Le feu du Dragon

J'espère que vous êtes en bonne santé et je vous souhaite plein de bonheur, des bisous! ♡

Ce ne fut qu'après très longtemps qu'enfin la marche de la compagnie nouvellement reconstituée trouva une crête semblant correspondre à celle de la carte tracée par la main de Thror. Cette carte donna bien du mal à la compagnie, car malgré son exactitude, le traçage était léger, sommaire, et trouver une faille dans la roche sur une si grande montagne n'était pas une mince à faire. Mais, avec beaucoup de courage, de soutiens, et de petits cris colériques de la part de Bilbon qui ne supportait plus de voir les nains abandonner, ils finirent par arriver sur un morceau de falaise, pas très grand, un simple plateau même, précédé d'une pente qui semblait avoir été autrefois un escalier taillé dans la roche. À présent on ne trouvait plus que des escargots qui se baladaient mollement sur les parois rocheuses, quelques grives qui passaient par là pour en chiper quelques-uns et s'en délecter, et c'était tout. Certes, il se trouvait face à eux un mur immense, mais il ne semblait nullement taillé, nullement percé par une porte, et les esprits se mirent à douter. On ne voulait pas rester ici, c'était trop dangereux de risquer de se tenir à un endroit erroné surtout s'ils n'avaient que quelques secondes pour que la serrure ne s'illumine... Balin était raisonnable et pensait que si la porte n'était pas à cet emplacement, que feraient-ils ? Allaient-ils attendre sur le flanc de la montagne jusqu'à ce que le jour de Durin suivant ne vienne, perdant ainsi une précieuse année ? Mais d'autres gardaient la conviction qu'ils étaient au bon endroit, la carte indiquait ce flanc de la montagne, cet emplacement et pas un autre ! on ne voulait pas croire qu'il fallait encore marcher ! cela faisait déjà trois jours et trois nuits qu'ils grimpaient le flanc de la montagne, et même les courageux elfes regrettaient de ne pas avoir emporté de chevaux. Mais Thorin, étrangement était le seul dont la lucidité n'avait pas été entamée par le manque de son chez-soi, par la peur ou l'incompréhension. Lui... oui, lui il était sûr qu'ils étaient au bon endroit. Il se contenta donc d'un « posons nos affaires ici et nulle part ailleurs » pour que tous ses nains obéissent, parfois non sans bougonner.

Le lendemain était le jour tant attendu, si bien que peu d'entre eux dormirent, surtout Bard qui regardait le ciel comme s'il s'agissait de la toute dernière fois qu'il contemplait les étoiles. Bilbon également regarda ce magnifique ciel, sachant que bientôt, s'ils pouvaient rentrer, il devrait agir de telle manière qu'il sauverait son ami Thorin. Ce soir-là, il le regarda souvent, se demandant si le dragon qui avait tant tué des siens viendrait à faucher cette pauvre compagnie, prenant mortels comme immortels sous son souffle de feu. Il ne voulait pas voir la lignée de Durin s'éteindre, emporter trois de ses descendants, Thorin, Fili et Kili... il ne pouvait le concevoir, il devait donc agir de la manière la plus intelligente possible. Il devait... aider sa compagnie à tuer ce dragon. Mais comment faire ?
Il plongea doucement sa main dans sa poche, se demandant si l'anneau y était toujours, après tout cela faisait bien longtemps qu'il n'avait guère pensé à lui. Mais il était toujours là, toujours aussi froid et brûlant entre ses doigts. Il le reposa bien vite au fond de sa poche, cette chose lui ramenait trop le souvenir affreux de Gollum et de son lac souterrain, il refusait d'y repenser. Ce soir-là, la nuit était bien trop belle pour de sombres pensées. Il se couvrit donc dans sa vieille couverture de la Comté, se lovant entre les roches abruptes du plateau. C'est alors que Thorin vint s'asseoir à ses côtés, réclamant un morceau de son tissu chaud et douillet. Bilbon accepta et couvrit son ami des épaules jusqu'aux pieds, quitte à avoir froid lui-même alors que ses grands pieds s'échappaient du bout de la couverture. Le prince nain roula alors des yeux et passa son bras autour de la taille de son hobbit. Il n'avait pas pu le porter sur la route alors tant pis, il allait l'avoir près de lui au moins ce soir-là. Il amena donc le Semi-Homme contre son torse, ainsi tous deux étaient sous les couvertures.

