Partie 2 : Alice

Cela fait maintenant deux semaines que Peter Pan est entre les mains de la reine, suite à mon intervention. Il n'a pas été très ravi de se retrouver entre quatre murs, étant depuis longtemps habitué à flâner dans les rues de Londres.

Le fait de lui avoir soutiré sa « potion » d'immortalité, fabriquée par sa complice Clochette et de lui avoir redonné, en quelque sorte, forme humaine avec son ombre, cela l'a un peu calmé. Cela dit, un criminel reste toujours plus ou moins le même. Est-ce qu'il changera ? Rien n'est moins sûr.

J'ai eu un peu de temps pour moi depuis ce jour-là, je peux donc à loisir me reposer avant qu'on me propose une nouvelle mission.

Mais c'était trop beau pour que cela dure. Ce matin, j'ai eu un nouvel appel de la Reine. Une nouvelle mission m'attend et pas des moindres : Alice, que j'ai attrapée il y a de cela trois mois, a réussi à s'évader de la prison souterraine placée dans les sous-bassement du domaine d'Élisabeth II.

Une prison secrète, où les gardes surveillent non-stop et dont personne, en dehors des employés cette dernière, ne doit en connaître l'existence.

Ce travail devient vraiment difficile, à long terme. Je suis sans cesse sollicitée, mais d'un autre côté j'adore mon boulot car je me sens importante et je sais que je sauve les habitants de ce pays, malgré eux.

Je dois donc une nouvelle fois partir à la recherche de cette fameuse Alice, un peu siphonnée de la tête. Elle est a elle seule un remake du film Requiem for a dream mélangée à du Harley Quinn. Autant dire qu'elle n'est pas très commode, ni même saine d'esprit.

Cette fois, je ne compte pas demander de l'aide à mes frères, Jean et Michel. Les mettre en danger comme cela a été le cas avec Peter Pan, m'a amplement suffi. Le risque est beaucoup trop présent. Je ne veux pas les perdre, cela me déchirerait le cœur. Ils sont tout ce que j'ai de plus chère, ils n'ont que moi et je n'ai qu'eux.

***

La traque est officiellement ouverte.

Deux jours se sont écoulés depuis le début de ma mission, et j'ai réussi à remonter la trace d'Alice et de ses acolytes.

Elle se cacherait, selon mes recherches, dans le nord d'Oxford, à Godstow précisément. Je ne sais pas pourquoi cet endroit, mais quelque chose me dit que ce n'est pas du pur hasard et que cela à un lien avec la famille Lidell.

De Londres à Oxford, je prends le train, puis ensuite une petite embarcation fluviale glissant sur la Tamise afin de m'emmener dans cette fameuse ville, perdue au milieu de nulle part, où la végétation est omniprésente.

Je sens que cette mission va être compliquée, mais il ne faut en aucun cas que je baisse les bras. Ma faiblesse est ce qui peut me perdre et je ne compte pas laisser passer Alice entre mes doigts. Cela pourrait me causer beaucoup plus de soucis que je ne le pense, car la Reine me fait confiance et si j'échoue, je risque ma place parmi ses traqueurs les plus expérimentés.

Sur la route vers Godstow, je relis attentivement le dossier d'Alice et de sa fascination à nous parler incessamment de son pays des merveilles. Cette fille est vraiment tombée bien bas, comme le dit si bien l'expression ici en Angleterre, elle est complètement tombée dans le terrier du lapin.

Les substances qu'elle se procure et qu'elle ingurgite comme on peut boire un verre d'eau, lui retournent le cerveau comme jamais une drogue pourrait le faire. Encore aujourd'hui, les chercheurs proches du palais ne savent toujours pas d'où peuvent bien provenir ces drogues dures.

Je n'ose pas imaginer ce qui m'attend là-bas, si jamais elle s'y trouve. L'angoisse monte dans ma poitrine, mon cœur bat à tout rompre envahit par l'adrénaline et la hantise.

***

Les pieds enfin sur le sol de Godstow, je suis surprise de l'endroit. Je savais bien qu'il n'y avait pas beaucoup d'habitation là où j'ai demandé à être déposée, mais je ne pensais pas que c'était aussi vide, hormis les ruines d'une ancienne abbaye.

