La visite d'un Magicien
La petite troupe reprit le chemin le soir-même, suivant leur grand chef, le questionnant sans cesse au sujet de sa vie de forgeron au milieu de tant d'hommes. Thorin répondait souvent d'un air désintéressé, scrutant les environs alors qu'ils marchaient de nuit. Le vent soufflait dans la pénombre glacée, et un vent d'automne semblait soudainement souffler, ce qui troubla grandement le chef nain qui se plaignait encore de la chaleur estivale le matin même. Peut-être que la terre du milieu sentait qu'ils marchaient vers une calamité et avait-elle décidé de ne pas les aider dans leur aventure ? Bilbon n'était pas même intéressé par ces songes, il fixait la lune, essayant de si bas de compter les tâches qui la parsemaient. Il pensait à une époque où elle était une grande boule blanche, une époque qui -et cela il l'ignorait- était celle de Durin, le nain originel qui créa la Moria ou autrement appelée Khazad-Dûm. Malgré son avidité à savoir, Bilbon n'avait jamais cherché à creuser les mythes Nains et il s'était contenté de savoir qu'un grand nain avait créé toute une lignée de rois, dont Thorin semblait faire partie. Il ne comprit donc que la moitié des propos des nains ce soir-là, qui parlaient de villes, de traditions et d'ancêtres nains, mais de toutes évidence il n'écoutait que d'une de ses oreilles pointues. Autre chose savait capter son attention : les récits de Thorin qui semblaient si bien se mêler avec cette nuit fraîche d'été. Il lui semblait que la grâce qu'avait le nain dans la voix savait emporter ses pensées avec elle, et il était transporté dans un autre monde où il voyait le nain aux grandes mains polissant le métal, coupant parfois les blés, s'acharnant pour rester en vie, mettant de côté tout son sang royal. Il aimait ce monde où il était lorsque Thorin parlait.
Il le regarda de dos, voyant ses épaules bouger au rythme des pas de son poney fier, jaugeant les poils de Warg sur ses épaules, évaluant ses cheveux d'un noir ébène et souriant à chaque soupir agacé du nain. Il ne savait pourquoi mais quelque chose chez Thorin savait réveiller la vaillance des nains qui étaient partis à la recherche des autres nains de la compagnie qui attendaient dans une ferme à l'extérieur de la ville des Hommes. Ils savaient l'atteindre avant le lever du soleil et surtout ils ne voulaient pas traîner dans ces terres trop sauvages, où des Wargs lointains hurlaient à la lune pleine.
Bilbon se contenta juste de suivre, le poney de Balin à ses côtés. Il se tourna alors vers le plus âgé des nains et il lui offrit un sourire. Le nain lui en offrit alors un identique qui fit gonfler son grand nez épais, et il reposa sa bourse de pièces dans son sac de cuir passé.
« Vous semblez bien ailleurs, Maître Cambrioleur. »
« Oh oui oui, Bilbon se figea, pardon ? Quelle dénomination m'avez-vous donnée ? »
« La même que celle qui apparaît sur votre contrat d'entrée dans la Compagnie. »
Bilbon fronça le nez et reprit le long morceau de parchemin qu'il avait signé. Il se mit à le parcourir et lorsqu'il vit que l'entête laissait apparaître la mention « Cambrioleur », il posa une main froide sur son front. Il savait à présent à quoi il s'était engagé mais plus il lisait les lignes du contrat plus il se sentait faible. Lui étaient décrites les manières les plus atroces de mourir sous le feu du Dragon. Sa main était devenue moite et il se tourna vers les autres nains qui le fixaient tous -sauf un, qui depuis quelques temps jugeait bon de ne pas trop regarder ce maître cambrioleur, Thorin.