Évidemment, le Hobbit était affreusement gêné d'être ainsi tout contre le torse palpitant de Thorin, qui montait et descendait délicieusement au rythme de son souffle chaud... son esprit se mit à devenir cotonneux tandis que ses doigts venaient lentement se mêler à la peau de Warg qui trônait sur ses épaules. Jamais encore il n'avait put sentir le corps d'un autre homme aussi proche de lui, et bougre que ce n'était pas désagréable ! il senti dès lors cette sensation de bien être cotonneux se changer peu à peu en un sommeil réparateur. Depuis son départ rien n'avait autant su l'apaiser que de dormir contre Thorin, son prince sous la montagne... et étrangement, dans la compagnie personne n'avait pensé à commenter la situation. Cela semblait presque normal, ou naturel. Aux yeux de beaucoup Bilbon et Thorin se complétaient déjà parfaitement et ils ne se voyaient guère surprit de voir enfin un soupçon d'amour dans le regard éclair de leur chef. Jamais encore il n'avait su confier son cœur, et la compagnie savait que cette personne chanceuse aurait le cœur pur, et bilbon était un petit homme dont la pureté ne faisait aucun doute ! Seuls Fili et Kili aimaient taquiner leur oncle vis-à-vis de cette relation, sachant que jamais il n'oserait s'avouer à lui-même ce qu'il ressentait. En fait, ils étaient comme deux espiègles esprits de la forêt qui guidaient un voyageur perdu vers la lumière. Mais ce soir-là, ils restèrent calmes, songeant plutôt au dragon qui grognait sous leurs pieds, et qu'ils allaient finir par rencontrer...

Lorsque la nuit fut enfin passée, on eut un long frisson tandis qu'un souffle venu du nord avait amené avec lui un froid glacial. Une chose était certaine, l'hiver n'était pas loin, il était même plus proche que jamais. Et à présent, tous attendaient, fixant la paroi rocheuse dans l'espoir d'y voir quelque chose naître. Plus les heures passaient, plus le doute s'installait, et les nains se mettaient à tourner en rond toujours plus. Cela donna largement le tournis à Bard qui jusqu'alors très calme avait fini par craquer et leur sommer de tous s'asseoir. On entendit des hurlements et le soleil se mit à décliner, toujours plus, et les cris continuaient de résonner, emportant tout le flanc de la montagne dans un brouhaha peu connu dans ces terres à présent désolées. Et seul notre hobbit de la Comté continua à fixer la porte espérant y voir la serrure. Il criait aussi parfois pour leur demander de se concentrer, qu'il s'agissait à présent d'une histoire de minutes à peine mais tous étaient pris d'une rage incontrôlable. Et c'est alors que le dernier rayon de soleil, perçant entre les arbres lointains, glissant parmi les nuages, les vents et les terres, frappa la porte, éclairant une serrure anguleuse. La petite voix fluette était encore étouffée alors que le petit personnage gesticulait et hurlait. Il en eu assez et il tira Thorin vers lui vivement pour qu'enfin il s'intéresse à lui, cela ne marcha qu'à peine ! il hésita alors longuement avant de se placer devant lui et de poser ses deux petites mains sur son visage en colère. Immédiatement, le jeune prince nain baissa son regard vers son Bilbon qui était à présent si soucieux. Il mit alors une de ses grandes mains sur la taille du petit homme, voyant un rayon de soleil unique friser son nez rond. Bilbon lui parlait... il se pencha alors et glissanson oreille contre la bouche du hobbit pour l'entendre lui murmurer ces mots : « La serrure est enfin visible... »

