Esgaroth : la ville du lac
Pardonnez moi pour mon retard mais je n'ai eu aucun réseau pendant si longtemps c'était vraiment pas la joie...
J'espère que ca chapitre vous plaira !
Sur la rivière, le temps avait rapidement changé pour devenir très froid, après tout, l'hiver approchait à très grands pas, amenant avec lui le Jour de Durin. Les nains dans les tonneaux ne sentaient pas vraiment le froid, ils ressentaient surtout des douleurs violentes dans le dos, le bassin et les jambes. En effet, une fois sorti de la demeure de Thrandhuil, des elfes sur la rivière récupérèrent les tonneaux flottants. Bilbon, accroché à l'un d'eux se fit bien discret tandis que les deux jeunes elfes avaient attachés les tonneaux les uns aux autres pour en faire un radeau. Ainsi, armé de grandes rames ils se mirent à filer le long de la rivière pour arriver jusqu'à la ville du Lac. De son coté, le Hobbit s'était lové dans ses vêtements trempés, se retenant avec force de ne pas éternuer devant ces deux elfes. D'ailleurs, il ne pouvait expliquer pourquoi, mais ces deux personnages semblaient très en alerte, comme s'ils sentaient sa présence. Il devait donc souvent changer de coin pour qu'on ne le heurte pas au hasard pendant les manœuvres.
Une nuit et un jour passèrent à voguer sur cette rivière de plus en plus glacée. Et Bilbon se mit à en apprendre un peu plus sur les deux elfes. L'un d'eux se nommait Legolas, et il ne fut pas difficile de comprendre qu'il était le Prince, et la seconde était une elfe féminine. Elle s'appelait Thauriel mais elle était discrète et délicate. Elle pagayait avec plus de force même que son Prince, qui lui, les yeux pleins d'amour, ne cessait de la courtiser. Malheureusement, elle ne lui montrait qu'un très faible intérêt, jugeant qu'elle préférait plutôt travailler. C'est alors que Bilbon assista à une discussion qui le désola.
« Thauriel, je dois vous avouer une chose... »
« Non, Légolas, ne dites rien je vous en prie... votre père m'a parlé de l'intérêt que vous me portiez et... il refuse cette union. Je suis une elfe d'un autre monde, pas du vôtre, et il n'aime guère mon peuple... S'il le pouvait il ne m'aurait pas recueilli, mais il est très bon. Il veut votre bonheur et... »
« Je lui ai dit que mon bonheur était auprès d'une femme que j'aimerai... si ce n'est pas vous, ce ne sera personne... alors je me destinerez à jamais à vous. »
« Ne dites plus ce genre de choses... »
L'elfe rousse se tourna vers le grand blond dans un mouvement fluide et rapide avant de mordre sa lèvre.
« Acceptez simplement le fait que parfois, les choses sont oniriques et qu'elles ne peuvent se réaliser en réalité. »
Bilbon, lui, se disait tout le contraire ! si on voulait y croire on pouvait y arriver ! La Compagnie en était la preuve ! De plus, il cherchait Dame Aventure, il en rêvait, et il l'avait rencontrée avec succès en très peu de temps ! Il secoua alors faiblement la tête et les deux protagonistes ne parlèrent plus de toute la journée. Mais enfin se profila au loin la ville et donc les elfes accostèrent. Ils détachèrent tous deux les tonneaux et les ramenèrent à terre. C'est alors que Bilbon se mordit faiblement la lèvre car Legolas, traînant le tonneau du gros Bombur, se redressa vivement et tira son épée. Il avait soudainement le torse avancé dans une pose princière qui fit briller ses cheveux de blé sous le soleil couchant. Sa peau d'un blanc pâle brilla alors à un dernier rayon de soleil et on vit dans ses yeux d'azur une envie pressante de percer le tonneau. Bilbon laissa alors parler son courage, s'approcha et se jeta en avant du tonneau. Il n'avait pas eu le temps de hurler ou de dire quoi que ce soit, il avait juste entendu sa voix s'évanouir dans un petit couinement avant qu'une douleur glacée traverse son estomac un instant. La sensation fraîche quitta rapidement son ventre et on vit l'incompréhension dans bien des regards. On vit d'abord Thauriel se jeter auprès de Legolas qui regardait son épée, l'incompréhension dans son œil. Il la voyait tachée d'un sang pâle, les rayons du soleil venant se refléter sur le rouge le long de la pointe. Enfin, il regarda au sol devant le tonneau où la boue semblait foulée par des grands pieds nus. Il n'y comprenait plus rien et il se mit à bafouiller.
