Ne te retourne pas.
- Mais regardez qui voilà ! Ne serait-ce pas notre cher Dylan?
Je me retourne pour me retrouver face à la personne qui m'a interpellé. Je croise alors des prunelles démesurément intenses, une silhouette voluptueuse et une magnifique femme, juste là, plantée devant moi.
Fatouma me fixe d'un air badin, tapant sur sa cuisse d'une main et tenant un gros paquet de pop-corn dans l'autre.
- Chuuut, ici, appelle moi Monsieur l'Inspecteur - je mets mon doigt sur ma bouche dans un mouvement exagéré, mon identité doit rester secrète!
- Ho... Mais que se passe-t-il, Monsieur l'Inspecteur?
Je dois m'empêcher de rire face au sérieux plaqué sur son visage, ses sourcils froncés et sa bouche tordue par un rictus inquiet.
- Je suis en mission... - je chuchote en zieutant rapidement autour de moi, un criminel vraiment dangereux, genre, super dangereux, s'est enfui, et je dois le retrouver avant que quelque chose de grave n'arrive !
Je la regarde en jetant des coups d'œil discrets à ma gauche et à ma droite avant de reporter mon regard sur elle.
- C'est intéressant tout ça, Insp...
- Monsieur ! Monsieur, c'est à vous !
Je me retourne en sursautant avant de dévisager la caissière qui m'observe avec un brin d'amusement. Je soupire en relâchant mes épaules et fusille du regard la femme en uniforme.
- Je ne vous remercie pas, c'est super virile de s'effrayer quand quelqu'un nous appelle...
Je grogne et la vendeuse s'esclaffe devant moi en scannant mes bonbons. Je prends rapidement le gros paquet de maïs soufflé des mains de Fatouma avant de le poser sur le tapis.
- Mais qu'est ce que tu...
- T'inquiètes, avec ma paye, je peux me le permettre !
Je mime un agent montrant son insigne et tape fièrement sur mon torse, sous le doux rire de ma dulcinée.
*
J'examine le petit ticket devant moi et relis pour la seconde fois le titre du film, "Sans toi, jamais plus" en même temps que je guigne Fatouma.
Elle est magnifique dans cet ensemble chemisier-pantalon patte d'éléphant a motif fleural. Ce bas met en valeur ses courbes généreuses et le haut fait ressortir ses yeux dénués de maquillage.
Je souris face à cette Beauté qui a eu l'audace de me traîner ici. Elle a dû lire dans mes pensées ou simplement voir ma liste des choses à faire avant de mourir pour avoir eu l'idée de m'inviter au cinéma pour la Saint Valentin. Avec elle.
- C'était mignon tout à l'heure quand tu t'es fait surprendre, on aurait dis un chaton quand t'as sauté au plafond.
Elle ricane tandis que je la lorgne en me voulant menaçant. Je me lève pour me diriger vers la salle ouverte à l'instant par le vigile, Fatouma sur mes pas.
- Tu es vexé?
Je me retourne pour lui faire face, avant de dire avec hargne :
- Miaou !
*
- Minute papillon.
Ma Vénus des temps modernes saisit ses victuailles, se lève de son siège et quitte sa place pour se mettre à ma droite.
Je lui lance un regard empli de question, et Fatouma joue rapidement des sourcils avant de prendre la parole :
- Quoi ? C'est un rencard non ?
- Ouais, je sais...
Rien que de l'entendre dire ça, mon cœur bat plus fort que ne le feront jamais les basses du cinéma.
- Alors pourquoi tu me fixes comme ça? J'ai fais quelque chose de mal?
- Non, du tout, j'ai juste trouvé ça... étrange que tu te mettes à une place pour changer après.
- Ho ça! Je viens juste d'y penser mais, - elle prend une grosse poignée de pop-corn et l'avale goulument -, je mange de la main droite, donc ça n'aurait pas été évident pour te prendre la main.
Elle agite son poignet gauche devant moi avec de le reposer sur le siège, près de mon bras.
- Intéressant, tu es bien organisée à ce que je vois...
- Mieux que tu ne le penses, dit-elle en me faisait un clin d'œil.
Mes lèvres s'étirent et un sourire appuis mes fossettes. Lorsqu'elle m'a invité à sortir avec elle, j'ai cru que j'allais perdre le contrôle de moi-même et faire tellement de gaffe que cette sortie au cinéma aurait été elle-même une comédie, mais contre toutes attentes, mon côté godiche s'en est allé.
Je me sens sûr de moi. Et c'est la première fois que cela m'arrive, parce que je vois, je vois que je lui plait vraiment. C'est indubitable.
Je ne peux empêcher mes joues de rosir, mon cœur de battre la chamade, tout comme je ne peux m'empêcher de faire courir mes doigts sur l'accoudoir du siège pour les enrouler délicatement à ceux de Fatouma.
Il ne lui faut pas une seconde pour qu'elle se mette à me contempler. Ses lèvres brillent dans l'obscurité de la salle et ses yeux scintillent de malice.
- Je me sens si bien avec toi...
J'ai parlé sans réfléchir, car je n'en ai pas besoin. J'ai la tête vide de mes maladresses mais je suis hanté à la pensé de nos bouches liées.
- C'est plutôt une bonne chose, surtout si notre futur doit se faire à deux...
Ho Fatouma, je sais que tu ne parles pas de mariage ou de bébé, mais juste insinuer de s'aimer me fait exulter au delà des limites de la réalité.
*
- Ça t'a plu ?
- Le film était à chier, clairement. Cette fille m'a tellement saoulé, ces choix étaient nuls... Il ne peut pas y avoir pire ! Mais j'ai adoré ! J'ai adoré ce film merdique qu'on a critiqué et dont on s'est bien moqué.
Elle me contemple d'un air penaud et ses lippes s'étirent avec douceur. Peut-être même avec autant de douceur que ce qu'elles goûtent.
- Je te l'ai dis, j'ai tout organisé et planifié, même si le chemin de A à B n'est pas le même que celui que j'ai imaginé.
Elle me lance un regard voilé de sous-entendus, avant de le porter sur son téléphone.
- Il est cinq heures passés, je dois y aller, je suis à pied et la nuit va tomber.
- D'accord, moi aussi je dois te laisser - je m'approche d'elle et fait de même avec mon visage -, je dois finir ma mission, tu sais, celle dont une créature sublime à réussi à me détourner.
- Ho oui, je me rappelle très bien, file, avant que ce vilain n'attaque quelqu'un.
Elle murmure, et je crois devenir fou.
- Ho, puis flûte, le mal est sûrement déjà fait...
Je ne résiste plus et m'approche pour l'embrasser. Ses lèvres sur les miennes sont l'une des plus belles choses qui me soit arrivée. Du moins, c'est ce que je pense, jusqu'à ce qu'elle me colle à elle et m'entoure de ses bras.
Non, l'une des plus belles choses qui me soit arrivée, c'est elle. C'est Fatouma toute entière, une merveille du monde.
Je caresse doucement sa joue et elle ne peut réprimander un frisson lorsque je passe mon bras derrière ses reins. Sa langue caresse doucement la mienne et un soupire m'échappe. Sa main se perd dans mes cheveux, et pourtant, elle n'a jamais été mieux guidée qu'à ce moment là.
Je pourrai mourir dans ses bras, mais je me détache d'elle pour reprendre ma respiration. Elle m'a coupé le souffle à tellement de reprise, mais j'ai succombé dès la première fois.
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