Le barrage de Mikasa
Automne 2033
- "Comté de Jackson". Ca veut dire qu'on est pas loin de Jackson, non? Demande Eren en lisant le panneau.
- Quelques kilomètres, pas plus.
Ils avançaient depuis plusieurs jours dans des forêts et des routes pour arriver dans le Wyoming. Le temps était devenu triste, il faisait froid et il pleuvait, rendant le sol glissant.
- Prêt à voir ta sœur adorée?
- Je serai content d'arriver, soupire l'adulte.
- Tu es nerveux?
- Je ne sais pas ce que je ressens.
Ils avancèrent dans la route boisée.
- La route s'arrête ici, fit Eren en voyant une crevasse.
Livai ramassa une arme courte avec une lunette en fouillant dans une carcasse de voiture.
- Suivons la rivière. Ca nous conduira jusqu'à Mikasa. Viens.
- On dirait une citation d'un grand sage, dit Eren en descendant.
- Je ne suis pas encore assez vieux pour ça.
- Il s'est passé quoi entre vous?
- Comment ça?
- Mikasa et toi! Si vous êtes séparés, c'est qu'il y a une bonne raison.
- C'est juste qu'on était pas d'accord sur un point.
- Ah, nous y voilà! Quel point? S'exclame le brun.
- Mikasa voyait le monde d'une façon, et moi d'une autre.
- Et c'est pour ça qu'elle a rejoint les Lucioles?
- Ouais. Ton copain Erwin lui a vendu du rêve. Ca l'a occupée pendant un temps mais Mikasa étant ce qu'elle est, elle a fini par laisser tomber.
- C'était comment, votre dernière rencontre?
- Je crois que la dernière chose qu'elle m'a dite a été: "Je ne veux plus jamais revoir ta sale tronche". Ou un truc comme ça...
- Eh ben. Mais elle va nous aider?
- Ca, on va le savoir très vite.
- En tout cas, on y arrivera, avec ou sans son aide.
- Hmm
- Je me demande si elle est comme toi...
- Comme moi?
- Tu sais? Grincheux!
Eren mima un air de vieillard qui jacassait.
- Par pitié, ne me dis pas que je ressemble à ça!
- Ok, je ne dis plus rien alors.
- Merci. Et pour te répondre, on est très différents, elle et moi. Nous ne venons déjà pas du même père.
- Ah bon? Mais vous avez le même maman?
Le noiraud ne répondit pas et ne parla plus jusqu'à ce qu'ils arrivent à un barrage.
- Oh, c'est quoi, ça?
- Là-bas, c'est une centrale hydroélectrique.
- Euh... hydro... quoi?
- Hem... Ca utile l'énergie de la rivière et ça la transforme en électricité.
- Oh, stylé! Et comment ça marche?
- Ecoute, je sais ce que c'est. Pas comment ça fonctionne.
- Ok... Bon, comment on traverse?
Le courant semblait trop fort et Eren ne savait toujours pas nager. Livai rabattit une des passerelles avec une manivelle. L'autre était de l'autre côté, et cela formerait un semblant de pont. Il devait essayer de passe de l'autre côté de l'autre façon.
Il plongea dans l'eau froide pour fouiller à l'intérieur. L'autre côté était trop haut pour s'agripper et monter sans appuie. Il trouva une palette en profondeur et l'extirpa.
- Ok, Eren, il faut que...
- Je sais, que je grimpe sur cette foutu palette.
Il sauta dessus et le noiraud le poussa vers l'autre rive. Le garçon put monter et tourner la manivelle pour compléter la moitié de pond.
- Fais gaffe en traversant!
- T'inquiète.
- Quelle équipe, fit Eren en levant la main.
Ils se firent un high-five.
- Ouais.
Ils descendirent dans l'herbe pour y trouver un petit camp qui semblait vieux. Plus loin, il y avait un amas de terre avec un nounours dessus.
- Tch... Cette tombe est bien trop petite, soupire Livai.
- Oh non, j'ai oublié de laisser ce stupide robot sur sa tombe! Qu'est-ce que je devrai en faire?
- Eren...
- Quoi? Je veux en parler.
- Non.
- Pourquoi pas?
- Combien de fois je dois te dire ça? Les choses arrivent... et on doit avancer.
- Mais c'est juste...
- Ca suffit!