« Qu-Que s'est-il passé ?! »
On entendit alors un grand coup dans un des tonneaux, qui se fendit sur l'avant pour laisser sortir un grand nain au regard haineux. L'elfe encore trop perturbé ne remarqua presque pas la présence d'un nain dans ses tonneaux et se recula en examinant son épée. Thorin n'y comprenait rien mais était soudainement furieux. Il avait entendu un bruit strident, et il savait reconnaître le bruit d'une épée qu'on dégainait depuis bien des années. Puis, la voix qui s'étouffa dans un cri de douleur, il la connaissait, et même s'il ne le voyait pas, il savait que son Bilbon était en grand danger. Il prit alors comme il le pouvait le grand elfe par le col et le secoua avec violence, hurlant dans la langue de ses aïeux. Legolas secoua alors ses cheveux blond platine, et rejeta le nain.
« Que faisiez-vous dans nos tonneaux !!! Voleurs !! »
On entendit un bruit de chute faible dans la vase au bord de la rivière avant de voir là, gisant, un Hobbit bien pâle. Il rangea son anneau dans sa poche dans un dernier mouvement faible, et c'est alors que Thorin se jeta à ses côtés, le ramenant contre son torse. Il osa jeter un œil à la blessure, et il eut un long frisson. Les lames elfiques étaient les meilleures, et une telle blessure, mal soignée devenait bien vite fatale. Il se tourna alors en tout sens et trouva le regard de Thauriel.
« Libérez les autres je vous en conjure, nous devons trouver des soins et vite ! »
La jeune femme ouvrit alors chaque tonneau pour laisser leur liberté au reste de la compagnie. Tous s'étaient alors précipité au chevet de leur monteur de tonneaux pour jauger l'urgence de la situation. Personne ne savait que faire tandis que Bilbon avait son regard plongé dans celui bleu de son Prince nain. Il lui souriait avec faiblesse, ses lèvres se teintant de rouge et pourtant palissant faiblement. Il fallait vite l'amener à un soigneur compétant. Mais, Kili connaissait les elfes, très bien même, et un elfe était ingénieux, puissant, intelligent... pour les avoir tant admirés il avait fini par apprendre leurs coutumes et leurs pratiques. Il s'avait d'ailleurs que les elfes blessés sur le champ de bataille étaient facilement sauvés par leurs compagnons, leur solidarité et leur bonté guidant chacun de leurs pas. C'est donc déterminé qu'il s'avança vers Thauriel, et qu'il grogna.
« Vous êtes une elfe, vous devez le sauver ! »
La jeune femme se redressa et hoqueta. « Quel orgueil ! »
« Les elfes ont une médecine capable de soigner une telle blessure ! vous devez le sauver ! »
La jeune femme fronça alors le nez et dansa sur un pied puis l'autre avant de hocher de la tête.
