Thorin Ecu-De-Chêne

(Je poste les deux premiers chapitres en même temps pour vraiment vous mettre dans l'ambiance :3
Enjoy mes amis !;3)

Le lendemain sonna pour Bilbon comme le début d'une nouvelle vie. Tout d'abord, il fut levé à l'aube par les autres nains qui s'agitaient déjà et remplissaient d'immenses sacs de toile rêche, mais il fut également piétiné plus d'une fois par les deux frères qui à leur réveils titubaient encore faiblement. Il ne put donc continuer de feinter le sommeil profond et quitta son lit de verdures écrasées. Il retira d'un mouvement délicat chaque trace de terre sur ses pieds et ses vêtements avant de poliment saluer toute la petite compagnie. Ils ne lui firent aucune remarque, ils le saluèrent d'ailleurs bien joyeusement, lui prouvant encore plus qu'il était devenu l'un des leurs. Bilbon était un Hobbit qui aimait la compagnie d'autres créatures sympathiques. Il ne s'était jamais avoué apprécier les nains et les autres Semi-hommes de la Colline- et pourtant, à présent il ne jurait plus que par la compagnie de Dwalin. Mais ce qui expliquait sa solitude était le fait que  chaque fois qu'un autre Hobbit passait par son chemin en chantant, et frappant des pieds, manifestement ressortant d'un bar non loin, il critiquait bien durement cette aisance à avaler de l'alcool. Et celui qui prêchait la sobriété était devenu un vrai rustre, aussi rustre qu'un nain, et il avait adoré cela. Il se dit alors qu'il aurait dû naître dans les montagnes bleues ou les Monts de fer, là-bas comme il aurait apprécié la vie des nains ! Il aurait peut-être forgé, combattu ou même aurait-il était un grand chef de guerre ? Toutes ces idées d'aventures firent frémir sa nuque et il regarda avec admiration Dwalin qui, non loin de là, rassemblait des provisions dans un grand sac. Il regarda ses grandes mains abruptes, comme mal taillées dans la pierre et il eut un sourire. Dwalin semblait être celui le plus prompt à combattre, le plus doué à manier les armes, et les nombreuses cicatrices sur son corps témoignaient d'une vie remplie de dizaines de combats, et surtout la chance de survivre à chacun. Bilbon eut un sourire lorsqu'il s'approcha du nain et qu'il toussota. Il se balança sur ses pieds légèrement alors qu'il serrait ses mains dans son dos.

« Puis-je vous questionner ? »
« Vas-y, petit homme. » lui répondit-il en refermant d'une main ferme le sac.
« Ce Thorin que je vais devoir persuader de venir, comment est-il ? »
Le nain eut un rire alors qu'il hissait sur son épaule le grand sac. « Il est pire que nous tous réunis, et je pense qu'un Hobbit comme toi a autant de chances de le convaincre qu'un elfe. »
« Les elfes sont pourtant des êtres de raison ! » Sourit Bilbon, prenant la remarque pour un compliment. Il fut rapidement déçu.
« Thorin déteste les elfes. »

Dwalin eut un rapide rire et se dirigea vers l'arrière de la maison. Il laissa donc Bilbon seul face à sa détermination et se mis à seller son poney. Il hissa sur sa croupe son grand sac et termina de serrer ses sangles. Il ne voulait surtout pas que son poney soit blessé par une mauvaise répartition des poids sur son dos, et il prit bien soin de vérifier l'état de chacun des équidés. Tous étaient parfaitement sellés, les compagnons du présent chef de compagnie avaient appris qu'il aimait ces animaux plus que sa propre vie, ils ne voulaient pas risquer d'éveiller son courroux. Kili était le seul nain qui n'avait pas peur de Dwalin, plus par inconscience à cause de son jeune âge plutôt que par courage. Kili et Fili, les deux jeunes frères, avaient une cinquantaine d'année de moins que les autres nains, ce qui n'était pas négligeable dans cette aventure. Avoir des compagnons jeunes, comme habiles était indispensable pour trouver des logements, ou pour fouiller des crevasses aux boyaux étroits ; en d'autres mots, Kili savait que le chef avait besoin de lui, il l'admirait donc avec une simplicité consternante et il passait le plus clair de son temps à s'amuser de ce grand nain tatoué. Il était bien le seul à avoir réussi à y survivre, les blagues de mauvais goût n'étaient pas la tasse de thé de Dwalin.