Il se tourna alors vivement vers la porte et vit en effet qu'un trou minuscule, brillant d'un bleu éclatant venait de se révéler. C'est alors en s'approchant de la paroi rocheuse que le reste de la compagnie l'observa enfin et se tu. C'est alors fasciné qu'ils virent la clef pénétrer dans la roche et déclencher un cliquetis léger. Tous frémirent à ce son tandis qu'enfin, Thorin avait tourné la clef. Après un son de déverrouillage complexe on vit la porte s'ouvrir de quelques centimètres et ils purent enfin la tirer et l'ouvrir. Et face à eux, s'ouvrit donc un immense couloir terminé par un escalier qui s'enfonçait profondément dans le royaume nain autrefois le plus puissant de la terre du milieu. On entendit soudainement éclater un grand cri de joie dans toute la compagnie -excepté Bard qui restait fasciné par cette immense porte de pierre- vite accompagné par des félicitations. Mais l'heure n'y était pas encore car tout en bas, vivait encore un dragon, et la fumée qui s'échappait par la porte en témoignait parfaitement. Il fallut donc redevenir sérieux, chose qui fut faite après un bon dîner pour se requinquer. Mais à présent, enfin, il fallait envoyer le cambrioleur dans le cœur de la montagne. Et soudain, quelque chose mordit l'estomac de Thorin, allait-il réellement envoyer le hobbit seul avec ce dragon ? Aussi doué était-il pour se faufiler dans les endroits interdits, il ne voulait pas mettre en danger son meilleur ami, que dis-je son meilleur amour. Donc, tandis que les autres motivaient le petit hobbit il le prit à part et murmura.

« Si vous ne désirez pas y aller, je ne vous en voudrais pas... »
« Mais Thorin, c'est ma mission, je veux l'accomplir. »
  Ce n'était pas ce que Thorin voulait entendre. « Un dragon attend en bas, et vous ne savez même pas quoi prendre ! »
« Je sais que je dois vous amener l'Arkenstone, la pierre qui vous rendra votre trône. On me l'a déjà largement décrite et je saurais la reconnaître. Faites moi confiance, je suis silencieux comme une ombre. »
Thorin mordit ses lèvres un instant puis soupira longuement. « Bilbon... j'ai peur pour vous, que vous ne reveniez pas de là-dessous. Je vous en conjure, trouvons une autre solution... »

Le petit hobbit eut un sourire tendre, cette déclaration lui avait fait si chaud au cœur, mais il ne voulait pas se laisser aller à la couardise. Il était un Touc et un Touc se battait ! il posa alors délicatement ses lèvres pleines contre la joue de son Prince et glissa un murmure dans son oreille. « Je vous reviendrais... ». Et c'est sur cette promesse qu'il s'enfonça dans le couloir sombre menant au cœur de la montagne. Il n'entendit plus les murmures des nains bien vite, les pierres étouffant largement tout son venant de l'extérieur, et il entendit plutôt le souffle lent du dragon qui montait jusqu'à lui alors que les gouttes d'eaux qui ruisselaient autour de lui semblaient faire un vacarme sans nom. A présent, il ne pouvait plus ignorer son anneau, il en avait besoin s'il voulait réussir sa mission. Il le piocha alors dans sa poche et l'enfila à son majeur. Tout autour de lui devint alors flou tandis qu'il continuait son chemin dans les escaliers de pierre froide et baignés d'ombres. Ils étaient d'ailleurs si longs qu'il crut bien un jour finir à nouveau dans les montagnes de Brume au loin. Mais il arriva finalement à la fin de l'escalier qu'il avait descendu, pour se retrouver face à une immense salle creusée dans la roche et aux plafonds aussi hauts qu'ils semblaient inatteignables. Il souffla longuement, se donnant alors du courage tandis qu'aux pieds des marches coulaient des longues vagues de pièces d'or animées par les inspirations et expirations bruyantes, ce qui aidait grandement le petit homme à ne pas être entendu tandis qu'il piétinait l'or et les bijoux. Mais, tandis qu'il parcourait les montagnes d'or il se demandait alors : que faire si l'Arkenstone se retrouvait sous cette immensité d'or, il n'allait tout de même pas creuser à mains nues dans des tonnes et des tonnes de pierres travaillées et de métaux précieux ? Il fut rapidement découragé face à tant de travail, et il s'assit donc au milieu de la pièce pour observer les alentours à la recherche d'une grande pierre blanche. Balin l'avait déjà vue et l'avait décrite comme la plus belle roche jamais connue. Elle reflétait votre regard tout en embellissant tous reflets se tournants vers elle. Elle semblait émaner de grands cercles de clartés de couleurs variantes, alors que son cœur semblant cristallisé était fait de milliers de faces. D'ailleurs la pierre était d'une taille non négligeable si bien qu'il se doutait qu'il pourrait la voir au loin, elle était si exceptionnelle après tout.