« Je peux le sauver, mais je n'ai pas les herbes médicinales pour se faire. »
C'est alors que Dori s'avança et soupira. « Que vous faut-il pour sauver Bilbon ?! »
Elle énonça alors à peine le nom d'une plante que tous filèrent dans les bois proches pour trouver ce qui pourrait sauver ce pauvre Hobbit. Chacun quadrillait alors une zone de leur bois, connaissant ces terres pour les avoir tant parcourues sur des cartes. Ils savaient donc parfaitement qu'ils trouveraient cette espèce végétale parmi toute cette végétation, mais avec la nuit tombante tout devenait compliqué. Mais cela ne les démotiva en rien, et c'est après à peine quelques minutes que Kili revint avec un gros bouquet de la fleur tant convoitée pour finalement la poser dans la grande main délicate de Thauriel. Celle-ci s'installa alors face à Thorin qui refusait de lâcher ce petit corps, surtout pas pour le laisser aux mains d'une elfe ! il la regarda donc faire tandis qu'elle avait écrasé les fleurs entre ses doigts, elle les posa ensuite sur la plaie et récita des mots de ses ancêtres. Ses cheveux roux roulaient sur son visage de craie tandis qu'elle énonçait tous ces mots délicats, qui roulaient avec douceur sur sa langue. Kili appela donc les autres nains qui furent bientôt là pour voir la jeune femme soigner leur ami cambrioleur. Il n'en fallait pas plus pour que tous soient fascinés par cette elfe, qui, le soleil se couchant derrière elle, leur montagne fière non loin, récitait toujours plus de mots en pressant la plaie. Bilbon n'avait jamais autant été tordu de douleur que lorsque Thauriel toucha sa plaie, mais personne n'avait décidé de l'arrêter en voyant que la chemise abîmée cessait de s'imprégner de sang.
Ainsi, telle une magicienne pure comme une nymphe elle fini par murmurer la fin de son incantation. Lorsqu'elle se tut, les oiseaux aux alentours se remirent à chanter doucement et les nains reprirent leur respiration. Kili, le jeune nain, n'en revenait pas, la beauté, la bonté, et la magie coulaient dans ses veines. Il la regarda alors faire le pansement du petit hobbit avant de l'enrouler dans une grande couverture de manufacture elfe.
« Il survivra, il faut l'emmener à Esgaroth pour qu'il se repose. Mais, comment a-t-il fait pour nous apparaître invisible... »
Thauriel regarda le visage pâle de Bilbon un instant avant de se redresser et de se tourner vers son ami Legolas.
« Accompagnons-les à la ville, seuls, désarmés et gelés, ils n'iront nulle part, de plus la ville n'est que peu permissive à la venue d'étrangers. »
L'elfe blond eut bien du mal à refuser en voyant qu'il avait failli tuer cette compagnie, mais il n'en oubliait pas qu'ils étaient tous dans les tonneaux qui sortaient de sa cité, ils étaient donc fugitifs. Mais il jugeait qu'en les gardant auprès de lui il pourrait mieux les ramener à son père s'il le devait. C'est alors qu'il monta les derniers tonneaux sur le bord de la rive et qu'il grimpa à la tour de guet qui se trouvait non loin. Il y alluma alors un grand brasier qui fit une fumée grisâtre dans le ciel. Thorin l'observa faire, et c'est alors qu'il entendit que sur l'eau quelque chose fripait la surface. Il se tourna donc vers Esgaroth depuis laquelle une petite embarcation voilée arrivait. Ils attendirent quelques instants et virent rapidement un homme amener à terre son petit bateau. Quelle fut sa surprise de voir ses amis elfes aux côtés de nains, et d'un hobbit blessé. Il se tourna donc vers Legolas qui s'approcha et se courba bien bas. L'homme fit de même, regardant avec insistance la compagnie de Thorin.
« Bonsoir Bard, mon ami. »
« Bonsoir mes amis, que... se passe-t-il ? »
Legolas mit alors à bafouiller des explications mais il ne pouvait en donner de concrètes après tout il ne savait rien.
« Ce n'est pas dans votre habitude d'être si incertain mon ami. Thauriel, dites-moi tout. »
« Nous avons par erreur blessé ce pauvre Hobbit, il doit trouver un logis, où il mourra. Nous voudrions demander de l'aide à votre Bourgmestre. »
« Notre Cher Bourgmestre refuse tout étranger depuis que la fumée remonte de la montagne... il n'acceptera surtout pas des nains... il a peur, la paranoïa le guette... »
« Nous lui parlerons et... »
Thorin déposa délicatement Bilbon dans les bras de son neveu aux cheveux clairs pour s'imposer dans la conversation. Il était certes le plus petit, mais étrangement le plus imposant.