D'ailleurs, celui-ci s'impatienta quand il remarqua que Bilbon traînait à mettre sur le poney toutes ses affaires. Il prit donc entre ses grandes mains le sac du Hobbit et le déposa sur un poney bai cerise. Il fut attaché à une vitesse que le Hobbit ne pouvait atteindre, puis il fut lui-même hissé sur la selle, porté par le chef de compagnie qui le souleva comme un enfant. Tous en avaient rit ce qui gêna le pauvre habitant de la Comté qui se contenta de sortir sa longue pipe. Il se mit donc à la remplir avec son herbe à fumer et les poneys prirent la route. Dwalin en tête, Ori à la queue, ils commencèrent par remonter un chemin rocailleux. Pendant longtemps des fermes continuaient de se profiler à l'horizon, mais plus ils remontaient dans les terres, plus celles-ci semblaient sauvages. Cela ne déplaisait guère au jeune Hobbit curieux et fou de nouvelles sensations, mais les autres nains prenaient de plus en plus un air grave. C'est donc, armes à portée de leurs grandes mains qu'ils chevauchaient et remontaient vers les montagnes de brume. Ils allaient tout droit vers une petite ville d'Hommes, non loin de Fondcombe où le fameux nain, grand chef de la compagnie, avait trouvé refuge.

Le chemin fut long, Bilbon c'était même surpris à s'ennuyer ainsi avachi sur sa monture, mais lorsqu'il aperçut enfin les grandes portes de la ville au loin il eut un sourire malicieux aux lèvres. Alors, les brins d'herbes qui, jusqu'alors, étaient si fascinants ne furent plus que piétinés par les poneys et ils remontèrent le chemin vers la ville. Les petits hommes se sentaient toujours plus petits lorsqu'ils s'approchèrent des portes, elles étaient même immenses pour tout être à taille d'homme, et elles protégeaient parfaitement les habitants en cas d'attaque terrestre. Mais ils n'étaient pas bien inquiets, ils vivaient dans la quiétude depuis bien des générations à présent et les enfants n'avaient qu'entendu la lointaine rumeur de calamités que les terres d'Arnor auraient connu. Ils jouaient dans les rues avec de grosses pierres ou les coulaient dans les rivières qui passaient non loin de leur ville fortifiée, rien ne pouvait jamais arriver. Mais, ce jour-là, ils virent entrer dans leur grande ville une étrange compagnie, composés de nains de tout âge, de toutes provenances et... un Hobbit ? Tous en parlèrent beaucoup, ils ne voyaient que très rarement une telle compagnie et les seuls nains qui passaient par leur ville ne cherchaient qu'à vendre armement et métaux précieux. Ils trouvaient cela d'autant plus étrange que ces six nains étaient accompagnés d'un Hobbit et qu'ils ne semblaient guère présents dans leurs rues pour vendre leurs habituels objets de valeur. La rumeur tourna alors dans la ville, à coups de murmures discrets sur leur passage, mais cela ne sembla guère déranger la petite compagnie qui était simplement concentrée. À présent, ils jouaient l'avenir de leur aventure, et tout cela tenait dans les mains d'un hobbit curieux et distrait. Autant dire que rien n'était gagné.

Dwalin força sa compagnie à mettre pied à terre face à une auberge, et il croisa ses bras sur son torse.

« Bien, Monsieur Hobbit veuillez bien approcher. »
Bilbon descendit alors de son poney et se posta devant Dwalin et Balin. « Est-ce à présent à moi d'agir ? »
« Oui, Mon Gars. Thorin travaille dans la forge au sommet de la colline. Il faut le demander pour essayer de le voir mais surtout soyez discret. Ici personne n'a jamais entendu son prénom alors si vous demandez 'Je souhaite voir Thorin' vous pouvez déjà tirer un trait sur cette aventure. » lui expliqua Balin avant de lui donner une bourse d'or.
« Bien, je trouverai une technique, le langage est aisé à manier. »
« Vous pouvez avoir le maniement de la langue facile, Thorin n'en reste pas moins suspicieux. Vous vous ferez donc passer pour un client qui veut sa toute première arme, et c'est là que vous demanderez conseil à Thorin. Je compte sur vous. » Soupira Balin qui semblait déjà désespéré.
« Vous pouvez, je saurais le convaincre. »

