[ La chanson a écouter avec cette partie est en média ]

Je prends un crayon.
Que je dépose.
Je prends un bic.
Bleu.
Dans un coin de ma feuille, je dessine quelques nuages.
Au milieu de la feuille, j'écris dans de grandes lettres rondes "AVANT DE MOURIR, JE VOUDRAI..."
Ca s'arrête la.
Connasse de psy.
A-t-elle vraiment cru que faire la liste de toutes les choses que je veux faire avant de mourir allait m'aider ?
Tout ce que cette liste me fait, c'est me rappeler que je vais mourir un jour. Ou une nuit. Bref. Que je vais mourir. C'est inévitable.

Au fond, nous sommes tous en train de mourir. Certaines meurent pendant 19 ans, d'autres pendant 97. Mais tous les matins, en se réveillant, chaque individu se rapproche un peu plus de sa propre mort, si bien que vivre et mourir signifient la même chose, au final, et si mon raisonnement est juste - je sais qu'il l'est, j'y ai bossé pendant tout le cours de bio - alors, je n'ai pas peur de la mort, ou du moins de ma mort. Je n'ai pas peur de ce qui est inévitable, puisque c'est inévitable.
Par contre, j'ai peur des dommages collatéraux. Ma mère. Mon père. Ma sœur. Olly. Je ne veux pas qu'ils aient de peine - pourtant si jamais ça devait arriver, ils en auraient, c'est sur.

J'éclate de rire, seule.
- Voyons, mais ça n'arrivera pas ! Je ne vais PAS mourir quand même ! Jane, tu es beaucoup trop intense pour un samedi matin.

Olly, mon labrador blond, couché sur le tapis me fixe d'un air perplexe. Avant, il me parlait, mais ma psychologue a décidé que c'étaient des hallucinations et elle m'a donné des pilules pour schizophrène. Inutile de dire que c'est inutile.

Avant de mourir je voudrai...
Allez... un petit effort...

Avant de mourir, j'aimerai faire le tour des États-Unis à bord d'une vieille décapotable rouge.
Je note. Tu vois quand tu veux.
Avant de mourir, j'aimerai passer une nuit chez Ikea.
Et une autre sur la plage.
Je note aussi.
Avant de mourir, je voudrai écrire un livre. Nager dans l'océan Atlantique. Conduire à 300km/h sur l'autoroute. Mettre du Chanel numéro 5. Apprendre l'espagnol. Sentir le soleil taper sur ma peau jusque dans mes veines.

20 Minutes plus tard, ma liste fait 3 pages. Je la contemple avec un sourire aux lèvres avant de l'accrocher sur le mur bleu azur de ma chambre.
Je prends un peu de recul pour regarder les mots qui défilent sur le papier.

"Passer une nuit chez Ikea.
Courir dans Central Park.
Embrasser l'amour de ma vie au sommet des U.S.A.
Gifler ma prof de sciences. "

La liste est encore longue.
Tout me paraît réalisable.
Mais il y en a un qui me tient particulièrement à cœur. Le tout dernier, que j'ai écrit petit en raison du manque de place.

"Avant de mourir, je voudrai vivre. Vraiment."