Une grotte sablonneuse
Les jours qui suivirent on ne vit que très peu Gandalf qui passait son temps auprès d'elfes et de bien d'autres créatures sages, enchaînant les conseils dont la compagnie n'eut pas même vent, ils étaient bien trop occupés entre eux à passer le temps, à se prélasser et à profiter de chaque heure encore disponible à Fondcombe avant de devoir refaire face à leurs aventures épuisantes. Mais, pendant quelque temps les compagnons de Thorin avaient été bien dessoudés, ils avaient grandement désapprouvé sa décision : celle de présenter la précieuse carte au Seigneur Elrond. Mais ils n'eurent pas leur mot à dire quand leur chef éleva la voix, leur rappelant que sans aide ils ne pourraient pénétrer dans la montagne et qu'ils marcheraient pendant des jours sachants qu'ils iraient droit vers un échec. Ils acceptèrent donc et le soir-même où le grand nain discuta avec le Hobbit, il alla à la rencontre de leur hôte qui les mena dans une de ses salles préférées. Purent alors entrer les privilégiés d'Elrond : Gandalf, Thorin, et Bilbon qui étaient les curieux et ne l'oublions pas, les érudits de la troupe.
Ils observèrent la pièce sans cacher leur curiosité dévorante et ils furent impressionnés de la voir si vaste, si baignée de lumière lunaire, si ouverte au monde. En effet, seuls trois murs étaient montés pour créer comme un balconnet, qui débouchait sur un précipice. Tout en bas, s'échouait dans un bruit blanc et puissant, une cascade d'eau cristalline, qui parfois s'écrasait sur les pierres tranchantes en contre-bas. Ils trouvaient l'emplacement superbe, alors qu'une lune brillait au-dessus de leurs têtes avec une force qu'on aurait dit décuplée. Au loin, on entendait encore de la harpe, le vent venait chatouiller les cheveux des visiteurs, et c'était bien l'emplacement le plus paisible de toute la demeure du Seigneur Elrond -si cela était possible tant on se sentait bien dans cette ville d'elfes. On put alors voir le Seigneur marcher lentement vers une pierre blanche, immense, et brute où il déposa la carte offerte d'une main hésitante par Thorin. Il avait lu les runes à voix haute, celles qui parlait du passage dérobé dans la Montagne mais alors qu'il réfléchissait bien à ce qui leur avait échappé, une lueur blanche et veloutée glissa dans la pierre avec douceur. Elle grimpa du socle à sa base, jusqu'au sommet poli et lisse, et c'est alors qu'on la vit, cette lumière. Elle avait fait briller avec superbe de nouvelles runes, discrètes et si bien tracées. Le seigneur Elrond eut un sourire presque nostalgique alors qu'il avait passé un doigt sur les runes.
« Des runes lunaires ? » Questionna alors Gandalf qui s'était approché de son vieil ami. « Bien évidemment, bien difficile à repérer tout de même. »
« Il est vrai, dans le cas présent les runes lunaires ne peuvent être lues qu'à la lumière d'une lune de même forme et saison que lors de leur écriture. Celles-ci ont été écrites la veille d'un solstice d'été sous un clair de lune à son premier quartier. Exactement la même que celle qui brille au-dessus de nos têtes. Vous deviez être destinés à visiter Fondcombe, Thorin Ecu-De-Chêne. »
L'elfe eut un sourire amusé et il se mit à lire à voix haute.
« Tenez-vous près de la pierre grise quand la grive frappera
Et le soleil couchant avec la dernière lueur du jour de Durin
Brillera sur la serrure. »
La carte fut retirée de la pierre enchantée et on vit Bilbon se gratter la nuque. Sa voix perça alors le silence de réflexion qui s'était instauré, il était bien trop dans l'incompréhension parmi les nains.
« Le... Le jour de Durin ? Je ne savais pas que le personnage possédait sa propre journée. »
« Il s'agit du premier jour du nouvel an nain, lorsque la dernière lune d'automne et le premier soleil d'hiver apparaissent ensemble dans le ciel, répondit Thorin en caressant sa barbe nerveusement, mais cela est très fâcheux. L'été se poursuit rapidement, et nous devrons y être à la fin de l'automne... »
« Nous y serons Thorin, il nous faudra juste poser le pied sur la montagne au bon moment, et attendre la bonne lueur du soleil pour voir cette serrure se révéler. »
Elrond qui tournait dans la pièce s'approcha de Thorin à qui il rendit sa carte. « Voilà donc votre intention, pénétrer dans la montagne... »
« Cela pose-t-il problème ? » le questionna le nain qui ne désirait guère les remarques d'un elfe malgré qu'il l'ait grandement aidé quelques minutes auparavant.