- T'as raison. Désolé, bougonna le garçon.
Ils n'avaient pas reparlé de Petra et Marco depuis la tour radio. Livai semblait les avoir oubliés ou ignorait les avoir connu. Le brun détestait cette facette pessimiste du noiraud. Il apprenait à s'ouvrir à lui, mais pouvait encore devenir très froid et distant.
- Allez, on va trouver Mikasa.
Ils montèrent la colline pour approcher du grand barrage.
- Ah... je meurs de faim, se lamente Eren.
- Ouais, moi aussi.
- Ok, le prochain écureuil que je vois, je lui fais sa fête.
- Une fois passé cet endroit, on essayera de trouver à manger.
- Bon, si je meurs de faim, ce sera de ta faute, Livai.
Ils arrivèrent devant l'entrée de la centrale. Les grandes portes semblaient fermées.
- Euh... Est-ce qu'on rentre?
- Il n'y a pas d'autres passage. Passons par la centrale.
Livai attrapa les poignées et tenta d'ouvrir la grande porte. Eren leva la tête et vit des hommes dans les postes de contrôle, les armes pointés sur eux. Livai recula en les remarquant.
- N'essaie même pas de dégainer ton arme, s'exclame un homme! Et dis au garçon de baisser la sienne.
- Eren, fais ce qu'il te dit.
Le garçon leva les bras en l'air comme le noiraud.
- Dites moi que vous êtes perdus, continue l'homme.
- Ecoutez, on savait pas que l'endroit était occupé. On voulait simplement traverser.
- Pour aller où?
- Tout va bien, fit une voix féminine derrière la porte.
- Tu les connais ces gens?
- Lui, oui.
La porte s'ouvrit sur une jeune femme asiatique:
- C'est mon putain de frère.
- Mikasa.
- Oh, merde.
Elle prit Livai dans ses bras et le serra fort.
- Comment tu vas, grande sœur?
- Oh, putain. Laisse moi te regarder. Tu vieillis jamais, Livai. Comment tu fais?
- Bah, j'ai pas dépassé la trentaine comparé à toi.
- Je t'emmerde.
L'homme de tout à l'heure était descendu et les avait rejoint, fusil à la main. Mikasa se tourna vers lui.
- Ca, c'est Jean. Soit gentil avec lui, c'est... C'est lui qui dirige cet endroit.
- Eh bien, merci de ne pas m'avoir descendu.
- Ca aurait été gênant, vu que vous êtes mon beau-frère, ricane Jean.
Livai alterna du regard les deux adultes avec un petit air surpris. Mikasa sembla gênée:
- Va falloir qu'on s'explique, à un moment.
- Eren, c'est ça?
- Ouais.
- Qu'est-ce qui t'amène ici? Demanda le blond.
Le garçon hésita en regardant Livai:
- Euh... C'est une longue histoire.
- Pourquoi on les ferait pas entrer, fit Mikasa comprenant du regard son frère.
- Ouais. T'as faim, Eren?
- Oh, carrément.
Ils rentrèrent tous dans la centrale, ce qui donnait sur une cour.
- Fausse alerte, on les connait! Crie Jean.
- On subit pas mal d'attaques, explique Mikasa. Il y a plein de bandits dans le coin.
Eren inspecta de plus près la sœur de Livai. Elle était grande et musclée, avec des cheveux courts très foncés comme son frère. Elle avait des traits asiatiques que le noiraud n'avait pas. Sûrement, venant de son père.
- C'est calme depuis quelques jours.
- Qu'est-ce que tu fous ici? Je pensais te trouver à Jackson.
- On essaye de redémarrer la centrale.
- On avait réussi à la relancer mais une turbine est tombée en panne, fit Jean.
- On a l'électricité, enfin on avait. On va la récupérer.
- J'y crois pas, s'exclame Eren. Vous avez des chevaux.
- On en a plein même.
- Hé, Mikasa. Donne moi un coup de main, fit un homme à côté d'un cheval.
- Je peux, demanda Eren voulant le caresser?
- Oui, bien sûr, dit Jean. Il aime qu'on lui caresse les oreilles. Tu es déjà monter à cheval?
- Eh ben... ouais.
- Quand est-ce que tu as monté un cheval, s'intrigue Livai.
- C'est Winston, un soldat de la zone. C'est lui qui m'a appris.
