« Alors ? Qu'est-ce que tu as décidé ? »
Je lève les yeux vers mon tuteur alors que je suis assis par terre, sur le tapis de ma chambre jonché de prospectus donné par les représentants des Jelly Beans.
Les mêmes qui attendent dans notre salon, accompagné de Cotton Candy.
— Tu les as laissés seuls ? demandé-je en agitant l'un des papiers.
— J'ai été « forcé » par l'aura menaçante de Red. Il avait des comptes à régler avec Freya Holmes.
— Prie pour qu'il ne tache pas nos meubles avec leur sang.
Un petit sourire apparait enfin sur le visage de Roy avant qu'il ne s'assoie à mes côtés.
Comme prévu, les Jelly Beans n'étaient pas décidés à me lâcher et nous on suivit jusqu'à chez nous. Répétant un discours rodé et pouvant faire rêver n'importe quel adolescent élevé avec l'idée qu'être un Jelly Beans est le succès ultime.
« On te laisse lire ça tranquillement et réfléchir avant de nous donner ta réponse » m'avait dit Freya avec un parfait sourire commercial.
Cotton, quant à elle, semblait de plus en plus être une « sbire » de ce système. Avant que je ne monte à l'étage, elle a osé me dire l'impensable :
« Si tu deviens un Jelly Beans, tu pourras avoir tout ce que tu veux de moi. Et plus encore. »
Pour la gloire, elle ne se respecte pas.
Je comprends pourquoi l'ancien « moi » n'est pas resté avec elle et ne s'est pas attaché. Il était froid, certes, mais vu l'environnement dans lequel il évoluait, c'était compréhensible.
Se méfier de tout le monde, des hypocrites et profiteurs comme une majorité des élèves de l'Académie de Flavor City, comme Cotton Candy.
Je regarde le fond d'écran de mon portable avec attention et laisse échapper un soupir. Cette photo de groupe sur la plage avec mes amis et Popcorn me faisant des oreilles de lapin en tirant la langue...
S'entourer des bonnes personnes. De ceux qui t'acceptent comme tu es et ça malgré tes casseroles et toutes les rumeurs qui circulent.
Il y a monsieur Minh aussi. Le premier adulte mis à part Roy qui m'écoute réellement et me prend sous son aile. Sans lui, je n'aurais pas été capable de retrouver confiance envers les adultes. Ni de comprendre les tourments de mes sentiments.
Flavor City a ses bons et mauvais côtés mais je suis heureux d'avoir trouvé un peu de lumière là-bas, avec eux.
Et puis, il y a Red. Le grand rouge. Le caïd.
Sans tous ces préjugés avant même mon arrivée, nous n'aurions jamais été voisins de chambre. Jamais aussi proche.
« Je ne veux pas être un Jelly Beans. Jamais. » déclaré-je à Roy en le fixant.
Ce dernier soupire de soulagement avant de frotter ma chevelure blonde et d'appuyer sa tête contre la mienne.
— Tu en es certain ? Ils ont tout ce qu'on pourrait rêver.
— Je te l'avais déjà dit en revenant ici mais je ne le veux pas. Peut-être que c'est ce que cherchait Citrus Lime, ou peut-être pas. En tout cas, c'est ma décision. Je préfère trimer dans la vie que d'avoir des privilèges que je ne dois qu'à une manipulation génétique.
— J'approuve ton choix mais n'oublie pas que tu es encore jeune. Tu vas te rapprocher mais aussi t'éloigner de personne que tu aimes avec le temps. La vie va te pousser vers plusieurs options et rayer celle-ci dès le début, c'est vraiment ce que tu veux ?
— Je joue en mode difficile depuis que je suis dans une éprouvette. Augmenter un peu plus la difficulté, ça me forgera et m'empêchera de devenir un sombre connard !
— Ton langage, fils.
— Pardon, un sombre enfoiré.