« Beaucoup jugeraient cette mission peu avisée. Mais je n'ai guère mot à dire sur le sujet. Poursuivez comme bon vous chante, Thorin Ecu-De-Chêne."
On se questionna un instant du pourquoi l'hôte appréciait tant l'utilisation du nom du nain, mais on jugea l'information bien inutile face à la révélation de ce soir-là. Gandalf quitta alors la pièce, suivit par Elrond qui avait le sommeil à présent au bout des paupières. Seuls les deux petits hommes restèrent contemplant le quartier de lune si grand depuis si bas. Bilbon aimait les étoiles, les astres et le ciel, ils lui apportaient réconfort et bien être, mais ce n'était guère le même sentiment dans l'esprit du nain, qui, vagabond, était déjà dans la montagne à envisager quel était ce flanc qui devait être grimpé, et où il devrait se tenir. Tout était si compliqué... il s'avança alors au bord de la falaise et s'y assit, ses pieds pendant dans le vide. On aurait pu le prendre pour un fou, à risquer ainsi de glisser et tomber, mais Thorin était aussi bon grimpeur qu'équilibriste. Il était bien rare qu'il chute d'une falaise, et lorsqu'il voyait que cela arrivait à un autre, il savait l'en sortir d'une main. Bilbon n'était pas aussi vaillant, mais il désirait discuter quelques peu avec lui, peut-être pourrait-il soulager son esprit si embrumé ? il prit alors place au bord de la falaise, ses grands pieds pendant dans l'air. Il ignora le soudain vertige qui l'avait ébranlé et posa une main sur l'épaule de son compagnon pour se retenir de tomber. Il senti alors une main sur la sienne, le retenant avec douceur ce qui fit chauffer ses joues. Thorin n'avait jamais posé une main sur lui de cette manière, et il la trouvait bien réconfortante. Il resta donc ainsi attaché à l'épaule du nain, caressant distraitement les poils de Warg. Il brisa finalement le silence et la main de Thorin glissa de la sienne pour disparaitre dans la poche de son manteau. Bilbon en fut déçu dans un recoin de son cerveau.
« Vous voilà bien tracassé, Thorin. »
« Certes, mais au moins, je sais où aller et quand... Le Seigneur m'a bien aidé. »
« C'est un homme bon. »
Ils hochèrent de la tête bien que le nain ne fût guère satisfait, il n'aimait pas complimenter les elfes, et ils regardèrent la cascade d'un œil étrangement mélancolique. Tous deux pensaient à la même chose sans que cela le soit complètement. Ils repensaient à leurs logis, Thorin à sa montagne et Bilbon à son feu dans l'âtre, son sellier, ses gâteaux et même sa petite cuisine. Il n'aurait pas cru la regretter un jour mais il dû bien avouer qu'il était bien las à présent et qu'il en avait un peu assez d'être un membre de la compagnie sans vraiment l'être. Il posa alors sa main entre ses cuisses, quittant l'épaule esseulée du Prince qui n'osa pas demander à ce qu'elle revienne. Mais il se sentait trop seul et il ne s'imaginait pas demander cela à un autre des nains de la compagnie. Il se tourna donc vers on Hobbit et eut un sourire faible.
« Pouvez-vous vous approcher ? »
« Pourquoi ? »
Thorin détourna le regard vers la cascade, cherchant une excuse suffisante. « J'ai un peu froid. »
Bilbon aurait voulu en savoir plus mais il ne demandait pas mieux que de s'approcher un peu. Il posa alors sa main froide contre la pierre noire, et avec lenteur il se fit glisser jusqu'au nain brun. Il senti dès lors leurs épaules se toucher -bien que celle de Thorin fût plus élevée- et ils patientèrent, silencieux mais heureux. Ils sentaient le souffle de l'autre, et ils se regardaient parfois même. De loin, on aurait cru voir deux vieux amants en pleins adieux, mais tous deux se disaient qu'ils ne faisaient que se réchauffer le corps comme le cœur, se donnant un peu de chaleur humaine -si nous pouvions le dire ainsi. Ils restèrent longtemps et le mot passa à Fondcombe, d'oreille pointue en oreille pointues, on en rit bien. On vit alors passer plusieurs cheveux éclatants, qui, rapides comme l'éclair, observaient le Chéri en compagnie de sa Souris. Des chansons furent à nouveau écrites à cet instant et on les chanta aux oreilles de la compagnie qui n'en saisissait pas un traitre mot, trop impatient d'entendre leur chef leur dire des choses nouvelles à propos de leur Montagne Solitaire. Cela allait joyeusement autour des terres et on entendait ces vers, accompagnés de harpes et de flûtes sauvages -c'était une belle célébration vous pouvez me croire- :
« Ô Chéri Chéri, tu as trouvé Mari
Dans son trou vont habiter,
Les tourtereaux trop épris,
Ô allez, venez les voir s'encanailler.
