En allant là-bas, je m'étais préparée à croiser Adriel et je n'arrivais pas à trouver la meilleure façon de me comporter ou quoi lui dire une fois face à lui. Ce que je n'avais pas envisagé, c'est comment cette soirée allait vraiment se dérouler :

Nous ne sommes plus très loin mais il est déjà tard et juste à entendre le brouhaha, la soirée doit battre son plein.

À quelques mètres de notre destination, une sonnerie de portable retentit, celle de mon frère :
∼ Avance, je te rejoins. C'est maman qui doit déjà s'inquiéter. ∼

J'essaie de me faire la plus discrète possible pendant son appel et ce n'est pas compliqué, tous les regards sont rivés sur lui. Il faut admettre qu'avec son mètre quatre vingt de peau mate et de muscles, le tout mis en valeur par un t-shirt rouge moulant et son pantalon de lin blanc, ses cheveux noirâtres ébouriffés et ses traits de visage enfantins, il a tout de Taylor Lautner.

En m'avançant davantage, une voix parmi toutes les autres détonne. Cette voix si singulière, je la connais que trop bien, celle qui est capable de me procurer des frissons juste en y pensant...
Tout mon corps se dirige vers ce timbre de voix sans même en attendre l'ordre de mon cerveau.
Quand j'arrive à dépasser la foule de fumeurs agglutinés qui squattent toute la rue, je relève enfin la tête.
Il est debout devant moi, plus beau que jamais dans son jean foncé et sa chemise blanche légèrement déboutonnée, manches retroussées.
Ciel, il est encore plus beau que dans les souvenirs auxquels je me suis raccrochée pour m'endormir pendant six jours ! En un instant, ma colère, mes malaises, les non-dits s'envolent et mon esprit vagabonde sur la manière dont j'ai envie de le déshabiller, tel un cadeau que je déballerais...
Libido -> du calme !
Cerveau -> fin du bug, trouve quelque chose à dire !!

∼ Adriel... ∼

Son prénom... voilà tout ce que cet ingrat de cerveau me laisse échapper en un murmure...

∼ Elena. ∼

Je meurs d'envie qu'il me serre dans ses bras mais son intonation est lourde de reproches et la flamme sauvage qui brûle habituellement dans ses yeux a disparu.

∼ Je suis désolée pour cette semaine... Ça n'aurait jamais dû se passer ainsi.. ∼

Avant que je puisse terminer ma phrase, Hayden me rejoint et passe un bras sur mes épaules. En une fraction de secondes, le regard de mon bien-aimé se fait encore plus dur et son visage passe un masque d'indifférence.
L'un et l'autre se jaugent comme s'ils étaient prêts à se sauter dessus et c'est finalement mon frère qui brise l'échange musclé

∼ Alors, qu'est-ce qu'on attend pour entrer ? ∼
∼ Hayden, tu peux m'attendre à l'intérieur ? ∼
∼ Ce n'est pas nécessaire, on m'attend. Je rentre aussi ∼ intervient Adriel

Je tente de le supplier du regard pour qu'il reste mais il se retourne comme si de rien n'était. Même avec la chaleur ambiante, le monde autour de nous, mon frère collé à moi je ne peux m'empêcher d'avoir froid.

∼ Bon... J'imagine que je viens de rencontrer l'origine de la tête que tu tires depuis tout ce temps... ∼ me sort mon frère le plus calmement possible. D'ailleurs, si tu veux mon avis, t'es pas au bout de tes peines, on devrait peut-être aller ailleurs ∼ enchaîne-t-il tandis que nous nous frayons un chemin entre les clients.
Ça ne me prend pas plus de dix secondes pour que j'aperçoive mon beau ténébreux assis l'air de rien mais il me faut une éternité pour que mon esprit daigne accepter dedans l'intrusion d'une blonde au profil sculptural pendue à son bras et gloussant comme une idiote.
Heureusement que la chaise près de moi est libre pour m'effondrer dessus sous le choc. Nos quatre regards sont rivés les uns aux autres, Adriel lui souffle quelque chose qui la fait sourire avant de lui répondre et qu'il sourit à son tour.
Le rejet pur et dur n'étant pas suffisant, il m'accordera aussi l'humiliation...

∼ Ohhhh ma poule, tu es revenue ! Et en plus, tu as nous a ramené de la charmante compagnie ! Qui est ce beau jeune homme ? ∼ s'exclame Becca en me gratifiant d'un sourire charmeur jusqu'à ce qu'elle tombe sur mes yeux embrumés et mon air défait, comprenant immédiatement le pourquoi.

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