Les deux plus jeunes nains firent la moue, ils connaissaient leur oncle, il n'écoutait pas même leur mère et leur père, alors un inconnu aux pieds poilus ? Ils étaient persuadés qu'ils rentreraient bien vite chez eux, dans les montagnes Bleues et qu'ils retrouveraient leur petit travail quotidien, l'idée ne les dérangea pas. Kili n'encouragea donc pas le Hobbit et se contenta de rire, Fili fut plus poli -après tout il était plus mature que son frère- et donna une tape dans le dos du Hobbit qui avait réuni tout son courage.
Le grand-pieds remonta alors la route que Dwalin lui avait indiquée et les nains entrèrent désespérés dans l'auberge où ils firent couler l'alcool à flot pour oublier. Ils n'envisageaient pas même une réussite de la part d'un inconnu comme Bilbon mais ils continuaient d'espérer, cette aventure était celle dont ils avaient tous besoin. Ils avaient donc, malgré eux, mit tous leurs espoirs en Bilbon le Hobbit. Mais de son côté, celui-ci se voyait déjà revenir tirant Thorin par le col. Il allait le ramener à la compagnie de gré ou de force, mais une chose était certaine, il allait user d'une belle dose de charme pour le faire venir. Il grimpa donc la colline où les hommes avaient creusé des marches en pierre qui furent bien difficiles à enjamber, handicapé par sa petite taille. Mais cela ne fit en aucun cas baisser son moral et c'est avec toujours autant de courage qu'il arriva devant la forge.

Il l'observa depuis l'extérieur et trouva quelque chose d'artistique à regarder cette fumée grisâtre qui s'échappait de la cheminée de l'atelier, de la voir s'élever dans l'air chaud de l'été, faisant des volutes si éphémères. Il tourna ensuite son regard vers la grande porte de bois qu'il devrait pousser et découvrit qu'au-dessus des runes de pouvoir étaient inscrites, surement mises là par le nain forgeron qu'il venait chercher. Il savait les runes des Nains et celles-ci bien que rapidement taillées, et donc mal tracées, lui rappelaient bien des sons et des significations. Une chose était bien sûre, il était au bon endroit. Il poussa alors la porte de bois qui laissa échapper une plainte, couinant jusqu'à ce qu'il l'ait refermée. Cela attira l'attention du vendeur qui tenta tant bien que mal de cacher son amusement mêlé à son étonnement. Un hobbit dans sa boutique ? il se demandait bien ce que le Ciel lui avait réservé ce jour-là mais il savait qu'il ne reverrait pas cela de sitôt.
Il se dirigea donc lentement vers le Hobbit impressionné par tant de métal si parfaitement poli, parfaitement manufacturé, et il posa une main sur sa petite épaule. Il fut d'ailleurs surpris de la découvrir si basse.

« Comment puis-je vous aider ? »
Bilbon se mit à balbutier et il entendit que depuis l'atelier quelqu'un martelait le métal. « Eu-Euh et bien je...viens pour... »
« Acheter une arme j'espère ? ici nous ne vendons pas de souliers ! » fit remarquer le marchand alors qu'il voyait les orteils du Hobbit traîner sur son vieux parquet.
« Je oui ! Je voudrais une arme. Mais, il me semble que vous n'en ayez guère à ma taille. »
Le marchand se gratta la nuque, il était vrai qu'il avait sommé à son forgeron de ne tailler que de grandes épées pour un public d'Hommes et non pas pour des nains ou des Hobbits. A présent il était coincé et il n'avait guère d'arme à proposer à Bilbon. « Je peux vous proposer un coutelas ! »
Il tenta tout de même et sorti d'un minuscule fourreau un coutelas d'une manufacture princière. « Cela ne suffira guère dans les Terres sauvages ! » s'exclama Bilbon, jouant parfaitement le client insatisfait. Il jouait tant ce rôle auprès des commerçants de la Comté qu'il n'avait pas grande difficulté à feinter.
« Il est vrai que cela sert plutôt à couper de la viande en cuisine pour un Homme, mais avec votre petite taille je... »
Bilbon le regarda d'un air de défi, attendant qu'il finisse sa phrase mais l'homme ne la fini jamais il se contenta de toussoter et de reprendre sur un autre ton.
« Ecoutez, je peux vous mener à mon forgeron, il vous fera une arme à votre taille, et vous l'aurez en bien peu de temps. Est-ce là une solution plaisante ? »
Le Hobbit fit rouler lentement son nez, et prenant un air courroucé il accepta.