Pour quand le baiser, ah pour quand le baiser !! »
Dwalin avait été agacé par ces chanson, lui qui pensait qu'elles parlaient d'elfes en noces et il fut bien mécontent de leur indiscrétion. Or, personne à part les oreilles pointues ne comprirent que là-haut, près d'une pierre lunaire deux hommes se souriaient comme de vieux amants, se contant des histoires amusantes ou des sottises de leurs enfance. On entendit vaguement que Bilbon aimait chasser les animaux à coups de pierres étant enfant, et on comprit rapidement que Thorin n'eut guères d'occasions de s'amuser. Cela ne gêna pas le Hobbit qui, égoïstement, c'était dit qu'il amuserait Thorin à l'avenir. Mais, il ne savait pas que lorsqu'ils passèrent ensemble la porte de la pièce, le prince se senti encore plus seul que jamais, le cœur lourd de sentiments incompréhensibles. Bilbon lui manquait déjà, et lorsqu'il se tourna vers sa silhouette sautillante il dût porter une main à sa poitrine. Comment pouvait-il agir sur lui de cette manière, et ces elfes ne pouvaient-ils pas se taire ?! Il venait de passer le coin d'un couloir et deux jeunes hommes s'étaient mis à chanter à tue-tête.
« Et il l'embrassera sous la Montagne,
Lui soufflant tout son amour,
Oh souris ma compagne,
Viens que mes bras t'entourent.
Pour quand l'aveu, Ah Thorin pour quand l'aveu ?! »
Il n'en fallut pas plus pour que Thorin éclate de colère et prenne un vase de terre qu'il brisa sur le crâne de l'un d'eux. Ils fuirent alors en riant, nullement blessé par l'attaque de ce pauvre nain agacé, et ils allèrent chanter avec les leurs dans la cour extérieure.
Mais, pour conteurs comme votre humble serviteur, les moments de bonheur n'ont pas grand intérêt. On retiendra alors que la compagnie fut la bien plus heureuse sur terre de passer quatorze longs jours à Fondcombe, prenant des forces, des nouveaux bagages, et surtout ils avaient eu le temps de mettre en place tout leur chemin vers le pic solitaire. En effet, le seigneur de la Maison Fondcombe leur avait donné un plan pour éviter les plaines les plus dangereuses des montagnes de Brume, où grouillaient des gobelins depuis des années à présent. Les conseils avisés furent alors bien écoutés, et on prit le chemin avec des poneys remis sur pieds, des nouveaux bagages, et des provisions sous lesquelles on faillit crouler. Ils n'allaient pas s'en plaindre. C'est ici que nous laisserons les elfes et leurs chants joyeux, et également ici qu'on laissa l'hospitalité, au-devant, tout n'était plus que noirceur. On grimpa alors des pentes et on essaya de ne pas perdre de temps dans les montagnes qui étaient trop -bien trop- dangereuses.
Mais, les pauvres, furent rapidement rattrapés par Mère Nature qui était depuis le bon début de ce périple bien trop contre la compagnie. Eclata alors un orage encore plus violent que celui qui avait précédé la rencontre des trolls, et tout grondait dans la montagne. Les nuages craquaient, éclataient et déversaient tout leur soûl, ils ne semblaient guère vouloir s'arrêter, et ce fut bien vite qu'on regretta les toits tuilés de Fondcombe. Ils furent trempés jusqu'aux os, leurs capuches devenant inutiles voire même encombrantes. On les essorait, râlait et balançait des insultes. C'est alors qu'on vit un second orage arriver de plus loin et tout s'aggrava.
« C'est un combat d'orage ! » Hurla Bofur qui était descendu de son poney pour monter une pente et le tirer.