Nous rigolons ensemble avant qu'il ne m'enlace et me soutienne à nouveau dans ma décision. Personne de mon entourage qui m'aime vraiment ne voudrait que je devienne un Jelly Beans.
Il est temps de leur faire comprendre qu'on ne m'arrachera pas ma liberté au prix d'une montagne de privilèges.
Nous descendons ensemble au rez-de-chaussée et sentons immédiatement l'électricité dans la pièce. L'air est lourd et pourtant, les Beatles tournent toujours sur la platine.
Autour de la table et nous faisant face, les représentants des Jelly Beans, Freya Holmes et en bout de table Cotton qui joue avec la cuillère dans sa tasse de thé.
La tension ne vient d'aucun d'eux mais bien de Red qui est appuyé contre un mur, les bras croisés et les fusillant du regard.
Qu'est-ce qu'il a pu dire pour tant faire chuter la température ?
Un simple échange de regard entre nous et les traits de son visage se détendent.
Il sait déjà quelle est ma décision, il n'en a aucun doute et ça bien avant que l'on s'avoue notre amour.
« Je ne participerais pas à votre programme et je ne postulerais jamais pour être un Jelly Beans. »
Freya Holmes se lève d'un coup de sa place, comme si mes mots venaient de la piquer alors que Cotton, les yeux écarquillés, ne semble pas comprendre ma réponse pourtant si évidente.
— Vous n'avez pas assez réfléchi à la question, Citrus ! Rendez-vous compte qu-
— C'est tout réfléchi.
— Tu es encore jeune, intervient Freya, tu n'as pas encore conscience du monde réel et de tout ce que l'on te propose. Sans notre proposition et sans les Jelly Beans, les gens continueront à te voir comme le clone raté d'un savant fou !
— S'ils sont trop stupides pour ne pas différencier deux personnes ayant un caractère opposé, c'est leur problème.
— Dites-lui, monsieur Steinberg ! Les opportunités qu'il va manquer sans nous ! Vous êtes conscient, en tant que tuteur et « créateur » que Citrus ne sera jamais aidé par d'autres que nous !
— Je n'ai pas à intervenir dans la décision de mon fils, répond Roy, et même si c'était le cas je serais de son avis. Citrus est assez fort et résistant pour affronter la vie active sans avoir le tampon « Jelly Beans » sur le torse.
Freya et les autres se tournent alors mécaniquement vers Cotton, attendant d'elle qu'elle me « raisonne » et me ramène de leur côté.
C'est logique pour eux et c'est pour ça qu'ils l'ont emmené : si c'est bien ma copine, elle peut tout faire basculer et me forcer à suivre la voie qu'ils veulent me faire prendre.
— Mon Limoncello, tu sais que ça me ferait énormément plaisir que tu acceptes. Au moins la formation et après tu verras ! Tu sais que je t'ai-
— Non. Tu ne m'aimes pas. Arrête ta comédie. Tu aimerais me manipuler et te servir de moi pour briller encore plus.
— C'est vicieux ce que tu dis...
— C'est toi qui est vicieuse, Cotton ! Tu t'es rapproché de moi parce que tu savais qu'on avait un passif et que tu pourrais t'en servir. Dès que j'ai commencé à gagner en popularité, tu as voulu t'afficher avec moi. Tu as vu une possibilité, un espoir de rejoindre plus facilement les Jelly Beans.
— Tu te trompes, je suis vraiment amoureuse de t-
— C'est quoi son dessin animé préféré ?
Nous nous tournons tous vers Red qui vient de se décoller de son mur. Les bras croisés, un regard assassin mais un sourcil arqué ajouté à un sourire moqueur montrant clairement qu'il se moque d'elle.
Un silence se soldant par un bégaiement de Cotton et une réponse presque murmurée qui nous confirme bien ce que nous pensons tous :
— C'est Toy Story ? Comme il a le symbole de « Pizza Planet » sur son sac de cours...
