Partie 1
Imagination
Je distingue toujours la remarquable différence entre ma chambre chez mes parents et ma chambre actuelle dans un hôpital psychiatrique. Certes, elles sont aussi froides et solitaires l'une que l'autre. Mais ma chambre c'était tout mon monde et c'est assez difficile de trouver ses repaires dans un nouvel environnement pour reconstruire une autre dimension. Ma chambre était isolée, elle se trouvait au fin fond du couloir du dernier étage, elle était assez spacieuse pour moi, mon bureau, mon armoire et mon lit. Les murs étaient recouverts d'une peinture violette. Il n'y avait pas de posters ou des cadres sur les murs, je n'étais pas fan de la vie réelle. Je me suis toujours retrouvée perdu à admirer le mur, je le trouve bien plus intéressant en étant vierge que recouvert de bouts de papiers où l'on remarque les saloperies de la réalité et l'actuel.
Je m'enveloppe dans ma couverture me transformant en boule emballée sur mon dur lit, songeant à tel point mon ancien lit me manque, essayant vainement de réchauffer mon cœur plutôt que mon corps. Quelques fois, l'idée de torturer ce corps maudit, pour soi-disant le punir d'être fait comme ceci, occupe vaguement mon esprit. Habituellement, j'hésite avant d'abandonner la solution la plus obscure que j'avais eue. Je me suis dit alors que le seul moyen de survivre à ma condition était de m'accepter et de considérer ce don comme bénédiction. C'est un don après tout et d'après mes connaissances, les dotés ça ne court pas les rues.
À vrai dire, j'ai eu conscience de mon don depuis toujours. À part ma personne, tout le monde ignore ce secret extraordinaire que je n'ai confié à quiconque. Mes parents qui m'ont eux-même marqué comme folle et malade mental en besoin des soins plus spéciaux comme me faire interner dans un hôpital psychiatrique sans jamais penser à rendre visite à leur fille unique mentalement déséquilibrée. Malgré cela, je ne leur en veux pas, ils n'avait pas eu tort en prenant cette décision. Je les ai beaucoup fatigué, l'énergie perdue en essayant de me changer était inutile, corriger mon anomalie est le synonyme de se réduire à l'impossible.
J'ai appelé mon don « Imagination ». je le définis comme un psychique insolite qui reproduit tout ce qui se déroule dans ta tête devant tes yeux. Il est devenu au fil du temps un sujet délicat pour ma frêle âme. Cela me fascinait au début au point de me rendre fière que parfois je me moquait de moi-même. Je pensais aider les autres avec ce pouvoir et j'ai vite compris que ce don pouvait clairement aider que de complètement détruire. Cette découverte fut un mois plus tôt. Cette histoire a commencé le jour où mes parents sont entrés en fracas dans ma chambre pile au moment où j'ai fermé mon livre d'un coup sec afin de faire disparaître tous mes personnages illusoires. J'étais installée sur une valise que j'avais chargé de vêtements et de bouquins et d'autres futilités dont j'aurai besoin. J'avais même essayé de me coiffer les cheveux pour quitter dignement le foyer de mes parents. Ces derniers n'ont pas su cacher leur surprise en scrutant ma position et ma chambre qui, pour la première fois depuis longtemps, était bien rangée et parfaitement nettoyée. Ils croyaient me faire la bonne surprise de m'emmener là où il ne fallait pas, mais comme d'habitude, j'ai été capable de discerner leur petit jeu aussi facilement qu'ils ne le sauront jamais. J'analysai ma mère un bon moment avant de lui afficher un grand sourire sincère. Non seulement ils tournaient la page où ma photo est collée, ils changeaient carrément de livre, celui d'une autre vie, de leur famille sous une autre image. Je l'ai vu, nul besoin de le nier ou de ne pas y croire. Ma mère était bel et bien enceinte, elle l'ignorait, parce que eux, ils n'ont pas de don pour le savoir aussi vite que moi.