« Et pas que ! » S'exclama Dwalin, essayant de se faire comprendre malgré la pluie battante et hurlante. « Des géants ! des géants de pierre ! »
En effet, au loin, on vit trois grandes créatures de statures infinies, leurs roches craquant, claquant et s'arrachant. On le voyait attraper des grandes pierres de la montagne qu'ils balançaient dans la plaine en contre-bas. Ils jouaient à voir qui lançait le plus loin, écrasant, arbres, bêtes et creusant la terre sous le choc. Cela ne les gênait guère et on les entendit rire d'un rire aussi craquant que le tonnerre. On était mort de peur sur le flanc de la montagne, surtout que les pauvres venaient de s'engager sur une tranchée étroite et glissante. Ce n'était plus possible de cette manière et on commença à chercher refuge, hurlant qu'il fallait absolument se réchauffer, se sécher et manger un peu.
Ils trouvèrent en premier lieu une minuscule excavation qui ne les protégea que pendant une trentaine de secondes avant que les visages ne soient à nouveau fouettés par vents et tempête. Il fallait à tout prix trouver autre chose et c'est à cet instant que les plus jeunes nains, frêles et débrouillards trouvèrent travail. Thorin attrapa leurs épaules, leur dictant de trouver au plus vite une grotte, une cachette, quelque chose de sec, et surtout, de bien observer si la grotte n'était pas habitée.
Fili et Kili acceptèrent alors la mission donnée par leur oncle, frottant leurs bras glacés et claquant des dents. Ils se glissèrent donc dans la tranchée trempée et disparurent de vue. Ils ne mirent pas beaucoup de temps avant de revenir et de hurler qu'ils avaient une grotte. Tous savaient qu'ils n'avaient pas dû vraiment vérifier la grotte s'ils revenaient si vite mais on avait trop froid pour refuser un toit et ils les suivirent. Le sol était affreusement glissant et ce fut malheureusement notre héros qui en fit les frais. En effet, alors que la terre grondait en harmonie avec le ciel, on entendit rapidement le son d'une chute prématurée dans la montagne suivit d'un grand 'Où est notre hobbit ?! » prononcé par on ne savait quel nain. On chercha alors sur le chemin, en avant et en arrière, mais on ne vit que deux mains dépassant du bord du chemin, glissant alors que la pluie coulait le long de la pierre tranchante. Ses pieds glissaient sur la paroi alors qu'il tentait de remonter et on entendait à peine son souffle affolé. Les nains considéraient Bilbon comme l'un d'entre eux et on vit Dwalin plonger à la recousse du Hobbit qui avait soudainement lâché. Il l'attrapa par la main, serrant aussi fort qu'il le pouvait pour ne surtout pas l'abandonner au précipice. Mais même avec l'aide d'autre nains on avait grande peine à le hisser. On vit alors Thorin se glisser au bord de la falaise et il ne se tint qu'à une main pour mieux utiliser l'autre. Il hissa alors son Cambrioleur en le poussant d'une main forte, se mettant lui-même dans un danger sans nom. Mais il avait l'habitude de grimper, et comme dit plus haut, il savait aider lorsqu'il s'agissait de ce genre de choses. Il remonta donc une fois que Bilbon était de nouveau sur une terre solide mais il devait avouer que quelque chose l'agaçait. Il pensait qu'il s'agissait du fait que Bilbon les ralentissait mais c'était surtout une panique sans nom qui avait rongé ses veines lorsqu'il vit ce petit homme glisser et chuter, qui était venue nourrir sa colère.
« J'ai bien cru que nous avions perdu notre cambrioleur » couina Balin en aidant Bilbon à se remettre sur pieds.
« Il est perdu depuis bien trop longtemps, il n'a rien à faire parmi nous. » répliqua Thorin, serrant un poing contre son cœur.
Bilbon n'avait rarement était aussi blessé qu'à cet instant mais il se disait qu'après tout il n'avait pas tout à fait tort. Sans eux peut-être serait-il mort aux portes de Fondcombe ou bien même avant. Cela se mit à mûrir dans son esprit tandis qu'on continuait le chemin vers la grotte trouvée par les jeunes frères.