« Eh bien... si je m'y attendais... Cambrioleur ? Mais qui vais-je voler ? pas le dragon j'espère ! »
« Euh... à vrai dire c'est bien pour cela que nous vous avons engagé. Enfin, nous vous avons donné la seule place vacante dans cette compagnie. »
Le Hobbit poussa une plainte faible. « Incinération... Éviscération, lacérations, écartèlement, écrasement... » cita-t-il du contrat
Bofur se redressa alors et eut un rire. « Pensais-tu vraiment te retrouver face à des gentils lapins ? Le dragon fait fondre la chair sur les os en un souffle ! »
« Tais-toi donc Bofur... n'effraies pas inutilement le Hobbit » grogna alors Thorin, faisant taire sa compagnie.
Personne n'osa plus discuter de ce contrat au plus grand malheur du 'Cambrioleur' qui ne comprenait toujours pas ce que Thorin voulait bien voler à un dragon. De l'or peut-être ? il jugea de ne plus y penser sinon il finirait par réellement perdre pied et s'écrouler sur l'encolure de son cher poney. Il se devait de rester calme, et surtout il ne devait pas éveiller la colère du chef de compagnie ; qui à présent semblait agacé par la présence du Hobbit dans ses rangs. Il ne voulait plus le regarder dans les yeux et semblait même éviter son sujet. Bilbon en était étrangement blessé, mais il se tut et continua de marcher avec les autres, et peu à peu leur petit brouhaha joyeux reprit. Ils parlèrent de tout, de rien, mais surtout de la lignée de Durin, Thorin s'excluant naturellement de la conversation.
« Pardonnez-moi, mais il me semble que je possède de grandes lacunes en termes de connaissances sur les lignées de Nains. Qui est ce Durin ? »
Les nains s'offusquèrent et Balin baissa son front tout en le plissant. « Durin est un des sept pères nains conçu par Vala Aulë. Il n'eut pas la chance d'avoir une compagne contrairement à ses frères, et lorsqu'il s'éveilla il marcha. Il découvrit les terres alors que les montagnes étaient encore vertes. Il donna des noms à nos reliefs, à nos rivières, et enfin il pensa à concevoir de magnifiques villes de nains dans les montagnes. Il se réincarna sept fois, avant que ses fils ne prennent le trône d'Erebor. Ainsi, Thror, Thrain, puis Thorin, furent désignés à prendre la direction de la Montagne Solitaire, Balin eut un rire, mais je ne vous ai fait là qu'un résumé. »
Bofur se révolta. « Tu ne lui a pas même parlé de la couronne d'étoiles ! »
« Une couronne d'étoiles ? » questionna le Hobbit qui leva inutilement la tête au ciel étoilé.
« Durin, se pencha au-dessus de la surface de Mirrormere, et admira son reflet. Et à cet instant, en plein jour, il observa des étoiles entourer sa tête, telle une couronne argentée ! il jugea alors qu'il devait gouverner et que ce droit était divin ! » s'exclama Ori qui était à la queue de la troupe et qui avait sorti sa flûte de pan.
Le Semi-homme se contenta de hocher de la tête, légèrement perturbé par tant d'informations de toutes sortes. Il ne savait si Thorin avait un avis sur ce sujet, et il aurait bien voulu l'entendre, tout comme si sa parole avait une valeur bien plus importante que celle de tous les autres nains de la compagnie. Il se pencha alors légèrement en avant, et entendit que Thorin murmurait un très vieux poème dans une vieille langue de nain que le pauvre Hobbit ne comprenait guère. Il aurait voulu comprendre, être comme eux tous, mais il n'était pas né dans la bonne famille pour cela et il se ratatina sur son poney jusqu'à ce que la petite ferme soit en vue.
Les nains attendaient déjà à l'entrée si bien que lorsque Thorin approcha, les nouveaux nains n'eurent qu'à se mêler à la compagnie et à marcher avec eux sans même qu'ils aient à s'arrêter. Ils apportaient avec eux bien des provisions, parlant fort et chantant déjà à tue-tête lorsqu'ils virent que leur chef était revenu. Le nain sage avait accepté leur joie pendant quelques temps, mais lorsque la lune disparut derrière les montagnes il se renfrogna et les somma de se taire. Il n'aimait pas le fait d'être entendu dans ces terres, surtout qu'ils étaient sur terrain plat, et non pas dans une forêt ou dans un endroit bien plus aisé à parcourir pour un nain ; comme les reliefs des Montagnes Brumeuses où ils trouveraient pour sur des crevasses. Ils marchèrent donc dans un silence bigarré, qui passait d'un calme plat et à des soudaines exclamations incontrôlables. Mais, notre Hobbit voulait en savoir plus, tout comme les nouveaux nains qui avaient rejoint la compagnie, et la conversation s'engagea.
