La zone de quarantaine (1)

Eté 2033

20 ans plus tard

Livai se leva brusquement, entendant des coups insistants à la porte. Il frotta son visage recouvert de sueur et le prit dans ses mains quelques instants.

Il se racla la gorge et se leva pour ouvrir. Les coups ne s'arrêtaient pas ce qui l'énerva au plus au point, se tenant légèrement aux meubles pour s'avancer.

- J'arrive! Siffla-t-il.

Il enleva les verrous et laissa à apparaître la brunette qui entra dans l'appartement ne lui lançant qu'un faible regard. Elle semblait blessée à la joue. 

- T'as bien dormi, dit-elle en regardant la bouteille de whisky sur la table?

Elle se dirigea vers celle-ci et s'en servit un verre généreux.

- T'en veux un?

- Non... non j'en veux pas, dit-il le noiraud en s'accoudant au plan de travail. 

- J'ai des nouvelles intéressante pour toi...

- Tu étais où, Hanji? La coupa-t-il. 

- Dans le quartier ouest. On avait une livraison à faire. 

- Oui... ON avait une livraison à faire, dit-il énervé. 

Il s'avança vers elle et lui tendit un chiffon pour s'essuyer. Elle lui sourit ironiquement. 

- Tu voulais rester seul, tu te souviens? 

Elle le porta à sa blessure ce qui lui fit froncer les sourcils.

- Bon.. et qu'est-ce qu'il s'est passé?

- L'échange s'est très bien passé, si tu veux tout savoir... On a assez de cartes de rationnement pour deux mois facile, dit la femme en les posant sur la table. 

- Alors tu peux m'expliquer? Demande Livai en lui montrant sa joue? 

- J'étais sur le chemin du retour et je me suis fais attaqué par deux enfoirés! D'accord... j'ai reçu quelques coups... Je suis vivante, à ton plus grand malheur...

- Tch... Donne moi ça!

Il lui prit le chiffon, et le tamponna légèrement sur la plaie.

- Et... ces "enfoirés"? Ils sont toujours en vie?

- Hum... t'es marrant, ricane Hanji un sourire aux lèvres. Bref... on s'en fiche de ça. L'important, c'est que ces gars, c'est Kenny qui les a envoyé!

- Notre Kenny? Demande Livai étonné. 

- Ouais... le notre, dit Hanji malicieuse. Il sait qu'on le cherche, et il s'imagine qu'il va nous avoir en premier. 

- Ce sale fils de pute, il est malin, siffla le noiraud en frappant le chiffon contre la table. 

- Non c'est là que tu te trompes Livai, dit-elle en s'approchant. Je sais où il se cache!

Le noiraud esquisse un léger sourire:

- Ça m'aurait étonné.

La brunette lui rend son sourire avant de remonter ses lunettes, fière d'elle.

- Le vieil entrepôt de la zone 5. C'est là où il se cache, entouré comme un lâche. Il s'attend pas à ce qu'on débarque. L'ennuie c'est que je ne sais pas pour combien de temps.

- Ok, bah moi je suis prêt maintenant, dit-il en enfilant sa chemise. 

- Évidemment! 

Les deux contrebandiers sortirent de l'immeuble, des gardes surveillaient depuis le toit les rues sales et remplies de déchets.

- Le poste 5 est ouvert, on a que quelques heures avant le couvre-feu. 

- Bah, on devrait mieux se manier vite, renfrogne Livai en regardant le garde d'un oeil méfiant. 

Il suivit Hanji dans la rue, qui était presque vide, deux personnes parlant juste à côté d'une poubelle. 

- Décrispe les épaules Livai, on dirait que tu vas tuer quelqu'un.

- Très drôle...

- Je sais que je peux être marrante des fois.

Un message était diffusé sur les mégaphones dans le rue principale. Livai en avait marre de l'entendre tous les jours, lui répétant les mêmes mots:

- Attention: tout citoyen doit être muni en permanence d'une identification valide et doit obéir à tout le personnel de la ville. 

Toute la rue principale était remplie de militaires armés, même en étant pour l'instant un civil tout à fait normal, Livai les regardait avec méfiance. La vie dans les zones de quarantaine depuis le début de l'épidémie était difficile. Presque tout le monde vit dans la pauvreté, obligé de rentrer dans des trafics illégaux pour survivre, ce qui est le cas de Livai. 

- Regarde ça. Le rationnement n'est pas encore ouvert, remarque Hanji. On doit encore manquer de provisions. 

Une grande file s'étendait sur la rue. Ici, pour se nourrir, il faut posséder des cartes de rationnement que l'on gagne en travaillant, en théorie... Mais les rations sont maigres et souvent  divisées pour subvenir à la population. 