C'est ainsi plongé dans ses pensées qu'il se releva et se remit à marcher. Mais il était si ailleurs qu'il n'entendit pas les longs bâillements qui s'échappaient d'un grand trou dans les pièces d'or. Il n'entendit d'ailleurs que de très loin les pas lourds du cracheur de feu jusqu'à ce qu'enfin son cœur face un bond dans sa poitrine lorsqu'il vit un long jet brûlant passer non loin de lui. Il se figea immédiatement et se tourna vers la source des bruits. Smaug, l'immense calamité se tenait debout sur ses pattes crochues, s'enfonçant à peine dans les pièces qui couvraient le sol. Bilbon était pétrifié alors que le dragon c'était mit à lécher ses narines avec lenteur, sa voix roulant dans sa gorge dans un grognement sourd qui fit vibrer les murs.

« Oh toi, voleur... je sais que tu es là... »

Bilbon fit un pas en arrière et immédiatement les yeux verts et ambrés se tournèrent vers lui. Il retint immédiatement un hoquet de quitter ses lèvres en posant ses petites mains sur sa bouche mais Smaug l'avait entendu, et il se dirigeait vers lui.

« Je te sens... »

Une patte immense se posa à quelques mètres du Semi-homme.

« Et je t'entends... sors de la pénombre et je serais compatissant. Sinon... meurs ! »

Le dragon fit alors battre sa queue contre les pièces d'or faisant sursauter le hobbit qui se mit à fuir dans une direction au hasard. On entendit immédiatement la voix craquante de Smaug s'élever dans la pièce hurlant un « Te voilà ! », avant qu'un immense dragon ne se mette à serpenter dans l'immense hall, brisant les colonnes qui soutenaient le plafond sans grand scrupule. Bilbon était bien moins rapide que cette calamité, il s'abrita alors derrière un immense présentoir qui se trouvait là. Il l'entendit alors, le chant cristallin et délicat d'un appel. Cela semblait si angélique mais pourtant si différent des chants elfiques. Les voix, les murmures qui lui parvenaient étaient si caverneuses, si douces et si cassantes. Des voix de nains chantants en cœur. Il se tourna alors sur lui-même, car même la voix de Smaug ne lui parvenait plus tant ces chants en langue ancienne étaient magnifiques. C'était ainsi, dans son monde si flou, qu'il vit une lueur sans pareille sur le présentoir de pierre. La lueur était bleutée, ou rougeoyante, il ne le savait pas. La seule chose qu'il savait était qu'à présent, il la voyait, l'Arkenstone. C'était elle sans aucun doute.

Il grimpa donc un peu plus sur le présentoir, le raffut de Smaug lui passant par-dessus la tête alors qu'il posait sa main sur la pierre. Elle lui sembla chaude et glacée alors qu'il la glissa sous son veston en velours abimé. Mais ce mouvement, le dragon l'avait vu, il avait vu une lueur disparaître et il se doutait bien que son cambrioleur était à la source de cela. Il se précipita alors vers le présentoir, le frappa de pleins fouets et envoya Bilbon dans les airs avant qu'il ne retombe plusieurs mètres plus loin.