« Je lui paierai le prix qu'il faudra pour que ma compagnie entre dans ses murs. Maintenant emmenez-nous, homme d'Esgaroth. »
Bard souffla, amusé, mais également agacé par l'attitude de Thorin. Mais, cet homme avait le cœur pur, doux, et sa lignée l'était également. Il aida alors les elfes à charger les tonneaux sur son bateau puis laissa les nains monter avec lui. D'ailleurs, quelque chose lui disait que la présence de cette compagnie voulait dire quelque chose et qu'il devait jouer son rôle dans cette histoire. Évidemment, les nains ne demandaient pas mieux que d'approcher un peu plus de leur magnifique montagne qui leur avait tant manqué. Ils se placèrent donc pour une grande partie à la proue du bateau pour observer leur montagne se profiler au loin, derrière les grands nuages obscurcis par la nuit. Elle était si belle, même de si loin, et toute sa splendeur se montrait dans sa solitude. Elle était grande, seule, unique !
On alluma des torches sur le bateau, et on s'approcha de la grande porte de la ville sur pilotis. Elle était comme fortifiée et seule une entrée menait à l'intérieur et une seule sortie amenait sur le lac. En sortir n'était pas plus aisé qu'y entrer, et donc Bard savait qu'il se heurterait à un mur en arrivant au poste de douane. Et il n'eut pas tort, en effet, quand il s'approcha du bureau tous éclatèrent de rire et s'approchèrent du bateau chargé de personnes indésirables.
« Alors treize nains, un semi-homme et deux elfes. Bard je te pensais fou mais à présent j'en suis persuadé, tu t'es grillé tous les neurones ! »
Thorin ne laissa à personne le temps de répondre et monta sur le poste de douane. Il fut immédiatement menacé par les lanciers qui s'y tenaient mais ne cilla pas. Prenant son air le plus sévère il serra ses grands poings. « Je suis Thorin, fils de Thrain, fils de Thror, roi sous la montagne. Menez-moi à votre Bourgmestre, et il sera payé grassement pour toute hospitalité qu'il nous offrira. » Les gardes hésitèrent un instant et une insulte en nain ancien leur suffit pour filler à la demeure du Bourgmestre.
Bard fut alors autorisé à pénétrer dans la ville et à amener les nains au maître des lieux, qui les autorisa à tout dès qu'il eut entendu que Thorin le paierai d'or et de bijoux. Il se voyait déjà baigner dans le trésor autrefois à Thror, et à présent au dragon. D'ailleurs il ne songea pas même au fait que Thorin n'avait rien à présent, et que l'or était toujours sous les pattes du cracheur de feu, mais l'or était sa seule motivation. Les bras leurs furent donc grands ouverts et cette nuit là on mena la compagnie dans une grande demeure, avec tous une chambre pour se reposer. Bilbon trouva enfin le confort d'un lit, où il put reprendre toutes les forces dont il aurait besoin pour son rôle de cambrioleur. Thorin était d'une inquiétude croissante, et même tous les mets fins, les chants et les douceurs des habitants d'Esgaroth ne pouvaient le rassurer. Il passait souvent voir Bilbon, qui dormit pendant trois jours de suite. Ainsi, à son réveil, il eut la chance de voir son chef de compagnie à ses côtés regardant par la fenêtre sa douce Montagne. À la fenêtre il entendait encore les enfants chanter ces vers qui, il devait l'avouer, faisaient fourmiller ses mains de peur et d'appréhension :
« The King beneath the mountains, (Le roi sous la montagne)
The king of carven stone (Le roi de la pierre taillée)
The lord of silver fountains (le seigneur des fontaines d'argent)
Shall come into his own (devrai retourner en son royaume)
His crown shall be upholden (sa couronne sera maintenue)
His harp shall be restrung (sa harpe sera rejouée)
His hall shall echo golden (ses halls auront un écho doré)
To songs of Yore re-sung" (aux chansons de Yore re-sung)
(Je ne suis pas sure de la traduction pour être honnête mais ça vous donne une idée !)
C'est alors que Bilbon se redressa et prit avec lenteur la main de Thorin. Le nain alors se tourna vivement et s'approcha de son ami hobbit. Il ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles, son visage si inquiet devenant angélique. Il passa alors sa main sur le visage encore pâle de son ami et rit doucement.
