XIV - Désespoir
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Excusez moi pour le retard !!
Pour me faire pardonner voici un chapitre croustillant et qui plus est plus long que ceux que j'écris d'habitude ;)
Bonne lecture, on se retrouve à la fin :) !
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PDV extérieur
Le cœur battant à la chamade le monarque des ombres se rua sur le corps inconscient de sa chère aimée Philia, aussi appelée Ivy à cette époque. Il l'a pris délicatement dans ses bras et doucement, il retira les quelques mèches rebelles qui gênaient la beauté de son visage.
- Philia, Phi, sa voix craqua un instant, causé par la trop grande tristesse qui animait ses mouvements, Philia, répond moi.
Aucune réponse. Sa tristesse se transforma en une rage sans fin. Sa colère éclata. Le sol en paya vite le prix : il grondait autour de lui, plusieurs fissures apparurent tandis que les poubelles d'à côté se renversèrent. Les voitures du parking d'à côté tremblaient si fort que leurs alarmes commencèrent à retentir. Aveuglé par la colère, il ne voulait plus qu'une chose : se venger. Il savait très bien qu'il était impossible de gagner contre un dieu, mais il voulait ne serait-ce qu'effleurer son visage. Cependant, en se retournant, il découvrit que Hadès était déjà parti. Sur les lieux, on aurait cru encore entendre son rire diabolique.
- Hadès, enfoiré, cracha-t-il.
Peu importe, il se vengerait un jour ou l'autre. Il devait dans l'immédiat s'occuper d'Ivy, ou Philia, il ne savait même pas qui se réveillerait lorsqu'elle ouvrirait à nouveau les yeux. Il se rassura sur le fait qu'il s'agissait de toute manière de la même personne. Ivy est Philia et Philia est Ivy. Elles ne font qu'une.
Il regarda autour de lui, quelque peu paniqué. Il devait reprendre constance, ce n'était pas dans ses habitudes d'agir ainsi. A vrai dire, il avait été vraiment surpris par la présence d'Ivy. Il ne se doutait à aucun moment qu'elle écoutait la conversation. Il se maudit lui-même, stupide à l'idée d'avoir été aveuglé par la colère au point de ne pas sentir sa présence.
Il devait rapidement bouger avant que tout le lycée ne rapplique, attiré par les alarmes des voitures, et d'un nouveau tremblement de terre – causé par lui-même – .
Malheureusement, dans cette situation, il ne pouvait pas faire grand-chose. Il fit attention au moindre de ses gestes, il rapprocha doucement Ivy de sa poitrine pour ensuite se lever avec elle dans ses bras.
Soudain, il entendit les portes du lycée s'ouvrirent et plusieurs personnes la franchirent. Il se cacha vite fait près des poubelles de sorte à ce que l'on ne le voit pas lui et Ivy, toujours inconsciente. Soudain, une voix qu'il connaissait s'éleva.
- Hélios ! Où es-tu ? Cria Mike.
Soulagé, il sortit de sa « cachette » si on peut l'appeler ainsi. Mike, aux aguets, le remarqua en un instant. Il était bien évidemment accompagné de toute la bande. D'ailleurs, ils avaient tous les yeux rivés sur cette précieuse personne que portait délicatement Hélios, comme si elle ne pesait rien du tout. Plus de force, sans doute un avantage d'être un demi-dieu.
- Hélios, tu, que, Mike semblait perdu.
- Que s'est-il passé ? Demanda Austin en posant sa main sur l'épaule de son acolyte.
- Ce serait trop long de vous raconter ça ici et maintenant. On doit la mettre en sécurité, vite, avant que tous les autres élèves sortent. Vous êtes venus seuls ?
- Oui, t'inquiète pas, on s'est débrouillé pour sortir sans que ça éveille les soupçons, affirma avec fierté Isaac.
Ricker acquiesça tout en ne quittant pas un seul instant du regard ce corps si frêle qui se tenait dans les bras de son chef. Comment cette « grande gueule » pouvait désormais sembler si fragile, comme une pierre sur le point de se briser. Il secoua vite sa tête et se ressaisit. Peu importe, que ce soit une demi-déesse ou une humaine, elle restait une emmerdeuse. En tout cas à ses yeux, et peut-être aussi ceux d'Isaac, et Austin, et Mike et... bah en fait toute la bande. Heureusement que Hélios ne pouvait pas lire dans les pensées, sinon ils seraient déjà tous morts.