« Voleur ! Voleur ! Montre toi ou je me vengerai sur d'autres ! »

Soudainement le hobbit c'était sorti de sa torpeur et la voix crachant la haine du dragon le frappa à la poitrine. Il se redressa, et hurla de toutes ses forces.

« Je... Je ne suis pas un cambrioleur ! »
« Ah bon... alors qu'es-tu ? » Demanda le dragon en serpentant dans la pièce, s'amusant avec sa proie.
« Je... Je suis un monteur de tonneaux... qui est passé par-dessous et par-dessus la montagne. Je suis le marcheur invisible qui a volé dans les cieux pour voir... ô smaug votre grandeur. »
« Pathétique petit monteur de tonneaux, crois-tu vraiment que tes flatteries sauveront ta misérable petite vie ?! »
« Oh vous vous méprenez ! on dit que vous vous êtes engraissé, que vous avez vieillit et que vous perdez de votre grandeur... je voulais voir de mes propres yeux comme vous êtes, ô grande calamité, fort et puissant. »

Smaug bomba son immense poitrail qu'il avait serti de milliers de joyaux. Mais ce n'était pas ce qui impressionna Bilbon, lui, il vit une chose qui le fit hoqueter bien plus fort. Un trou, il y avait un trou dans son cuir, juste sous l'aile gauche, bien au-dessus de là où son cœur de feu battait. Il devait s'en sortir et prévenir bard, ou Legolas, leurs deux archers qui pourraient lui planter une flèche en plein cœur. Il commença alors à faire marche arrière mais d'un grand coup de patte Smaug attira l'attention de Bilbon.

« Oh non non, ne penses pas que tu pourras t'échapper, voleur. Alors, où se cachent tes amis nains ? »
« Des... des nains ? Oh non, vous vous méprenez vraiment... je n'ai jamais rencontré de nains par ici ! »
« Je connais l'odeur et le goût du nain... tu n'as guère cette odeur, mais je suis sûr que tu dois avoir un gout délicieux... sans oublier cet objet si précieux que tu portes... »
Bilbo posa immédiatement sa main sur sa poitrine, hoquetant.
« Il est d'or, mais ce n'est guère cela qui fait toute sa valeur, oh que non... »

C'est alors que Bilbon observa son anneau et avala durement sa salive.

« Vous avez raison... je vous le donnerai si vous me laissez partir. Cet objet est très précieux, et je crois même que celui à qui je l'ai pris serait furieux de le voir tomber en d'autres mains que les siennes. Mais... si je vous le donne, promettez de me laisser partir... »
Le dragon éclata de rire. « Tu es bien le premier qui ose marchander avec un mangeur de chairs, aussi vil qu'un serpent. N'as-tu jamais entendu dire que jamais mes promesses je ne tenais ? je récupèrerais cet objet sur ton corps glacé lorsque je t'aurais tué ! »