Livai regarda un nouveau graffiti des Lucioles qui avait était fait sur un drapeau de la FEDRA. Il avait tenté d'être enlevé en vain. Partout, des affiches de personnes recherchées, Livai s'étonnait presque qu'il n'y ait toujours pas la leur. La FEDRA n'est vraiment pas débrouillarde et profite juste des avantages d'être des soldats nourris. 

En avançant, les deux compagnons assitèrent à une inspection forcée, la maison était entourée de soldats et quatre personnes étaient au sol à être scanner. 

- Il est clean. 

Livai s'arrêta quelques secondes, et vit le visage de la femme qui allait être la prochaine. Il comprit.

Quant le soldat scanna son cou, il regarda l'analyse et dit:

- Ah... je crois qu'on a une cliente.

- Non! Je vous en supplie! Je suis pas infectée! Le scanner se trompe!

Livai ne voulut pas en voir plus, mais quand il se retourna, il entendit des coups de feu.  

- T'as vu, il y encore des infectés... Ça veut dire qu'il y a encore des personnes qui sortent de la zone. 

- Hum... Je nous ai eu de nouveaux papiers, on ne devrait pas avoir de problèmes à passer. 

Hanji lui passa un nouveau carnet d'identification. Ils s'approchèrent de la zone de contrôle et donnèrent le document au soldat. 

- Qu'est-ce que vous faites là? Demande-t-il en les regardant.

- J'ai pris ma journée, on va voir un ami.

- D'accord, vous pouvez passer.

- Merci. 

Ils allaient passer le portail quand soudain, un camion qui était juste en face d'eux explosa. 

- Oh merde! Cria Hanji.

- Dégagez d'ici! Dit le soldat en fermant le portail devant eux. 

- Fermez tout!

- Des Lucioles! Tirez!

- Attention: le poste 5 est fermé jusqu'à nouvel ordre. Tous les civils ont l'obligation d'évacuer les environs immédiatement. 

- Aller viens, dit Hanji en le tirant. Livai, on y va. 

Livai se retourna et se mit à courir suivit de la jeune femme. Tout le monde avait fui les rues. 

Hanji ouvrit la porte d'une de leur base et il rentrèrent, secoués par les événements. 

- Salperies de Luciole...

Les sirènes retentissaient dans les villes, assourdissant les oreilles. 

- Merde.. Ça aurait été trop beau! Peste Hanji. 

- Ça va toi? Demande Livai qui avait reçu quelques brûlures à cause de l'explosion.

- Ouais on va dire ça... Aller viens, ils vont fermer tous les postes de contrôle. Il va falloir qu'on fasse le tour par l'extérieur. 

- Par l'extérieur? Fit Livai méfiant.

- Ou tu préfères que Kenny s'en tire?

- Tch... Ouais c'est ça! 

Ils avancèrent dans le long couloir où un homme vers un tournant, était assis à surveiller. 

- Hé Hanji! T'as vu ce bordel?! S'exclame-t-il en se levant. 

- On y était... Ça donne quoi dans le tunnel est?

- RAS, j'ai fait le tour. Aucunes patrouilles, explique-t-il en continuant de marcher avec eux. Où est-ce que vous allez?

- On va faire une petite visite de courtoisie à Kenny. 

- Vous aussi? 

- Qui d'autre s'intéresse pas à lui? 

- Erwin, il se renseigne à droite à gauche pour le trouver.

- Erwin? Pourquoi les Lucioles chercheraient Kenny? 

- Il n'a pas voulu me le dire. 

- Bon, et qu'est-ce que tu lui as dis?

- La vérité. Je ne sais pas où il se planque. 

- Ouais t'as eu raison. Évite de t'attirer des ennuies. L'armée va bientôt débarquer en force. 

- Ouais, à plus. 

- Erwin qui cherche Kenny? T'en penses quoi, demande Hanji tout bas?

- J'aime pas trop ça. On ferait mieux de le trouver avant les Lucioles. 

Les deux compagnons continuèrent à avancer dans le long couloir. Ils arrivèrent dans une pièce insalubre où des bouteilles traitaient sur le sol et le papier peint se décollait. Livai y jeta un bref coup d'oeil avec dégout avant de suivre Hanji au centre de la pièce dans laquelle un homme était assis sur un canapé. 

- Salut les gars, comment ça va? Demanda-t-il. 

- Ça commence à être le bordel dehors. Comment ça se passe ici? 

- C'est assez calme... pas de signe de soldats et d'infectés en tout cas. 

- Ça fait plaisir à entendre, dit Hanji en remettant ses lunettes. 

