"Je vais l'étrangler avec un chapeau!"
La grosse femme devant moi restait bornée, les bras croisés en signe de mécontentement.
-Je n'ai même pas dormi dans votre chambre pourrie! J'ai juste posé mon sac! Vous allez me faire payer une nuit juste pour ça?
Elle hocha la tête.
-J'ai perdu un client à cause de vous, quelqu'un voulait une chambre! se plaigna-t-elle.
Je regardai derrière elle, sur le panneau où étaient accrochées les clefs des chambres. Elles y étaient toutes. Aucune chambre n'était occupée. Si un client avait voulu une chambre, il y en avait un paquet! Cette femme était seulement de mauvaise foi.
Résignée, je sortis de mon sac les quelques quatre-vingt dollars demandés et les tendis à la femme, souriante.
Sans un au revoir, je pris mon bagage et sortis de cet endroit appelé "hôtel".
Lagoon m'attendait, le petit Damian lui tenant la main.
* * *
Mes affaires installées dans la petite chambre de Lagoon et le matelas installé, je descendis rejoindre Damian et Lagoon, en pleine préparation d'un gâteau au chocolat.
-Alors tu vois, on prépare souvent un dessert, comme ça le petit s'occupe et quand les parents rentrent, le dîner est près. D'une pierre deux coups! Pendant que le gâteau cuit Damian se lave, ensuite je lui mets un peu la télé le temps de terminer le repas et de mettre la table. Les parents rentrent, n'ont plus qu'à s'installer à table où chacun peut parler de sa journée sans avoir à se préoccuper du reste. C'est une petite routine qui est plutôt agréable finalement! m'expliqua Lagoon.
-Je sais bien faire les gâteaux moi! intervint Damian.
-Je n'en doute pas! Vous avez besoin d'aide? demandai-je.
Lagoon me répondit que le gâteau était bientôt terminé, elle allait donner son bain à Damian. En attendant je pouvais faire ce que je voulais.
Je composai donc le numéro de mes parents qui décrochèrent rapidement.
-Alors comment c'est là-bas? Génial je parie! Passe-moi sa mère tiens, quémanda ma mère, toujours très enthousiaste.
-Euh... ça va être compliqué parce que... parce qu'elle est au travail, mentis-je.
Je n'avais aucune envie de dire à mes parents que mon arrivée avait été une catastrophe. Si mon père savait ce que Matthew avait fait, il aurait pris un vol pour Los Angeles et aurait forcé la prison pour aller dire deux trois mots à ce cher Matthew.
Mes parents vivaient en Normandie depuis des années, ils étaient originaires de là-bas et avaient pris un appartement à mon frère pour qu'il vienne faire ses études à la capitale. Quand j'avais demandé à mon tour de partir, mon frère s'était gentillement proposé pour m'héberger. Finalement ça n'était que pour que je m'occupe des tâches ménagères mais au moins, j'étais dans une grande ville et j'avais trouvé une meilleure amie.
Dès mon arrivée, María m'avait accueilli avec son sourire immense et nous étions devenues amies, jusqu'à ce qu'on se rende compte que nous étions plus que cela.
Si l'une appelait l'autre en pleine nuit pour un quelconque problème, l'autre rappliquait sur le champ.
-Ah? Je croyais qu'il faisait nuit, s'étonna ma mère.
-Tu as dû te tromper, il fait jour! Je te laisse maman, on va aller déjeuner avec... Matthew. Embrasse papa, je vous rappelerai plus tard, promis-je.
-D'accord, amusez-vous bien les amoureux, on t'aime. Ah oui et n'oubliez pas de vous protégez si vous... enfin...
-Maman. Stop. Je ne veux pas avoir cette discussion-là avec toi.
-Mais...
-Arrête ou je raccroche! la prévins-je, très sérieuse.
Avoir cette conversation était déjà très gênante mais lorsqu'on parlait de quelque chose qui aurait pu se passer entre Matthew et moi l'était encore plus.