« Vous nous avez fait peur maître cambrioleur. »
« Je ne pouvais laisser cet elfe percer de part en part mon ami Bombur. »
« Alors vous avez préféré vous faire percer à sa place... le courage ne réside pas à mourir pour un autre, je ne voudrais jamais qu'on meure pour moi. Voilà pourquoi je refusais que nous partions à l'aventure. À présent j'ai peur. Les habitants d'Esgaroth chantent souvent, et leurs prophéties disent bien des choses... »
« Que disent-elles ? »
« Que je reprendrais mon trône, mais... que le lac brûlera, que tout ne sera plus que tristesse et chagrin au retour du roi... je pense que nous n'arriveront qu'à faire mourir cette cité. Que ferions nous si le dragon ne mourait pas sous nos épées ?... »
Bilbon eut un frisson et tenta de répondre, mais c'est alors que la porte s'ouvrit en grand sur Legolas, et Bard. Les deux semblaient furieux, et leurs cheveux roulèrent sur leurs épaules alors qu'ils s'étaient placés aux pieds du lit du hobbit.
« Vous ne devez pas monter dans cette montagne et vous le savez Thorin ! » S'exclama Bard
« Comment avez-vous fait pour être invisible ?! » s'exclama ensuite Legolas.
Bilbon commença immédiatement à se défendre « je suis un hobbit et ayant le pas très léger vous ne m'avez pas vu arriver !! »
Mais Thorin prit rapidement la parole pour défendre ses droits. « Je me dois de reprendre le trône de ma famille, je tuerai ce dragon, et ferai couler l'or à nouveau sur le lac, comme le faisait jadis mon grand-père. »
« Vos belles paroles ne valent rien pour moi, ma famille a connu le dragon, nous avons tiré en vain pour l'éliminer, même les flèches noires n'ont pas eu raison de lui ! abandonnez cette folie ! »
Thorin regarda alors Bard « Vos ancêtres ont échoué à le tuer alors qu'ils étaient armés de flèches noires... je ne ferai pas une telle erreur que de rater ma cible. En haut de cette montagne attend mon destin, et ce n'est pas un homme comme vous qui pourra m'en empêcher, quelque soit votre lignée vous n'êtes qu'un livreur de tonneaux à présent. »
Le hobbit haïssait lorsque son nain devenait ainsi, belliqueux, ou goujat. Il se redressa alors et lui donna une grande tape dans le coude qui fit vaciller Thorin. Jamais encore personne n'avait osé poser ses doigts sur lui pour ainsi le remettre dans le droit chemin, pas même sa mère qui le traitait comme le plus intelligent de tous ses fils. Il massa alors son coude et regarda dans les yeux noisette du semi-homme.
« Montrez du respect à ceux qui ont su nous accueillir alors que j'étais mourant ! » il se tourna alors vers Bard. « Pardonnez-le, mais jamais il n'abandonnera, surtout pas au pied de la montagne solitaire, nous avons faillit périr plus d'une fois, et il ne veut plus abandonner les siens... vous savez parfois il faut croire que le destin pousse tous les hommes vers où ils doivent aller, et quoi qu'il arrive Thorin devra remonter pour les siens... »
L'elfe plissa légèrement le front et s'approcha de lui d'un mouvement fluide. « Vos dires sont très inspirés Monsieur Hobbit, on lirait presque des dires elfiques dans votre bouche... »
Le petit homme eut un rire tendre. « Les discussions avec le Seigneur Elrond m'ont énormément fait songer au destin et à ce qui amène un homme à agir d'une manière ou d'une autre. Et je suis persuadé que Thorin trouvera en haut de cette montagne tout ce qui lui a manqué depuis si longtemps. »
Bard resta longtemps silencieux alors que Legolas partageait une conversation très philosophique avec celui qu'il avait percé de son épée. Le destin semblait avoir réuni deux hommes qui pourtant avaient commencé par une tentative de meurtre et cela motiva encore Thorin à croire à tout ce qu'avait dit son cambrioleur. Il se fit alors fournir les plus belles épées des alentours, fit équiper ses amis de cottes de mailles et de casques de fer dur, il demanda également des moyens de transport, et c'est avec joie qu'on leur offrit alors des embarcations et des navigateurs expérimentés pour traverser le lac pour arriver du côté de la montagne. Le jour du départ fut organisé une grande fête où on chanta encore les louanges du roi aux fontaines d'argent. Mais, alors que les nains allaient quitter le quai, on vit deux grandes personnes resplendissantes mettre le pied dans les embarcations. Le soleil les avait accompagnés, alors que le vent froid avait mû les cheveux de ces deux être immortels. Kili était fasciné. Il regarda alors Thauriel s'asseoir à ses côtés et il lui offrit un grand sourire charmeur qui fit sursauter la jeune femme, mais qui n'en fut pas moins flattée.