La jeune femme se dirigea vers un vieux meuble qui était mis là pour cacher un passage secret. 

- Livai, aide moi à pousser ça. 

Le noiraud accrocha l'extrémité et les deux poussèrent, faisant tomber quelques bouteilles. 

- Faites attention à vous, dit l'homme en les voyant partir.

- Ne t'inquiète pas pour nous, ricane Hanji en sautant. 

Livai la suivit, l'endroit était sombre et humide. Une odeur de bois mouillé règnait entre les murs. 

- Arg! Ça empeste! Ils devraient vraiment faire gaffe à ce qu'ils jettent ici! Dit la jeune femme en se dirigeant dans l'endroit sombre. 

Elle alluma le générateur pendant que Livai manqua de se prendre un tuyau. 

- Que la lumière soit! Allez... allons prendre notre matos. 

Livai détestait cet endroit, il avança dans les couloirs creusés à même la terre. Ils arrivèrent dans une petite pièce illuminée avec des tables et des outils accrochés au mur. Livait attrapa son sac qui trainait sur l'une d'elles et constata qu'il n'avait que 4 balles.

- Hum... peu de munitions! 

- On va éviter de les gaspiller alors, dit Hanji en mettant son sac sur le dos. Hé, on passe par là! Fais moi grimper le Texan.

- Tu fais chier à prendre ce chemin, dit Livai en joignant les mains pour qu'elle puisse monter.

- Tu dis ça parce que t'es trop petit pour atteindre le haut. 

Elle lui tendit la main pour celui-ci puisse la suivre.

- Hmf, ta gueule! 

- Ha? J'ai vu juste... Aller, en route, on ne traine pas! 

Elle souleva la planche qu'il y avait juste au dessus d'eux pour remonter vers la surface.

Ils étaient dans un ancien café, abandonné depuis bien longtemps. Hanji s'avança pour voir s'il n'y avait personne. 

- Soit prudente.

- Je le suis toujours, non?

- C'est une question piège?

Le jeune femme ricana. La petite rue était complètement déserte, barricadé de tous les côtés. La végétation avait repris le dessus, qu'il y avait même un petit bassin à la place de la route. 

- Ça faisait un bail que j'étais pas venu ici... pensa tout haut Livai.

- On dirait un rencard. 

- Ouais bah... désolé, je suis pas du genre romantique. 

- Ah ha! T'as d'autres atouts. 

Ils marchèrent entre les voitures abandonnées pour arriver dans un batiment qui était tout aussi détruit. 

Une fois rentrés dans celui-ci assez difficilement du fait que les salles soient complètement remplies de débris, ils descendirent vers le sous sol.

- Tu penses que Kenny a toujours nos armes? Demande Hanji en allumant sa lampe torche.

- J'espère... pour son bien. 

- Une fois qu'on aura notre marchandise, on pourra l'écouler assez facilement. 

- Hum...

- Attend, s'exclame la jeune femme arrivant dans un couloir sombre, des spores! 

Le couloir était en effet alimenté d'une petite buée épaisse qui était irrespirable pour les personnes non infectée. Ce sont ces spores que dégage le champignon, le cordyceps, qui est à l'origine de l'épidémie. 

Livai soupira et attrapa son masque à gaz qui était accroché à sa ceinture.

- Putain mais d'où est-ce qu'elle sortent, elles étaient pas là la dernière fois, pesta-t-il.

- On va vite le savoir. 

- Ça provient forcément de quelque part, fais gaffe! 

Ils s'accroupirent pour passer dans un petit trou entre deux murs. Le plafond était complètement abaissé à cause de poids des autres étages qui lui sont tombés dessus. 

Livai progressait prudemment et accroupi entre les décombres. Il remarqua une silhouette humaine assise contre les murs. C'était ce qui semblait être un cadavre qui avait été complètement dévoré par le champignon. 

- Voilà ce qu'on cherchait, dit Livai en le dégageant avec dégout pour avancer. 

- Le corps n'est pas très vieux. On ferait mieux d'ouvrir l'oeil et tendre l'oreille. 

- Ouais... On va pouvoir passer par là, grogne Livai en déplaçant une planche qui lui gênait le passage.

Mais il entendit un craquement et des débris lui tombèrent dessus. 

- Merde! 

Par réflexe, Hanji le tira par derrière pour qu'il évite les pierres.

- Putain! Est-ce que ça va?

- Ouais... fais gaffe, le plafond est un vrai gruyère. 

- Belle comparaison, ricane la contrebandière. 

- Je passe le premier.

Livai tenta de ne pas toucher les murs quand il se faufila entre les restes qui avaient manqué de lui tomber dessus. 