« Je suppose que celui-ci sera notre Cambrioleur ? » S'exclama Bombur, un nain obèse qui s'amusait à manger un vieux morceau de fromage.
« Ça m'en a tout l'air » lui répondit alors Nori un nain bien drôlement coiffé.
Cela discutaillait bien dans le dos du pauvre Hobbit qui se senti rapidement forcé de faire une longue description de son arrivée dans la compagnie à tous les nouveaux nains, n'oubliant pas de leur préciser qu'il était un Hobbit de la Colline, ce qu'ils comprirent bien avant que cela fut dit en observant ses grands pieds passés difficilement dans les étriers. Cela fut donc leur tout de se présenter et ils le firent bien rapidement :
« Bombur, il hoqueta, pour vous servir ! »
« Je suis Dori, un bon compagnon » s'amusa-t-il alors que le hobbit s'était déjà tourné vers un autre nain
« Nori. Pour vous servir. »
Ợin et Glợin se présentèrent bien vite également et on présenta Bifur qui, ayant prit un bon coup sur la terre s'exprimait d'une manière incompréhensible depuis trop longtemps.
Tous ensemble, cette compagnie de 14 petits hommes prit la route des montagnes, ignorant la fatigue qui les assaillait après une nuit à monter à dos de poneys. La fin de journée ne les aida pas non plus alors que craqua au-dessus de leurs pauvres têtes un orage violent qui avait déversé des litres d'eau sur les quatorze, infiltrant les peaux, les paquetages et les vêtements. Tous sentaient leurs chairs frémir sous cette pluie diluvienne, suppliant parfois le ciel de les laisser en paix pour un instant, mais chaque fois l'orage s'intensifiait. Ainsi, ils passèrent d'un simple orage à une vraie tempête, où vent grêle et pluie se mêlaient pour fouetter vilement les visages rougis. On en eut rapidement assez dans la compagnie et c'est en haut d'une colline, sous un immense Saule pleureur qui ne protégeait qu'à peine de la pluie qu'ils trouvèrent refuge. On tenta de faire du feu, utilisant les habituels si efficaces briquets d'amadou mais qui semblaient cette fois-ci décidés à ne servir à rien. Les nains commencèrent à s'échauffer et ils tournaient en rond, hurlant sur le ciel qui répondait par des éclairs violents. Tous tremblaient de froid, regardant tous les nains se relayer pour tenter de faire du feu. Ce fut tâche impossible ce soir-là, et tous les morceaux de bois secs avaient finis par être arrosés après une bourrasque particulièrement violente. Ils étaient désespérés, et c'est alors qu'au loin ils virent une lumière chaude, vacillante et bien attrayante : un feu. La discussion prit de l'ampleur.
« Moi je dis que ce feu n'est pas celui d'un ami ! » Grogna Dori qui s'était mit frapper du pied, faisant un vacarme sans nom. « Si ce sont des orques je ne donne pas cher de notre peau ! »
« Nous allons mourir de froid si nous restons ici ! il nous faut quelque chose pour nous réchauffer, sécher nos vêtements ! et les poneys, pensez-y, ils ont besoin de se reposer sinon nous n'irons nulle part demain ! et ce n'est pas dans le froid qu'ils trouveront un vrai repos. » s'exclama Glợin qui s'était déjà mit à rassembler ses affaires.
Thorin écoutait ses nains avec grande attention mais lorsque tous se mirent à hurler il hurla encore plus fort, s'exclamant en langue des nains avec assez de force pour que tous se taisent. Il se tourna alors vers Bilbon qui s'était réfugié des pieds à la tête dans une couverture vert sombre et le regarda d'un air impassible. Il le sonda de son regard bleu gris et sans présenter aucun remord il s'exprima.