Il fut donc mené vers une grande porte, grinçante également et une odeur de métal chaud mêlée à celle du soufre vint chatouiller son nez. Il papillonna également des yeux, la chaleur venant agresser son œil avec trop de force. Ce n'est que lorsqu'il fut habitué à l'environnement qu'il comprit qu'il avait pénétré dans l'atelier du fameux Thorin. Il le vit au fond de celui-ci, frappant à l'aide d'un grand marteau en métal sur une épée encore à l'état d'ébauche. Mais il pouvait à présent parier que Thorin allait faire de ce simple morceau informe une superbe épée polie, tranchante comme une lame de rasoir. Il serra alors ses mains autour de la bourse d'or qu'il avait gardé entre ses doigts et laissa le gérant de l'établissement se diriger vers son employé. Il lui expliqua à voix basse la requête de l'étrange client qui s'était présenté à leur porte et il fut surprit de voir un sourire faible apparaître sur le visage transpirant du travailleur.

« Bien je m'occupe de lui. » avait-il dit à voix haute, faisant résonner sa voix grave dans la pièce.

L'homme la quitta alors et fila dans sa boutique pour vérifier que rien n'avait été volé. Quant à Thorin, il se tourna lentement vers son nouveau client, frottant ses mains bourrues dans un morceau de torchon sale. Il observa cette créature d'un air bien amusé, et il s'approcha. Bilbo remarqua alors que ce nain était bien différent de ceux qu'il avait rencontré jusqu'alors. Celui-ci était encore plus effrayant. Il avait des yeux si bleus qu'il crut s'y noyer, des cheveux si longs et si sombres, un sourire bien trop amusé et bien trop narquois pour être ignoré, et enfin... il avait une prestance qui fit trembler les genoux du pauvre Bilbon perdu. A présent, il comprenait... il comprenait pourquoi les autres avaient si peur et si besoin de Thorin. Lui-même semblait voir en ce jeune nain une force étrange, qui semblait transparaître dans chacun de ses gestes. Il allait avoir grand mal à le convaincre, surtout qu'il sentait déjà sa gorge se serrer par des émotions si divergentes. Thorin le mettait dans un état qu'il ne comprenait guère....

« Il ressemble plus à un épicier qu'un guerrier, ce Hobbit... » ricana Thorin de sa voix caverneuse alors qu'il analysait de son regard profond tout le corps mince et tremblant de son nouveau client.
« P-Pardon ? » osa-t'il articuler en réponse, mais Thorin l'ignora.
« Que voulez-vous donc ? Une hache, une épée, un arc ? »
« Je... à vrai dire... rien de tout cela. »

Thorin haussa un sourcil épais et regarda le Hobbit ranger sa bourse d'or. Il posa alors son torchon sur une table de bois abîmée et griffée, avant de croiser ses bras sur sa poitrine épaisse. Bilbon se surprit alors à détailler la tenue du forgeron et eut un sourire. Il portait une chemise légère qui, épongée de transpiration autour du col, était légèrement déchirée pour laisser sa peau respirer. Le Hobbit ne put s'empêcher de se dire que le nain était bien aussi brut que les autres de la compagnie. Il remarqua par la suite qu'il portait un tablier de cuir avec des dizaines de poches remplies par du métal, des outils, et d'autres choses qui étaient inconnues aux yeux d'un inculte comme lui. Mais il jugea que le nain avait les épaules solides pour porter tant de poids tous les jours de l'année pendant bien des heures. Mais il se reconcentra, se racla discrètement la gorge et fini par nouer ses mains dans son dos.