Ils durent tirer difficilement leurs poneys jusque dans cette petite grotte tapissée de sable mais une fois à l'intérieur, les gémissements du vent, le bruit de la pluie et les sons déchirants des rochers lancés au loin s'étaient évanouis. Bilbon s'écroula dans un coin de la grotte pendant que Thorin avait entreprit l'aventure de la parcourir, et bien étrangement il revint avec la bonne nouvelle que pas même une chauve-souris avait élu domicile dans cette grotte. Surement que s'il n'était pas si fatigué il comprendrait que cela n'était guère une bonne nouvelle que même les animaux aient abandonné l'excavation, et Gandalf qui les suivait depuis longtemps en silence comprit qu'il ne s'agissait pas d'une grotte comme une autre. Il décida donc de ne dormir que d'un œil et tous les nains s'afférèrent à rapidement préparer un campement pour dormir. Thorin avait interdit un feu malgré le fait que tous étaient trempés jusqu'aux os, il ne voulait guère que la fumée ne les étouffe et surtout que cela attire bêtes sauvages et gobelins qui pullulaient dans ces montagnes. On mangea donc froid -des morceaux de pain avec un peu de fromage et de la viande séchée- et on étendit les vêtements dans l'espoir que durant la nuit tout sèche. Mais tous savaient bien que le lendemain ils retrouveraient le froid et leurs vêtements aussi humides que sales de boue.
Bilbon se coucha après les autres, se sentant plus mit à l'écart que d'habitude. Il eut un regard triste envers chaque nain, se rappelant qu'il aimait chacun d'entre eux comme des frères ou des pères, mais Thorin avait raison, il n'était pas à sa place. Il se leva alors et replia lentement ses affaires. La discrétion des hobbits lui porta chance et personne n'entendit même que leur Cambrioleur s'en allait sans dire au revoir. Il marcha alors jusqu'à l'entrée, la pluie à l'extérieur s'était calmée et surement qu'il arriverait tôt à Fondcombe s'il partait. De plus il était armé, il pourrait rentrer jusqu'aux elfes avec une certaine facilité. En tout cas il l'espérait. Il mit alors un pied dehors et on entendit des froissements de cuir. Quelqu'un se tenait derrière lui, silencieux et l'air grave. Bilbon se tourna alors et vit là Gandalf, le magicien gris, l'air très mécontent.
« Laissez-vous réellement tomber, Bilbon Sacquet ? »
Bilbon avala sa salive et murmura, espérant ne pas attirer l'attention. « Je ne suis guère à ma place dans cette compagnie après tout, Thorin a raison, je suis perdu depuis que j'ai quitté la Comté. »
Gandalf enfla sa joue et on vit deux yeux bleus s'ouvrir au fond de la grotte, scrutant tristement ce spectacle. « Je ne vous pensais guère capable de fausser compagnie à des amis, à trahir la confiance de ceux qui mettent bien des choses entre vos mains. »
« S'ils avaient pu choisir quelqu'un d'autre ils l'auraient fait... »
« Je remercie le ciel qu'ils vous aient choisi vous, Bilbon. De plus, s'ils avaient choisi un autre cette quête n'aurait pas eu lieu. Vous êtes celui qui a convaincu Thorin, il se gratta le menton, même si je suppose que si vous ne l'aviez pas fait je l'aurai fait, puis j'aurai apparu au pas de votre porte, vous proposant cette aventure. Et bien sûr, je ne vous aurais pas laissé refuser. » Gandalf hocha de la tête, oui, ce se serait passé ainsi.
« Je..., Bilbon avait perdu ses mots et frappa du pied nerveusement, je ne sais pas vivre comme eux, sans toit et sans constance. Eux c'est leur mode de vie nomade habituel, les nains n'ont pas de chez-eux et c'est ainsi. Ils ne peuvent pas comprendre ce que c'est de regretter sa maison ! »
« Justement si, Bilbon. Sauf qu'eux, ils n'ont plus rien, ils n'ont plus moyen d'y retourner, et un intrus se prélasse dans leurs lits. C'est pour cela que j'espérais faire appel à votre raison, votre empathie. Thorin et Compagnie compte sur vos talents pour les dépêtrer de cette situation. Mais si vous voulez partir, bien, je vous en prie. »
Bilbon eut soudainement un sanglot imperceptible -que bien sûr Gandalf descella- et c'est alors que la roche sembla à nouveau craquer. On vit des sillons se creuser dans la grotte et Thorin se leva d'un coup, comme un diable qui sortait de sa boîte et il hurla aux siens de se réveiller. On vit le nain se jeter alors sur le hobbit pour le tirer avec lui alors qu'un éclair bleu, accompagné d'une forte odeur de poudre à canon avait envahi la grotte. Malheureusement avant que les nains ne puissent fuir la grotte on vit le sol se dérober sous leurs pieds et ils furent emportés dans une grotte plus profonde, à peine éclairée, où on pouvait voir grouiller des centaines de créatures à la peau rugueuse, couverte de furoncles de toutes sortes -issus de maladies ou simplement créés par leur nature ingrate.
