Chapitre 1

Mai 2110.

    Je regarde le soleil se lever ce jeudi matin, où la lueur de celui-ci rampe petit à petit vers notre ville. Le barrage m'empêche de voir la lumière se projetant seulement sur les grands immeubles alors que le reste de la ville reste dans la pénombre.

Je me suis toujours demandée ce qui peut bien avoir derrière ce barrage. Mais personne n'a jamais eu l'occasion de le savoir mis-à-part les choisis qui eux n'ont jamais eu l'occasion de nous parler de ce qui se passe à l'extérieur du domaine. Beaucoup de personnes se sont demandées si certains d'entre eux n'étaient pas morts là-bas. Beaucoup de personnes ont été choisies, sachant que le gouvernement envoie une personne choisie tous les mois. Mais beaucoup sont morts en faisant seulement quelques pas à l'extérieur du camp. Ça fait seulement cinq ans maintenant que le gouvernement a mis en place ce test, en 2105 précisément, et ça ne semble pas réellement fonctionner pour l'instant...

Et voilà qu'aujourd'hui encore ils choisissent au hasard une personne pour savoir s'il est possible de vivre en dehors des limites. Je ne vois pas l'utilité de toujours envoyer quelqu'un, ils sont juste en train de perdre de plus en plus de personnes. Faire cela et juste envoyer quelqu'un dans la gueule du loup. Depuis cinq ans, ils n'ont toujours pas compris que c'était clairement impossible avec ce qui s'est passé.

J'ai depuis maintenant trois jours, dix-huit ans, c'est pourquoi je peux maintenant être l'élu ce mois-ci et les autres prochains mois pour le projet, il y a deux ans, le gouvernement a décidé de donner une tranche d'âge, comprenant enfin qu'envoyer des enfants de douze ans est horrible.

Et oui, je n'avais seulement que huit ans quand la nature a décidé de reprendre ses droits et de ne rien laisser aux humains. C'est un choc total de vivre une chose pareille. Je me rappelle encore des flammes et des tremblements de terre qui avaient fait tomber tous les cadres photos de mon ancienne maison. Je pleurais et ma mère essayait de me réconforter pendant que mon père, lui, essayait de retrouver mon petit frère Thomas qui jouait dans le jardin. Il ne l'a jamais retrouvé. Il était juste rentré dans la maison, pâle avec un air maussade. Ma mère avait beau lui avoir demandé ce qui n'allait pas, il n'a pas réussi à répondre. Il nous a juste dit de partir au sous-sol et de se mettre sous l'escalier. Elle criait et n'arrêtait pas de lui demander où était Thomas mais il n'a rien répondu, et lui a juste dit de partir me mettre en sécurité pendant qu'il en était encore temps.

Je me rappelle de ce jour comme si c'était hier. J'avais perdu mon petit frère, la personne avec qui je partageais le plus de choses, avec qui je partageais ma chambre et me disputais pour pouvoir utiliser son hélicoptère télécommandé. Perdre un membre de votre famille et une chose que je ne souhaite à personne. C'est la chose la plus horrible qui puisse vous arriver, surtout quand vous avez vécu un bon nombre de votre vie avec. J'avais porté Thomas dans mes bras le jour de sa naissance. Et ce jour là, je n'ai même pas pu lui dire au revoir. Je lui avais dit que je le détestais parce que, encore une fois, il n'avait pas voulu me prêter son hélicoptère. Je lui avais dit que je le détestais. C'était la dernière chose que je lui ai dite. Et je vous jure que je repense encore à ce que j'aurais pu faire pour le sauver, que j'aurais pu lui dire que je l'aimais plus que n'importe qui au monde avant son départ. J'aimerais tellement faire marche arrière. Mais c'est malheureusement impossible. 

J'essuie les larmes qui débordent autour de mes joues et essaye de ne pas repenser à ce terrible souvenir. Il ne se passera pas une seule fois où je ne pleurerais pas en repensant à mon petit frère.

Cette nuit je n'ai pas réussi à dormir, parce que c'est aujourd'hui le grand jour. C'est aujourd'hui qu'ils choisissent la nouvelle personne qui partira en dehors des limites. Je n'ai pas dormi parce que je n'ai pas arrêter de penser à ce qui se passerait si j'étais choisie. Mes parents eux ne peuvent plus l'être ayant dépasser l'âge où ils peuvent se battre sans difficulté, étant âgés de quarante ans, les personnes ne peuvent plus être choisies. J'espère atteindre cette âge vivante, n'ayant plus à stresser chaque mois sur leur tirage au sort. Comme cela fait trois jours que j'ai dix-huit ans, je sais très bien que même si je suis en bas de la liste, rien ne m'empêche d'être choisie. Mes parents ont pourtant essayé de me rassurer mais rien n'a marché. J'avais l'impression qu'ils essayaient plus de se rassurer eux-même.

Après avoir fini de me préparer, en me faisant une simple tresse française et en mettant un jean slim noir, une chemise blanche, et ma veste en cuir, je m'apprête à descendre les escaliers où mes parents m'attendent pour déjeuner, même s'ils savent très bien que je ne vais rien avaler.