« Nous allons envoyer le Cambrioleur en reconnaissance, ce sera la meilleure des manières pour tester ses compétences. »
Étrangement, et contrairement à ce qu'aurait cru le sympathique petit homme, la proposition fut acceptée et avec grand joie ! il lui fut donc donné des instructions pour prévenir en cas de danger, dont il ne retint que la petite moitié, et il fut jeté sur le chemin vers le feu. Il mordit alors sa lèvre et enfila son capuchon qui ne le protégea en rien de la pluie. Il pataugea dans flaques et terres imbibées d'eau, ses cheveux bruns se fixant sur son front plissé par la concentration. Il faisait de tout son possible pour être discret, silencieux et surtout efficace. Il marcha alors de côté, se tortilla et sautilla de partout pour être sûr de ne pas marcher sur une branche particulièrement sèche et craquante, ou pour arriver sans faire trop d'éclaboussures. Cela fut bien efficace et il atteignit le camp sans un seul bruit, ce qui était bien une qualité de sa nature de Hobbit. Il se glissa alors entre les longues branches d'un buisson de Griselinie du Littoral, et observa. Il vit alors, autour d'un grand feu vivifiant, trois grandes créatures qui parlaient d'une voix grave et cassante qui fit vibrer ses côtes. Il fronça le nez, il ne connaissait pas ces créatures mais semblaient être des trolls. Il ne voyait, en effet, aucune arme, il ne pouvait donc s'agir d'orques, et ils étaient à l'extérieur ce qui était rare des gobelins qui appréciaient bien plus les cavernes et les galeries. Il se tourna alors vers sa compagnie de nain qu'il ne voyait plus d'ici et il jura dans sa barbe. Il devait les prévenir d'un danger mais comment faire à cette distance et surtout il avait oublié le code qu'ils lui avaient donné – sans oublier qu'ils lui demandaient de siffler et il en était incapable, et était sûr d'être repéré s'il le faisait. Il se tourna alors vers le feu et mordit sa lèvre. Thorin voulait des preuves de ses capacités de Cambrioleur ? Eh bien malgré le fait qu'il n'ait jamais rien chipé il allait le faire, et lui dire haut et fier 'voyez comme je suis doué !'. Le petit homme attrapa les pans de son pantalon, le tira vers le haut et se faufila derrière un des trois immenses trolls et regarda rapidement dans leurs poches. Il n'y vit que des os mâchés, des gourdes éclatées et des bourses l'air bien vide. Il fronça donc le nez et regarda ce que les trolls avaient bien avec eux. Il vit alors que, dans la poche du plus gros, du plus râleur et de celui qui semblait être le chef, traînait un grand briquet doré qui aurait bien aidé les pauvres nains à faire un feu convenable. Il s'approcha, le pas léger et les oreilles tendues, de la poche du gros balourd. Sa petite main droite tira le tissu tandis que l'autre était venue piocher dans la poche du troll. C'est alors qu'il senti un clapet se fermer sur sa main le faisant hurler toute sa voix, sautillant un peu partout alors qu'un piège de métal s'était fermé sur son pauvre index. Il retira alors le piège mais lorsqu'il pensait être libéré, le sol gronda autour de lui.
« Eh, regarde ça Hubert, un p'tit voleur ! »
« Je vois ça, il s'est prit la main dans mon piège. » ricana le fameux Hubert qui attrapa Bilbon par les orteils, le tirant sous son regard crevé et malade.
« Ça s'mange tu crois ? »
« Oh non, ne me mangez pas, j'ai très mauvais goût ! » se tortilla le pauvre Hobbit qui faisait de tout son possible pour cesser d'être ainsi analysé par les trolls des Montagnes.
« Moi j'dis qu'il doit en avoir plein d'autre des comme lui qui devraient débarquer. On pourrait en faire du pâté de... de euh » Hubert eut un coincement. « T'es quoi au juste? »
« un Cambrio.... Hobbit !! » Bilbon sentait à présent le sang lui monter à la tête mais on le laissa retomber dans un grand sac de toile.