La pauvre compagnie s'écrasa sur un plancher craquant au milieu d'un piège pendant au-dessus du vide. A peine eurent-il atterrit sur le sol dur que des dizaines de créatures armées s'étaient jetées sur eux. On les pinça, les fouilla et les bouscula avec tant de force que Bilbon en eut la tête qui tourne. Il tenait désespérément la première main à sa portée, la serrant avec désespoir, persuadé qu'il était là accroché à Balin, le grand-père de la compagnie. Erreur ! il fut tiré de côté par cette main, le mettant à l'abris de cette cohue avant qu'elle ne presse sur sa tête pour qu'il s'accroupisse. Bilbon vit alors Thorin lui faire signe de rester discret et silencieux alors que sa main quittait lentement les cheveux bouclés du Semi-homme.
Les nains furent emportés vers le centre de l'immense grotte et on oublia là le petit homme qui était encore secoué par les événements. Il vit alors son chef nain se faire emmener durement tandis que leurs armes avaient été confisquées. Bilbon savait qu'il représentait leur dernier espoir -avec Gandalf mais il avait disparu lors de cet éclair ! - et il suivit la troupe malmenée discrètement, tirant sa petite épée de son fourreau. Elle était illuminée d'une forte lueur bleue mais il ne fallait pas un tel indice pour que notre Hobbit sache qu'il était entouré de gobelins ! d'ailleurs la lame eut soudainement un éclair et la lueur s'intensifia en même temps qu'une de ces créatures immondes s'était postée devant lui, grognant et fendant l'air avec son épée. Le hobbit n'avait jamais tué, cambriolé ou même utilisé une épée, mais cette fois il fallait qu'il fasse parler sa chance et son talent. Il fit alors jouer son épée avec celle du gobelin, et c'était bien maladroitement qu'il évitait les coups d'épée et lorsque le gobelin se jeta sur lui il ne tint pas plus sur ses pieds, son équilibre soudainement renversé. Il tomba et tomba, se trouvant englouti à présent par un immense gouffre sombre. Lorsqu'il atterri en bas, il se trouva chanceux d'avoir écrasé un grand tas de champignons alors que le gobelin avait été moins chanceux et s'était éclaté plusieurs os sur une pierre particulièrement pointue. Bilon porta alors sa main à sa bouche et tenta de se redresser, mais c'est alors qu'il vit une créature approcher dans l'ombre. Il se ravisa et avec lenteur il se recroquevilla dans ses champignons, priant pour qu'on ne le voit pas. C'est alors qu'on vit deux grands yeux briller comme des ampoules dans le noir s'approcher, tandis que le corps mince derrière rampait proche du sol. Jamais le hobbit n'avait vu créature pareille, ses pieds longs venaient épouser la roche tout comme ses grandes mains qui ne semblaient guère se blesser sur le tranchant des pierres de la montagne.
Il grimpa sur le corps du gobelin et on entendit sa gorge se gonfler d'une voix étrange, résonnante comme grinçante. Bilbon écouta alors attentivement et mordit sa lèvre tout en posant une main sur son torse pour calmer sa respiration.
« Oh mon Trésssor, nous avons trouvé, nous avons trouvé ! , il tourna et retourna le gobelin blessé, qu'un seul petit gobelin ! Gollum ! Gollum ! C'est mieux que rien mon précieux, mieux que des vieux os ! mais oh... comme il est maigrelet... » il tâta ses bras et son crane en couinant mais soudainement la voix de cette drôle de créature devint grave, acérée. « Tais-toi et va lui arracher la peau, idiot ! »
La créature tira alors derrière elle le gobelin blessé qui avait bien comprit les intentions de la créature pâle, maladive et dont le dédoublement de la personnalité était évident. On le vit alors se tortiller et lancer ses grands bras minces vers le Gollum qui se tourna, aussi vif que l'éclair et écrasa une pierre tranchante sur le crâne de la créature. Bilbon qui observait vit un reflet doré s'échapper des haillons de la créature, et c'est alors que son épée si bleue jusqu'à présent s'éteignit comme on souffle une bougie.