Mon père mit ma lourde valise dans le coffre de la voiture et me rejoignit avec ma mère à l'intérieur du véhicule. J'étais déjà perdue dans mes vastes pensées alors que les parents essayaient de justifier leur choix prétendants qu'ils voulaient seulement m'aider et que je n'ai pas saisi les chances qu'ils m'ont offert pour me rattraper et changer. Sauf que je n'étais guère intéressée par ces bavardages insensés. Comme s' ils allaient être jugés et que je devais être leur témoin. C'était le dernier jour que je voyais mes parents, ils m'ont laissée filer si facilement que ça me donne l'envie de couper le moindre lien avec eux. Ils ne reviendront jamais après avoir terminé de signer tous les papiers à l'accueil de l'hôpital. Ils me tournèrent le dos tel un dernier signe d'adieu éternel.
Je me souviens encore quand je me suis installée sur mon nouveau lit avec mon livre en main. Je ne voulais pas visualiser le troisième tome de « The mortal Instruments » dès le premier jour. J'attendais patiemment l'arrivée du gentil psychologue et directeur de cet établissement en évitant aussi bien que je le pouvais de m'évader dans mon imagination. Le docteur Mathieu Jones pénétra la pièce calmement marquant un grand sourire, alors que je comptais le nombre de questions qu'ils allait me poser et à auxquelles je n'oserai répondre. Avant même d'ouvrir la bouche pour parler, je savais déjà ce que lui ignorait peut-être. Il était divorcé et avait un fils du même âge que moi, 16 ans, il avait eu une fille mais elle était morte en buvant accidentellement de l'eau de javel, elle n'avait que 5 ans. C'est à cause de cette tragédie qu'il a décidé de faire du travail son allié, ce qui n'a guère arrangé son épouse. Son fils était très difficile à gérer, il était en pleine phase de rébellion. À ce moment là, j'avais tous de suite conclu que ce médecin avait plus besoin de soin que moi. Il partit puis revint après une heure pour me proposer d'aller me faire des amis, je me suis bien retenu de rigoler.
-Pourquoi tu ne parles pas Alice ? A-t-il demandé.
Je l'avais regardé droit dans les yeux en fermant mon livre, il soutint mon regard comme s'il lisait la réponse dans ce dernier. Je lui fis un sourire aussi vide que mes yeux qui le laissa absurde. Il avait attendu de bonnes minutes avant de soupirer fatigué et de quitter la pièce. Me faire des amis est bien la dernière chose que je souhaite, et lui parler est un sujet que lui seule considère un souci, après tous, si la parole était d'argent, le silence serait d'or. Le docteur Jones avait fait venir son fils ce jour là, il espérait le soigner. Il croyait que l'avoir sous l'œil permettrait de supprimer ses colères incontrôlables, ou se débarrasser de tous symptômes de folie hantant son fils. Comme s'il essayait de se convaincre de la stabilité de son état psychique. Quant au garçon, parfois il tentait de se heurter la tête contre le mur violemment, essayant vainement d'anéantir ce quelque chose qui détruit sa vie, ce quelque chose que tout le monde ignore et que moi j'ai pu deviner.
Le directeur revint encore une fois coupant ma calme lecture où je me suis encore oubliée heureusement que je me souvenais de mon prénom. Il m'invita à déjeuner, si je peux considérer ceci comme une invitation, puisque il m'a seulement guidé vers la salle à manger (une minuscule cantine) et m'a montré la manière dont je pouvais m'y prendre. Je me suis dirigée vers le monsieur inconnu qui servait le repas avec un plateau à main, et pendant que j'attendais mon tour, j'ai songé à l'histoire que j'ai dû arrêter de lire avant de me retrouver ici. Je me suis vite réveillée à terre tachetée de purée de pomme de terre ne sachant plus ce qui m'est arrivé. La vérité c'est que je me suis perdu dans mes pensées et j'ai pris le plateau dans les mains sans m'en rendre compte avant de finir contre le mur. Je suis restée allongée, plusieurs infirmières et médecins se sont regroupées autour de moi suivies de quelques malades ayant un petit brin de conscience pour la curiosité.
Une main s'élança vers moi, une main meurtrie par les marques et les cicatrices, tremblantes. Je pouvais ressentir une antipathie lassée, épuisé, accepter cette main qui m'incite à me relever est une désagréable clé pour ouvrir une nouvelle porte du passé. Le genre de passé interdit où il m'est défendu d'y pénétrer. Mais mon don en a toujours décidé autrement, faisant exactement ce qu'il n'était pas sensé faire. J'ai attrapé la main glacée par les blessures dont le sang est plus gelé que la peau, il continue à courir dans les veines amochées portant infructueusement la douleur plus loin de mon contact, évitant de relever ma tête pour fuir la porte de ses yeux, mon don n'aura droit qu'à une seule entrée, n'oublions pas que j'étais seule qui endurait les conséquences.
