Partie 1 ◇12◇

C'est avec une migraine atroce que Sura se réveille, le lendemain matin. Elle n'a que des bribes de sa soirée d'hier. Elle est plutôt rassurée de se retrouver chez elle.

Lorsqu'elle se redresse, sa migraine s'intensifie. Interieurement, elle se fait cette éternelle promesse, que tout le monde fait dans ce genre de cas.

"Plus jamais une goutte d'alcool."

Un détail la perturbe toutefois, elle est en pyjama. Elle ne se souvient pas l'avoir enfilé. A vrai dire, elle ne se souvient pas de grand chose.

Une soif sans précédent la saisit, soudainement. Pas étonnant. Se dit elle. Elle retire ses couvertures, se lève difficilement et se tient la tête, se dirigeant vers sa cuisine.

- Ça va la gueule de bois ? Entend t'elle, d'une voix familière.

Elle plisse les yeux et se rend compte qu'il s'agit de Draken. Elle est plutôt soulagée que ce soit lui. Elle se souvient rapidement, que c'est lui qui l'a ramenée chez elle.

Elle s'assoit lourdement sur une chaise, devant le petit déjeuner que Draken a préparé.

- Je suis désolée, pour hier soir. Dit elle, s'appretant à se servir un café.

Draken lui retire la tasse des mains, lui tendant à la place un grand verre, contenant une mixture qu'elle ne peut clairement pas identifier. Elle arque un sourcil et Draken s'explique.

- Bois ça d'abord. Ça t'aidera crois moi. Mais, bois le d'un coup. Rit il un peu.

Elle hoche la tête et s'exécute. Le goût la fait tousser fortement.

- C'est vraiment dégueulasse ! Déclare t'elle, avec une moue de dégoût.

- Je sais. Mais attend quelques minutes et tu te sentiras mieux.

Elle hoche de nouveau la tête, enfouit son visage dans ses mains et tente tant bien que mal de se masser efficacement les tempes.

- Alors, qu'est ce qui t'a valut cette cuite mémorable ?

- Mémorable, c'est vite dit. Soupire Sura. Je n'ai que des bribes d'hier soir. D'ailleurs.... rassure moi... mon pyjama...

- Tu l'as mit toute seule. Assure t'il.

Voilà au moins quelque chose qui la rassure. Elle serait morte de honte, si Draken avait dû la déshabiller. Le jeune homme n'aurait jamais osé de toute façon.

- T'es resté ici ? Lui demande t'elle, essayant de se réveiller un peu plus.

- Oui. J'ai jugé que c'était préférable. On ne sait jamais les effets que peut avoir l'alcool sur quelqu'un.

- Merci. Souffle t'elle. Pour les raisons de la cuite... je sais pas ce qui m'a prit. J'ai eu... cette discussion assez étrange avec Mikey et... honnêtement... je pensais qu'il ne pouvait plus vraiment m'atteindre mais... je sais pas... tout ce qu'il m'a dit... c'était... je saurais pas comment expliquer.

- C'était blessant ?

- Non... ça m'a fait mal... d'une autre manière.

Draken connaît Sura. Il ne va pas la forcer à finir cette conversation. Surtout qu'elle commence à se rendre compte qu'elle se confie. Ce n'est pas son genre de faire ça.

Toutefois, il n'a pas vraiment de mal à deviner que ses sentiments pour Mikey sont toujours là. Elle tente juste de les enfouir du mieux qu'elle peut.

C'est la notification sur le téléphone de Sura, qui met fin à cette conversation. Elle regarde de quoi il s'agit et soupire fortement.

- Quand on parle du loup. Annonce t'elle. Il faut que je me prépare.

- Je dois y aller de toute façon. On se retrouve toujours ici, ce soir pour le retour de Taka ?

- Oui. D'ailleurs... est ce que ça peut... rester entre nous... pour hier soir ? Je ne tiens pas à l'inquiéter.

- Pas de problème. A ce soir. Lui sourit il, avant de s'en aller.

Une fois Sura prête, elle sort de chez elle où Mikey l'attend déjà. Ils doivent se rendre dans le bureau d'un juge, pour sonder la recevabilité d'une nouvelle preuve dans son affaire, amenée par un témoin sortit de nulle part.

Elle s'engouffre dans la voiture du jeune homme et ce dernier remarque immédiatement sa mine fatiguée.

Aucun des cadres présent hier soir, ne lui a parlé de la soirée de Sura. Ils ont jugés, après leur dispute, qu'il valait mieux qu'il n'en sache rien.

- Tu as l'air fatiguée. Lui dit il, simplement.

- T'en fait pas, ça ne te portera pas préjudice.

- C'est pas vraiment ce que je voulais dire.

- T'en fais pas pour moi. Tout va bien. Tranche t'elle.

Le jeune homme soupire et se concentre de nouveau sur la route. Même après ses révélations de la veille elle est toujours aussi distante.

Pourtant, il a mit son cœur à nu devant elle. Est ce qu'elle n'en a finalement plus rien à faire de lui ?

Ils arrivent assez rapidement et c'est dans un silence de plomb, qu'ils entrent dans le bureau du juge, après en avoir obtenu la permission.

Ils font face à deux hommes. Sura connaît le premier. Il s'agit de l'avocat de la famille de la victime, qui était policier. Le deuxième semble être ce fameux témoin qui détiendrait une preuve irréfutable.

La juge qui préside cette entrevue, leur permet de s'assoir et demande au témoin d'exposer les raisons de sa présence, ainsi que son identité.

