Un cadre parfait.





Il est là, assis au creux de notre arbre, ce chêne où nous nous sommes rencontrés, un jour, seule à seul, par hasard. Il est en train d'accorder sa guitare, un vrai badboy, dur à l'extérieur mais abîmé à l'intérieur. Le cadre est magnifique, digne des plus grands films romantiques, une journée de printemps, la nature est réveillée, des papillons volent, le seul bruit est celui du ruisseau et pour finir, un grand soleil. Mon cœur bat à la chamade au fur et à mesure que mes pieds avancent, mes mains commencent à trembler tellement je suis stressée mais il faut que je lui dise aujourd'hui. Sans faire de bruit, je me cache derrière le tronc de manière à ce qu'il ne me remarque pas. Ridicule n'est-ce pas ? et pourtant, c'est plus fort que moi. J'inspire et expire lentement pour tenter de retrouver un minimum de contenance. Il entame alors une musique qu'il fredonne sous les accords de sa guitare et je suis une fois de plus stupéfaite par son talent. La première fois que nous nous sommes rencontrés j'ai tout de suite pu constater une certaine fragilité chez ce garçon, il la cachait dans ses yeux et son attitude, il fallait vraiment faire attention pour la voir. Léo est quelqu'un de mystérieux et pour le cerner un minimum il faut faire attention aux détails. Lorsque les derniers accords s'envolent je ne peux m'empêcher d'applaudir et de sortir de ma cachette.

- Oh tient, salut Sophia, je ne savais pas que tu m'écoutais, dit-il en se grattant la nuque.

- Je ne voulais pas te déranger, tu avais l'air si concentré... répondis-je en baissant la tête vers le sol.

Il s'approche de moi et je me recule, si je le laisse avancer je ne pourrai plus parler.

- Ça va ? me questionne-t-il.

- Oui, oui, il faut juste que je te parle.

Je relève légèrement la tête et je vois son visage se fermer tandis qu'il acquiesce. Il m'invite à m'asseoir et nous nous retrouvons face à face, sous l'ombre de notre arbre.

- Bon, par où commencer ... dis-je en tripotant mes doigts.

- Par le début ? me propose Léo avec son éternel sourire espiègle.

- Alors voilà, depuis quelques temps, je réfléchis à beaucoup de chose dont une, toi. Je ne sais pas ce que tu m'as fait mais je ne pense qu'à toi, tu es tout le temps dans mes pensées, quand tu es près de moi mon cœur s'accélère, je rougis, je tremble mais je n'ai pas les fameux papillons dans le ventre. Peut-on dire que je ressens quelque chose d'autre que de l'amitié pour toi ? je pense que oui et pourtant j'ai peur, peur de ce que je ressens mais ça me fait du bien, j'ai l'impression de revivre. Aujourd'hui je suis prête à tourner la page, à commencer un nouveau chapitre où Julian n'aura pas sa place. Dis-je sans prendre le temps de respirer.

Je garde les yeux baissés sans oser les lever pour le regarder. Au bout de quelques secondes ou minutes, il finit par se racler la gorge :

- C'est vrai que la première fois que je t'ai vu, j'ai senti quelque chose qui ressemblait à une attraction, comme si au fond de moi je savais que tu m'attirais mais que je ne voulais pas l'admettre. Sans que tu le veuilles, tu m'as charmé, ton toi naturel m'a charmé, ta beauté, ton caractère, ta franchise, tout chez toi m'a charmé. Il se racle la gorge et se gratte la nuque comme si ce qu'il allait me dire le mettait mal à l'aise, et puis, je n'aime pas être loin de toi, te voir avec d'autres garçon comme Enzo, ça me rend fou, surtout que vous avez l'air tellement complices tous les deux !

Son aveu me fait sourire, alors comme ça il est jaloux... j'aime bien ce côté de lui, celui ou il ne joue pas au plus fort, je préfère celui-là, quand il laisse parler son cœur. Je le regarde droit dans les yeux pendant qu'il s'avance lentement vers moi, cette fois je le laisse faire, même quand il prend mon visage en coupe.

- On ne peut peut-être pas encore parler de véritables sentiments mais je pense qu'on peut les développer avec un petit coup de pouce, me dit-il avec un sourire charmeur.

Ses yeux fiévreux descendent vers mes lèvres avant de remonter vers mes yeux puis, ils redescendent et cela deux ou trois fois pendant lesquelles je continue de fixer son visage angélique. Enfin, ses lèvres s'approchent des miennes avant de les frôler dans une lenteur calculée et, ne pouvant pas attendre plus longtemps je scelle nos lèvres pendant qu'un sourire se dessine sur son visage. Malheureusement pour moi, lorsqu'il remonte ses mains pour me maintenir contre lui, il touche la croûte qui s'est formé sur mon crâne à cause de Sandra. Alors, il se recule, rompant notre baiser.

- Tu t'es fait quoi ?

Je pars tâter mon crâne comme si de rien n'était avant de dire d'un ton léger :

- Oh, ça, ce n'est rien, juste une preuve de ma maladresse, j'ai glissé chez moi alors que j'avais un verre dans ma main et un des morceaux s'est logé dans mon crâne.

Il parait sceptique et croise les bras.

- Tu es tombé sur le dos ?

- Oui.

- Alors d'où vient l'énorme bleu que tu as sur les côtes ?

Oups, pourquoi ai-je mis un croq'top ?! il a dû le voir quand j'ai levé mon bras et donc relevé mon haut par la même occasion...

- Pas de mensonge s'il te plaît, même si ça fait mal, la vérité doit toujours être dites.

J'hoche la tête, il a raison mais je vais avoir des problèmes si je lui dis... mais au moins je serai libérée.

- Si je te dis la vérité tu ne dois pas t'énerver, dis-je en mordant ma lèvre.

Il opine et je souffle avant de reprendre :

- Mon père s'est remarié à une sorcière qui nous déteste, mon frère et moi, elle s'amuse à passer ses nerfs sur nous et seulement sur moi depuis que mon frère et parti. Un de ses passe-temps est frapper, la croûte sur mon crâne c'est quand elle m'a explosé une bouteille car je n'avais pas fait la cuisine et l'hématome c'est quand je suis arrivée cinq minutes en retard à cause du bus.

Pendant mon petit discours j'ai rebaissé les yeux par peur de lire du jugement sur le visage de Léo et je n'ai même pas remarqué que j'ai pleuré. Je ne l'ai su que quand il a essuyé mes larmes à l'aide de ses pouces. Il m'attire contre lui et me prend dans ses bras avant de me bercer.

- Tu aurais dû m'en parler. Maintenant, je suis là et je ne vais pas te lâcher, tu peux compter sur moi.

Pour une fois, je décide de faire confiance et je me laisse aller dans ses bras. Je crois que j'ai trouvé une personne qui va me combler pendant pas mal de temps et cette idée ne m'effraie pas tant que ça.


par enferetparadis

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