— Aie ! Quelle erreur ! C'est celui de « Planet Express » de la série Futurama. Il la surkiffe, contrairement à une certaine personne face à moi.
— J'te déteste, sale pomme pourrie...
— C'est partagé, barbe à rien.
— Tu ne sais pas ce que tu perds ! s'exclame-t-elle soudain dans ma direction. T'es le pire coup que j'ai eu, de toute façon !
Cotton se lève précipitation et tente même de me bousculer d'un coup d'épaule, en vain, avant de quitter la maison et de claquer la porte.
Les deux représentants soupirent en cœur après cette réaction excessive et suivent le mouvement en ne manquant pas de nous dire de prendre le temps de bien y réfléchir à nouveau.
Et ça même s'ils savent que ma décision est toute mûrie.
Freya Holmes, quant à elle, fixe intensément Red avant de tendre la main vers lui et de déclarer :
— Viens. On rentre.
— Va chier, Freya. Si c'est pour que tu me remettes dans ma prison dorée, va bien chier.
— Tu sais que sans moi et sans le soutien des Jelly Beans depuis ta création, tu n'as plus rien ? Tu n'auras ni argent, ni logement, ni sécurité. Tu ne pourras plus suivre les cours à l'Académie et donc, tu n'auras plus aucun avenir.
— J'ai l'argent des anciennes Red Apple qui m'attendent à ma majorité sur un compte en banque auquel les Jelly Beans et toi n'avez pas accès. Beaucoup d'argent. Ça me permettra d'avoir mon chez-moi et de faire ma vie sans vous.
— Et qu'est-ce que tu vas faire jusque-là ? Hein ? Vivre comme un clochard ? Ou bien profiter de la naïveté de ce pauvre garçon que tu as manipulé et de l'hospitalité de son tuteur ? Tu seras comme un vers parasite dans une pomme.
— Je sais travailler et me débrouiller seul. Je n'ai qu'à demander mon indépendance et je ne serais juridiquement plus lié à toi et aux Jelly Beans. Je suis un grand garçon qui en a marre de s'en prendre plein le cul par les mêmes profiteurs depuis des générations.
— Pfff, tu parles. Quand tu n'auras plus rien, tu reviendras vers moi en rampant, Red Apple.
— Vous savez où est la porte, interviens-je en haussant la voix.
Freya Holmes me regarde avec un mépris certain. Claquant les talons et la porte derrière elle avant que quelques secondes plus tard, nous entendions le bruit du moteur de leurs voitures.
Toute la pression est partie avec eux et nous respirons enfin.
« Bon, ça fait beaucoup d'émotions pour la journée. Je vais ranger donc en attendant le diner, faites votre vie les garçons. »
Roy me prend à nouveau rapidement dans ses bras, me transmettant par ce geste la fierté qu'il a pour moi, avant de rejoindre Red et de lui tapoter l'épaule.
Il semble lui chuchoter quelque chose qui fait sourire le grand rouge avant que ce dernier ne hoche la tête et lève son pouce en l'air.
Lorsque je lui demande ce qu'il a dit, Red me sort une connerie qui veut clairement dire que « ça ne me concerne pas ». Je suis curieux mais pour l'instant, je veux juste me retrouver seul avec lui dans ma chambre.
🍬🍬🍬
Tous les deux allongés dans mon lit, totalement nu alors que la nuit est déjà bien entamée, nous refaisons le monde. Ou plutôt, notre avenir.
Les mains tendues vers le plafond, Red est étrangement très bavard ce soir. Ses longs cheveux rouges me chatouillent parfois la peau alors que sa tête est posée contre mon torse.
Je vois même dans la pénombre, à chaque fois que la lune se fraye un chemin derrière les nuages, que ses yeux brillent d'excitation. Il se sent libre, enfin, et me le fait comprendre en déballant tout ce qu'il a sur le cœur.
C'est soit ça, soit l'effet de l'endorphine provoqué par ce qu'on a fait il y a quelques minutes.