Une lumière traînant avec elle des centaines de souvenirs m'emprisonna dans le monde de Stevenson Jones. Je ne sais pas si j'aurai du me réjouir ou me peiner ce jour là, j'ignorais si le savoir aussi spécial que moi pourrait me remonter le moral. En effet, il était doté, il n'avait pas ce que j'appelais « Imagination », et j'ai pensé que la vie lui a déjà épargné un fardeau, car son don à lui n'est qu'une minuscule partie du mien, il avait la possibilité d'apercevoir l'aura des gens et d'exercer ce qu'on qualifie « d'empathie », j'ai admiré les nombreuses images qui défilaient, quand ce pouvoir s'est développé, quand il n'a pas su le contrôler et qu'il a commencé à perdre la raison, quand ses parents n'ont cessé de se disputer à cause de son avenir, sauf qu'une voix me ramena vers l'hôpital ma nouvelle maison.
-Alice, tu m'entends ? Allô, répond-moi.
Je ne répondis pas, mais j'ai souris en me relevant sur les pieds prouvant que tout allait bien, le garçon m'avait fixé assez longtemps, il se demandait ce que c'était mon problème, il l'a bien remarqué, je ne suis pas ordinaire, il ne voyait pas mon aura, il n'avait pu prendre la place de mon âme et devenir propriétaire de mon corps. Je sentais mon sang courir dans mes veines à la vitesse de l'éclair, il s' enflammait, mon don voulait à tous prix se présenter, je me retenais comme je pouvais, il ne devait pas sortir ni se libérer, j'ai toute ma vie su le maîtriser, il m'obéissant et parfois, il se rebellait, et j'ai fais de ma chambre le seule espace de sa liberté, cet endroit où je ne laisse la place qu'à mon don pour s' exprimer.
-Alice au pays des merveilles. Avait murmuré Steve.
Le docteur Jones m'avait traîné jusqu'à la table où se trouvait son fils dont la solitude est son unique ami. Il me présenta, et je demeurais muette comme lui il demeurait froid et distant, à peine installé, il planta son regard sur moi, de ses yeux entourées de noirceur violette il essayait de me décoder, mais il pouvait le faire toute la nuit, il n'y arriverait pas, et il n'y arrivera jamais, mais son comportement m'étonnait, il s' est toujours détesté à cause de son pouvoir et il se demandait pourquoi cela ne fonctionnait pas sur moi ? J'avais rapidement compris ce qu'il tentait de faire, tester les limites de son pouvoir, et je me suis tous de suite dit : « n'est-ce pas une lueur d'espoir pour s' aventurer à le contrôler ? »
-Alors Alice, qu'est qui cloche chez-toi pour finir ici.
Je ne répondis pas, mais il devina aussitôt qu'il a remarqué mon silence.
- Tu es... Alice... Je me suis contenté d'un faible sourire.
J'avais pensé à son père, comment il se battait pour la survie de son fils, comment il se tuait pour qu'il ne lui arrive malheur, ensuite j'ai focalisé mes pensées sur moi-même. Mes parents m'aiment, ils m'ont toujours aimé, j'ai toujours été leur premier enfant, le plus précieux de tous, sauf que leur amour ne s'est jamais montré celui que n'importe quel humain pouvait espéré de la part de ses parents, cependant, je ne suis pas un être humain ordinaire, ils ont simplement été lâches, c'est un mensonge si on vous dit qu'ils ont combattu toute leur vie pour moi, en prétendant me rendre la raison, c'est eux qui en manquaient, aveuglés par les vaines recherches de la perfection, bien que cette dernière n'existe pas et jamais nous pourrons l'atteindre car malgré tout, nous resterons des êtres humains.
En réalité, nous sommes tous des fous, certains recherchent la perfection, et d'autres ils s'éloignent d'elle, nous vivons dans un monde de folie sauf que personne ne désire l'admettre, quant à moi, ou Steve, nous avons juste un cas rare de folie, une autre réalité pas si différente de celle qui appartient à ceux qui affirment leur sagesse.
