- Enchanté Chifuyu Matsuno. Rit franchement le jeune homme, tendant sa main à Sura, sortant de derrière un paravent.

Elle est en train de se tortiller dans tout les sens, essayant de se sentir à l'aise, dans cette robe que Takashi lui a fait essayer.

Dans un regard assassin elle frappe le dos de sa main, faisant claquer sa langue et retenant tant bien que mal son envie de l'insulter.

Cette robe, violette en satin est très belle, elle en convient, mais elle irait à tout le monde sauf à elle. Elle se sent exposée, comme mise à nue, avec cette robe qu'on dirait peinte sur elle.

- Pourquoi je vous ai demandé vôtre avis déjà ? Fait Sura, son regard toujours aussi colérique.

- Qui d'autre te le donnerait sinon ? Répond Draken, riant lui aussi.

- Et parce que Hina est occupée. Rajoute Angry.

- Avec des amis comme vous, on a pas besoin d'ennemi ! Râle Sura, tirant désormais sur cette robe, sous le regard inquiet de Takashi.

- Moi je trouve que ça te va très bien. Affirme Smiley.

- Je me sens comme un poisson hors de l'eau. Grogne Sura.

- Ça on le sait la seule fois où on t'a vu dans une robe comme ça, c'était à la réception qu'avait donné ton ex beau père pour sa société, on était tous invités. Se souvient Draken. Tu avais eu la merveilleuse idée, que Mikey t'y amène en moto. Je te dis pas l'état de la robe.

- Et cette entrée fracassante, restera dans toutes les mémoires. Rit de nouveau Chifuyu.

- Ça je pense pas que ce soit à cause du carnage sur la robe. Intervient Mitsuya. C'est surtout parce que Mikey était venu en tongs.

- Et il a eu raison, il était beaucoup plus à l'aise que moi. Râle encore Sura.

N'y tenant plus, Takashi retire les mains de Sura de cette robe. Elle va finir par la lui abîmer, avant même qu'elle ait pu aller à cette soirée.

Il la fait se tourner vers le miroir, derrière elle. Elle se regarde attentivement. Elle avait raison, cette robe est tellement moulante qu'on la dirait faite sur son propre corps.

Elle est mal à l'aise, mais juge tout de même que cette robe est vraiment belle. Le décolleté est parfaitement pensé pour ne pas en dévoiler trop ou pas assez. La fente sur la jambe gauche n'est ni trop grande ni trop petite. La couleur brillante la met très en valeur. Takashi est devenu capable de vrais exploits.

Elle se met sur la pointe des pieds, se tournant légèrement et attrape ses cheveux pour leur donner l'allure d'une queue de cheval.

"Ça fera l'affaire, hors de question que j'essaye une autre robe, de toute façon !"

Sans un mot, elle retourne derrière le paravent, troquant ce qu'elle qualifie de beau déguisement, contre ses vêtements beaucoup plus confortables.

Lorsqu'elle en ressort, elle soupire de soulagement, sous les rires désespérés de ses amis.

- Comment tu vas faire, pour les deux mariages qui nous attendent ? Lui demande Takashi, secouant la tête.

Ça, elle doit avouer qu'elle n'y avait pas réfléchit.

- J'y réfléchirai quand toi tu te marieras. Rétorque t'elle.

- Tu as le temps alors. Se moque gentiment Draken.

- Ne te moques pas de lui. Intervient Sura. Je vous signale qu'aucun d'entre vous n'a de réelle relation.

- Oui Sura ! Appuies où ça fait mal. Fait Chifuyu, se tenant le cœur de façon grotesque.

- Tu n'en as pas non plus, je te rappelle. Se vexe Angry, s'adressant à la jeune femme.

Touchée. Pense Sura. Il faudrait vraiment qu'elle apprenne à tenir sa langue.

- On a qu'à dire qu'on préfère se concentrer sur nos amis. Tente t'elle.

- Si tu devais te marier avec l'un de nous, ce serait qui ? Demande Smiley.

Il tient à la mettre mal à l'aise après sa réflexion cinglante.

- Taka. Répond t'elle, instantanément.

- Tu y as déjà réfléchit ou je rêve ? Demande Draken, dans un petit rire.

- Bien sûr que oui ! Comme ça le jour où j'ai besoin de nouveaux vêtements, mais que j'ai la flemme de faire du shopping, il est là !

En réponse, Takashi plaque sa main sur son front, la faisant glisser le long de son visage, secoue la tête et a un rire désespéré.

Bien que ce soit dit sur le ton de la plaisanterie, il connaît sa meilleure amie. Elle est vraiment capable de penser à ce genre de chose.

Alors que Sura se débat avec sa tenue, au QG du Bonten, Ran est un peu nerveux.

Depuis son entrée dans le bureau de Mikey la veille, son boss ne lui a pas adressé la parole. Il ne s'est pas énervé, rien du tout. C'est bien ça le plus stressant.