- Doucement...

Il faisait déjà sombre dans l'endroit, et les masques sur le visage enlevaient encore plus de visibilité. Soudain, Livai sentit quelque chose lui attraper le pied. Il recula prestement et aperçut un homme coincé dans les décombres. 

Une plaque était tombé sur son corps, seul un bras et sa tête dépassait. Il toussa:

- Aidez moi... Mon masque est pété. Je ne veux pas muter... Je vous en supplie. 

Hanji lança un regard à Livai, si l'homme avait respiré des spores, il allait se transformer.

- Qu'est-ce qu'on fait? 

Livai pointa sur arme sur l'homme qui agonisait et tira de sang froid, une balle en pleine tête, qui le tua sur le coup. 

Il se baissa pour prendre les munitions de l'homme.

- Allez, on avance. 

Hanji sourit légèrement à l'insensibilité de son compagnon avant de le suivre dans le bâtiment. 

Elle s'accroupit derrière lui pour le suivre, mais il s'arrêta lui faisant signe de ne pas faire de bruit. Il avait vu devant lui une planche bouger... Il écouta attentivement et entendit des gémissements suivis de cris.

Il y avait des infectés, des coureurs pour être précis. Hanji se colla au mur d'en face et écouta. 

- J'en vois un, murmure Livai.

- Il y en  a d'autres... plus loin.

Les coureurs sont des humains qui sont infectés depuis peu de temps. C'est à dire qu'ils voient et qu'ils entendent encore. Le champignon n'a pas encore pris entièrement possession de leur cerveau. Mais s'ils voient un humain, ils courent vers lui et tente de mordre ou de le tuer. 

Mais heureusement, ils sont assez simples à tuer. Ils ne sont pas protégés par une carapace que forme le champignon au bout d'un moment.

Livai fit un signe à Hanji et s'approcha de l'un d'eux. Il l'attrapa prestement et bloqua son bras autour de sa nuque pour l'étrangler. Au bout d'un moment, l'infecté arrêta de se débattre. 

Livai le posa à terre et avança pour voir avec Hanji, deux infectés autour d'un cadavre, entrain de le dévorer. Il eut un hochet de dégout, même s'il a grandi dans ce monde où la mort et le sang règnent, on ne peut jamais vraiment s'y habituer. 

Hanji contourna le corps et fit signe à Livai pour attraper un des infectés. Ils les attrapèrent en même temps, Livai serra tellement fort qu'il entendit un craquement entre ses bras. 

Il lâcha le corps sans vie qui tomba au sol et soupira en le poussant légèrement du pied. 

- Bon... on les a tous eu, je pense...

- J'espère, grogne Livai en se raclant la gorge.

- On retourne en ville, dit la jeune femme en montant les escaliers qui leur permirent d'atteindre la surface.

Une fois avoir sautés dehors, il enlevèrent leur masque. 

- Enfin un peu d'air frais, s'exclame Livai en prenant une grande respiration.

- Si il y a bien une chose que j'aime ici, c'est ça! Dit Hanji toute souriant en avançant entre les immeubles. 

Les rues étaient recouverts de lierres qui avaient fini par craqueler le goudron des routes. 

- Pfff... J'ai horreur de l'odeur qu'il y a en ville. 

- Bah... Tu n'auras qu'à demander du désodorisant à Mike la prochaine fois, ricane Hanji. 

Livai renfrogna un léger sourire en dégageant un trou dans un des immeubles, caché par une palais remplie de feuilles. Il regarda derrière lui quand la brune passa pour vérifier qu'ils n'étaient pas suivis. 

Une fois sortis du bâtiment, ils slalomèrent un peu dans les rue abandonnées, se rapprochant de la ville. 

- Il faudrait s'assurer qu'il n'y a pas de soldats dans les parages, dit Hanji en ouvrant une porte blindée avec une de ses clefs. 

Elle la referma derrière pendant que Livai attrapa des munitions sur la table. 

Ils rentèrent dans ce qu'il semblait être l'accueil d'un bureau abandonné. 

Hanji ouvrit légèrement la porte et interpella un garçon qui était sur le mur d'en face. 

- Hé petit, regarde si la voie est libre, dit elle en sortant une carte de rations de son sac. 

Mais quand il voulut l'attraper, elle l'éloigna: 

- Pas de soldats et pas d'hommes de Kenny, ok? 

Elle lui donna et referma la porte le temps que le garçon vérifie les alentours. 

- Tu sais qu'il nous attend, fit Livai qui remplissait son chargeur. 

- Eh ben, ce sera plus intéressant, répond Hanji avec un sourire étrange sur le visage.

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