Chapitre 1

PDV Wayne 🌑

Elle serait bientôt là. Elle ne tarderait plus. Je pouvais l'entendre d'ici et sentir sa présence. Cette odeur qui m'était si familière. Elle n'allait pas tarder. En une fraction de seconde, la porte s'ouvrit, laissant apparaître une petite tornade. Des cheveux noirs, frisés, qui se terminaient jusqu'à ses frêles épaules ; des yeux caramel et un petit sourire narquois aux lèvres.

— Pourquoi ai-je le droit à la visite de ma chère petite sœur, de si bon matin ? la questionnai-je sans délai, alors qu'elle fut en moins de deux secondes sur mon bureau.

— Bonjour cher frère ! Tu devrais montrer plus d'enthousiasme à accueillir ton adorable sœur, dis-moi ! s'exclama-t-elle aussitôt, faisant glisser entre ses longs doigts un stylo à plume.

— Je suis actuellement au travail. Ne l'as-tu pas remarqué ?

— Arrête de te montrer si froid avec ta petite sœur chérie ! Je voulais juste prendre de tes nouvelles ! répliqua-t-elle toute souriante

D'un mouvement, elle fit valser ses cheveux, les faisant ainsi retomber derrière son épaule droite.

— Je vais bien, répondis-je simplement en attrapant quelques dossiers à ma portée.

— Ton teint blafard me le montre très bien, tu sais. Si tu avais eu la peau hâlée, certes, je me serais posée quelques questions.

— Autre chose ? soufflai-je en parcourant les lignes du dossier qui se trouvait devant moi.

— Tu n'as toujours pas trouvé ta moitié, ceci dit ? ajouta-t-elle d'une toute petite voix, ce qui me fit immédiatement lever les yeux.

— Non, Thaïs. Je te prie d'arrêter de venir me voir chaque jour, chaque heure, chaque minute, pour avoir la réponse à cette question.

— Oh, mais toi aussi, sors un peu de ce bureau, quoi ! Tu m'étonnes que tu ne trouves toujours pas ton âme sœur ! À rester là et à remplir des papiers,
c'est sûr que cela ne va pas t'aider !

En moins deux, Thaïs sauta de la table, évitant parfaitement mon lancer... Je m'autorisai un rictus, fier de voir qu'elle avait hérité de très bons réflexes et d'une très bonne rapidité. Tout cela grâce à mes entraînements.

— Raté, dit-elle en me tirant la langue.

— Puis-je essayer avec un couteau, alors ? repris-je en tirant soudainement un tiroir.

Le visage de ma chère petite sœur se décomposa, et je ne pus m'empêcher de sourire davantage.

— Mais tu es malade ! Que diraient les humains s'ils découvraient cet objet dans ton bureau ?

— Que mon passe-temps favori est de découper les légumes avec ce couteau caché ?

— Range-moi ça, Wayne ! Ce n'est pas drôle ! dit-elle tandis que je refermais le tiroir.

Toujours avoir un couteau sur soi, dans son bureau, c'est bien connu, voyons... Toutes les humaines en ont un, c'est certain...

— C'était un couteau en plastique, Thaïs... avouai-je finalement avant de me replonger dans ma lecture.

— J'espère bien. D'ailleurs, demain tu fais passer les entretiens pour trouver ton assistante, c'est ça ? Je sais que ce n'est pas dans ton caractère, mais... essaye de paraître gentil et d'être un super patron qui déchire, d'accord ? Toutes tes anciennes assistantes sont parties au bout de deux mois !

— Elles font mal leur travail, c'est un renvoi. Aussi simple que cela.

— Une assistante avait à peine remplacé le café par du chocolat chaud que tu l'as aussitôt virée ! La troisième a oublié de mettre ta sauce dans ta salade et tu l'as renvoyée ! Et ne parlons pas de la dernière... Pauvre Cindy, qui avait juste collé son chewing-gum sous le bureau...

— Trouves-tu cela normal, Thaïs, qu'une assistante colle son vieux chewing-gum mastiqué sous son bureau ? La poubelle était à quelques pas d'elle, je te le précise.

Comme si j'allais laisser une femme coller ses chewing-gums tout mâchés sous les bureaux... Heureusement que je l'ai virée. C'était un très bon choix, comme toujours.

— Mais Wayne ! Sois un peu plus sympa, quoi ! râla Thaïs en me faisant sa petite tête d'enfant triste.

Elle est très maligne, cette femme.

— Légèrement alors, abdiquai-je, ce qui occasionna un grand sourire sur son visage pâle.

