Chapitre 6 : Comprendre le jeu ennemis


Dans la voiture de Greg, le silence régnait en maître. Sally, assise à côté de lui, parlait par radio sur la fréquence réservée à la police pour obtenir plus d'information sur l'attaque qui était survenue au Parlement et dont ils venaient à peine d'être informés. Sur la banquette arrière, Sherlock réfléchissait, encore et toujours, cloîtré dans son palais mental, tandis que John observait le DI avec insistance dans le rétroviseur tout en berçant sa fille contre lui. Le renard d'argent avait les mains crispées sur le cuir de son volant, le serrant si fort entre ses doigts que ses phalanges blanchissaient sous l'effort qu'il exerçait. Lorsqu'ils arrivèrent, enfin, Greg gara la voiture sans se soucier de son emplacement et rejoignit son équipe qui était arrivée avec quelques minutes d'avance. Les pompiers étaient déjà présents également, éteignant les feux provoqués par l'explosion qui était survenue un peu plus tôt et dont certains piétons témoignaient auprès de deux agents qui prenaient notes de ce qu'il s'étaient passé. Deux ambulances avaient été dépêchées sur place, également, mais pour l'heure personne ne ressortait vivant du Parlement, pour leur plus grand malheur. Sally, sachant ce qu'elle avait à faire, boucler le territoire et vérifia le périmètre en coordination avec ses collègues pour s'assurer que de potentiels coupables ne prenaient pas la fuite. Sherlock, lui, observa pensivement l'immense bâtiment en faisant fonctionner les rouages de son cerveau. John suivit Greg après avoir confié sa fille à son compagnon. Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant le ruban de sécurité de la police, le plus vieux serrant son talkie comme il avait serré son volant, John posa sa main sur son bras, faisant sursauter son ami.

- Hey...Est-ce que ça va ? S'enquit-il tout de même, bien que connaissant la réponse.

- Non ça ne va pas. Le Parlement a été attaqué et c'est à moi de gérer ce merdier donc non ça ne va pas, John....

- Je ne parlais pas du Parlement, Greg, je parlais de Mycroft, ajouta-t-il en baissant la voix pour ne se faire entendre qu'eux deux.

Le DI sentit son cœur battre la chamade dans sa cage thoracique et ses yeux s'embuer alors qu'une boule d'angoisse se formait dans sa gorge. Il essayait désespérément de garder son sang froid, de ne pas paniquer. Il essayait de se dire que Mycroft allait bien, qu'il avait pu se mettre à l'abri, qu'il ne faisait pas partie des corps que les urgentistes commençaient à ramener en masse. Dire que le matin même, il déjeunait tranquillement avec son fiancé. Pourquoi avait-il fallu qu'il travaille bon sang ? C'était son jour de congé, et Mycroft ne devait pas sortir tard de sa réunion. Il avait promis de le rejoindre chez eux et qu'ils passeraient l'après-midi ensemble, à profiter tout simplement de la présence de l'autre. Connaissant son amant, Greg était même sûr que Mycroft avait prévu de les emmener au restaurant, comme il le faisait chaque fois qu'il en avait la possibilité. Il se souvenait de ce restaurant mexicain qu'ils avaient découvert par hasard un soir après une ballade qu'ils avaient faite. La pluie s'était mise à tomber et ils s'y étaient réfugiés. Le politicien et l'inspecteur avaient dévoré des tacos, des chimichangas, des quesadillas à s'en faire brûler les papilles et exploser la panse. C'était l'un des meilleurs souvenirs que Greg conservait de sa relation avec Mycroft, quand le plus vieux se laissait aller aux bonheurs simples de la vie. Un sanglot lui échappa sans qu'il ne puisse rien faire pour le retenir.

- Greg...? S'enquit une nouvelle fois John avant de voir que son ami avait les yeux rivés sur les urgentiste qui revenait avec un brancard chargé d'un corps sans vie.

Le DI sentit ses larmes se précipiter au bord de ses yeux gris et il s'écroula contre la portière de la voiture qui se trouvait près d'eux, ses jambes incapables de le supporter plus longtemps. Il se fichait de parâitre faible en cet instant, il se fichait de ce que ses collègues, Sally ou même Sherlock pouvaient bien penser de lui en le voyant ainsi à terre, incapable de se lever. Son souffle se raréfia dans ses poumons, son cœur s'emballa si fort qu'il crut qu'il allait faire une crise cardiaque et mourir dans la minute suivante. John, comprenant la panique de son ami, rejoignit le corps et, soulevant le drap, il poussa un profond soupir en fermant les yeux un instant. Les rouvrant, il fit signe aux urgentiste de l'emporter puis il retrouva Greg qui se balançait désormais très légèrement d'avant en arrière dans une veine tentative pour se calmer. Le médecin de Saint Bart s'agenouilla devant lui en posa une main compatissante sur ton avant bras.

- Greg, Greg écoute moi, tu es en train de faire une crise d'angoisse. Je sais que tu es inquiet mais j'ai été voir c'est...Ce n'est pas Mycroft. Cet homme avait le même gabarit que lui mais j'ai vu son visage je peux te promettre que ce n'était pas Mycroft. Je suis sûr qu'il va bien, qu'il est vivant et qu'ils vont le sortir de là. Greg, s'il te plait, ça va aller, il faut que tu me fasse confiance, tu veux bien ?

