Mes mains se posent instinctivement sur mon front, sentant la migraine arriver. Est-ce que je me suis déjà demandée si je n'étais pas qu'une spectatrice de ma vie aujourd'hui ?

∼ Comment Becca a pu accepter une chose pareille et t'y aider... ∼

Cette réflexion, c'est pour moi que je l'ai formulée mais il n'en perd rien. D'une main sous mon menton pour m'obliger à le regarder dans les yeux.

∼ Ca n'a pas été facile de la convaincre mais elle ne souhaite que ta sécurité et elle sait que c'est là que tu y seras le plus. On cherche juste à te protéger, moi le premier. Penses-y, s'il te plaît... Au moins, le temps qu'on règle ce problème avec Sam, après si tu veux vraiment partir, tu n'auras qu'à te servir de l'argent de l'ancien appart, je te laisserai tranquille. ∼

Quoi penser de tout ça ?
Je suis folle de rage de n'avoir pas eu mon mot à dire, cependant je sais qu'il n'a pas tort dans son raisonnement. D'autant que tant que je suis avec lui, je me sens réellement bien, je ne pense pas à Sam et je n'ai plus peur... Je préfère quand même me laisser le temps avant de lui répondre et nous achevons la fin du repas en silence, du moins le peu qu'on en mange.

En voiture, le silence commence à tirer en longueur et devenir lourd.

∼ Adriel, comment je pourrais accepter un truc pareil ? Au fond, je ne te connais même pas, je ne sais rien sur toi... ∼

Non pas que j'aie l'intention de refuser son offre. Je n'ai pas d'autre choix et si je ne le fais pas pour moi, je dois au moins le faire pour Becca qui n'est plus en sécurité maintenant que Sam à son adresse, comme pour Maxine...
Ceci dit, rien ne m'empêche de jouer de la situation pour le faire s'ouvrir et me parler...
Juste retour des choses il me semble.

∼ Si je te promets que chaque jour tant que tu seras dans l'immeuble je réponds à une question personnelle, tu acceptes ma proposition ? ∼
∼ Une ? C'est trop peu... Au moins cinq ! ∼
∼Elena je ne suis pas dupe sur ton stratagème. UNE seule question, non négociable. ∼
∼ Je pourrais refuser de rester, je n'ai pas encore dit oui ! ∼
∼ Tu comptes vraiment m'obliger à te séquestrer ? ∼

Un point pour lui, fin de la discussion.
Il m'a vue venir de loin mais il a quand même accepté un compromis, je ne peux pas dire que je suis perdante...

Son sourire jusqu'aux oreilles m'apprend qu'il sait qu'il a gagné, levant les mains, je capitule ouvertement.

∼ Je peux voir mon... Enfin ton... appartement au premier étage ? ∼
Il presse le bouton d'ascenseur qui y correspond avant de me répondre :

∼ C'est TON appartement ! Et il t'appartiendra aussi longtemps que tu en voudras. Je ne te demanderai jamais de partir ! ∼

Arrivés sur le seuil, il me tend un trousseau avec quatre clés.

∼ Quatre clés ? ∼ je demande interloquée.
∼ L'entrée, la boîte aux lettres et celle-ci, ton appartement. ∼
∼ Et la dernière ? ∼
∼ Celle de chez moi, j'aurais d'ailleurs préféré t'y installer mais je sais que tu as aussi besoin de ton indépendance et en plus ton frère revient prochainement, ainsi il aura un pied à terre∼

Donc, il est aussi au courant pour Hayden... Merci Becca !
L'appartement est splendide... Très "Feng Shui".
Je visite chaque pièce, il y a une note personnelle dans chacune d'entre elles et je ne peux pas nier que je m'y sens déjà chez moi. Tout a été parfaitement pensé, jusqu'à l'approvisionnement des placards. Dans le hall de nuit, il y a même un cadre géant rempli de photos de famille, souvent des souvenirs de voyages et des fêtes. Et mon Dieu, cette salle de bain... La même que la sienne...
Adriel m'observe depuis la cuisine, amusé par mon émerveillement. Quand j'ai enfin fini de faire le tour, il m'explique comment tout s'est déroulé, la participation de chacun, même celle de son AMIE Anya comme il le souligne bien.

Un coup de téléphone met un terme à nos bavardages. Son visage se fait sévère et soucieux

∼ Désolé, une affaire urgente. Je dois prendre l'appel, je reviens juste après si tu veux... ∼

Avant que je n'aie eu le temps de répondre, il est déjà parti. Ne me reste qu'à refaire le tour des lieux et tout regarder de plus près. Avec Adriel sur les talons tout à l'heure, je ne me suis pas éternisée sur les détails, j'en ai le temps maintenant !

Le temps passe, il n'est toujours pas revenu. Quand j'arrive chez lui, il n'y est pas non plus.
Est-ce que j'oserai appeler ?
Après tout, il m'a dit qu'il arrivait, ça n'est pas déplacé de me soucier de mon bienfaiteur.

Ca décroche immédiatement mais un tas de bruit étranges me parviennent, apparemment le téléphone est dans sa poche et a décroché tout seul.

Non mais vous êtes qui ?!?! *Bruit violent* Aïe putain !!
Tu vas la fermer et encaisser comme elle, elle a dû encaisser connard !! *Bruit violent*
Qu'allons-nous faire de toi, abruti ? Qu'es-tu prêt à endurer pour tout le mal que tu lui as fait subir ? *bruit métallique*
Non, pas ça ! Pitié !

Mon sang ne fait qu'un tour, je reconnais la voix de Sam et l'autre... Ce n'est pas Adriel, c'est Nathan !!
Je hurle : arrêtez, pitié, non arrêtez !
Les bruits me parviennent un peu plus nettement. Je devine que Adriel vient d'attraper son téléphone. A force de m'égosiller, un silence de mort s'installe puis c'est le néant. Je scrute l'écran de mon portable.

La communication est interrompue et je me retrouve plantée debout au milieu de chez moi dans un silence où le moindre bruit serait de trop.

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