- Non, je ne peux pas lire dans les pensées Ricker, le-dit se figea aussitôt, par contre, j'ai une certaine facilité à comprendre les émotions que vous ressentez envers qui que ce soit. Et je sais très bien que tu ne l'apprécie pas, il se tourna vers le reste de la bande, comme vous tous.
Silence. On pouvait presque entendre les mouches voler.
Un sourire réussit à s'esquisser sur le visage du chef, presque amusé.
- Allons, ne vous en faîtes pas pour ça. Je ne vous en veux pas, et puis, vous apprendrez à la connaître. Je suis certain que vous finirez par l'apprécier. Je n'en doute pas une seule seconde, dit-il avec assurance tout en commençant à se diriger vers le parking, Ivy toujours dans ses bras.
Ses amis le suivirent. Un peu gênés au départ, ils finirent par se détendre un peu en repensant aux paroles de leur cher et si spécial ami.
Isaac ouvrit la porte de la banquette arrière à Hélios qui fit particulièrement attention à la tête d'Ivy. Il s'assit, puis posa délicatement la tête de cette dernière sur ses genoux tout en posant sa main droite sur sa joue gauche afin de la protéger de tout coup de frein brusque.
Isaac se mit au volant et Ricker sur le siège avant. Quant à Mike et Austin ils prirent la moto, le noiraud Austin prit les commandes et derrière, Mike se tint fermement à lui. Hélios hocha la tête en leur direction. Le signal donné, ils baissèrent leur vision en synchro, puis Austin alluma le moteur et partit en premier.Ils savaient très bien ce que ce hochement de tête voulait dire : « Je vous fais confiance, assurez nous le chemin ». En effet, vu de l'extérieur cela pourrait être intriguant, voire étrange : pourquoi tant de précautions ? Eh bien la réponse est facile : maintenant que les souvenirs d'Ivy vont affluer dans sa tête, les fantômes, ennemis jurés des Panthères Noires – surtout d'Hélios depuis des siècles – vont apparaître deux fois plus, tentant encore et encore de tuer nos deux amants.
- Allons-y, ordonna le monarque des ombres.
A cet ordre, Isaac démarra la voiture et commença doucement à sortir du parking. Ricker restait attentif à toute présence étrangère. Ils se dirigeaient bien évidemment dans leur base, le hangar qu'Ivy avait déjà « visité » une fois.
Hélios posa son regard sur cette dernière, cela eut pour conséquences une larme qui quitta un de ses deux yeux. Il fut lui-même surpris de cette larme, quand avait-il commencé à se sentir ainsi ? Si triste et abattu ? Il voulait en finir une bonne fois pour toute dans ce cycle, il savait que son esprit ne tarderait pas à craquer et sombrer dans la folie, tout comme Ivy quand elle se souviendrait qui elle est vraiment.
- Attention, là ! Hurla Ricker.
Le hurlement de Ricker eu pour conséquence d'arrêter brusquement la voiture en plein milieu de la rue, Isaac appuyant sur la pédale de frein jusqu'à l'arrêt total de la voiture. Quand Hélios l'eut entendu il recroquevilla son propre corps pour protéger celui d'Ivy sur ses genoux, ainsi elle ne sentirait normalement aucun coup au-dessus des jambes.
Quand la voiture fut enfin arrêtée, ils durent prendre plusieurs secondes pour reprendre complètement leurs esprits, encore un peu secoués.
- Putain, qu'est-ce qui t'as pris ? Grogna Isaac.
Sans un mot, le-dit Ricker montra du doigt ce qui se trouvait à quelques mètres de la voiture. Devant eux, sur la route, se trouvait un corps gisant sans vie à même le sol. De la voiture on pouvait apercevoir qu'il était habillé tout en noir, une capuche recouvrait sa tête.
- C'est sûrement un de ses foutus fantômes que Mike et Austin ont dû tuer avant notre passage, mais pourquoi n'a-t-il pas encore disparu ? Demanda à voix haute Isaac.
- Effectivement, il y a un souci. Au vu de l'avancée de Mike et Austin , cela doit faire au moins plusieurs minutes qu'ils l'ont tué, alors, pourquoi est-il toujours là ?