C'était encore un peu maladroit mais déjà plus assuré que notre première fois. On sait que ça ne peut pas être parfait dès les premiers essais, contrairement à ce que m'avaient fait croire les comédies romantiques pour ados.
Contre lui, c'est le bonheur. Une rare sensation de béatitude qui me convainc que mon monde n'est pas à chier. Enfin, il ne l'est plus. Grâce à lui et à toutes mes belles rencontres, je me suis affirmé et j'arrive à voir un « avenir ».
— T'es différent, lâché-je soudain en le regardant.
— Ah ouais ? J'ai retrouvé des couleurs après le dernier plat gerbant que tu as tenté de nous faire avaler.
— T'es toujours aussi casse-couilles... Mais non, je voulais dire... que tu t'es assagi.
— Assagi ? Genre ?
— Moins sauvage. Moins agressif.
— Ce n'est pas ce que tu grognais tout à l'heure.
— Tu m'as encore demandé de me mettre à genoux !
— Mais dans un but purement sexuel et pas de domination ! C'est là, toute la différence ! Et t'as bien vu que c'était agréable, non ?
— Ta main dans mes cheveux et tes petits gém-Aie !
— Voilà ce qu'elle te fait ma main dans tes cheveux.
— Moins sauvage, mon cul...
Nous nous fixons quelques secondes avant de rire en chœur lorsque Red tourne sa tête vers ma table de nuit pour attraper son portable. Portable qui lui a été rendu par Freya aujourd'hui même, avec sa nouvelle carte GIC.
Je vois qu'il a beaucoup de notification et j'arrive même à voir afficher le prénom de Wild et l'icône Whatsapp. Je fronce des sourcils, attendant qu'il réponde à ma question silencieuse, mais il n'en fait rien et décide de quitter mes bras.
— Ben, tu fais quoi ?
— Je vais pioncer dans ma chambre. Déso mais dormir à deux, même si c'est agréable, c'est une galère dans ton petit lit une place. Et puis ça m'a tué le dos hier soir donc j'aimerais bien avoir une nuit complète pour être en forme pour demain.
— Il y a quoi demain ?
Red arque un sourcil avant de me faire une petite pichenette sur le front et de m'éblouir avec la lumière de son téléphone.
« Demain, c'est la veille de Noël, mon citron. »
Je dois avouer que j'avais zappé cette date mais surtout son lendemain qui pour moi, est souvent synonyme de triste fête solitaire passée avec Roy à jouer au Monopoly.
Est-ce que Red est au courant pour... Noël ? Je l'espère secrètement mais pourtant, je ne vois pas quel cadeau pourrait-il me faire alors qu'il n'a pas un rond.
« Arrête de réfléchir » me surprend-il après m'avoir délicatement embrassé les lèvres. Il prend quelques instants à caresser mon front de son nez, comme un animal en manque d'attention, avant de se redresser et de se rhabiller pour filer dans la chambre d'ami à l'autre bout du couloir.
Les bras croisés derrière la tête, je songe à très rapidement demander à changer mon lit au dortoir de l'Académie pour un king size, mais surtout, je pense à demain et après-demain.
Et même tous les prochains jours avec lui.
C'est la bave dégoulinant du visage après un rêve satisfaisant que je cherche le grand rouge en arrivant dans le salon pour petit-déjeuner. Je ne trouve qu'une assiette de crêpe tiède et une note de la part de mon tuteur m'informant qu'ils vont passer la journée à l'université.
Et aussi que je dois passer en ville acheter des trucs pour le réveillon de ce soir avec la liste qu'il m'a laissée. Avec en plus, un avertissement au cas où j'ai la « stupide » idée de tenter de cuisiner seul pour ce soir.
Je suis si mauvais que ça pour que ce soit surligné en rouge ?
