Chapitre 20 - Malade
(chanson en média!)
POINT DE VUE DE JANE.
"Tout est fini.", murmure la voix. "Tout. Il ne reste rien de bon ici. Tu n'es plus qu'une coquille vide."
Alors que je suis les panneaux qui me ramènent à Hope, un tas de pensées m'envahissent et mon cerveau ne se tait plus.
Alex. Le bas-côté. Jette-toi dans le bas-côté. Tout sera fini. Plus de souffrance. Tu sors du labyrinthe, c'est tout. Enfin. C'est ce que tu voulais, non ? Arrêter d'être malheureuse, c'est ca que tu voulais ? Tu pensais y arriver, hein ? Tu ne te rends donc pas compte que la seule manière d'arrêter d'être triste, c'est la mort ? Sors du labyrinthe. De ce putain de labyrinthe. Qui te retient ici ?
Je soupire.
Pauvre Jane. On dirait bien que tu es complètement folle. T'as toujours eu un problème, au fond, non ? C'est ancré, t'y peux rien. Malade, malade, malade.
Le soleil s'est couché depuis bien longtemps. Je suis quelque part entre l'état du Maine et Hope, sur une petite autoroute peu fréquentée. Il suffirait d'un coup de volant vers la droite pour que tout s'arrête. La souffrance, la tristesse, la dépression. La voix qui me dit que je suis énorme, que l'alimentation, c'est superflu. Tout peut s'arrêter en une seule seconde. Qui s'en apercevrait ? Le monde continuerait de tourner. Il y aurait probablement un ralentissement à l'endroit de l'accident - et surement un ou deux automobilistes qui pesteraient contre la personne qui aurait causé tout ça, sans savoir que ce serait moi, puis ma voiture serait déplacée et la vie reprendrait son cours. Tout simplement.
Et soudain, quelque chose me retient de faire ce coup de volant. Quelque chose me tient en vie. L'espoir ? Espoir blues, dirait fauve.
Espoir blues.
Pourtant, je m'accroche. Je m'accroche au volant, et à l'espoir aussi, je m'accroche plus que jamais, pour Alex, même si je ne le reverrai peut-être plus. Pour ma famille qui m'attend. Pour l'océan, le soleil, les oiseaux et la neige. Je reste.
En vie. Je suis en vie. Prenant conscience de ça, je hurle. Je hurle à pleins poumons, et j'accélère la voiture jusqu'à monter bien plus haut que la limité autorisée. Je hurle. Je suis changée à jamais. Je me sens vivante.
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