Ce qu'ils appellent « fantômes » ne sont en réalité que des sortes de marionnettes à forme humaine envoyés par les dieux dans le seul but de tuer les deux amants maudits. Sous leurs masques, ils n'ont en réalité pas de visage, c'est pourquoi le surnom de fantômes leur a été donné par les Panthères Noires. Il y a plusieurs moyens de les tuer, et lorsqu'ils meurent ils sont censés normalement disparaître dans les quelques secondes qui suivent. Voilà pourquoi le monarque des ombres est bien décidé à percer ce mystère.
- Restez dans la voiture avec Ivy, je vais aller voir.
- Mais Hélios, ce n'est pas trop dangereux ? Demanda Ricker, soucieux de la sécurité de son ami.
- Ne t'inquiète pas, je serai rapide. Je veux simplement vérifier une chose.
Il ouvrit la portière et doucement souleva le haut du corps d'Ivy pour se dégager et sortir.
- Surveillez-la bien, désigna-t-il du regard sa bien-aimée. S'il y a quoi que ce soit de suspect dans mon comportement ou autour de moi, vous démarrez et vous filez au repaire. C'est compris ? Ordonna-t-il avec gravité.
- Oui, répondirent en chœur les deux acolytes.
En donnant cet ordre, il se préparait à toute éventualité. Il fallait tout prévoir, toujours avoir une longueur d'avance par rapport aux plans de leurs ennemis. Et ça, c'était très dur, car les dieux de l'Olympe étaient parfois tous plus imprévisibles les uns que les autres. Néanmoins Hélios, nommé Éros là-haut, arrivait à s'en sortir à l'aide de quelques « taupes ». Mais aujourd'hui, tout avait été imprévisible. Serait-ce l'œuvre d'un dieu ? Il allait vite le savoir.
En s'approchant au plus du corps du fantôme il vit une sorte de lumière émaner de la blessure fatale qui avait causé sa mort. Grâce à ses privilèges de demi-dieu, il s'aperçut en un seul instant que la lumière qui émanait de la blessure provenait sans aucun doute d'une arme divine venant tout droit de l'Olympe. Ce n'était donc ni Austin ni Mike qui avait tué cette marionnette. Les armes qu'il avait données à ses généraux et autres membres des Panthères Noires n'étaient pas des armes divines. Ils n'en avaient pas besoin pour tuer leurs ennemis car les fantômes avaient des corps d'humains et pouvaient donc être tués par les armes des mortels.
De ce fait, il y avait un dieu qui venait de les aider. Mais lequel ? Et surtout, voulait-il vraiment les aider ? Le demi-dieu jura, c'était vraiment une mauvaise journée. Peu importe, ils devaient vite partir d'ici. Vu la lumière encore forte qui émanait, il en conclut que l'olympien l'avait tuer il y a à peine quelques secondes avant qu'ils arrivent dans cette rue. Ce qui voulait dire qu'il les suivait, et de près. Il retourna vite auprès de la voiture, presque chamboulé par les soudains événements.
Il ouvrit la portière et se remit à sa place en prenant bien soin de mettre Ivy sur ses genoux, toujours inconsciente
- Dit-moi, Ricker, tu n'as vu personne d'autre quand tu as vu le corps du fantôme au sol ?
- Non, personne d'autre. Pourquoi ?
Isaac ralluma le moteur et se remit en route vers leur repaire.
- Ce n'est pas Mike et Austin qui ont tué celui-ci.
- Quoi ?! Mais qui est-ce alors ?
- C'est ça le problème justement, je ne sais pas, dit-il gravement.
En comprenant les mots de leur chef, leurs visages s'assombrirent. Hélios ne dit pas un mot de plus. A quoi bon ? Il n'avait aucune réponse à leur donner. Le silence resta jusqu'à ce que Ricker décide d'allumer la radio. Une musique inconnue aux oreilles d'Hélios retentit. Il se mit à regarder au loin, pensif quant à l'avenir. Cet avenir à la fois si incertain et prévisible s'il n'arrivait pas à rompre la malédiction.
Après quelques minutes de route, ils arrivèrent enfin au repaire. Tandis que Isaac se gara dans le hangar, Mike et Austin les attendaient déjà, posés près de la moto noire mate. Garés et en quelque sorte en sûreté, ils purent sortir. Hélios fit à nouveau attention à la tête d'Ivy et sortit avec elle dans ses bras.
- Qu'est ce qui vous a pris autant de temps ? Questionna Mike. On a presque pris la décision de revenir en arrière.
