Chapitre 2

Cela faisait déjà deux heures qu'il conduisait sa CLIO en direction de Blackford, le lendemain. Comme il s'agissait d'une grande ville, Tom espérait y trouver des éléments qui lui seraient utiles pour l'avancement de son histoire, notamment à la bibliothèque. Il savait également qu'il pourrait obtenir l'aide d'historiens s'il en avait besoin.

La nuit commença à tomber et son estomac se mit à gronder. La sensation de faim le tenaillait à chaque instant. Il se rappela soudain le maigre repas qu'il avait pris le midi. Celui où il avait seulement grignoté un sandwich en guise de déjeuner. Tom espérait tomber le plus vite possible sur un bar, un restaurant, un fast-food ou même une supérette où il pourrait s'acheter un repas. Mais en vain. Il avançait sur une route de campagne complètement déserte et il regretta de ne pas avoir préparé aussi un sandwich pour le soir. Préoccupé par l'écriture de son roman, il avait totalement oublié de prévoir quelque chose à manger même une barre de céréales.

Sûrement à cause de la fatigue, mais aussi vu qu'il conduisait depuis des heures, il se mit à piquer du nez, mais se ressaisit instantanément. M. Howard roulant au milieu des bois, se demanda s'il était perdu. Tout autour de lui, les ténèbres sombraient sur la forêt. L'obscurité, le vent qui balayait les feuillages et les ombres des troncs d'arbre lui glacèrent le sang. Des bruits étranges résonnaient et de petites créatures se faufilaient dans les fourrés. Il sursauta après avoir entendu un hurlement. Un cerf venait de bramer et cela lui avait donné des frissons. Il fallait qu'il quitte cette forêt au plus vite et qu'il trouve un village, un restaurant, n'importe quoi où il pourrait faire une pause. Ses deux mains agrippaient le volant et malgré l'épuisement, il resta sur ses gardes et à l'affût du moindre bruit.

La nuit fut complètement tombée et à son plus grand soulagement, Tom aperçut un motel, au bord de la route de campagne qu'il empruntait. Il ne comprenait pas ce qu'un motel pouvait bien faire au milieu de nulle part, mais il était trop fatigué pour se poser des questions.

Tom se gara sur le parking devant le motel, avant de récupérer son sac à dos et de descendre de son véhicule. L'enseigne, près de la réception, indiquant le « JOY MOTEL » en grande lettre rouge s'illuminant la nuit. Le parking était vide et silencieux. Il ne devait pas y avoir de clients et cela ne l'étonnait absolument pas. Comment les gens pouvaient-ils tomber sur ce motel, installé au bord d'une route de campagne et presque tout le temps désert ? Tom se demanda comment les propriétaires pouvaient y gagner leurs vies. Le Joy Motel paraissait vétuste, mais surtout glauque. Du moins, d'après la façade.

Depuis le parking, Tom pouvait y apercevoir quelques portes rouges des chambres, avec leurs numéros inscrits à l'aide de gros chiffres en bois.

À cet instant, il regretta de ne pas être parti plus tôt de chez lui. Au moins, il serait déjà arrivé à Blackford et il aurait pu dormir dans un hôtel plus convenable et moins lugubre. Mais c'était trop tard et il se rassura en se disant que ce n'était que pour une nuit.

Lorsqu'il entra, il tomba sur un grand hall d'accueil et une odeur de renfermé lui prit les narines. Seul le comptoir était éclairé puisqu'une vieille femme, les cheveux grisâtres, se trouvait de l'autre côté, le nez dans de vieux bouquins. Des fauteuils abîmés et vieillots ainsi que des petites tables étaient disposés à droite du comptoir. Tout y était si silencieux.

— Excusez-moi... bonjour, j'aimerais savoir s'il est possible de prendre une chambre pour cette nuit ? fit Tom à la vieille femme.

Elle sursauta et leva la tête à cet instant. M. Howard avait l'impression qu'elle devait avoir entre soixante-dix et quatre-vingts ans et d'après lui, elle n'inspirait pas confiance.

— Que puis-je faire pour vous ?

La femme ne devait pas l'avoir entendu, perdue sûrement dans ses pensées et ne s'attendant pas à recevoir de clients.

— Je souhaiterais avoir une chambre pour cette nuit, répéta-t-il.