- Si tu veux, on pourra faire un tour avec lui tout à l'heure.
- Ca serait super.
Livai lui donna une petite caresse.
- Allez, on continue la visite, fit Mikasa en partant vers le bâtiment.
- Earl?
- Ouais?
- Qu'est-ce que tu fais là? Tu n'étais pas censé rentrer ce matin?
- J'attend toujours que Houser et les autres gars viennent me relever.
- On va se débrouiller, allez... va rejoindre ta famille.
- J'en ai plus que pour deux heures, ça ira.
- D'accord, mais n'en fais pas trop.
La centrale semblait bien organisée et les gens, participatifs. Ils rentrèrent mais le talkie walkie de Jean sonna.
- Ouais?
- On est dans la salle de contrôle. Steve va tout mettre en route, tu veux jeter un coup d'oeil?
- Hem... Je préfère manger avec Eren.
- C'était mon tour de toute façon, fit Mikasa. J'y vais.
- Je viens avec toi. Eren, va avec Jean et mange quelque chose.
- Livai? S'inquiéta Eren.
Il ne l'avait quasiment jamais laissé seul.
- Aller, Eren. Laissons le frère et la sœur travailler.
Eren regarda Livai s'éloigner avec Mikasa, le cœur lourd. Il avait un mauvais pressentiment. Mikasa referma le porte derrière eux.
- Ca sera la sixième fois qu'ils essayent de relancer les turbines. Ca fait une semaine qu'on est là, mais ça semble long.
- J'imagine bien.
Mikasa s'approcha d'un des lits superposés.
- Euh... J'ai quelque chose pour toi. L'an dernier, je suis retournée à la maison, au Texas. Le plus gros de nos affaires manquaient. La maison était intacte si tu veux savoir.
Elle fouilla dans un sac.
- Hem... Le plus gros. Tiens.
Elle lui tendit une photo abimée. C'était leur mère et ses deux enfants, lors d'un match de foot de Livai. Il avait gagné une coupe qu'il exposait fièrement dans sa chambre à l'époque.
- Elle est un peu passée, mais elle est chouette. Je me souviens quand tu...
- C'est bon, fit Livai en rendant la photo.
- Tu es sûr? Je veux dire...
- J'ai dit "c'est bon".
- Ok. Je vais la garder pour toi.
- Mikasa. Il faut que je te parle. En privé.
- Ouais, d'accord. Je vais juste aller voir les gars vite fait.
Ils montèrent sur la passerelle de la centrale pour rejoindre le centre.
- Je ne sais pas ce que tu sais sur cet endroit, mais va voir la ville. On compte plus de vingt familles, maintenant. C'est Jean et son père qui ont crée cet endroit pour vivre de façon autonome. On a des plantations, du bétail... On pensait que ce mode de vie était mort et enterré. Et pourtant...
- Et niveau sécurité?
- Les adultes gardent le périmètre à tour de rôle. On a même une barrière électrique... quand la centrale marche.
- Et vous avez toujours affaire aux infectés, n'est-ce pas?
- Ouais, comme partout. Il faut bien faire avec.
- C'est peut-être pas obligé.
- Tu parles comme Erwin.
- Tch...
Livai vit un chien allongé près d'un mur.
- Salut, toi.
- C'est Buckley. C'est pas un bon chien de garde mais j'aime bien l'avoir avec moi.
- Ouais, t'as toujours aimé les chiens.
- Maman ne voulait pas que j'en ai.
Livai devint muet. Mikasa soupira et ouvrit la porte pour accéder à la salle des machines.
- Ah, ces deux génies vont nous remettre la centrale sur pieds.
Deux hommes semblaient travailler sur une carte.
- Je crois que c'est la bonne cette fois.
- Quoi, tu ne crois pas en nous?
- Je n'ai pas dis ça, ricane Mikasa.
- Je te parie un million que ça marche.
- Ok, disons deux.
- On est presque prêts, il manque plus qu'à finir d'installer le bouclier.
- Tranquille.
Plusieurs hommes étaient afférés autour de l'énorme turbine.
- A gauche, faites gaffe! Ok, c'est bon. Baissez le doucement, crie Mikasa.
- Mikasa est là, on peut y aller?
- Juste une petite seconde, fit l'homme qui mettait le bouclier. Ok, c'est bon. Vas-y, démarre.