Elle sauta sur la table pour me câliner.

— Demain soir, tu me la présenteras. J'adore connaître tout ton personnel !

Je laissai échapper un soupir, puis lui tapotai délicatement le dos, comme j'avais l'habitude de le faire.

— Juste pour toi... dis-je contre ses cheveux noirs.

J'espérais juste que cette nouvelle assistante tienne plus de deux mois...

**

PDV Lune 🌕

Respire. Inspire. Inspire. Respire.

Calme-toi, Lune, tout va bien se passer.

Tu es bien habillée. Jupe noire, chemise blanche et talons de quelques pauvres centimètres. Tu as tes lunettes grises sur ton nez pour pouvoir te cacher derrière celles-ci, comme tu adores le faire. Tu as appris ton texte par cœur devant ton miroir, pendant trois longues heures. Tout va bien se passer.

Après tout, je vais juste postuler pour une grande entreprise très très connue : Eripma V. Le nom est assez étrange, je l'avoue, mais cette entreprise est pourtant connue dans le monde entier. Celle-ci fabrique de grands vêtements de marques, portés par les plus grands mannequins. J'adore tout ce qui touche à cet univers, et dès que j'ai vu cette annonce, je me suis dit que c'était à mon tour de tenter ma chance.

"Le directeur Wayne Chass cherche actuellement une assistante. Elle doit être calme et rigoureuse. Également, ne porter aucun parfum. Les entretiens se dérouleront ce lundi 12 février à 8h00. Bonne chance à toutes."

C'était court, mais plutôt étrange comme explication. L'histoire du parfum l'étant encore plus, il fallait l'avouer. Mais dès que mes yeux s'étaient posés dessus, je m'étais dit qu'il fallait que je me lance.

Voilà donc comment moi, Lune, je me retrouvai devant cet immense building, laissant apparaître en grosses lettres noires le nom de l'entreprise. Je replaçai maladroitement mon sac sur mon épaule droite, puis me décidai finalement à franchir le pas. Je me dirigeai vers l'accueil et une femme m'indiqua aussitôt l'endroit où je devais me rendre.

Quelques minutes plus tard, j'arrivai au trente-troisième étage, et mon visage se décomposa légèrement quand je vis tout ce beau monde qui attendait patiemment dans ce long couloir. Sûrement pour l'entretien, aucun doute... Beaucoup de femmes étaient présentes, toutes habillées de façons différentes. Jupes courtes, jupes longues, pantalons, robes, t-shirts, chemises...

Je me faufilai discrètement vers une chaise libre, puis me posai dessus. Je commençais à résumer mon texte dans ma tête quand je sentis quelque chose venir me piquer le nez.

Certaines n'avaient pas hésité à vider tout le flacon de parfum sur elles. Avec toutes ces odeurs, une nouvelle s'était bien entendu créée ; c'était horrible et c'était sûr que cela me donnerait un super mal de tête. Heureusement que je ne mettais jamais de parfum... En plus de cela, certaines devaient avoir quelques problèmes de vue avec ce qui était marqué sur l'affiche...

– Tu viens pour le poste ou pour le patron ? demanda soudainement une voix aiguë.

Je relevai les yeux vers celle-ci.

– Pardon ? repris-je, perdue.

– Le patron. Il est vraiment pas mal. Je tente ma chance juste pour cela, continua-t-elle en faisant glisser ses doigts et ses longs ongles dans ses cheveux roux.

Ah oui, je vois... Chacun a différentes motivations dans la vie...

Je baissai de nouveau la tête.

– Disons que nous n'avons pas tous les mêmes objectifs...

– Il faut savoir se montrer dans la vie. Habillée comme ça et avec tes lunettes grises, tu n'as aucune chance d'être choisie.

– Tu as totalement raison, ironisai-je en fixant ses talons de dix centimètres.

C'est chouette. Elle doit désormais faire la même taille qu'une girafe.

– Je vais te donner un conseil. Retire-moi ces lunettes et secoue-moi un peu ces cheveux bruns. Cela te donnera un côté plus bestial et les hommes adorent cela, tu sais, chuchota la girafe rousse alors que je lui octroyais un sourire faux.

– Merci, soufflai-je faussement avant qu'elle ne m'adresse un petit clin d'œil et ne reparte à sa place.

Le côté bestial n'est pas près de sortir... Ça, c'est sûr.

Je déposai mon sac à terre, puis observai tout ce petit monde. Un peu plus tard, la porte s'ouvrit et la première personne, qui n'était autre que la rousse, rentra dans le bureau.

Les entretiens allaient donc commencer.

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