Elle ouvrit son agenda de réservation et se mit à chercher une chambre disponible. Tom jeta un coup d'œil à l'agenda posé sur le comptoir et s'aperçut qu'aucune réservation n'y avait été notée. Quelques minutes plus tard, elle se retourna et scruta les clés des chambres accrochées au mur. L'homme leva la tête et lorgna les clés. Il n'en manquait aucune et elles étaient toutes suspendues à leurs places habituelles. La vieille femme ne dit pas un mot et déplaça son doigt sur chacune des clés, faisant mine de réfléchir pour choisir. Quant à Tom, il s'impatientait. La réceptionniste aurait pu prendre n'importe quelle clé, n'importe quelle chambre, mais il fallait qu'elle prenne son temps. Il commença à en avoir marre et il avait juste envie de dormir. Au bout de quelques minutes, toujours sans se presser, certainement parce qu'elle n'avait pas beaucoup de clients, elle récupéra la clé de la chambre numéro une et la posa sur le comptoir.

— Ce sera trente euros, déclara-t-elle d'un ton sec.

« Enfin ! » se dit l'écrivain. Il sortit son portefeuille et paya la somme indiquée à la réceptionniste.

— Est-ce que vous sauriez où je pourrais acheter de la nourriture par ici ? questionna M. Howard.

— De la nourriture ? Mais par ici, il n'y a rien mon ami, répondit-elle, d'une voix moqueuse, en le prenant pour un idiot.

Il ne répondit pas et le silence s'installa pendant quelques secondes.

— Je peux vous proposer un repas pour ce soir pour dix euros supplémentaires et si vous souhaitez aussi un petit-déjeuner, ce sera vingt, ajouta-t-elle.

Comme il n'avait pas mangé et qu'il n'y avait rien dans les alentours, il prit la décision de payer le repas du soir. Il espérait quand même que ce serait bon et que ce ne serait pas à l'image du motel.

— D'accord, je prends le repas de ce soir, dit-il avant de rouvrir son portefeuille.

— Très bien, je vous l'apporte dans votre chambre dans un peu moins de trente minutes, à plus tard.

Elle se retourna et fit mine de s'éloigner comme si elle allait fermer la réception. Pourtant, elle avait pris tout son temps pour lui donner une clé. Tom rangea son portefeuille dans son sac qu'il remit sur son dos avant de récupérer la clé et de sortir de l'accueil. Un porte-clés en plastique rouge en forme de losange y était accroché et indiquait le nom du motel ainsi que le numéro de la chambre, la une.

Il faisait déjà nuit noire et du vent frais soufflait légèrement.Il scruta les alentours à la recherche de sa chambre. Mais sans résultat. Illeva la tête en direction de l'étage et continua sa recherche. Comme iln'arrivait pas à lire les numéros de l'étage depuis le parking, principalementà cause de l'obscurité, il monta les escaliers métalliques. Il arriva sur le balcondu premier étage, donnant sur les emplacements. Les lampadaires quiilluminaient le parking n'étaient pas assez puissants pour éclairer les portesde l'étage, alors il récupéra son téléphone portable pour y allumer la lampetorche. « Numéro 6 », « numéro 5 » ... Il avançait le long deschambres. Étonné que la chambre numéro 1 ne soit pas au rez-de-chaussée, ilcontinua de marcher sur le balcon. « Enfin ! » se dit-il.C'était la dernière de l'étage. Il ouvrit la porte, pressé de manger et deprendre sa douche avant de dormir. Il ne fut pas choqué en voyant la décorationde la chambre. Elle ressemblait à celle de la réception, qui était désuète etdémodée. La pièce était meublé d'un lit double en bois ainsi qu'une commode, enbois elle aussi, qui était placée juste devant. Deux lampes de chevet, dans lestons de jaunes, étaient posées sur les deux tables de nuit, de chaque côté dulit. Un bureau et une chaise en rotin étaient disposés sur le même pan de murque la commode. Tom déposa son sac à dos sur son lit et se dirigea vers lapetite salle de bain pour se rafraîchir le visage. En attendant la venue de la réceptionniste pour le repas,il sortit son ordinateur portable de son sac à dos et repensa à son roman.***