« Les nains sont de grands guerriers, nous vont enseigneront de magnifiques techniques de combat mes amis ! » affirma-t-il en faisant bouger ses sourcils. Thauriel eut alors un rire amusé tandis qu'elle avait haussé un sourcil.
« Quelle vantardise venant d'un si petit homme. »
Legolas eut un sourire satisfait en voyant que le nain s'était ratatiné sur lui-même et que même ses compagnons avaient osé un rire commun. Thorin était insatisfait de leur présence mais que pouvait-il y faire ? Puis il devait admettre que les elfes maniaient leurs lames et leurs flèches avec une aisance folle. Mais ce ne fut pas tout ! alors qu'enfin ils pensaient partir on vit un grand homme aux cheveux d'ébène s'ajouter à la compagnie et grimper dans l'embarcation. Il tenait dans sa grande main abîmée un arc d'une manufacture humaine très ancienne, tandis que dans son carquois on pouvait voir des dizaines de flèches dont une, bien camouflée dans un morceau de cuir de veau. Bard était venu également, se jurant de réussir là où ses ancêtres avaient failli. Et enfin, les bateaux glissèrent sur la surface lisse et gelée du lac. Ils allèrent directement vers la grande montagne d'où s'échappait une épaisse fumée. Celle-ci s'échappait de la grande porte où passait une grande rivière. Bard prit alors la parole.
« Le dragon fait des allées et venues en passant par la grande porte. Il dévore tous les êtres qui lui tombent sous la main, notre bétail passant en premier. Comment comptez-vous entrer ? »
« Par l'arrière » affirma alors Balin ce qui fit grogner Thorin qui n'aimait guère partager ses secrets avec d'autres que ceux de sa compagnie. « Une porte cachée s'y trouve, nous avons la clef, et nous devons attendre qu'elle s'ouvre pour nous. »
« Comment ça ? » demanda l'homme alors que Legolas avait toussoté pour prendre la parole.
« Les portes des nains sont invisibles une fois fermées, seuls des maléfices ou des événements particuliers peuvent les révéler à nos yeux. »
L'homme hocha de la tête et redressa son visage vers la montagne. Jamais encore il ne s'était approché de si près de la montagne maudite et à présent il comptait y grimper. D'ailleurs, il ne savait même pas si Thorin allait les autoriser à monter dans la montagne, lui et les deux elfes. Mais il savait que non loin du prince se trouvait le petit homme de la Comté et que donc il saurait raisonner cette tête de mule. Ainsi, après une traversée rapide la troupe mit pied sur terre. Déjà au bord de l'eau les herbes étaient rares, et on ne trouvait que des pierres anguleuses et tranchantes. Bilbon resta alors longtemps posté sur la barque à hésiter. Thorin regarda alors ses grands pieds nus et soupira.
« Notre Cambrioleur à certes le pas léger mais fragile ! » il eut alors un sourire mais lorsqu'il allait proposer son dos comme moyen de locomotion il vit le grand Legolas s'approcher et prendre son cambrioleur sur son dos comme on porterait un jeune enfant.