« Je viens dans un tout autre but qui, je le crois, va vous intéresser. »
Thorin fronça le nez. « Allez-vous me faire perdre mon temps plus longtemps ? Parlez par Durin ! »
Bilbon eut un sourire et hocha de la tête. « Ne voulez-vous pas faire cela autour d'un verre ? Ou peut-être fumez-vous ? J'apporte des Collines une herbe à fumer des plus excellente. »

Thorin fut bien étonné qu'un Hobbit soit aussi direct, mais avant celui-ci il n'en avait jamais rencontré, il croyait simplement les rumeurs qui les disait peureux, frileux, faibles et aussi agaçants que des lutins. Il détourna alors son regard vers une horloge abimée qui était chevillée au mur. Il soupira alors et ôta son tablier, le posa sur la table où il résonna dans un grand fracas de métal et de bois. Enfin, il tourna son regard impassible vers le Hobbit.

« J'espère bien que vous ne me ferez pas perdre de temps. Allons boire au bar le plus proche. »

Bilbon hocha de la tête et massa son pauvre crâne, lui qui s'était à peine remit de la beuverie de la veille n'arrivait pas à s'imaginer boire une nouvelle goutte, mais avait-il le choix ? il aurait espéré que l'herbe à fumer allait intéresser le jeune Thorin mais cela n'avait pas même percé dans son esprit. Un nain aimait l'alcool bien plus que la fumée. Il remonta alors encore un peu plus la colline, et il fut entraîné dans un bar, qui fort heureusement n'était pas l'auberge où les autres nains buvaient également. Bilbon passa alors derrière le nain, passant son regard sur ses épaules larges. Il se sentait minuscules aux côtés des hommes, mais bien étrangement, il l'était plus aux côtés de Thorin qui était son parfait contraire. Forgé pour la guerre, l'aventure et le maniement d'armes lourdes. Bilbon ? Lui ? Il était plus forgé pour le jardinage, la cuisine et la lecture. Il se demandait d'ailleurs comment il pouvait s'imaginer suivre la compagnie de nains dans ce qui pouvaient être des palais aux piliers de pierre, aux plafonds d'or et aux dalles de marbre polies avec un tel physique. Mais il voulait s'essayer à tout cela, et lorsqu'il regardait celui qu'il devait convaincre il se sentait pousser des ailes, à ses côtés jamais il ne serait en difficulté, en danger.

Il suivit alors le nain jusqu'à une table et s'installa face à lui. Il regarda à nouveau le visage de celui-ci et senti une chaleur dans son visage lorsqu'il regarda la bouche fine, la barbe parfaitement taillée et courte, ainsi que les longs cheveux parsemés de perles de métal. Il eut un sourire lorsqu'il remarqua que chaque anneau métallique terminait une tresse. Il s'imaginait difficilement Thorin se tresser les cheveux pourtant. Il imaginait juste le vent de l'Est glisser sous sa chevelure brune alors qu'il montait sur le corps sans vie de son ennemi. Il frémit à cette image et tenta de s'imaginer lui, à ses côtés et il eut un sourire. Il voulait être le compagnon de Thorin dans ce cas ! il se redressa alors sur son tabouret inconfortable et commanda deux chopes de bière à une des serveuses qui le regarda comme un objet qui s'était soudainement animé. Mais elle apporta tout de même la chope aux deux hommes et elle disparu derrière le bar passé dont le vernis s'écaillait. Bilbo attrapa alors sa chope et souffla lentement sur la mousse pour la faire disparaître. Thorin se contenta de poser un avant-bras sur le bord de la table branlante et fixa le hobbit.