Bilbon, paniqué couru alors vers l'escalier d'où il était venu, il eut d'ailleurs à peine le temps de s'y engouffrer que Smaug y était arrivé pour cracher une grande bouffée de feu. C'est avec difficulté qu'il s'en échappa, n'y laissa que quelques poils d'orteils et son manteau qui avait prit feu dans le dos. Mais c'est vivant, et avec son anneau ainsi que l'Arkenstone dans ses poches qu'il retrouva l'extérieur où tous l'attendaient sur le plateau, tremblants d'impatience. À son arrivée la liesse s'empara de tous qui se jetèrent vers lui pour le prendre dans leurs bras. Mais c'est avec bien de la vitesse qu'ils furent repoussés pour qu'un grand nain aux yeux bleu électrique ne se jette en premier contre son Hobbit. Il le serra contre son torse avec force et désespoir, secoué de sanglots silencieux et sans larmes. Il avait bien cru perdre cet idiot d'inconscient lorsque la montagne se mit à rugir et à trembler. Mais il était là, bien vivant et sentant le brûlé. Mais vivant... il se recula alors pour le regarder dans le plus profond de ses yeux noisette, la bouche entrouverte alors qu'il allait le lui dire. Oui enfin tout lui dire, à quel point il tenait à lui. Mais tandis qu'il allait murmurer on entendit un grand rugissement sortir de la montagne et le feu s'échappa de la grande porte. Le vent fut secoué, l'odeur de mort plana dans l'air et toujours plus fort, le son de l'air battu par des ailes de peau leur parvint. On commença à trembler et on le vit s'approcher, Smaug arrivait sur leur flanc de la montagne. Il savait que Bilbon avait dû trouver une entrée par l'un des flancs de la montagne et il refusait de le laisser s'échapper si facilement. Ils étaient tous en danger s'ils ne se dépêchaient pas. Bilbon n'hésita pas un instant et tira vers lui Thorin pour l'engouffrer dans la montagne, dévalant les escaliers à toute vitesse. Tous suivirent et ce furent les deux plus grands hommes qui fermèrent juste à temps la porte cachée. Ainsi, au dehors, on entendit le dragon détruire le plateau de pierre ruinant ce petit coin humide où les escargots avaient trouvé refuge. Ainsi, brisant roches et coquilles il déchaîna toute sa rage et sa colère.

« Mon dieu Bilbon, vous avez rendu fou de rage un dragon ! êtes-vous fou ?! » s'exclama Dwalin alors qu'il dévalait également les escaliers derrière son prince.
« Les choses sont faites à présent il faut le tuer avant qu'il n'aille faire plus de mal ailleurs. Il doit se douter que nous avons pénétré dans la montagne, il nous attendra donc, mais... mais je sais une chose. » s'essouffla-t-il alors qu'il trébuchait à chaque marche.
« Parlez bon sang ! » rencheri alors Dori qui s'essoufflait déjà
« Sous son aile gauche... une immense écaille a été délogée laissant sa chaire à nue... vous êtes de bons archers Bard et Legolas. Vous pourriez le tuer ! »
« Une flèche ordinaire ne percerait jamais sa peau. En tous cas elle ne s'enfoncera jamais assez loin dans la chair pour le tuer. » répondit alors Legolas qui semblait flotter au-dessus des marches
« Mais... c'est là que je sors mon atout. » toussota Bard. « je possède une très ancienne flèche noire qui très certainement percera le cuir du dragon. Mais je n'ai qu'une seule chance... »

Il sorti sa flèche travaillée et les nains l'observèrent comme s'ils venaient de voir un vieil ami. C'est alors qu'ils travaillèrent sur un plan qu'ils devaient rapidement mettre à exécution, pour donner ainsi la chance à bard de tuer le dragon sans qu'il n'aille se venger ailleurs sur leurs magnifiques terres du milieu. On parla peut dans la troupe, car le temps leur manquait, et on se glissa alors tout au fond de la montagne, glissant dans les couloirs, tendant l'oreille pour ne pas se retrouver nez à nez avec Smaug. La première partie du plan consistait à l'emmener aux forges qui était un emplacement plus large, et donc qui permettrait de viser avec plus d'aisances le trou dans la cuirasse d'écailles. Et c'est avec les seuls souvenirs de Balin et Thorin qu'on retrouva la forge, les fours froids et remplis de cendres tandis que l'or durcit avait cessé de couler entre les tranchées creusées dans la pierre. Ici, les fours étaient si grands que même les plus grands eurent un vertige. Mais, Thorin, lui, sentait la grandeur enfler en sa poitrine, comme si tout était déjà acquis et qu'un monstre né dans les flammes n'était pas derrière lui. D'ailleurs la bête avait fini par venir en serpentant, écrasant sous ses pieds immenses qui passerait par là. Le son brisant du sol se fêlant résonnait dans toute la forge où déjà toute la troupe était prête à attaquer, et un bon nombre de ces aventuriers se senti défaillir à l'arriver de ce monstre. On vit d'ailleurs Kili prendre la main délicate de l'elfe rousse, serrant ses grands doigts fins entre les siens taillés pour la guerre. Ils échangèrent alors un regard complice, comme un vieux couple qui se disait adieu sans avoir à prononcer un mot. Tout était né entre eux, et ils savaient à présent à quel point un cœur pouvait être tiraillé, blessé et apeuré lorsque vous vous inquiétiez pour la vie d'un autre. Bilbon aussi avait comprit cette peur lorsqu'il vit son chef de compagnie s'avancer d'un pas certain vers le dragon immense qui sifflait déjà. Ses longs cheveux bruns étaient balayés par le souffle brûlant du meurtrier du peuple de Durin. Thorin, pourtant, ne voyait que la vengeance, et aucune peur n'avait conquis son cœur de guerrier. Il tenait entre ses grandes mains son immense épée alors qu'il s'avançait. On entendit alors un rire brisant, le rire d'un serpent qui glissa dans la pièce.