« Legolas, tout cela restera à jamais entre nous ! n'allez jamais dire à ma famille que vous m'avez porté sur votre dos ! »
« Oh Bilbon, qui vous dit que je connaîtrais votre famille ? Les hobbits sont rarement des aventuriers proches des elfes ! vous êtes même mon premier ami semi-homme ! »
« Les hobbits sont tout aussi vaillants que les nains s'ils le désirent, mais je dois avouer qu'à la comté bien de mes semblables sont de mollassons escargots. L'aventure ? trop peu pour eux ! »
Legolas fut pris d'un rire cristallin tandis que la petite troupe se dirigeait vers les sentiers menant au sommet de la montagne. Ils ne rencontrèrent jamais de forêt et plus ils grimpaient les étages de ce relief, plus les pierres devenaient friables et couvertes de cendre. Il n'était pas difficile à comprendre alors qu'ils étaient sur les terres d'un immense dragon crachant haine et flammes. Thorin s'était assombrit sur le chemin, l'air de ses aïeuls ayant prit une odeur désagréable de bois brulé et de feu éteint. L'odeur de la forge, il s'en souvenait, mais elle semblait si lointaine à présent... il sentait presque l'odeur de la forêt qui se tenait ici autrefois et qui avait été rasée par la fureur de l'infâme Smaug. Il n'avait qu'une idée depuis bien longtemps, tuer cet immonde créature, le raser de la surface de leur pauvre terre du milieu, pour enfin rendre tout sa grandeur au peuple de Durin ! mais les choses semblaient bien moins aisées que prévues. En effet, le dragon se réveillait de plus en plus souvent, comme si lui aussi avait entendu parler de la prophétie, comme s'il savait que lorsque les oiseaux s'en reviendraient à la montagne, son règne prendrait fin. Mais en réalité, Smaug s'affamait de plus en plus, et il allait donc souvent jusque dans les terres pour aller gober quelques moutons ou chevaux qui se baladaient sous son nez. Sa malédiction s'étendait donc de plus en plus, et il était grand temps que tout cela prenne fin. Et cela faisait déjà gonfler le cœur de Bard, l'emplissant de vaillance et de force. Ses mains étaient déjà prêtes à bander son arc alors que ses yeux perçants scrutaient l'horizon à la recherche de sa future cible d'écailles et de feu.
Thauriel, quant à elle, avait le pas bien plus léger qu'à l'habitude, un sourire difficilement dissimulé ourlant ses lèvres. Les idioties et les histoires farfelues de Kili l'intéressaient en fait grandement. Elle était une jeune elfe, ce qui encourageait d'autant plus sa curiosité, et elle devait bien avouer trouver quelque chose d'étrangement attirant dans cette troupe -ce quelque chose était bien évidemment le plus jeune nain de cette petite troupe, mais les autres lui étaient également très sympathique, oui, même Thorin le grincheux-. Elle avait vite réussi à comprendre ce qui faisait battre leurs cœurs à tous, à comprendre qu'ils avaient le désir profond d'aider, et soif d'aventure. Ils voulaient que leurs petits enfants parlent avec joie du fait que dans leur famille, on aidait le roi, on reprenait des terres à des dragons, et qu'on tuait des monstres aussi gras et laids que des goblins ! Cette joie, cet orgueil presque, était très propre aux nains, car Thauriel refusait de se réjouir d'avoir ôté la vie à araignées géantes, trolls et gobelins. Elle implorait plutôt le pardon de ses ancêtres alors qu'elle soulageait les épaules de ces monstres de leurs lourdes têtes pourtant vides. Mais elle comprenait tout de même cette joie qui berçait la petite compagnie, à leurs côtés elle se sentait d'ailleurs heureuse, légère et ses pas elfiques sonnaient comme une mélodie pour les autres. Cela impressionna grandement Kili, qui ne cachait désormais plus sa fascination pour la jeune femme. Il observait ses grands yeux verts, son sourire malin et délicat, ainsi que son visage aux traits délicats et tendres. Thauriel était une grande dame pour lui, oui, et ses émotions envers elle étaient bien plus grandes encore... C'est ainsi, en marchant sur la montagne dénudée, que ces aventuriers, nos héros, rencontrèrent leur destin, pour ne plus jamais faire demi-tour. Et c'est après un tout dernier regard vers Esgaroth que Bard prit un tournant, montant une crète de l'autre côté de la montagne pour se diriger à présent vers l'antre du dragon.
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