« Eh bien Monsieur Hobbit ! que vouliez-vous me dire ? Car si votre but est de me faire boire pour me faire accepter des magouilles ce n'est pas mon genre. » il but une grande gorgée d'alcool et le hobbit eut un sourire forcé, pourquoi les nains avaient cette manie de l'appeler Monsieur Hobbit ?
« Non, nullement. Commençons par les bases. Je m'appelle Bilbon Sacquet. »
Le nain haussa un sourcil et ce tut.
« En principe c'est à cet instant que vous devez vous présenter. » Murmura le hobbit en grattant nerveusement le dessous de la table en bois.
« Si votre proposition m'intéresse vous pourrez alors entendre mon nom. Donc, je vous écoute et je m'impatiente grandement. » Il illustra ses paroles en croisant à nouveau ses bras sur son torse, le faisant gonfler d'une grande inspiration.
« Bien, soupira Bilbon en reposant ses mains à plat sur la table, je vais tout vous dire. En fait, j'en sais bien peu sur cette proposition, surement que j'en apprendrais plus de votre bouche. Alors je me lance. Je recherche quelqu'un pour prendre part à une aventure... »
Thorin n'était pas dupe et il détourna son regard bleu électrique pour calmer sa colère. « Comment ai-je pu croire qu'ils abandonneraient ? ils me sous-estiment en plus ! m'envoyer un hobbit qui n'en connais pas un seul mot ! » Il serra ses poings et passa une main dans ses cheveux. « C'est qui celui qui t'a engagé ? Dwalin ? »
Bilbon secoua la tête. « Je me suis engagé tout seul ! je désire connaître l'aventure dans les terres sauvages et je n'ai trouvé que la compagnie de Dwalin pour connaitre cela !! »
Le nain éclata de rire et dut boire une grande lampée pour calmer le tremblement de sa main droite. « Connais-tu l'histoire qui les amène jusqu'à moi ? Quelle raison les pousse à croiser le fer ? »
« Ils comptaient m'en parler si j'arrivais à vous persuader de les accompagner. »
Thorin plongea son regard dans les yeux du Hobbit. Il but cul-sec sa chope et posa sur la table plusieurs pièces. Il tira ensuite par la manche le hobbit et le fit sortir du bar. « Allons chez moi, il ne faut pas que ces Hommes sachent. »

Il remonta alors tout le village, tourna à plusieurs rues et sortit même de la ville en elle-même. Se dressa alors au loin une petite maison bancale et il sembla évident pour Bilbo qu'il s'agissait de la maison de Thorin au vu de sa petite taille. Et il ne se trompa pas. Il fut emmené à l'intérieur et prié d'être patient. Son hôte, en effet, avait quitté le salon où le plus communément appelé Monsieur Hobbit se trouvait, pour rejoindre sa chambre. Là, il y fit sa toilette, se changea et lorsqu'il réapparu, Bilbon vit en lui quelque chose de princier, de délicat, et dans un patchwork harmonieux la force et la beauté se mêlèrent. Les joues rougirent à nouveau et Thorin prit place face à lui ; l'air grave.

« Il est question d'un Dragon, Monsieur Hobbit. »
« J'ai beaucoup lu sur les Grands-Vers du Nord... il y en a peu qui vivent encore dans nos terres et celui qui est le plus connu auprès des nains est... S-S... »
« Smaug, plus grande calamité de notre âge, oui. »
« Ils veulent à eux tout seuls trancher la tête de Smaug ?! » couina Bilbon alors que Thorin secouait ses mains.
« Cessez ces élucubrations, s'indigna le brun qui avait repris le vouvoiement, non ils ne désirent pas le tuer. Ils désirent récupérer quelque chose qu'il détient. Le joyau du roi des nains. Ils veulent lui chiper sous le nez l'Arkenstone. »
« Pardon ? »
Thorin paru agacé. « Il s'agit d'une pierre magnifique que le roi des nains trouva au cœur de la montagne, au cœur du pic solitaire. Il régnait avec sagesse sur Erebor et il prit la pierre comme preuve qu'il était roi de Droit Divin. Il était issu de la lignée de Durin et cela le conforta dans l'idée que son règne était d'une perfection appréciée des ancêtres. Mais la montagne était pleine d'or. Smaug, avide, est donc venu s'allonger sur le trésor, et sur le joyau du Roi. »
Bilbon mordit sa lèvre et se pencha vers Thorin qui sentait à présent le savon. « Et pourquoi ont-ils besoin de vous ? Etes-vous un expert en cambriolage de dragon ? Un tueur de Dragon peut-être ? »
Il eut un rire amer et se redressa. « Non. Rien de tout cela. »
« Alors quoi ? »
« Je suis Thorin Ecu-De-Chêne, héritier de Durin, fils de Thrain, fils de Thror... héritier du trône d'Erebor. »

Soudain tout fit lumière dans l'esprit de Monsieur Hobbit qui comprit cette présence Princière, cette beauté singulière et surtout, cette prestance. Il regarda alors le nain dans les yeux et dégagea sa gorge.