Mikasa donna son feu vert. Les turbines se lancèrent et la lumière vint dans la pièce.
- Oh, putain! On a réussi, s'exclame Mikasa. Beau boulot les gars. Il faudrait appeler Jean pour lui annoncer la bonne nouvelle. T'as vu ça?
- Assez impressionnant, murmure Livai. Tu vas devoir me trouver deux millions.
- Oh, mince. C'est vrai. Allons en discuter.
La grande sœur l'emmena dans une pièce à part où ils pouvaient être tranquille.
- C'est une sacrée équipe que tu as là.
- C'est des types bien. Cet endroit leur donne une seconde chance. Il nous donne à tous une seconde chance. Pourquoi t'as quitté Boston?
- Je me suis lancé dans une drôle d'aventure, explique Livai.
- J'imagine que c'est lié à Eren.
Livai s'assit:
- Tout est lié à ce gamin, Mikasa.
- Vas-y, raconte.
- Il est immunisé.
- Contre quoi?
Elle vit son frère sourire.
- Oh, déconne pas!
- Ecoute, je le sais. Je l'ai vu respirer assez de spores pour tuer une dizaine d'hommes et rien. Je n'y aurais pas cru non plus mais je peux te montrer.
- Ok, je te crois. Pourquoi l'amener ici, petit frère?
- J'étais censé le livrer aux Lucioles. Mais vu que ce sont tes copains, tu peux finir le boulot et empocher la récompenser.
- T'as raison, soupira Mikasa. Ca fait des années que j'ai pas vu les Lucioles.
- Mais tu sais où ils sont. Je ne te demande pas grand chose, Mikasa. Je veux un peu de matos, juste de quoi repartir.
- Qu'est-ce qui te fait croire que je ferais ça pour toi, Livai?
- C'est pas pour moi! C'est pour ta foutue cause!
- Ma cause, c'est ma famille, maintenant. T'es pas entrain de me parler d'une promenade de santé, là!
- Tu te fous de ma gueule... Demande à ton Jean de rassembler quelques-uns de vos potes pour le faire.
- Ils ont aussi une famille, mes potes. Comme nous, si tu pensais un peu à notre mère.
- Mikasa, s'il te plait! S'énerve Livai.
- Tu veux du matos? Ok! Mais compte pas sur moi pour te débarrasser de ce gamin. Et c'est cruel parce qu'il a l'air de vraiment beaucoup t'apprécier. Mais pour ça encore, tu fais l'aveugle.
- Super... Je vois que je peux compter sur toi!
- M'as-tu déjà remercier, Livai? Tu as compté sur moi toute ma vie!
- Te remercier?
- Pour toutes ces années où je me suis occupée de nous depuis que maman est morte!
- Occuper? Non, mais tu veux rire? Tout ce qu'il me reste de ces années sont des cauchemars.
- Nous étions orphelins et dans la misère la plus totale pendant une épidémie! Je faisais de mon mieux. Qu'est-ce qu'il aurait fallu que je fasse, Livai?
- Eh bah, ça valait pas le coup. J'aurai préféré crever ce jour-là!
- Tu a été un enfoiré, Livai et tu le restes. Tu vas abandonner ce gamin en guise de vengeance? Car tu es seul humain sur qui il mise tout? L'humanité est à chier et oui! Je comprend pourquoi je t'avais quitté.
Livai la poussa contre un casier.
- Je t'apporte le salut de l'humanité et tu oses jouer les pleurnichardes? Tu aurais été ravie avant.
- On est plus à Boston. Si tu lèves encore une fois la main sur moi, tu vas le payer cher.
Il entendirent une alarme.
- C'était quoi, ça?
- On nous attaque! Tu sais encore tuer un homme, non?
- Ouais, grogna Livai.
Ils sortirent de la pièce, arme en main. La salle des turbines était envahi par la fumée. Ils virent des mécaniciens à terre, tués. Mikasa rageait intérieurement.
- Merde, saloperie de bandits!
- Arrêtez, ne les laissez pas entrer!
Livai se cacha derrière une caisse et sauva un homme en tirant sur son attaquant.
- Va à droite, je vais à gauche, petit frère.
Ils avancèrent parmi la fumée pour tuer le plus possible d'ennemis. Ils arrivèrent à reprendre la salle de contrôle en main.
