seule chance de t'enfuir d'ici.
Leurs yeux s'affrontèrent un instant alors que Jenelle tentait tant bien que mal de se redresser. Elle ne réussissait qu'à lever quelques fois la tête, bien vite stoppée par James qui se calait au-dessus d'elle.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Lâcha-t-elle en essayant de le repousser.
- Tiens-toi tranquille, d'accord ? Tu ne vas faire qu'empirer les choses...
C'était comme si il faisait tout pour ne pas s'attirer d'ennuis. Quels ennuis, exactement ? Voyant qu'elle ne réussirait pas de cette façon, Jenelle se mit alors à crier. Ce fut davantage pour lui faire perdre ses moyens que réellement appeler au secours. Elle commença à se débattre furieusement, le blond essayant de lui maintenir les mains sur le matelas. Il grimpa au-dessus d'elle et elle en profita pour lui donner un coup de pieds entre les jambes. Le jeune homme lâcha une plainte de douleur et elle le repoussa de toutes ses forces contre la fenêtre dans son dos. Elle se releva aussitôt du lit et eu juste le temps de le voir s'écrouler au sol qu'une main lui empoigna le bras. Jenelle sursauta et croisa le regard bleuté de Louis. Si James s'était fait « avoir », elle savait qu'il serait plus difficile d'agir ainsi avec le châtain. Ce dernier l'emmena sans attendre en direction de la porte. Elle pouvait sentir à sa poigne qu'il était en colère, pourtant son visage n'en laissa rien paraître.
- Tu ne m'étouffes pas cette fois ? Provoqua-t-elle en trottinant difficilement à sa suite.
Elle sentit sa poigne se resserrer autour de son bras, et il la tira brusquement vers lui. Ses yeux bleus la foudroyèrent sur place.
- J'ai tout mon temps pour recommencer. Lâcha-t-il, proche de son visage.
Il la fixa un instant si bien qu'elle en frissonna, avant de l'entraîner à nouveau à sa suite. Il l'emmenait en direction du salon.
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Jenelle eut à peine le temps de dévisager tout les autres garçons présents dans le salon, que Louis la balançait sans ménagement sur une chaise placée au centre de la pièce. Elle vacilla, se retenant de justesse pour ne pas chuter. A travers les quelques mèches aux reflets roux qui étaient tombées devant son visage, elle reconnut Hunter en face d'elle. Ses yeux verts étaient posés sur elle, et il pencha la tête sur le côté. On aurait dit qu'il était en pleine contemplation de son prochain repas. Que pouvait-il bien se passer dans sa tête ?
- Où est James ?
Louis et Jenelle se lancèrent un regard. Allait-il raconter son récent exploit au jeune homme certainement le plus louche des quatre ?
- Il arrive. Se contenta-t-il de dire en croisant les bras.
Dylan était un peu plus en retrait, comme toujours. Il était appuyé sur le dossier du canapé le plus éloigné de la jeune femme, et ne lui lançait que de timides regards. Hunter sembla se contenter de cette réponse et se déplaça lentement en mettant les mains dans ses poches.
- Je pense que tu sais pourquoi tu es là.
Il marcha autour d'elle, et lorsqu'il arriva dans son dos, Jenelle n'osa plus esquisser le moindre geste. Cramponnée à la chaise sur laquelle elle était assise, elle se concentra sur les pas du jeune homme.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
De nouveau face à elle, Hunter sembla surpris. James choisit ce moment pour faire irruption dans la pièce. Du coin de l'œil, Jenelle pouvait voir qu'il semblait davantage déçu qu'embarrassé.
- Oh... Fit-il en lançant un regard à James qui haussa les épaules. Bon, très bien. Jouons à ce jeu-là.
Hunter déplaça une deuxième chaise qu'il posa juste en face d'elle. Il prit place, faisant légèrement grincer le bois. Ils étaient tellement proche que leurs genoux s'effleurèrent. Le jeune homme se pencha vers Jenelle, croisant les mains entre elles.
- Tu as aimé la photo ?
Jenelle déglutit. Les iris vertes du garçon étaient si luisantes qu'on aurait dit deux diamants. Il n'avait rien d'un tueur au vue de ses traits angéliques, uniquement d'un séducteur ténébreux. Alors pourquoi faisait-il tout ça ?
- Je t'avais dit de ne pas te balader dans les couloirs. Intima-t-il en se penchant davantage.