« Penses-tu vraiment pouvoir me tuer Thorin, avec ta ridicule épée elfique ?! oh non... non... »

Il éclata de nouveau de rire et c'est alors que Bilbon s'approcha d'un pas déterminé. Ce n'était pas prévu dans le plan mais pourtant personne ne prononça un seul mot lorsque Bilbon mit en sécurité son prince derrière lui et lorsqu'il plongea sa main dans la poche de son veston. On le regarda avec attention, et chacun de ses gestes étaient suivis par les yeux bleus verts et ambrés de toute l'assistance. C'est alors qu'on vit lentement une lueur dorée apparaître entre les doigts du hobbit qui dès lors avait ourlé ses lèvres dans un sourire défiant le monstre face à lui. Et... c'est alors que tout devint si étrange. Smaug fit plusieurs pas en arrière lorsque l'anneau envoya son reflet vers ses yeux ambrés, faisant frémir son dos jusqu'au bout de sa queue. C'est alors que Legolas se tourna vers Bard.

« Trois anneaux pour les rois elfes, sous le ciel... »
Thorin qui était derrière Bilbon se redressa alors et répondit. « Sept pour les seigneurs Nains, dans leurs demeures de pierres. »
Bard prit alors la parole, un frisson mangeant son dos. « Neuf, pour les hommes mortels destinés au trépas. »
Et Smaug qui levait une patte pour à nouveau reculer prononça d'une voix claire et grave ceci. « Un, pour le Seigneur des ténèbres, sur son sombre Trône. » ce fut alors un murmure qui s'échappa de sa bouche emplie de dents. « Un anneau pour les gouverner tous... »

Bilbon n'avait jamais été si étrange que lorsqu'il glissa l'anneau magique à son doigt et disparu de devant Thorin. Smaug était plus paniqué que jamais lorsqu'il vit disparaître ce hobbit, il ouvrit alors en grand les ailes pour les battre. Il ne fallut alors pas beaucoup de temps pour que Bard remarque ce trou dans la cuirasse et qu'il ne l'oublie jamais. Il allait la viser pour sûr, et ce pendant que le dragon était encore si perturbé. Ils laissèrent donc de côté leur torpeur et chacun se mirent en marche.  Les deux jeunes frères lancèrent alors sur les yeux du dragon deux fioles remplies d'une mixture faite par Balin qui l'aveugla avec force. Le dragon baissa alors la tête, la faisant claquer contre les murs frénétiquement alors qu'il répétait inlassablement « Ce n'est pas possible... ».
On vit alors les deux elfes grimper sur le dos du monstre qui s'agitait comme un diable, mais leur équilibre sans failles les maintint alors en places tandis qu'ils remontèrent jusqu'au grand cou couvert d'écailles tranchantes. De grandes chaînes furent jetées sur le dragon et les elfes les attachèrent durement, les fixant dans les écailles du monstre. Plus il se débattait plus les chaines se serraient et se serraient autour de son corps immense. Les ailes battaient de plus en plus frénétiquement faisant voler les cendres et les poussières, poussant les chariots remplis de minerais, finissant par décrocher certains nains de leurs corniches. Le dragon était dans une rage folle, et de sa gueule écumait un liquide poisseux, sombre et mousseux.