- Vous voyez quelque chose?
- Ils sont là!
- Passons par la passerelle.
La talkie walkie de Mikasa fit du bruit:
- Mikasa! Des bandits! Ils entrent dans le bâtiment!
- Vous pouvez sortir, demanda la noiraude?
- Non, je suis coincé avec Eren.
- Bougez pas, bougez pas! On va...
- Ils sont là. Eren, cache toi!
- Jean?
L'homme ne répondit plus. Livai pesta. Ils y avaient d'autres hommes sur le ponton. Ils devaient vite rejoindre Jean et Eren. Livai sortit son sniper et tira sur les hommes qui essayaient de se rapprocher d'eux. Mikasa les contourna par en dessous pour les avoir en surprise.
Le frère et la sœur n'étaient pas rouillés pour ça. Ils s'étaient beaucoup battus ensemble à une époque.
- Bon, on a fini ici avec ces fils de putes!
- Il faut qu'on rejoigne Eren et Jean, s'exclame Livai.
- Je te suis.
Ils arrivèrent de là d'où ils venaient avant. Les lits étaient vides et des hommes continuaient à se battre. Ils étaient sur un balcon. Livai finit ses munitions sur le reste des bandits.
Livai vit dans une pièce, l'adolescent avec son beau frère se défendre. Il tua la dernière menace pour eux.
- Ils sont tous morts!
- Mikasa?
- Jean, je suis là.
- On va bien. Le garçon n'a rien.
- Livai, s'exclame Eren en le voyant. C'était bien trop chaud!
Jean courut vers sa femme pour voir si elle n'était pas blessée.
- Ca va?
- Oui, t'inquiète pas. Avec Livai, on sait se débrouiller.
- Eren a su bien se défendre aussi.
L'adolescent courut vers le noiraud et le prit légèrement dans ses bras.
- Livai, oh merde... Ils arrivaient de tous les côtés, explique-t-il rapidement.
- Eren...
- Et puis, Jean a dit "Il faut courir"!
- Ecoute...
- Alors, on a plongé derrière ces tables et le géant est arrivé avec son fusil à pompe!
- Calme-toi. Calme-toi! Ecoute...
- Et là...
Livai lui attrapa les épaules:
- Hé, hé, tu es blessé?
- Non, pesta Eren.
Mikasa regarda les deux compagnons discuter. Elle soupira:
- Merde... Jean, il faut que je te parle.
Il retournèrent dans la cour où Eren put revoir les chevaux. Livai le surveillait en laissant le couple se parler plus loin. Mikasa lui expliqua la situation.
- C'est hors de question! S'exclame Jean. Dis lui d'aller trouver quelqu'un d'autre!
- Jean, je ne veux pas avoir ça sur la conscience.
L'adolescent les vit se disputer, il s'approcha du noiraud.
- Tu sais le nombre d'hommes qu'on a perdu ici aujourd'hui?
- Hé, qu'est-ce qu'il se passe, demanda le brun?
Livai ne répondit pas.
- Est-ce que ça a un rapport avec moi?
- On parlera de ça plus tard, fit Livai.
- Est-ce qu'elle t'a dit où était le labo?
- Eren, on parlera de ça plus tard, grogna-t-il.
- Plus tard... Je vois.
Eren s'éloigna de lui, énervé de l'attitude du plus grand.
- Il suffit d'une fois, d'un seul faux pas, continue Jean. Un seul, et moi aussi, je me retrouverai veuf! Ok?
- Je dois le faire. Je ne sais pas quoi dire d'autre, fit Mikasa dépitée.
Jean remua la tête puis leva les mains.
- Très bien!
Il s'éloigna d'elle.
- Jean. Jean!
Le blond s'approcha de Livai.
- C'est parti, murmura le noiraud.
- Vous. Si quoi que ce soit... Quoi que ce soit lui arrive! Ce sera de votre faute, s'exclame-t-il en le pointant du doigt.
Jean le regarda de haut en bas avant de partir.
- Il est reconnaissant, murmure Mikasa. Tu as sauvé beaucoup d'hommes.
- Ouais, je sais.
- Je vais emmener Eren. T'as pas à t'en faire pour ça. On ira tout droit chez les Lucioles.
- C'est mieux comme ça, dit doucement le noiraud.
- Ouais, peut-être que tout ça finira bien.