Le commissaire Parrish marcha en direction de la maison de l'ancien mari de la femme qui avait disparu. Stressé, il frappa à la porte. Mais en vain, personne n'ouvrit. Pourtant, il avait pu apercevoir une voiture garée devant la maison. Il hurla, toujours en frappant à la porte. Il appelait M. Watson, en indiquant qu'il s'agissait du commissaire et qu'il avait des questions à lui poser. La porte finit par s'ouvrir quelques minutes tard et une femme sortit en vitesse du bâtiment. Le commissaire se présenta avant d'entrer. L'ancien mari de Juliette Watson lui offrit un café et assis à la table de la cuisine, le commissaire lui expliqua la situation. Il parut étonné. Il n'était pas au courant que son ancienne femme avait disparu, indiquant qu'il ne s'occupait plus d'elle et qu'il avait sa nouvelle vie à présent. M. Parrish le questionna, lui demanda des informations sur la relation qu'il avait pu avoir et s'il l'avait revu après leur séparation. Quant à M. Watson, il lui expliqua que c'était lui qui avait préféré qu'elle parte. Depuis qu'elle avait commencé à boire, elle n'était plus la même et il en ignorait les raisons. Il indiqua également, ne jamais l'avoir revu après la séparation et il en était plutôt soulagé. Le commissaire le remercia et quitta la maison pour rejoindre son véhicule.

***

Cela faisait déjà un petit moment qu'il patientait. Samontre indiquait vingt heures trente passés. Il avait faim et se demandait ceque la vieille femme avait bien pu prévoir, en espérant qu'elle n'ait pasoublié. Quelqu'un frappa à la porte et il se leva du lit pour aller ouvrir. Un« ouf » de soulagement s'échappa de sa bouche. Cela faisait plus dequinze minutes que l'heure que la femme avait indiquée était passée.— Je vous remercie, dit-il en récupérant le plateau des mainsde la vieille femme.— Jerécupérerais le plateau demain matin, quand je ferais le ménage de la chambre,expliqua-t-elle.Il parut étonné. S'il ne finissait pas son repas, il n'yavait pas de poubelle dans la chambre ni de quoi faire la vaisselle et lesodeurs de nourriture pourraient se propager, en plus de celles déjà présentes. — Bonappétit, ajouta-t-elle avant de se retourner et de s'éloigner dans la pénombre.Il claqua la porte, déposa son plateau sur son bureau puissouleva la cloche qui recouvrait l'assiette. Il fut déçu. Celan'avait pas l'air appétissant et dégageait une forte odeur. Il tira aucœur, mais comme il avait faim, Tom s'assit sur la chaise et avala quelquesbouchées. Son plat était atroce et lui avait donné des hauts le cœur. Aprèss'être forcé pour manger le plus possible afin de tenir jusqu'à son prochainrepas, il se détendit sous la douche. L'eau chaude qui lui coulait sur levisage et le dos le relaxa.Il eut des frissons après s'être glissé dans sonlit. Ses draps étaient gelés, mais il savait qu'il finirait par seréchauffer. Malgré la fatigue, il n'arrivait pas à fermerl'œil. Il entendait le bruit du vent qui soufflait de plus en plus fortcontre la porte de la chambre, la fenêtre ou le toit. Il ne parvenait pasà comprendre d'où provenaient le vent et les courants d'air qu'ilressentait. Il commença à entendre la pluie qui s'abattait contre lafenêtre.Il tournaitet virer dans tous les sent. Il savait qu'il fallait qu'il dorme pourreprendre des forces s'il voulait partir de bonne heure le lendemain matin,mais les bourrasques et la pluie l'empêchaient de s'endormir. Lorsqu'ilréussit enfin à s'assoupir, le vent souffla de plus belle et la pluietambourina contre la vitre de la pièce, ce qui le réveilla.

Soudain, il tressaillit. Il reconnut des bruits de pas, se mélangeant aux sons que provoquaient la pluie et le vent. Le sol du balcon craquait sous ses pieds. Tom espérait le plus possible qu'il se soit agi d'un nouveau client, qui rejoignait sa chambre.

Son cœur se mit à battre à deux cents à l'heure. Il avait comme l'impression que les bruits de pas étaient de plus en plus proches. Il resta dans son lit sans bouger d'un centimètre, à cause du stress, mais surtout parce qu'il ne voulait pas provoquer le moindre son. Il n'avait aucune envie d'être remarquée et qu'on entre par effraction dans sa chambre.

Il se demandait qui pouvait bien se promenait sur le balcon à cette heure-ci, en plein milieu de la nuit. Mais il se rassura en se disant une nouvelle fois qu'il ne restait qu'une nuit et qu'il partirait le plus tôt possible. Le vent claqua de nouveau contre la fenêtre de la chambre et Tom sentit un autre courant d'air, qui passa sous ses draps. Les bruits de pas qui paraissaient suspects venaient de s'estomper. Il finit par se rendormir quelques instants plus tard.

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