« Saleté de gobelin, il n'était pas mort mon précieux, mais nous l'avons tué ! » la voix était redevenue joueuse et fluette alors qu'il traînait le gobelin.
Lorsque la créature fut loin, Bilbon se leva, tint son épée devant lui et s'approcha. Son pied buta alors contre un anneau d'or qu'il observa avec un œil curieux. Qu'était cette chose ? étais-ce à Gollum ? Il n'en avait aucune idée et le glissa dans sa poche de veston. Il marcha ensuite le long d'un couloir de pierre, entendant qu'au loin une créature se donnait des ordres sur la découpe du gobelin. Bilbon était paralysé par la peur mais il se devait de marcher, de trouver ses amis ou une sortie ! il marcha à nouveau mais c'est alors qu'il mit pied dans quelque chose de dégoutant, d'humide et de visqueux. Il fit quelques pas en arrière et faisant confiance en sa vue perçante il remarqua qu'il venait d'arriver au bord d'un lac sous terre. Il fronça le nez tandis qu'une odeur de pourriture régnait dans la grande pièce de pierre. Mais... plus loin au centre du lac, deux ampoules brillaient et se fixaient sur le hobbit agacé et fatigué. Elles le regardaient avec une faim féroce, et c'est les yeux tremblants de bonheur qu'on vit une créature monter dans une embarcation faite d'os, d'ailes de chauves-souris et de vieux tissus. Il rama à l'aide de ses grands pieds et arriva silencieusement à la terre où Bilbon se trouvait. Il vit soudainement sa proie s'agiter, balançant son arme en tous sens, mais il s'approcha tout de même avec toute la discrétion dont il était capable. Mais cela ne suffit pas et il vit rapidement le hobbit se tourner vers lui et pointer une arme tremblante sous son menton.
« Oh regardez Mon précieux, regardez ce que nous avons trouvé ! ça a l'air délicieux ! » Gollum s'approcha à nouveau mais il fut vite stoppé par la lame qui à présent touchait la peau de son cou.
« J-Je ne sais pas ce que vous voulez mais je veux juste partir ! »
« C'est perdu, Mon précieux... qu'est-ce que c'est ? » la voix était grave à présent, le front plissé et les lèvres avancées. « QU'est-ce c'est ! » hurla-t-il lorsqu'il ne reçu aucune réponse du Hobbit terrifié.
« Je... Je suis un Hobbit, de la Comté. »
« Oh que nous connaissons le goût du gobelin, du poisson et de la chauve-souris, mais le hobbit Mon Précieux, on aimerait en manger ! » la voix douce était revenue mais elle disparu lorsque bilbon agita son épée. « Gollum ! si seulement il n'avait pas son petit couteau ! »
« Je... veux juste sortir ! »
Gollum courra autour d'un grand rocher en riant. « Nous connaissons ! Nous connaissons des chemins sûrs pour le Hobbit dans l'ombre... et l'obscurité... » les yeux se plissèrent et Bilbon se mit à frémir.
« Guidez-moi, je vous en prie. Et cessez de jouer ! »
« Jouer !!! , Gollum leva les mains vers le ciel et se mit à réciter prenant de grandes inspirations, Elles avancent au gré du vent,
recouvrant tout même nos pas,
Montagnes mouvantes,
Et pourtant tombeau du malheureux qui s'y perdra ! »
Bilbon n'en croyait plus ses oreilles pointues et répondit l'air faiblement agacé. « Les dunes ? »
« Oui ! , Gollum eut un rire aigu alors qu'il grimpait sur son rocher, au Hobbit vite, vite !, la voix changea, Non ! Plus de devinettes ! »
Notre Cambrioleur était un semi-homme très intelligent, comme souvent je vous le répéterais et il savait qu'il ne trouverait un moyen de sortir que s'il utilisait tout ses atouts, et Gollum en était vraisemblablement un. Il s'approcha alors de la créature qui à présent respirait lourdement, ses quelques cheveux lui tombant dans les yeux.
« Si, si, jouons, j'adore jouer... et je vois que vous êtes très doué. »
Gollum eut un sourire et ses yeux se firent plus doux et plus misérables à la fois. Bilbon pensa alors à ses amis et il savait que tous étaient loin de pouvoir sortir de ce pétrin trop tacheté de Gobelins et de créatures sombres.
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