Dedans, Maxine m'explique un tas de choses sur la vie d'Elena.
J'arrive rapidement au passage le plus long, trois pages exactement, sur sa dernière relation. Chaque mot que je lis fait monter ma colère d'un cran !
Je ne connais pas un seul roman qui infligerait autant de malheurs à ses personnages fictifs alors que elle, elle a vécu tout ça pour de vrai. Harcèlement, violences en tout genre, tromperies, humiliations, elle a survécu à tellement de choses... Tu m'étonnes qu'elle a carrément changé de pays !
Cet enfoiré l'a bousillée de toutes les façons possibles !
Le dernier paragraphe m'est dédié et me fait l'effet d'une douche froide.
Elle estime que pour le bien de notre "amie" commune je devrais la laisser, bla bla bla. Qu'après en avoir lu autant sur Elena, je peux comprendre que je suis quelqu'un de toxique pour elle etc...

Pauvre idiote, si elle savait à quel point le bonheur de son amie m'importe, elle saurait que c'est plutôt Elena qui a le monopole de ma santé mentale !
J'archive précieusement l'émail et attends plus que jamais le moment où je pourrai revoir Elena.

Les minutes semblent des heures sur ce quai bondé de monde. Bon Dieu, il faut que je trouve un endroit d'où je suis certain de ne pas la rater, réfléchis Adriel...
La station de taxis !
Elle ne sait pas que je viens la chercher donc elle va certainement chercher à en prendre un !
Dans le mille, dix minutes plus tard je la vois arriver !
Je reste dans l'encadrement des portes de hall, peut être ressentira-t-elle ma présence ?
Ou mon regard peser sur elle ?
Rien, elle est totalement absorbée dans une conversation avec un mec.
À mesure qu'ils s'approchent j'écarte l'idée d'un simple échange entre voyageurs, ils sont vraiment très proches. Leurs éclats de rire commencent à me parvenir, ceux-là même que nous partagions ensemble il y a une semaine.
Elle a tourné la page...
Elle m'a zappé comme une grosse merde que je suis à m'être laissé aller avec elle, à accepter de lâcher prise, d'avoir osé espérer.
Je les observe à regrets quelques minutes avant de repartir plus abattu encore que ces six derniers jours.

De retour chez moi, je n'allume même pas la télé, je me dirige dans la cuisine et me sers un bon verre. Le liquide ambré me brûle de l'intérieur mais la morsure de l'alcool est bien faible comparé au reste.
En faisant tournoyer la dernière gorgée dans le verre, je me demande à quand remonte le dernier où j'ai bu ?
Le jour où je l'ai rencontrée...
J'avais la tête à l'envers encore une fois mais depuis ce soir-là, je n'ai plus ressenti le besoin de boire pour oublier, en vérité j'avais carrément peur d'oublier le moindre détail de ce tumulte de sentiments en moi.
J'arpente l'appartement, remettant tous mes choix la concernant en question. Mon verre ne désemplit pas, pourtant ma vue est de plus en plus trouble, tout me semble vague. La seule idée qu'il existe une connexion entre elle et moi qui nous lie irrévocablement me semble claire ou peut être suis je le seul à être lié à elle ?
Cette éventualité me fait mal, une douleur atroce mentale et physique.

Qu'est ce que je fous par terre ?
Brève prise de conscience de ce qui se passe, on dirait que j'ai défoncé la moitié de mon appartement et je suis gisant à terre, incapable de me relever. Elle n'est peut être pas l'unique responsable des douleurs que j'éprouve finalement... Voire même d'aucune, qui sait ?
Je reste où je suis et ferme les yeux.
Plus rien ne compte...

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