- Il faut... il faut que je parle à Eren.
- Bien sûr, fit Mikasa en prenant son talkie walkie. Attends, répète, j'ai pas entendu.
Livai se frotta le visage, il sentait une sorte de boule vide dans son ventre.
- Livai!
- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a?
- Ton gamin, il a pris un de nos chevaux et s'est enfui avec.
- Et merde... Vers où?
- Je viens de le voir partir par là, fit un homme en leur donnant deux chevaux.
- Merci. Retourne à l'intérieur et va aider les autres à nettoyer, fit Mikasa en montant.
- Ok, faites attention.
- Doucement, doucement.
Livai donna un coup pour faire avancer le cheval.
- Là, tu vois? Montra Mikasa.
- Ouais, des traces.
Ils les suivirent pour arriver sur une ancienne route qui était presque ensevelie sous la mousse.
- Il peut pas être loin, on va le trouver. Ne t'inquiète pas.
- Quelle tête de mule... Pesta Livai.
- Il fait souvent ce genre de trucs?
- Pas comme ça. Je ne sais pas ce qui lui prend.
- Ca fait longtemps que vous êtes partis de Boston?
- Depuis 3 mois, je pense.
- Putain, vous en avez fait une trotte.
- C'est pas facile avec tout ces enfoirés et les infectés qui rôdent. Mais Eren a appris à se défendre.
- J'ai vu ça. C'est plus vraiment un gamin, en fait.
- Ouais, sauf quand il fuit comme ça.
- Il doit bien y avoir une raison.
- Eren, qu'est-ce qui t'as pris, murmure Livai. Là, d'autres traces!
- On est sur le bon chemin. Il est vraiment partis loin.
Livai s'engouffra entre les rochers, il sauta au dessus d'un tronc d'arbre mais un cocktail molotov lui explosa devant. Son cheval cambra. Il en descendit aussitôt pour se cacher dans un voiture.
- Merde, je te couvre. Combien tu en vois?
- Beaucoup trop, souffle Livai.
Livai prit son pistolet et tira sur les hommes qui leur avaient fait une embuscade. Il se cachait dans des petits maison en bois. Ils ratissèrent le campement et les tuèrent tous.
- Viens, on file aux chevaux.
Ils remontèrent dessus pour se faufiler entre les cadavres.
- Les traces continuent. J'espère juste qu'ils l'ont pas trouvé.
Ils continuèrent à avancer dans les bois. Ils trouvèrent une clairière avec des barrières.
- Là. Près du ranch. C'est notre cheval, il doit être là.
Ils arrivèrent devant la maison.
- La voie est l'air libre.
Ils descendirent de leur cheval.
- Sois prudent.
Livai donna un coup de pied à la porte pour l'ouvrir.
- Eren. Eren!
La maison semblait vide.
- Eren?!
- Je suis en haut, répondit une voix qu'il reconnut.
- C'est pas vrai..
- Hem... Je monte la garde. Il faut que vous discutiez, fit Mikasa à l'entrée.
Livai monta lentement les escaliers et fouilla les pièces du premier étage. Il trouva Eren dans une chambre, assis à la fenêtre entrain de lire un livre.
- Ils se souciaient vraiment que de ça? Murmura le garçon en lisant le journal intime. Le foot, les films d'actions, leur multitude de petites copines? C'est bizarre...
- Lève toi, on y va. Aller, fit froidement Livai.
- Et si je dis non, soupire Eren en se levant?
- Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu représentes, hein? Pour t'enfuir, comme ça. Mettre ta vie en danger... C'est vraiment pas malin.
- Bah, je suppose qu'on est tous les deux déçus l'un de l'autre.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise? S'énerve Livai.
- Avoue que tu voulais te débarrasser de moi dès le début, pesta l'adolescent face à lui!
- Mikasa connait ce coin mieux que personne...
- Oh, je t'en pris. Lâche moi...
- Désolé, mais j'ai plus confiance en lui qu'en moi-même.
- Arrête un peu tes conneries. Qu'est-ce qui te fais si peur? Que je finisse comme Marco? Je ne peux pas être infecté! Je peux me débrouiller tout seul.
- Combien de fois on a failli y passer? Je suis fatigué de toujours m'inquiéter pour toi parce que...
- Eh bien, on s'en sort plutôt bien, pour l'instant.