Je n'ai quitté Steve des yeux, absorbé par ses actions que j'ai même oublié mon repas, il ne remarqua point mes regards indiscrets, bien occupé à chasser ses démons tel qu'il les voit. Il demeura perdu à fixer son plat pendant un moment avant de s'immobiliser comme une statuette placée sur une chaise, dents durement serrées menaçant de se briser, yeux grandement ouvert à croire qu'ils se préparaient pour quitter leur emplacement, « Ah. Me suis-je dis. Les méfaits de l'empathie ». Et pendant quelques minutes, les doutes commencèrent à peupler ma tête, j'ai même cru qu'il ne respirait plus, mais soudain, il reprit son souffle d'un coup, prit le plat entre les mains en un clin d'œil et le frappa contre son visage plusieurs fois et tellement fort que je remarquai un filet de sang échapper de sa chevelure maltraitée, la nourriture lui couvrait la figure et les vêtements, les médecins et les infirmières y compris son père accoururent vers lui alors qu'il continuait de se cogner la tête contre le plat d'inox, et grâce à un calmant, ils réussirent à le traîner jusqu'à sa chambre, mon émouvoir dura quelques temps, voir « le truc » en direct est bien quelque chose qui pouvait me traumatiser pour les restants de mes jours.
Une infirmière nommée Caroline me rappela que pour vivre, il fallait se nourrir, et en tant que dessert je devais avaler des médicaments que l'on appelle : antidépresseurs ou somnifères ou autre chose dont la signification ne s'accorde pas vraiment avec ce que je désigne du poison, ces petits bouts blancs qui symbolisent un grave dérangement d'esprit mais surtout des toxines pour nous convaincre qu'on manque d'humanité, et leurs noms bizarres servent à nous persuader qu'on a besoin d'd'eux pour faire la paix avec nous-même. C'est souvent au moment quand j'avale ces choses que je tante d'activer mon don, comme si je lui demandais « Allez, debout ! », précipitamment, je le sens parcourir mes veines en course avec les globules rouges de mon sang, il essayent de quitter mon corps mais la seule issue lui semble un minuscule trou dans le mur, je ne permets que le plus peu de lui de s'exprimer et je l'écoute crier de l'autre côté, il crie que tous ceci n'est guère suffisant pour le satisfaire et il redouble de vitesse, de force mais je le retiens incitant cette voix intérieur à lui murmurer que le choix ne m'est pas exposé, alors il me torture et il me blesse jusqu'à se calmer en m'obéissant tel un innocent petit garçon.
Depuis que j'ai obtenu mon ticket de mad, je faisais en sorte que le cachet reste coincé dans mon estomac sans que rien ne lui arrive, et une fois seule, je le fais ressortir de ma bouche comme si on tirait un seau d'eau d'un puit, après je le transforme en poudre à l'aide d'un objet assez dur pour le jeter dans les toilettes, c'est vrai que mon imagination est une vrai bénédiction, mais n'oublions pas que c'est à cause d'elle que je suis anormal.
Je demeurais enfermé dans ma chambre maussade qui me racontait son histoire dans chaque parcelle de froid, souvent, j'écoute sangloter ses murs forts, glacés et invincibles couverts de vulgaires cicatrices et signes incompréhensibles tel une signature du passé, le souvenir de la mélancolie qui ne cessera de s'imposer dans l'air qui nous entoure, l'air qui s'échappe pour nous étouffer afin de débarrasser la société de sa plus grande partie d'ordures, cette partie faible qui ne mérite pas la vie te l'humanité, pourtant, les faibles, les vraies, ne passent pas leurs temps entourés de quatre murs meurtris par le temps, ils sont libre à détruit parfois des gens, à briser des cœurs et à regretter des erreurs.
J'ai toujours pensé que les habitants de cet hôpital sont des battants, la plus terrible des guerres n'est pas celles où meurent des milliers, mais celles où meurent des âmes, car le seul vrai ennemi c'est nous-même, les mads sont forts, comme ces murs qui me récitent les poèmes de leur douleur, la douleur de ceux qui ont fait pleurer la pierre par leur état d'esprit, ceux qui ont gagné et qui ont perdu.
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