« Il doit bien en avoir une dizaine des Cambriobobitt par ici ! » S'exclama un autre nommé Léon
« Faut s'cacher ! » ordonna Hubert qui alla se terrer derrière un grand bouleau.
Ses deux compagnons firent de même et patientèrent. Peu à peu la pluie se calma et on vit apparaître des petites silhouettes inquiètes dans la plaine. Bilbon n'était pas revenu et on se faisait du mauvais sang malgré tout. On vit alors Bombur pénétrer sur le campement des Trolls et disparaître dans le même sac que Bilbon lui tombant lourdement sur le ventre. Se fut ensuite au tour de Bofur, Bifur et de Dori qui tout trois furent attrapés par les pieds par le troll le plus déformé : Tom.
Tous y passèrent les uns après les autres, tombant dans le piège des trolls qui salivaient déjà à l'idée de se faire un bon repas de Cambriobobbitt ou de quoi qu'ils fussent. Enfin, arriva le dernier de la compagnie, le plus fort de tous qui ne combattait qu'en dernier recours tant son sang était précieux. Il avait dégainé son épée de sa propre manufacture et avança prudemment. Il savait qu'un piège était tendu si bien qu'il y pénétra avec bien de la prudence. Sauta alors sur lui l'un des trolls, Hubert qui armé d'une massue tenta d'assommer Ecu-De-Chêne. Il se défendit comme un beau diable, le prince de la montagne, coupant orteils et grands doigts tordus, mais seul contre trois grands trolls il ne put faire des miracles et il fut attrapé comme les autres, saucissonné dans un sac de toile où on ne laissa que sa tête dépasser. Il vit alors que dans un coin étaient entassés tous ses compagnons, qui se tortillaient et tentaient de se sortir de leur prison de toile. Ils en étaient bien incapables et le seul que Thorin ne vit pas paniquer fut un jeune hobbit bien trop paralysé par la peur -ou peut-être était-il écrasé par un Bombur se débattant comme un diable. Son Cambrioleur, pensa-t-il, avait l'efficacité d'une moule en cambriolage et il soupira longuement. Qu'avaient pensé ses amis en l'engageant lui ?
« Qui c'est qu'on mange en premier ? Ils sont tous tout crasseux. » grogna Léon en se léchant le nez.
« On n'a qu'à tous les croquer, tout cru ! c'est qu'on n'a pas beaucoup de temps avant l'aube ! La chasse a pris longtemps et j'aimerai pas être changé en pierre ! »
Bilbon se redressa alors vivement, il eut un éclair de génie. Il se mit en position assise alors et se mit à faire le plus de bruit possible, et il attira ainsi l'attention du chef des trolls, Hubert, qui s'approcha pour l'analyser.
« Il a quoi le Cambriobbit ? »
« Je veux vous parler, Ô grand chef de ces trolls ! » Couina Bilbon qui avait à présent Bombur tout étendu sur son torse. Mais quelque chose sembla faire effet chez Hubert qui aimait la flatterie. Il balança alors Bombur plus loin et tira le cambrioleur prêt de son visage.
« Qu'est-ce qu'il aurait à dire le menteur de Cambriobbit ? »
« Je voulais... vous aider pour la cuisson du nain ! »
Thorin se redressa, révolté. « Qu'est-ce qu'il en sait celui-là, il en mange souvent du nain ? » Questionna Léon qui s'était approché, un verre de gnôle dans la main.
« Non mais... les avez-vous sentis ? il vous faudra bien les laver avant de les dévorer ou je vous promets une infection des boyaux ! »
Hubert se pencha et renifla le tas de nain en grimaçant. « C'est vrai qu'ils manquent de fraîcheur ceux-là. Alors il faudrait puiser de la flotte pour les laver ! mais on a pas de flotte... on n'a qu'à les faire griller ? Ça tue l'odeur ! »
Les trolls trouvèrent l'idée bien séduisante alors que Bilbon s'était mis à sa tortiller. « Non non non, en plus ils sont... »
« Ils sont quoi ? Parle ! » S'exclama Hubert qui n'appréciait pas qu'on le contredise.