« Vous ne voulez pas les aider pour quelle raison donc ? Vous vivez dans la misère, loin de votre vrai chez-vous, vous ne connaissez pas le bonheur de vivre dans vos vrais appartements, et surtout, vous devriez retrouver votre peuple... ils ont été délogés, et tant ont perdu la vie... je... je crois que je ferai tout pour vous aider à retrouver cette grandeur d'antan, pour que vous puissiez faire honneur à votre père, votre grand-père, et votre peuple. »
Thorin se figea et regarda dans le plus profond des yeux noisette du premier semi-homme qu'il rencontrait. Un vent d'aventure était passé dans la petite maison bancale, faisant grincer les tuiles et les murs de bois. Le nain n'avait jamais osé s'avouer que cette vie était d'un ennui profond, qu'il était fait pour bien d'autre choses, qu'il devait vivre de nouvelles aventures, et il ne comprenait plus pourquoi il avait été tant réticent à retrouver son doux Archenstone. Il se leva alors et eut un sourire. « Merci, Monsieur Hobbit. »

Sans plus un mot il se mis à réunir ses affaires et il passa à l'arrière de sa maison. Là, il récupéra son magnifique poney qu'il scella. L'animal parut aussi heureux que son maître, impatient de reprendre la route des terres désolées, des terres de l'Est et de surtout retrouver Sa montagne. Il revoyait presque les perles, les opales pales, et les milliers de bijoux dans les salles puant à présent le dragon, et il se jura de ramener dans ces murs lumière, chants, et joie. Il fit alors descendre le poney noir comme charbon jusqu'au chemin et mit pied à l'étrier. Une fois sur son dos, il remit en place sa superbe fourrure de loup gris (autrement dit de Warg sauvage) et tendit sa main au Hobbit silencieux qui se tenait à ses côtés.

« Montez et guidez-moi jusqu'à ma compagnie. »

Bilbon eut un sourire faible et attrapa la main du nain. Il mit bien des efforts dans le travail et grimpa sur le dos du canasson. Il se glissa derrière la selle, à moitié sur la croupe, et le poney prit la route. Il sentait le dos de Thorin contre son torse et son nez rond était chatouillé par les cheveux du nain, mais il trouva cela étrangement agréable et ce malgré le fait que celui qui semblait être son nouveau chef de compagnie c'était muré dans le silence. Il en profita tout de même et posa son front sur son dos si faiblement que Thorin n'en remarqua rien au travers des couches de vêtements.
Bilbon le guida jusqu'à l'auberge.

Lorsqu'ensemble ils pénétrèrent dans celle-ci, un cri de joie s'éleva de la table au fond et le plus jeune nain, Kili grimpa sur celle-ci. Il n'en fallut pas plus à l'aubergiste pour tous les mettre à la porte et les laisser fêter leur joie à l'extérieur. Le Semi-Homme en fut exclu comme naturellement et regarda Balin féliciter Thorin, lui serrer la main et le remercier chaudement. Tous y allèrent de leurs plus grands discours et enfin, Balin se tourna vers leur Monsieur Hobbit. Il posa une main gantée de cuir sur son épaule avant de lui tendre un long morceau de parchemin.

« Comme prévu, te voilà membre de la compagnie de Thorin Ecu-De-Chêne »

Lui furent fournis encre et plume et il signa tout comme Thorin, attestant qu'il faisait parti des leurs. Il lui offrit un sourire lorsqu'il eut terminé de l'accueillir parmi eux et Bilbon eut bien du mal à cacher les rougeurs sur ses joues. Le Prince héritier fut à nouveau ébranlé par ces couleurs et ce furent les deux plus jeunes qui en éclatèrent de rire. Plus que jamais, cette vieille amie Aventure était de retour.

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