Il leva une main et Jenelle sursauta légèrement. Du bout des doigts il dégagea les mèches de cheveux qui cachaient le visage de la jeune femme, d'un geste presque doux. La châtain déglutit, se laissant faire sans bouger. Elle n'arrivait pas très bien à cerner pourquoi ces garçons s'étaient donnés tant de mal à organiser un plan pareil.
- Tu devrais vraiment dire quelque chose, Jenelle.
Les lèvres de cette dernière restèrent scellées. Dire quoi ?Face à son mutisme, Hunter se leva d'un coup en envoyant valser avec fureur la chaise sur laquelle il était assis, faisant sursauter violemment la jeune femme. La chaise heurta plus loin le carrelage dans un fracas, et Jenelle se demanda si le brun ne l'avait pas cassée. Elle détourna le regard, trouvant soudain ses pieds fort intéressants. Quelques secondes s'écoulèrent. Aucun des autres hommes n'étaient intervenus. Peut-être avaient-ils l'habitude de ces excès de colère ? Jenelle vit Hunter se pencher à nouveau vers elle, et lorsqu'il posa ses mains sur les genoux de la jeune femme, elle sursauta. Elle tenta de les dégager mais le brun les enfermait d'une bonne prise.
- Tu sais, reprit-il doucement en entrant à nouveau dans son champ de vision, on pourrait tous se jeter sur toi l'un après l'autre et te faire subir les pires tortures qu'on a imaginé rien que pour toi...
La châtain risqua un regard dans sa direction. Il était tout ce qu'il y avait de plus sérieux. De quoi était-il vraiment capable ? Pensait-il chaque mot qu'il disait ? Mais surtout, jusqu'où irait-il ? Ses pouces commencèrent lentement à caresser les genoux de la jeune femme. Cette dernière sentit son cœur battre plus vite. Elle esquissa un mouvement de fuite mais Hunter la bloqua soudain en empoignant la chaise de chaque côté de la jeune femme.
- Quatre garçons dans un manoir isolé; qu'est-ce que tu t'imaginais, Jenelle ? Lança-t-il plus violemment, et la concernée se sentit partir.
- On devrait abréger.
Tout les regards se tournèrent vers Dylan qui venait de prendre la parole.
- C'est vrai. Pourquoi faire tout ça ?
- Tu étais d'accord avec ça, Dylan. Intervint Louis. C'est beaucoup plus drôle. Puis, la voir résister lui donne un côté affreusement mignon.
Dylan esquissa une grimace.
- Tu me dégoûtes, Louis.
- On s'en tient au plan. Reprit Hunter avant de reporter son attention sur elle. Jenelle. Avec tout ce que tu as vu dans ce manoir, serais-tu en mesure de nous dire qui l'a tué ?
- C'est impossible que vous ayez tout ça... Dit-elle alors que ses yeux s'embrumaient. On a jamais retrouvé le corps.
- Alors ça ne veut dire qu'une chose, tu ne crois pas ?
Le calme dont faisait à présent preuve Hunter était désarmant. Jenelle s'enfonça davantage dans le dossier de la chaise, priant pour y disparaître.
- Est-ce que c'est vous qui... ? Comment avez-vous fait ?
Hunter la regarda d'une manière encore plus intense. Se seraient-ils donnés tout ce mal uniquement pour qu'elle sache ? Pourquoi ?
- Tu n'as rien à nous dire, Jenelle ?
La bouche de la jeune femme se referma. Tout les regards étaient braqués sur elle. Peut-être... peut-être qu'elle avait une idée de la raison pour laquelle elle se trouvait là. Au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient dans lesquelles elle restait muette,elle sentit les yeux de Hunter devenir de plus en plus perçants. Sa prise sur la chaise s'intensifia et elle put presque sentir la chaise trembler légèrement sous sa rage.
- Arrête. Intervint alors James. Je pense que ça suffit pour aujourd'hui.
Le ton de James venait-il d'être compatissant ? Dylan détourna le regard alors que Louis secouait légèrement la tête de gauche à droite. Hunter la fixa encore un instant puis se redressa d'un coup.
- Ramène-la dans sa chambre.
Sans plus attendre, Dylan se dirigea vers elle. Il la saisit par le bras et la tira à sa suite sans ménagement. Jenelle tituba légèrement au début, mais le suivit sans un mot.
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