-D'accord, d'accord! Je t'aime ma chérie, plus que Matthew si c'est possible!
-C'est ça, bisous.
Je raccrochai en soupirant. Il n'était pas dans mes habitudes de mentir à mes parents, bien que c'était de plus en plus fréquent depuis que je connaissais Matthew. Forcément que ma mère m'aimait plus que Matthew! J'étais persuadée que n'importe qui m'aimait plus que lui.
Je n'étais pas aussi proche de mes parents que Matthew de sa mère, en revanche même si son comportement prouvait le contraire, j'étais très proche de mon frère.
Aussi, je décidai de l'appeler pour tout lui raconter. Lui arriverait sûrement à dédramatiser toute cette histoire.
-Allô Jo'?
-Hmm?
-Ça va?
-Hmm.
Qu'est-ce que je disais déjà?
-Moi ça va pas.
-Hmm?
C'était sa manière à lui de me demander ce qui n'allait pas je supposais.
-C'est à propos de Matthew.
-Qu'est-ce qu'il t'a fait?! Je te jure s'il t'a fait quoique ce soit je vais lui démonter sa... hurla-t-il.
-Il est en prison, le coupai-je, sachant qu'il ne servirait à rien qu'il s'énerve.
C'eu le mérite de le laisser sans voix.
-C'est un toxico doublé d'un connard qui a fait rentrer de la drogue sur le territoire américain alors que j'étais avec lui, expliquai-je en tentant de rester le plus calme possible.
-Chapeau le gars...
-Jordan!
-Je veux dire... je vais l'étrangler avec un chapeau! Mais à toi il n'a rien fait?
-Pas directement non mais... commençai-je.
-Euh Matt t'aurais pas du scotch pour réparer la lampe? Du scotch à boire c'est bien aussi, dit un homme derrière mon frère.
Jordan lui répondit que ce n'était vraiment pas le moment parce que sa petite soeur avait une peine de coeur et l'homme s'éloigna je supposai, puisque son rire s'amenuisait au fur et à mesure.
-C'est ta nouvelle copine? riquanai-je, sachant très bien que quelque chose de mauvais se cachait dans le coin.
-Non c'est Brice, le voisin et ami du cousin de la copine de Seb'. Tu sais le grand musclé qui ressemble à Teddy Rinner? Il était à ma petite fête hier soir, répondit-il, le plus sérieusement du monde. Et au fait, j'ai revu Mylène. Enfin je crois, comme j'étais bourré, il est possible qu'elle n'était qu'une hallucination, mais enfin je crois qu'elle était réelle.
-La fête! m'exclamai-je. J'espère que tu n'as pas dévasté l'appartement? Et que tu n'as pas non plus dévasté Mylène? Elle avait quand même compris ce que je voulais dire alors par "mon frère fait une fête".
Je n'aurais jamais dû dire ça. Ô grand Dieu, jamais!
Mon frère se lança dans un monologue, me traitant de traitresse responsable du fait qu'il n'avait séduit personne la veille. Lorsque je lui demandai quel était le rapport, il me répondit que Mylène avait fait un scandale, hurlant à qui voulait bien l'entendre qu'il n'etait qu'un gouja doublé d'un menteur, coupant court aux idées des filles de poursuivre leur soirée avec mon frère.
-Et d'ailleurs pourquoi je te parle? Je ferai mieux de ne pas parler aux traitresses dans ton genre, cingla-t-il.
-Et Matthew?
Il était trop tard, mon adorable frère avait raccroché. De nous deux je ne savais pas qui était le plus mature.
Pourtant, même en colère, Jordan avait ce pouvoir de me faire rire même quand la situation paraissait désespérée.
Et autant dire qu'en ce moment, le nom de Matthew créant un cataclysme dans mon esprit, on pouvait dire que la situation était désespérée.
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