- Je suis Hiro Sumire. Je suis un ancien collègue de la victime. On travaillait dans le même poste de police. Je viens amener la preuve, que la victime avait peur de monsieur Sano depuis des années. J'ai dans mes mains, une plainte signée de sa main, pour des menaces faites par monsieur Sano à son encontre. Il l'a remplie le jour même des faits, quelques heures après.

Il tend des copies de ce papier à Sura et à la juge. Apparemment, cette plainte daterait de 2014. Sura la montre à Mikey qui secoue la tête, pour signifier que ça ne lui dit absolument rien.

Sura observe attentivement ce document. Soudain, elle a un sourire en coin que Mikey ne comprend pas vraiment.

- Je peux ? Demande t'elle à la juge, afin de pouvoir commencer à parler.

- Faites. Approuve t'elle.

- Vous dites que cette plainte a été rédigée par la victime à la même date, où les faits ont eu lieu c'est ça ? Donc, le 15 mai 2014 ?

- Absolument. Affirme fermement Hiro.

- Alors c'est impossible. Déclare Sura. Pour cette date précisément, monsieur Sano a un alibi.

- Pardonnez moi Maître Tanaka, mais comment est ce que vôtre client, saurait ce qu'il faisait précisément ce jour là, il y a quatre ans ? Demande l'autre avocat.

- Lui ne s'en souvient sûrement pas. Mais moi oui. Il était avec moi. Ce jour là, on l'a passé ensemble. On a éteint nos téléphones et on a passé toute la journée ensemble, jusqu'au lendemain. Je vois pas comment, il aurait pu menacer la victime.

- Et que faisiez vous, si ce n'est pas indiscret ? Rétorque t'il.

- C'est indiscret. Affirme Sura, souriant faussement.

- Donc vous défendez un ex amant. Rit il.

- Rien ne me l'interdit. Répond Sura, haussant les épaules.

- Mais c'est ridicule. Intervient Hiro. Mon ami a certainement pu se tromper de jour quand il a écrit la date. C'est destabilisant ce genre de menace.

- C'est vrai. A la lumière des faits rapportés, ce doit être assez stressant pour se tromper de quelques jours. Reconnaît Sura. Mais est ce que c'est assez stressant, pour se tromper de quelques années ?

- Où voulez vous en venir, Maître Tanaka ? Demande la juge.

- Et bien, on a tellement l'habitude de voir ces formulaires de plaintes, qu'on oublie facilement, que ce format a été mit en circulation pour facilité le travail des greffiers et des avocats, en avril 2016.

La juge regarde de plus près le document dans ses mains, et ne peut qu'appuyer le point de vue de Sura.

- C'est exact, le 23 avril 2016 plus précisément. Affirme t'elle.

- Dans ce cas, comment a fait vôtre victime pour rédiger une plainte en 2014 sur un formulaire qui n'existait pas avant 2016 ? Demande Sura, haussant un sourcil.

- Peut être que la plainte a été reportée, ultérieurement sur ce formulaire. Opine l'avocat.

- Ou peut être que c'est un faux. Réplique Sura. Dans les deux cas, les informations sont trop biaisées pour que cette preuve soit recevable. Si je ne me trompe pas. Termine Sura, se retournant vers la juge.

- Elle a raison, Maître Suzuki. Je ne peux pas ajouter cette preuve au dossier.

Sans que personne ne le voit, Mikey a un sourire fier envers Sura. Pas par rapport à lui. Mais parce qu'elle a l'air tellement passionné par ce qu'elle fait, qu'il adore la voir ainsi.

- Ce qui vous laisse un dossier très mince. Conclut Sura, s'adressant à l'avocat.

L'homme enrage, mais ne peut que reconnaître sa défaite dans cette bataille.

- Monsieur Sano, Maître Tanaka. Vous êtes libres de vous en aller. Déclare la juge.

Alors qu'ils remercient la juge et s'apprêtent à prendre congés, Sura s'avance vers l'avocat et chuchotte.

- Faites un peu plus d'efforts, la prochaine fois.

C'est sous le regard mauvais de son interlocuteur que Sura et Mikey, sortent enfin de ce bureau.

Dans la voiture, c'est Mikey qui prend la parole.

- T'es un vrai génie.

- Le génie n'a rien à voir là dedans. Affirme Sura. C'est leur orgueil qui les a deservit. Je suis une débutante. C'est ma première grosse affaire. Ils pensaient sûrement que je ne verrai rien. Ça pue le coup monté à plein nez. Cherche qui pourrait te faire ça.

- Je le fais déjà, ne t'en fais pas. Assure t'il. Au fait... tu le pensais toute à l'heure ?

- De quoi ? Soupire t'elle.

- Que je ne me souvenais pas de cette journée avec toi ?

- J'en sais rien. Sûrement.

- Tu portais un débardeur blanc en satin. Tu avais ton jean kaki. C'est ton préféré si je ne me trompe pas. Tu avais attaché tes cheveux, avec une pince. Tu avais ce sourire, triste et adorable à la fois. On a mangé des taiyakis jusqu'à l'indigestion et on a même regardé cette série que tu ne voulais absolument pas rater. Les premiers mots que tu m'as dit, c'était que je t'avais manqué.

Sura reste sans voix. Entre eux deux, elle pensait vraiment être la seule à se souvenir de ça. D'autant de choses en tout cas. Voyant son silence, Mikey reprend.

- Je me souviens de chaque moment que j'ai passé avec toi, Sura. Dans les moindres détails. De nôtre première rencontre, jusqu'à aujourd'hui. Et je m'en souviendrai toujours.




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