- On eu... disons un contre-temps, répondit mystérieusement Ricker.
- Hélios ? Austin se tourna vers son ami.
- Je vais vous expliquer.
Il se dirigea vers son bureau où il pourrait poser Ivy sur son canapé et la laisser se reposer. A vrai dire, sans même s'apercevoir, son cœur battait la chamade. Il était stressé. Il ne savait pas si c'était parce que ce cycle ne ressemblait à aucun des autres (ce qui était ou une bonne nouvelle ou bien une mauvaise), ou par peur de la réaction d'Ivy en se réveillant.
Il avait peur.
Peur de son regard, de ses sentiments, de son jugement.
Il avait peur qu'un jour elle cesse de l'aimer, trop blessée par cette malédiction.
Tandis qu'il la déposait délicatement sur un des canapés, Mike posa une main sur son épaule. Il se retourna, son regard était empli à la fois d'amitié, de respect et d'inquiétude. Hélios hocha la tête « je vais bien, ne t'inquiète pas », c'est ce que ça voulait dire. Mike était inquiet pour son ami, plus le temps passait et plus il le voyait attristé.
Il incita ses amis à sortir de son bureau pour laisser Ivy se reposer seule, et, pour parler de ce qui s'est passé lors du chemin.
Avant de fermer la porte il la regarda un instant, son cœur ressentit une immense tristesse. Un sentiment de culpabilité l'envahit quelques secondes. Mais il se ressaisit vite, il n'avait pas le droit de flancher. Pas maintenant. Il devait tenir le coup, pour elle.
Il expliqua rapidement à Mike et Austin ce qui c'était passé. Ils froncèrent tout deux des sourcils en comprenant ce que ça signifiait : un nouveau ami, ou nouvel ennemi à rajouter à la liste ? Personne ne le savait vraiment, les dieux étaient capables de tout. Certains étaient vraiment fous, on peut citer Hadès comme exemple.
- OK, soupira Austin, on fait quoi ? On prévient les autres de se tenir prêt à se battre ? Dit-il en désignant d'un coup de tête la vingtaine de membres qui s'entraînaient ou s'amusaient derrière.
Ils semblaient si inconscients de la situation, ce qui était le cas. Aucun des « pions » n'avait la moindre idée de qui était vraiment Hélios et les fantômes qu'ils combattaient. La plupart voulait juste se défouler, ressentir cette fameuse adrénaline. Le monde des mortels était pour les dieux de l'olympe un véritable terrain de jeu, et l'Humain, une curieuse bête.
Il réfléchissait, que faire ?
- On peut toujours leur dire qu'une autre bande nous cherche des noises et qu'on a besoin qu'ils se tiennent sur leurs gardes et de redoubler de surveillance ?
- Oui, Isaac a raison, affirma Ricker. C'est la meilleure solution.
Tous acquiescèrent.
- Bien, alors Ricker comme d'habitude, tu t'occuperas de la défense, Isaac de l'information, quant à vous deux, le demi-dieu se tourna vers Mike au Austin, continuez de les former. Ne changez pas vos habitudes. Juste, préparez-vous à plus d'actions dans les jours qui suivent.
- C'est entendu, que faisons-nous pour Ivy ? Demanda Mike.
Alors que Hélios était sur le point de lui répondre, un frisson électrisa tout son corps. Il se figea, les yeux ahuris, les poings tremblants, le cœur battant à la chamade.
Les généraux s'inquiétèrent tout de suite, ils le secouèrent, l'appelèrent, mais ce n'est seulement qu'après quelques secondes que le monarque des ombres pu reprendre ses esprits. La voix tremblante, il murmura :
- Elle s'est réveillée.
En à peine quelques secondes, il reprit son masque de froideur, et leur ordonna :
- Restez-là, je vais la voir.
Ils ne dirent pas un mot. En silence, ils prièrent pour que leur plus grand ami réussisse à retrouver le sourire. Même s'ils n'appréciaient pas forcément Ivy, ils savaient que seule elle pouvait l'aider à y arriver.
Le cœur battant à la chamade, Hélios se dirigea pas à pas vers son bureau. Il avait peur. Terriblement peur. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu ce sentiment qui nouait son cœur. Il voulait prendre sa bien-aimée dans ses bras, l'embrasser, passer le temps qu'il lui restait avec elle. Malheureusement, rien de tout ça n'était possible. Pourquoi ? Parce que même si désormais Ivy commençait à retrouver ses souvenirs, elle n'avait pas totalement recouvré la mémoire. De plus, se réveiller avec la mémoire d'une autre, comprendre qu'on vous a menti toute votre courte existence, que vous n'êtes pas celle que vous croyez être, et qu'en plus de ça vous vivez ça depuis des siècles, c'est très traumatisant.