Ce serait donc là que se cache Alice ?

Je me demande bien où, car il n'y a absolument rien pour pouvoir échapper à l'œil de quelqu'un.

J'arpente le vaste étendu d'herbe et finis par entrer dans cette abbaye, où il ne reste que les murs extérieurs.

À l'intérieur, il n'y a rien de plus. Juste de l'herbe, encore.

– Qu'est-ce que je peux bien faire dans cet endroit paumé ? je soupire, déçue de mes mauvaises recherches.

Prête à faire demi-tour, j'entends non loin de moi des petits rires espiègles. Je devine aisément que c'est un enfant et précisément une petite fille.

L'aurais-je enfin trouvé ?

***

Elle a beaucoup changé en trois mois, la dernière fois que je l'ai vu elle était tout de noir vêtu, elle avait la peau terne, les yeux cernés ainsi qu'une taille beaucoup trop fine pour penser qu'elle était en bonne santé.

Aujourd'hui, elle a retrouvé son teint de porcelaine, ses yeux bleues sont plus qu'étincelants et elle porte sublimement bien sa robe d'un bleu virant entre le bleu de France et un bleu pervenche.

Alice semble aussi surprise que moi de me voir.

Wendy, je me dis au fond de moi, ne te dérobe pas. Tu as réussi à tenir tête à Pan, Alice n'est qu'une broutille à côté.

Je me racle la gorge et me lance :

– Alice Pleasance Liddell, vous vous êtes échappée de la prison de la Reine. Ayant précédemment commit des délits punis par la loi, je suis dans le devoir de vous arrêter sur le champ.

– J'ai la cruelle envie de revoir Londres, chantonne-t-elle, d'une voix doucereuse, la nostalgie coule en moi comme un douloureux nectar. Mais dis-moi, Wendy, pourquoi continues-tu cette collaboration avec la Reine ? Qu'est-ce qui te motive à ce point ?

– Je déteste l'injustice et la méchanceté.

– Pourtant, je n'ai rien fait de mal. Je n'ai tué personne, je n'ai fait de tort à personne.

– Tu utilises des substances illicites.

– Vous ne savez même pas ce que c'est réellement, rigole-t-elle, amusée.

– Des drogues dur, c'est certain. Vu ton état, cela ne peut qu'être l'explication.

– Je suis peut-être née folle, tu ne me connais pas.

Son ton se durci, elle devient de plus en plus menaçante et son sourire s'est évanoui. La situation s'envenime, ça risque d'être très compliqué pour moi.

– Si tu coopère, nous en tiendront rigueur.

Je tente de l'apaiser autant que faire se peut, mais c'est peine perdue.

– Tu comptes m'acheter de cette façon ? Je ne suis pas née de la dernière pluie, ma chère Wendy.

– Très bien, je soupire, comme tu voudras.

Je me détourne afin de mettre en place mon plan. Un bon petit mouchoir, c'est tout ce que j'ai pour me dépêtrer de cette mauvaise passe. Je verse quelques gouttes de ma substance discrètement dessus, avant de me retourner de nouveau face à ma cible.

– Je suis vraiment désolée d'être venue jusqu'ici et de t'avoir dérangé, si cela a été le cas. Je tiens juste à te dire une dernière chose, j'ajoute en m'approchant lentement d'elle, j'espère que tu vas t'en sortir, parce que tu as l'air d'être une fille chouette. Du moins, en apparence.

À moins d'un mètre d'elle, je me jette en avant et nous atterrissons toutes les deux au sol, où j'en profite pour lui plaquer le mouchoir imbibé de chloroforme sur le visage. Ce n'est pas si rapide que dans les films, tout cela n'est que fiction, le chloroforme met un peu plus de temps à faire effet et je dois donc, en attendant, me débattre avec Alice afin de la maintenir à terre.

En cinq minutes, elle s'endort. Ma mission m'a fait plus de peur que de mal, mais Alice a raison sur une chose : qu'est-ce qui m'attire à ce point dans ce travail si périlleux ?

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