Après avoir ENFIN commencé mes devoirs pour l'Académie, je passe mon après-midi en ville à acheter des trucs qu'habituellement, Roy ne voudrait pas que je mange : des petits gâteaux, des chips, des bonbons et des sodas.
À croire qu'il s'est attaché à Red et veut vraiment tout faire pour qu'il passe une bonne soirée avec nous.
Comme s'offrir des cadeaux à Noël n'est plus une tradition depuis longtemps, je me contente de faire comme chaque année et d'acheter un énorme sac de pop-corn sucré et salé que l'on dévorera devant un film ce soir.
C'est les bras chargés que je prends une bonne heure à rentrer à pied jusqu'à la maison. Le soleil s'est déjà couché et ses derniers rayons disparaissent devant moi alors que j'observe les lumières provenant de l'intérieur.
Tiens ? Ce n'est pas des traces de voiture, ça... Une moto ?
Je pousse la porte d'entrée et suis envahi par une odeur de poulet rôti ainsi que de la musique provenant du salon. Soudain, je me stoppe en voyant le nombre de chaussures et de manteaux à l'entrée.
Est-ce que...
Je cours jusqu'au salon et lâche mes affaires sur le canapé en voyant la surprise que l'on m'a faite.
« CITRUUUUUUS ! »
On me saute dans les bras avant de m'enlacer jusqu'à m'en péter les os alors qu'un parfum familier me fait sourire.
— Bordel mais qu'est-ce que tu... qu'est-ce que VOUS faites ici ?! m'exclamé-je.
— On est le cadeau de Red.
— Hein ?
— Ton cadeau... d'anniversaire !
« Joyeux anniversaire ! » s'écrient Popcorn, Wild et les sœurs Cappuccino alors que Roy applaudit et que Red est accoudé au comptoir de la cuisine.
Je suis sur le cul et je souris tellement que j'en ai mal aux joues.
— C'est pas aujourd'hui, murmuré-je en me mordant les lèvres.
— On sait, me répond Wild en venant me frapper l'épaule, c'est Red qui nous a mis au parfum. Mais comme on est à quelques heures de demain, ça ne change rien ! On fera le passage tous ensemble !
— Le gars qui a été créé le jour de Noël, ce n'est pas rien ! Et puis Red tenait tellement à ce qu'on soit ton cadeau d'anniversaire qu'on a préparé cette soirée depuis quelque temps par messages.
— Genre ? Quelque temps ?
— Genre avant même la fête hivernale, me chuchote Pop en montrant Red du doigt. Il voulait tout prévoir pour toi. On avait plus de ses nouvelles mais dès que Roy nous a appelés de la part de Red, on a pris la voiture et on est venu !
Je tourne la tête vers le grand rouge me regardant d'un air taquin avant de me faire un clin d'œil colorant involontairement mes joues.
Il avait déjà prévu ça pour moi depuis longtemps, avant même que je lui confie mon amour...
Ça y est, je suis vraiment condamné.
Je pense que jamais je n'aimerais autant quelqu'un que Red Apple.
Citrus et Red ont bien dégagé les Jelly Beans et grâce à l'affirmation de Citrus, Cotton ne l'embêtera plus ! Est-ce que ça vous plait ? Qu'avez-vous pensé des décisions de Citrus et Red ?
De leur amour de plus en plus puissant et du soutien qu'ils s'apportent ? De la surprise de Red pour l'anniversaire du Citron ?
Comme je l'avais dit avant, on arrive à la fin (dans deux chapitres, oui c'est court) de l'histoire ! J'aime ce couple, cet univers et ceux qui les entoure mais j'ai besoin de changer et me concentrer sur d'autres histoires qui m'attendent depuis longtemps et que vous allez tout autant aimer 🤭
P.S : Merci à Elvie de m'avoir aidé à retravailler le résumé de l'histoire !
🍬Comme d'habitude, n'hésitez pas à me soutenir en votant et en donnant votre avis en commentaire. On se retrouve bientôt pour la suite !🍬
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top