A l'entente de son nom, le policier releva la tête et planta son regard dans celui de John qui lui souriait d'un air avenant et confiant. Hochant la tête avec une lenteur extrême, il se laissa guider pour calmer son angoisse. Inspirer, retenir l'air, expirer, recommencer. Il leur fallut plusieurs minutes d'exercice pour parvenir à un résultat plus ou moins convenable puis Greg put se remettre debout, tremblant encore malgré tout de tous ses membres. Essuyant d'un revers de main les dernières larmes qui roulaient sur ses joues, il accorda un faible sourire de remerciement à John.

- Est-ce que ça va un peu mieux ?

- Un peu...Excuse moi pour ça je...Je sais pas ce qu'il m'a prit...

- Tu l'aimes, affirma John avant que Greg n'écarquille les yeux en pâlissant. Ne me regarde pas comme ça, je sais ce que ça fait. Je l'ai vécu après le "suicide" de Sherlock. Je sais que tu te sens mourir à l'idée de perdre la personne que tu aimes. Tu sais...Je ne pensais pas que tu tomberais amoureux de lui mais je dois avouer que Mycroft, même sil est tout aussi bizarre que son frère tu ne me dirais pas le contraire, est quelqu'un de bien. Vous êtes ensemble depuis longtemps ?

- Un peu plus d'un an et...fiancés depuis cinq mois. Sherlock ne le sait pas encore, ni ses parents, seule ma famille est au courant. Myc'...Il ne voulait pas que ça se sache...Je me dit parfois qu'il a honte...

- Au risque de parler comme Sherlock, s'excusa indirectement John, je crois que tu ne réfléchis pas beaucoup sur ce point, rit-il gentiment. Mycroft est pour ainsi dire l'homme le plus puissant du royaume uni. Il n'a pas honte. Si tu veux mon avis, il veut surtout te protéger, pour éviter qu'il t'arrive ce qu'il vient tout juste de se produire.

Greg baissa les yeux en se grattant la nuque presque timidement. Il est vrai qu'il n'avait pas pensé à cette possibilité. Il n'avait pensé qu'au fait que Mycroft puisse avoir honte de lui, pas qu'il veuille le protéger du monde extérieur. Et pourtant cette idée paraissait tellement évidente qu'il se gifla mentalement de ne pas y avoir réfléchi plus tôt. Malgré tout, ça ne changeait rien à certaines choses, comme l'incapacité de son amant à lui dire qu'il l'aimait. Mais là n'était pas la question. La question, sa plus grande priorité, était de s'assurer que Mycroft allait bien. Et en parlant du loup...

- Mycroft ! S'écria Sherlock en rejoignant Greg et John à qui il confia leur fille, passant la barrière de sécurité.

L'homme du gouvernement se tenait là, debout sur ses deux jambes. Enfin, sur ses deux jambes était vite dit. Le plus vieux des frères Holmes était soutenu par son assistante, Anthéa, qui avait passé un bras autour de sa taille et celui de Mycroft autour de ses propres épaules pour faire contrepoids. L'homme de glace vacillait dangereusement, seule sa jambe gauche encore capable de le porter, la droite pendant comme morte dans le vide. Sa tête lourde posée contre l'épaule de la jeune femme. Sherlock rejoignit son frère en courant et le porta entre ses bras comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'un moineau, l'emmenant à l'ambulance la plus proche où John et Greg s'étaient déjà rassemblés. Le détective sociopathe déposa son ainé sur le brancard et son compagnon l'examina avec attention, cherchant son poul.

- Il est vivant, annonça-t-il au grand soulagement des deux hommes à ses côtés. Mais c'est tout juste, il faut l'emmener à l'hôpital pour déterminer ce qu'il a; il...

- Quoi ? John qu'est-ce qu'il a ? Le pressa Greg d'une voix urgente et angoissée.

- Ses pupilles, elles sont trop dilatées, ce n'est pas normal, même une commotion cérébrale ne ferait pas ça, c'est...C'est quoi ça ? Fit-il en désignant la feuille épinglée à la chemise du blessé qui saignait toujours abondamment.

- Une liste, souffla Sherlock en la décrochant pour la lire. C'est une liste de drogue. Quand je me droguais, Mycroft m'avait demandé de lui faire une liste de ce que je m'infligeais pour qu'il sache quoi faire si jamais je devais faire une overdose. Cette liste contient tout ce que je me suis déjà infligé dans ma vie, et elle est longue...Cherche une marque de piqûre, sur les bras ou dans le cou, ordonna le détective à son époux.

John chercha, d'abord dans le cou de Mycroft, sous le regard attentif de Greg puis, enfin les bras, et c'est là qu'il trouva la marque, dans le creux de son coude, une croûte de sang séché la recouvrant partiellement. Comprenant ce que ça signifiait, Sherlock bondit dans l'ambulance après avoir récupéré Rosie et il claqua la porte avant d'ordonner à l'ambulancier de démarrer immédiatement en direction de Saint Bart.

- John, qu'est-ce qu'il se passe ? Paniqua réellement Greg en voyant son ami coucher le politicien en position latérale de sécurité.

- Mycroft est en train de faire une overdose, Greg. Si on ne va pas à l'hôpital immédiatement, il va mourir, et très bientôt...


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