Il ouvrit la porte. Elle se tenait là, sur le canapé, bel et bien réveillée. Elle avait les yeux dans le vague. Elle semblait comme... éteinte. Là, sans être là.
Le monarque des ombres s'approcha doucement, par peur de faire un mouvement brusque. Elle ne dit pas un mot, ne bougea pas. Elle restait stoïque. Il s'assit à côté d'elle. Pris d'une envie irrésistible de la réconforter, il approcha sa main de son visage.
- Philia, tu-
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle repoussa violemment sa main, on entendit même un claquement. Un silence de mort régnait.
- Je ne m'appelle pas Philia. Je suis Ivy.
Son cœur se nouait. Il ne savait pas quoi dire, quoi faire. Se souvenait-t-elle vraiment ? Et de quoi ? Il regarda furtivement son poignet droit. La marque d'Ouroboros était bel et bien réapparue. La queue du serpent était déjà à moitié refermée, preuve du peu de temps qui leur restait.
- Est ce que tu as-
Il se fit à nouveau couper la parole.
- J'ai quelques souvenirs.
Son cœur rata un battement.
- De quoi te souviens-tu en particulier ?
Elle prit un moment pour répondre. Tout se bousculait dans sa tête, elle tentait tant bien que mal de démêler le vrai du faux. Des souvenirs apparaissaient sans prévenir.
- Tout... tout est flou, elle se mit à trembler, je me souviens du sang. Nos sang, qui ont maintes et maintes fois coulé. Nous, elle regarda ses mains, son regard emplis de désespoir et de terreur, nous sommes maudits pour l'éternité.
Elle s'arrêta un instant, se tourna vers lui, et murmura presque, la voix tremblante :
- La dernière fois, tu m'as tué. Tu m'as tiré une balle dans la tête. Qui je suis vraiment ? Suis-je humaine ? Déesse ? Et nous, que sommes-nous l'un pour l'autre ? Je ne comprends plus rien, tout se mélange dans ma tête, elle posa cette dernière dans le creux de ses mains, terrifiée.
Quant au monarque des ombres, il eut envie de pleurer, presque comme un enfant qui vient de naître. Quand cela allait-il cesser ? Quand pourraient-ils être heureux, ensemble ? Quand pourrait-il la voir cesser de souffrir ? Il ne voulait que son bonheur, voir son sourire éclairer son visage. Mais désormais, il n'y avait qu'un puissant désespoir. Il tenta de la réconforter, de lui apporter ne serait-ce qu'un peu d'aide psychologique. Il voulut poser une main sur son dos, mais elle recula soudainement.
- Ne me touche pas !
Son regard était empli de peur, celle qu'on a devant la mort. Elle semblait si fragile, désespérée, apeurée. Son cœur se brisa en mille morceaux face à cette scène.
Il voulait s'expliquer pour ce qu'il avait fait à leur dernière réincarnation, il voulait lui dire que grâce à ça il avait pu échapper à la mort quelques heures de plus, lui permettant alors de trouver une précieuse alliée. Mais il ne pouvait pas, car elle n'était pas prête à entendre quoi que ce soit. Elle n'avait de toute façon pas récupéré tous ses souvenirs, ni son amour pour lui.
Ou alors... il avait disparu dans sa souffrance.
Il se leva.
- Repose-toi, tu peux rester là autant que tu veux. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, je suis derrière cette porte.
Les poings fermés, il se dirigea vers celle-ci. Il hésita un instant à l'ouvrir, il voulait qu'elle le retienne, qu'elle se souvienne, qu'elle le prenne dans ses bras. Mais rien. Rien ne se passa. Il ouvrit la porte, et lorsqu'il s'apprêta à la refermer, il ne put s'empêcher de la regarder un instant. Ce qu'il vit lui provoqua tellement de tristesse qu'il ne put s'empêcher de laisser couler quelques larmes.
Elle était devenue... une coquille vide.
Si attristée, si perdue, si terrifiée, qu'elle en avait perdu l'envie de vivre.
Il ferma la porte.