Pour tout dire, Mikey a autre chose en tête. Il ne peut pas en vouloir à Ran, d'avoir simplement exécuté ses ordres. Il avait juste oublié, ce qu'il lui avait demandé.

Mais, le regard de Sura, quand elle a vu cette femme, lui a fait mal au cœur.

Comment est ce qu'elle peut croire, qu'il serait capable de faire ce genre de chose devant elle ? Jamais il ne lui ferait ça. Certes il a connu d'autres femmes après elle, comme elle a connu d'autres hommes, mais il n'aurait jamais osé lui faire ça.

Il est vraiment descendu si bas, dans son estime ? Il a dû descendre dans l'estime de tout le monde en y réfléchissant.

Est ce que ses anciens amis, le voient comme le dernier des enfoirés eux aussi ? Parce que c'est comme ça que le voit Sura, selon lui.

Ça fait mal. Il doit le reconnaître. Nouant sa cravate pour finir de se préparer pour ce soir, il soupire fortement et se regarde dans un miroir.

Il se sent un peu comme Sura. Déguisé. Toutefois, il a plus l'habitude qu'elle de porter ce genre d'accoutrement.

Alors, il se sent un peu plus à l'aise qu'elle dedans. Il regarde sa montre et se rend compte qu'il doit s'en aller. Il a convenu d'aller récupérer Sura chez elle.

Il se demande dans quel état d'esprit, elle va l'accueillir. C'est lorsqu'elle entre dans la voiture du jeune homme, qu'il a la réponse.

Le châtiment du silence. Voilà ce qu'elle compte lui infliger. Elle ne le regarde même pas. Il tente tout de même de s'expliquer.

- Ce que tu as pu voir hier... c'est pas du tout ce que tu crois. Lui assure t'il.

- C'est ça. Soupire t'elle.

Mikey a un rire nerveux. Sura est vraiment bornée, quand elle s'y met.

- Donc... tu me crois quand je te dis que je n'ai pas buté un mec, mais quand je te dis que je n'ai pas couché avec cette fille, là je suis un menteur. S'agace t'il.

- Qu'est ce que ça change au fond ? Tu fais ce que tu veux.

- Je ne t'aurais jamais fait un affront de ce genre ! Se défend t'il.

- Je m'en fous. Souffle t'elle. Est ce que ce trajet peut se passer en silence ? J'ai déjà mal aux pieds à cause de ces foutues chaussures. J'ai pas envie d'avoir mal à la tête en plus.

- Comme tu voudras. Se résigne Mikey, préférant fixer longuement la route.

Elle lui tape sur le système quand elle est aussi fermée. Elle ne veut même pas l'écouter et ça le rend dingue.

Il a déjà connu cet état avec elle, quand ils étaient plus jeunes. Rien ne la fait redescendre. Il le sait pertinemment. Il doit juste attendre, qu'elle se calme d'elle même. Par expérience, ça peut durer des heures voire des jours entiers.

Sur ce point, elle n'a pas changée. Il se souvient même de certaines fois, où elle refusait catégoriquement de lui adresser la parole, sans même lui dire pourquoi. Ça avait le don de l'énerver à un point, inimaginable.

Pourtant, il faisait toujours tout ce qu'il pouvait pour se racheter, quand il comprenait enfin ce qui avait mit en rogne la jeune femme.

Cette fois c'est différent. Il sait parfaitement ce qu'il a fait. La seule chose qu'il ne connaît pas, c'est la solution pour qu'elle s'adoucisse.

Il doit avouer que ça lui manque, ce temps bénit, où des taiyakis et des virées en moto faisaient l'affaire. Il va falloir bien plus que ça cette fois, c'est une évidence.

C'est donc dans un silence de plomb, qu'ils arrivent au pied de l'immeuble où travaille Sura. Les bureaux, feront office de lieu de réception.

A peine la voiture garée, Sura descend de la voiture. Mikey prend un peu de temps pour la détailler.

Elle est sublime. Elle l'a toujours été selon lui. Cette robe est parfaite pour elle. Mitsuya a vraiment eu l'œil pour lui trouver cette tenue.

Il descend à son tour, se place à ses côtés devant l'entrée du bâtiment et remarque qu'elle a du mal à tenir droite avec ses chaussures, qu'elle n'a absolument pas l'habitude de mettre.

Sans un mot, il place délicatement son bras autour de ses hanches, pour lui donner un peu d'équilibre.

Elle ne va pas mentir, le contact de sa main chaude contre sa taille, la fait frissonner. Ça a toujours été ainsi. Elle pensait que ça aurait changé. Il faut croire que les vieilles habitudes ont la vie dure.

Voyant qu'elle est plus stable, il retire son bras et le lui tend, pour qu'elle s'y accroche. Elle soupire et s'exécute.

Elle préfère ne pas le regarder. Alors, lorsqu'ils s'avancent vers l'intérieur, elle regarde droit devant elle, priant interieurement, pour que cette fichue soirée se déroule mieux que ce qu'elle n'a commencé.