- Et maintenant, tu t'en sortiras encore mieux avec Mikasa! Elle est plus forte et plus douée que moi. Tu survivras avec elle jusqu'aux Lucioles!
La voix de Livai avait déraillé à la fin de sa phrase. Il avait l'impression que sa tête allait exploser.
- Tu sais... Je ne suis pas comme elle, Livai.
- Quoi?
- Jean m'a dit pour ta mère. Et je...
- Eren! Là... Tu t'aventures... sur un terrain miné, siffle Livai entre ses dents.
- Je suis désolé pour ta mère, Livai. Mais moi aussi, j'ai perdu des proches.
- Tu ne sais absolument pas de quoi tu parles...
- Ah oui? Je suis orphelin! Le garçon que j'ai aimé avant toi est mort et... Merde, Livai! Toutes les personnes auquel que je me suis attaché sont mortes ou m'ont abandonnées!!
Eren voulut le pousser mais Livai attrapa ses poignets.
- Toutes! Sauf toi... Merde! Alors, ne me dis pas que je serais en sécurité avec un autre parce que la vérité... c'est que j'aurais encore plus peur!
Livai n'arrivait plus à sortir un mot devant le regard larmoyant du garçon. Il voulut bafouiller quelque chose, même un acquiescement. Il lâcha ses poignets et Eren l'embrassa prestement. Il écarquilla les yeux avant de les froncer.
- Il... il est grand temps de se séparer, Eren.
La porte s'ouvrit brusquement et Mikasa apparut en trombe.
- Préparez vous, on est pas seuls.
Livai alla voir à la fenêtre.
- J'en ai deux en approche.
- Il y en a encore plus à l'intérieur.
Le frère et la sœur se mirent au deux côtés de la porte alors que le garçon alla tristement se cacher derrière Mikasa. Des hommes étaient entrés dans la maison. Mikasa et Livai se faufilèrent pour les tuer.
Eren resta silencieux et les suivait silencieusement progressés dans la maison. Livai ne lui lança même pas un regard.
- C'est bon, il y a plus personne.
- Allez, on retourne aux chevaux, fit Mikasa.
Livai entrouvrit la porte d'entrée et inspecta le périmètre, son pompe en main.
- C'est clean.
Eren sortit de la maison en dernier en évitant Livai.
- Tu veux de l'aide, demanda Mikasa pour le cheval?
- C'est bon.
Ils les détachèrent et montèrent dessus.
- Allez... On va à la ville.
Mikasa passa en premier, le brun la suivit puis Livai à l'arrière. Le retour se fit en silence. Eren avait la tête baissé. Livai ressentit une pointe de remords. La nuit commença à tomber et ils virent apparaître la ville illuminée.
- Et voilà. Les gosses vont regarder des films ce soir, s'exclame Mikasa.
- Il est où leur laboratoire, demanda le noiraud?
- A l'extérieur. A l'Université de l'Est du Colorado.
- Allez les Big Horns! Eren, descends de ton cheval et donne le à Mikasa.
Le visage d'Eren resta perplexe.
- Je vais garder celui-là, si ça ne te dérange pas, continue Livai. Allez Eren, ne m'oblige pas à le répéter!
- Qu'est-ce que tu fais?
Le garçon descendit du cheval, l'air illuminé, comprenant ce que le noiraud voulait faire.
- J'ai retenu la menace de ton mari et j'ai pas envie d'avoir affaire à lui.
Eren tendit la lanière du cheval à la grande sœur.
- Désolé d'avoir volé le cheval...
- Ecoute, reviens en ville et on en discute, au moins.
- Tu me connais Mikasa, je suis têtu, fit le noiraud en aidant Eren à monter derrière lui. L'Université de l'Est du Colorado... Et où je le trouve ce labo?
- Dans le bâtiment des sciences, on dirait un miroir géant, tu peux pas le louper.
- Ok... Prend soin de ta famille, sœurette.
- Il y a une place pour toi ici, tu sais.
- Ouais, t'es prêt, demanda-t-il à Eren.
- Je suis prêt, fit Eren en entourant ses bras autour de son ventre.
- Sayonara, Mikasa.
- Livai, t'es plus tant un enfoiré que ça...
- Tch...
Livai donna un coup et partit dans la direction opposé pour se rendre à l'université.
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