Du côté des généraux, ces derniers s'affairaient à la tâche que leur chef leur avait donnée. Mike était en train d'expliquer le fonctionnement d'un glock à une nouvelle recrue, quand il vit son cher ami venir vers eux. On aurait dit qu'il venait d'apprendre la plus mauvaise nouvelle de toutes ses vies. Il était si... mélancolique. Mais ses habitudes revinrent au galop, pour masquer sa profonde tristesse, il se voila la face à l'aide d'un masque de froideur. Le monarque des ombres était de retour. Mike avait tant envie de l'aider, tout comme les autres généraux. Malheureusement, ils étaient impuissants sur ce point. Ils ne pouvaient que croire en Ivy. La seule chose qu'ils pouvaient faire pour lui, c'était se donner corps et âme pour enfin rompre cette malédiction. Et c'est bien ce qu'ils comptaient faire.
Si ça pouvait enfin le libérer de ses 2000 ans de souffrance, ils étaient prêts à mourir pour lui.
Leurs ancêtres avaient prêté allégeance à ce demi-dieu, et aujourd'hui, ils continuaient de lui être fidèle, génération après génération.
- Ça s'est bien passé ? Demanda Ricker quand Hélios arriva à leur hauteur.
Les surnommés pions s'en allèrent d'eux-mêmes, comprenant qu'il s'agissait d'une conversation plutôt privée.
Sans prévenir, Isaac claqua l'arrière de la tête de son ami. Il lui lança un regard lourd de sens, l'air de dire « t'es débile ou quoi ?! ». Mike et Austin acquiescèrent, après tout, ils étaient à ça de lui en mettre une aussi.
- Tout va bien, ne vous inquiétez pas.
- Hélios, tu dis tout le temps ça... s'inquiéta Austin.
- Il a raison, tu as le droit de lâcher prise parfois, on est là pour t'aider, répliqua Mike.
Ce dernier hésita un instant à répondre.
- Je ne peux pas, je n'ai pas ce loisir. Le temps.
Ils ne dirent plus un mot, tous ressentaient la peine profonde que Hélios avait dans son cœur, eux seuls étant capables de percevoir son aura.
Soudain, le monarque des ombres se retourna, sur le qui-vive. Un nouveau frisson le parcourut, mais celui-ci était d'un tout autre niveau. Dangereux.
Un dieu.
Un dieu arrivait. Il se dirigeait vers leur repaire.
- Quelqu'un arrive, vite, rassemblez tout le monde à la grande porte, armes en main. Qu'ils soient prêts à tirer à mon signal.
Sans attendre un seul instant de plus, les généraux obéirent, tous comprenant la gravité de la situation. C'était pile ou face : nouveau allié, ou nouvel ennemi.
L'aura du monarque des ombres s'affolait de plus en plus, il savait que tout allait se jouer en quelques secondes. Comme ordonné, tous les membres des Panthères Noires se rassemblèrent devant la grande porte, prêts à tirer au moindre signal de leur chef.
Sans signe avant-coureur, la porte s'ouvrit, et c'est là qu'il apparut. Personne n'eut le temps de comprendre quoi que ce soit. En à peine un dixième de seconde, il fit s'endormir tous les pions qui tombèrent tous au sol, plongés dans un sommeil profond.Il ne restait plus que les généraux, et le demi-dieu, qui, figé, n'avait plus aucune réaction. Alors que le dieu olympien s'approchait vers eux, soudain on entendit une porte s'ouvrir.
Ivy, revolver à la main, sortit du bureau d'Hélios, et visa le dieu.
- Non ! Hurla Hélios, il est-
Il se fit couper par le bruit de la balle qui quitta le revolver pour aller se loger pille poil dans le cœur du dieu, qui, touché, tomba lentement à terre.
- ... avec nous, termina-t-il, la voix grave.
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Ca y eeeeessst !!!
On avance enfin dans l'histoire haha.
Elle est longue à mettre en place parce qu'évidemment ce serait trop facile si Ivy se souvenait de tout et devenait Philia au quatrième chapitre ;)
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre !
Personnellement je l'aime plutôt bien même si je sais que j'aurai pu faire mieux 😙.
Qui est le dieu qui est apparu au repaire ? Que voulait-il ? Que va-t-il se passer ?
Rendez vous le week-end prochain (ou peut être avant qui sait) pour la suite 😁 !
Bisous, je vous aimes 💌
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