« Il va cracher !!! » hurla alors Thorin qui alla se mettre à l'abris du feu.

Mais alors que le dragon allait ouvrir en grand, faisait chauffer sa gorge telle un four infernal, on vit réapparaître un hobbit malicieux devant la gueule grande ouverte. Smaug se figea alors, ses yeux révulsés de terreur. Il ne prononça alors qu'un grand grognement lorsque Bilbon dégaina son épée, la planta dans le palais du dragon qui hurla à présent. On n'en croyait pas nos yeux lorsqu'on vit le hobbit récupérer son épée et grimper sur la créature affaiblie. Il murmura alors près de l'oreille de la vile créature.

« Je vous avais pourtant proposé d'avoir mon anneau... »

Le dragon le regarda un instant et c'est alors qu'on entendit un grand bruit claquant, comme le bruit d'un fouet, vite suivit par celui sifflant d'une flèche envoyée dans les airs. Il suffit alors qu'on entende un bruit déchirant pour qu'on comprenne que Bard avait agi, ne perdant pas un instant son sang-froid, si bien qu'il toucha sa cible en plein dans le mile. La flèche noire pénétra la chair jusqu'à l'empennage. On vit alors la bête fermer les yeux définitivement, éteignant la lueur de rage et de peur dans ces vieux yeux brûlant. Smaug avait définitivement été éliminé, et pourtant la joie était très mitigée. On se contenta de se féliciter les uns les autres mais lorsque Bilbon s'approcha on le regarda avec une grande peur mêlée à une grande admiration. Pourtant on n'osa qu'à peine lui parler, comme si leur doux et gentil Bilbon était devenu si différent aux yeux de ses compagnons maintenant qu'il avait révélé sa botte secrète. Beaucoup d'ailleurs ne comprenaient pas ce qu'ils avaient vu, surtout les plus jeunes qui ne saisissaient pas en quoi un anneau de pouvoir pouvait être si effrayant. Mais les elfes, eux, avait le cœur déjà plus lourd en regardant ce pauvre hobbit qui avait finalement un destin si lourd à porter. Legolas s'approcha alors du jeune semi-homme et murmura.

« Cet anneau Bilbon... »
« Oui... je sais que ce n'est pas une bonne chose que de l'avoir. Je ne connais que peu de choses des anneaux de pouvoir, mais l'histoire du Seigneur des ténèbres a même percé dans ma Comté. Je sais que je possède un anneau précieux et puissant, qu'en le portant je réveille quelque chose de bien plus affreux... mais... mais »
« Mais vous l'aimez ? » demanda Legolas en le regardant au creux de la petite main.
« Non ! je ne sais comment m'en débarrasser ! »
Legolas sourit alors doucement et sorti un mouchoir de soie qu'il ouvrit. « Vous devriez le cacher de votre toucher, de votre cœur, et le mettre là-dedans en attendant qu'enfin on sache quoi en faire. »

Bilbon ne se fit pas prier et laissa le jeune elfe emballer l'anneau dans le mouchoir de soie, avant que le petit pochon ne retrouve une des poches de son veston en velours.

« Ne vous en faites pas ami Hobbit, vous n'avez guère changé à mes yeux. Vous restez un puissant compagnon, très avisé et qui nous a grandement aidé à sauver nos terres, nos forêts, et libérer cette contrée de ce monstre cracheur de feu. »

Bilbon eut un sourire tendre et lorsqu'il se tourna vers Thorin, il vit dans les yeux bleu électrique aucune amertume. Surtout un grand respect, mais également un peu de surprise. Le hobbit lui offrit alors un tendre sourire auquel le prince répondit doucement avant de s'atteler à nouveau au déplacement du corps immense du dragon avec les autres.

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