Je marche dans les couloirs et observe ma maison, espérant que ce n'est pas la dernière fois que je pose mes pieds dans cette demeure. Tout est fait de bois, j'ai l'impression de vivre dans ses anciennes maisons du Texas qui ont un air très campagnard. Quelques objets que nous avons acheté reste modernes, mais sinon les seuls personnes dans le domaine ayant des belles demeures neuves et modernes font partis de notre petit gouvernement. Nous avons refait ce côté de la ville pour l'encercler ensuite d'un énorme dôme qui lui est entouré de vaste montagnes, seul le grand portail où les élus en sortent tous les mois nous mène à l'extérieur, aucun autre endroit est possible d'accès, c'est pour cela que le portail se situe à la seule surface où ces grandes montagnes ne se trouvent pas. Les travaux ont prit du temps. Mais nous avons tous participé et réussi à en faire quelque chose, même si nous regrettons sans doutes tous notre ancienne vie et nos anciens biens.

Je finis de descendre les marches en observant les cadres de nos photos familiales et de me diriger vers la salle où je me réunis toujours avec mes parents le matin.

« Salut. », dis-je d'une petite voix à l'entrebâillement de la porte de la cuisine.

Ma mère se lève suivie de mon père pour me faire un gros câlin. Je ne sais pas combien de temps nous restons là, mais je n'ai pas envie de les quitter. Je resserre mes bras autours d'eux alors que mes yeux deviennent larmoyants. Mes parents se reculent et me regardent avec des yeux remplis de peine. Mon père essuie la larme qui s'écoule sur ma joue et me la pince juste après, me faisant sourire.

« Allez viens manger, je t'ai fait un bon petit-déjeuner. », fit ma mère en posant une main derrière mon dos pour me faire avancer.

Je n'ai pas faim mais je m'efforce à manger les crêpes dans mon assiette pour faire plaisir à mes parents. C'est peut-être le dernier petit-déjeuner que nous avons tous les trois, et je n'ai pas envie de le manquer. Même si tout le monde reste silencieux, je profite de la présence de mes parents qui me soutiennent mentalement.

Nos assiettes finies, ma mère les nettoie tranquillement pendant que je les essuie. Mon père est toujours assis à la table de la cuisine en train de tapoter ses doigts dans un rythme parfait pour essayer de se calmer. Je sais qu'il fait ça quand il est nerveux, ce qui est plutôt rare. J'aurais trouvé ça bizarre s'il ne l'avait pas fait ce matin.

J'enfile mes bottines noires, pendant qu'ils mettent leur manteau dans un silence pesant. Mon cœur commence à battre plus vite, et une boule se forme dans ma gorge quand nous sortons dehors et que mon père barre la porte de la maison. Je regarde aux alentours et le voisinage fait exactement pareil que nous. Certains sont déjà sur le chemin, tenant la main de leurs jeunes enfants. Je déteste tellement cette journée mensuelle, je déteste regarder une famille brisée laissant partir un être qui leur est cher. Mais je crois que ce que je déteste le plus maintenant, c'est la boule coincée dans ma gorge que j'aurais tous les mois.

Pendant le chemin jusqu'au consulat, le silence est pesant. Personne ne parle, on entend juste les bruits de pas traînants contre la terre. Les enfants sont silencieux et ne pleurent pas, calmés par leurs parents. J'essaye de calmer ma respiration haletante mais rien ne fonctionne. Mes mains deviennent moites et mon cœur bat de plus en plus vite. Je sens ma mère me serrer la main et me jeter un petit regard en souriant, essayant de me rassurer. Elle doit sentir mon pouls battre dans sa main. Mon père garde sa main dans le bas de mon dos, et serre le tissu de ma veste quelque fois pour essayer de se calmer lui-même.

Nous arrivons devant le consulat, bondé de personnes. Je peux apercevoir les portes en ferrailles du domaine fermée en face de moi, avec les gardes devant attendant de l'ouvrir pour mettre l'élu à la porte. J'avale difficilement ma salive alors que mes parents et moi nous mettons en ligne, attendant la venue du chef du gouvernement. Je regarde mes pieds jouer dans la terre, salissant mes bottines en même temps. J'essaye de penser à autre chose mais rien ne fonctionne. Tout ceci est stressant.

Un petit homme chauve sort d'une grande porte en bois sur le côté gauche, un sourire au lèvre. Toujours accompagné de gardes, il se met sur l'estrade et commence à répéter son discours habituel. « Bonjour et bienvenue à tous. Encore ce jour, le sort de la vie nous remettra le nom de la personne élue. Qu'elle soit fière d'être choisie et de porter honneur à notre survie sur Terre. » Je répète en même temps les mots que l'homme chauve, que je connais par cœur depuis cinq ans.

Mon sang se glace quand il s'approche de l'urne cylindrique en verre. Je resserre ma prise, mes mains toujours attachées à celle de mes parents alors que l'homme mélange les bouts de papier à un rythme lent et affolant. Il relève la main et je ravale ma salive, essayant de respirer correctement. Il se met devant l'urne et ouvre délicatement le papier. Ils regardent toute l'assemblée d'un œil de vipère, comme s'il essayait de retrouver la personne dans la foule. Il repose ses yeux sur le bout de papier et revient à nous.

Il regarde la foule et prononce le prénom de l'élu.

« Mathilde Mason. »

Mon cœur s'arrête.

Mathilde Mason est représentée par Melini Martin (photo en multimédia).

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