« Infectés ! par euh... des gros vers ! »
Hubert commençait à réellement perdre patience et il lâcha son hobbit au sol sans vergogne, il alla alors vers les nains qui depuis déjà bien longtemps se révoltaient, hurlaient à la trahison et surtout contredisaient tout ce qui sortait de la bouche du Hobbit. Mais, alors que tous hurlaient d'une seule voix « je n'ai pas de vers ! » Thorin donna un grand coup de pied dans la tête du premier nain à sa portée, et tous changèrent de discours. Ainsi, commençant par Nori, on entendit des « Je suis rempli de vers de boyaux ! », « Puis moi j'en ai de la taille de mes bras !! » Avait renchérit Kili, « Et moi j'en ai même dans les yeux ! » exagéra son grand frère qui tentait d'effrayer les Trolls. Hubert se redressa alors et regarda Bilbon se remettre sur ses pieds, debout dans son sac.
« Alors il faudrait quoi ? Les relâcher ? »
Bilbon fit la moue et avant même qu'il puisse dire un grand 'oui' il fut poussé par le Troll armé de sa cuillère.
« Tu crois que je lis pas dans tes yeux sale petit voleur, menteur et élucubrateur ! ils ont rien ces nains ! j'en ai bouffé un tas avec leurs vêtements, leur peau et tout le bataclan ! T'es rien qu'un menteur et je vais te bouffer le premier ! »
Il était inutile de les raisonner, ils étaient stupides ! Bilbon fut donc rattrapé par les orteils et on entendit des pas dans le dos des trolls. Le cambrioleur se disait que son heure venait de sonner mais on vit un chapeau pointu sortir des branchages. Là, apparu un vieillard appuyé sur un grand bâton monté d'une pierre blanche. On l'observa longuement et les trolls se léchèrent le nez en pensant bien se remplir encore plus la panse. Mais, avec la vitesse de l'éclair, le vieillard brisa la pierre qui cachait l'aube, laissant le soleil baigner la plaine des trolls.
« Que l'aube vous saisisse tous !! »
On vit alors un Hobbit faire une chute de plusieurs mètres, l'accusant avec facilité -les hobbits pouvaient accuser des chutes faramineuses sans même se casser un ongle- alors que les trolls craquaient, se morcelaient et se changeaient, pierre devenant. Ils finirent donc en boule au sol, tombant dans un bruit qui réveilla les paisibles rossignols dans les arbres non loin. On vit alors le vieillard sauter le rocher et venir délivrer tous les nains, finissant par Bilbon qu'il dévisagea bien longuement. Il regarda alors la compagnie et leva ses mains en l'air.
« Que diable faites-vous ici ?! » hurla-t-il, visant surtout Bilbon.
« Bonjour Magicien, commença Balin, vous avez bien du retard sur votre horaire. »
« Au vu des événements je dirais que je suis juste à l'heure. »
Thorin eut un rire jaune. « Vous avez aidé, bien contrairement à d'autres. » Il visait, évidemment notre pauvre Semi Homme. Le vieillard l'avait compris et il se révolta.
« Eh bien au contraire de vous tous il eut au moins la présence d'esprit de gagner du temps ! et puis... puis mon cher Sacquet que Diable faites-vous ici ? »
« Pardonnez-moi mais... nous nous connaissons ? »
Le vieil homme s'offusqua. « Vous connaissez mon nom mais vous ne savez pas qu'il est le mien, je m'appelle Gandalf ! »
Bilbon eut un sursaut de joie en se rappelant les superbes feux d'artifice que faisait ce vieux magicien au solstice d'été. Il lui rappela alors à quel point il adorait ses fusées sifflantes ce qui, malgré tout, flatta l'égo du vieux magicien qui referma sa tunique grise sur son corps. Il écouta ensuite les explications du Semi-homme qui expliqua qu'à présent il faisait partie de la compagnie de Thorin Ecu-de-Chêne et qu'il était leur Cambrioleur d'il ne savait quoi. Le magicien, bien au courant de cette aventure de nains sourit alors et jugea que prendre Bilbon avec eux avait été la plus merveilleuse idée qui puisse exister. Le Semi-Homme lui donnait courage, bien-être et soutient, tout cela il ne le savait pourquoi. Il posa alors une main moyennement sale sur l'épaule du Hobbit félicitant sa présence d'esprit tout en lui souhaitant la bienvenue avant de se tourner lentement vers les nains qui fouillaient les alentours à la recherche de la grotte des trolls qui ne devait être loin. En effet, ces créatures étant nocturnes devaient bien avoir un trou où se terrer lorsque le jour faisait surface. Ils marchèrent alors le long des traces de pieds les plus profondes et trouvèrent une excavation dans la roche brisée plus loin par Gandalf.
En entrant, ils furent pris au nez par une odeur de moisis, de pourriture et de poussière qui serra la gorge des plus sensibles comme le Hobbit. Ils parcoururent tout le trou et remplirent même leurs poches de bien des pièces d'argent lorsqu'ils en trouvaient, certains même avaient enfoncé un grand coffre rempli d'or dans un trou dans la grotte qu'ils refermèrent bien vite, faisant ainsi un dépôt à long terme. Le magicien les laissa faire et scruta le sol. Il marcha alors sur nombre de lames et appela le forgeron Thorin qui jura qu'il n'avait jamais vu si belle manufacture.
« Ce sont des lames Elfiques, Thorin. »
Le nain tenta de jeter la lame au sol mais il fut rapidement retenu par le magicien.
« Vous ne pouvez rêver meilleure lame, gardez la. » c'est à contre cœur que Thorin la prit laissant au sol une petite épée que le magicien examina. 'Parfaite' pensa-t-il, car elle l'était ! et il s'approcha du Hobbit qui avait décidé de rester en retrait quelques temps encore. « Mon cher Bilbon, approchez ! »
Encore peu habitué à la présence du magicien, le hobbit traîna un peu des pieds en s'approchant de Gandalf qui lui tendit l'épée. « Elle est à votre taille. Prenez-la. »
« Mais Gandalf, je ne sais pas me battre ni m'en servir. »
« Ecoutez, et il se répéta, il s'agit d'une lame elfique, vous ne pouvez rêver meilleure lame. C'est-à-dire qu'elle émet une lueur bleue quand des orques ou des goblins sont à proximités. Alors même si elle ne vous sert guère pour le combat, elle vous servira à éviter les ennuis. »
« Dans ce cas.... Merci Gandalf ! »
Bilbon la passa autour de sa taille sous le regard bienveillant du vieil homme mais également celui de Thorin qui fronçait les sourcils. Il était autant agacé qu'attiré par ce petit homme. Il avait l'étrange sensation qu'il devait l'éviter, tout comme celle qu'il devait en apprendre plus sur lui. Mais après tout, il n'était que le Cambrioleur de la compagnie, et comparé à tous les autres nains, il était d'un ennuie profond ! enfin, il le supposait, après tout, jamais encore il n'avait rencontré de Hobbit. Mais quelle créature pouvait-être plus à son goût que sa propre race ? Les hobbits n'étaient que des nains ratés à qui il manquait la force, la barbe et bien des talents guerriers. Qu'avaient-ils à faire avec leur grâce, leur sourire malicieux et leurs cheveux bouclés ? Thorin secoua la tête, il s'égarait toujours dans la contemplation de Bilbon et même lorsqu'il ne l'observait plus il se surprenait à l'écouter parler et sourire, mais cela il ne voulait absolument pas se l'avouer ! Le hobbit l'agaçait au plus haut point et ses orteils ! ils étaient très ingrats ! il fronça donc le nez et tenta d'ignorer qu'il voyait derrière ses paupières le dos du hobbit habillé de sa chemise de soie blanche, son veston de velours, et son capuchon. Pour être sûr de l'oublier il repensa à sa montagne et se perdit dans son esprit, bien loin, au temps de son grand père Thrain.
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