43🍬Avant, j'étais une fille
[RED]
L'unique fois où je suis tombée amoureuse, c'était d'un citron.
Un citron insensible à la langue acide et que personne ne voulait connaitre.
Je me souviens de la première fois où je l'ai remarqué : il était sur scène et venait de recevoir un prix avec son club de science. Le prix de je-sais-pas-quoi-j'en-ai-rien-à-foutre, un truc national dont la directrice de l'Académie de Flavor City était très fière.
J'applaudissais mollement alors que mon copain se foutait de la gueule de ces nerds boutonneux sur scène avec son groupe de pote. Honnêtement, j'aurais bien fait la même chose si j'en avais eu la motivation...
Mais ce matin-là, j'avais des crampes dues à mes règles.
« Pina, tu pourrais me prêter un tampon ? »
Ma meilleure amie, celle sur qui je pensais toujours pouvoir compter, me répondit d'un clin d'œil avant de me passer sa pochette de protections hygiéniques.
Si j'avais su à l'époque qu'elle me piquerait mon copain, je l'aurais étouffé avec une serviette.
M'éclipsant discrètement des gradins du gymnase pour aller aux toilettes, je me souviens avoir changé mon tampon, les doigts sanglants, en jurant.
Pourquoi ce souvenir ? Ah oui, parce que c'est ce qui a provoqué notre rencontre.
« C'est tellement relou d'être une fille ! Si seulement on pouvait changer de sexe comme on veut. »
J'avais formulé ce vœu en sortant des toilettes, sans grande attente, avant de me cogner contre une grande perche maigrelette et blonde comme les blés.
« Ça pourrait se faire. »
J'avais été surprise par ce garçon à peine plus âgé. Ce même qui était quelques minutes avant sur l'estrade à recevoir son prix. Statuette qu'il avait dans les mains alors qu'il me bloquait le passage.
Sa voix était grave et monotone. Comme s'il n'y avait aucune chaleur en lui.
— Comment ça ? répondis-je par curiosité.
— Modification génétique, ce n'est qu'une question de chromosome.
— Ben tient, ce serait facile si c'était juste « ça ». T'as pas volé ton prix, par hasard ?
Je me souviens de son bras se levant avec lenteur, ses yeux observant la plaque de verre... Avant que ses mains ne lâchent la récompense dans la poubelle à côté de moi.
— T'es fou malade, toi ! m'écriais-je. Pourquoi t'as fait ça ?!
— Ce n'est pas important.
— Mais... Toi et ton groupe de nerd aviez bossé pour avoir ce truc, non ?
— S'il n'y a pas mon nom et seulement le mien écrit sur cette plaque, elle n'en vaut pas la peine.
— Et c'est quoi ton nom, le nerd ?
— Citrus Lime. Pas besoin de me donner le tien.
À cet instant, il m'avait fait rager. Je pensais qu'il était hautain et j'avais répondu d'un coup de poing dans son ventre. C'était ma spécialité, répondre par la violence lorsqu'on me titillait même légèrement.
Ce que je ne savais pas, pendant cette première rencontre, c'est que Citrus avait eu les mains moites, qu'il s'était retenu de bafouiller et que par-dessus tout, il connaissait mon prénom. Il savait qui j'étais, pas par rapport à mes exploits, mais parce qu'il m'observait depuis des années.
Nourrissant une fascination pour moi en cachette et plus tard, ce que je mettrais bien trop de temps à découvrir, un amour sincère et puissant.
Mais ce premier échange était gravé à jamais.
Plus tard, je n'ai fait que le croiser, l'observant de temps à autre sans remarquer qu'il faisait la même chose sur moi depuis des années.
« Pourquoi deux virgule cinq te fixe comme ça ? » m'avait un jour sorti Pina alors que nous étions en train de faire des échauffements au stade. Sans gêne, elle avait pointé du doigt le bâtiment d'où on voyait clairement le laboratoire et, surtout, la tête du citron dans notre direction.
— Qui ça ?
— Le grand blond là... Il a un prénom à la con... Ah oui, Citrus Lime ! J'ai entendu Cotton Candy l'appeler comme ça à l'entrainement des majorettes.
— Qui ça ?
— La fille aux cheveux roses. 'Fais pas genre ! Elle a déclaré qu'elle deviendrait une meilleure chanteuse que toi en une génération ! Tu voulais lui faire un croche-patte quand elle est passée devant toi !
— Ah oui, la barbe à papa. Trop sucrée, trop souriante, trop parfaite, trop... gerbante. Bref, tu te goures, le citron ne me regarde pas.
— Si meuf, je te jure. Ce n'est pas la première fois en plus. À chaque fois, il te regarde. À la cantine aussi. Ça se trouve, sous ses airs de nerd puceau, c'est un pervers.
J'avais fait le geste de vomir et avait laissé couler... Jusqu'à ce qu'un jour, j'aille vers lui. Qu'il me réconforte, que l'on devienne ami en secret et qu'il m'avoue son amour.
Jusqu'à recevoir un baiser.
Je ne me sentais pas capable de l'aimer car, même si au début j'étais méprisante envers lui, je me suis rendu compte que son intelligence était effrayante et qu'il n'irait jamais sur la même route que moi.
Même si nos sentiments étaient puissants, nous serions toujours séparés par la vie.
Et pourtant, j'ai aimé le temps passé avec lui.
J'ai aimé avoir un vrai ami. Quelqu'un qui se soucie réellement de moi et de mes problèmes. Qui me soutient et qui s'accroche même quand je le rejette.
Qu'il m'accompagne à la salle d'arcade alors qu'il déteste ça parce que « se divertir n'a aucun intérêt productif ». Qu'il m'écoute chanter alors qu'il n'écoute jamais de musique... Sauf une.
Sa préférée devenue ma préférée. « Plastic Love » à fond dans sa voiture, moi chantant comme une dingue et lui se contentant de sourire en me conduisant partout où je le désirais.
Je vivais la romance idéale sans rien concrétiser.
En restant en couple avec un mec que je n'aimais pas, je lui brisais un peu plus le cœur... Mais il s'accrochait. Il disait qu'après avoir quitté l'Académie et intégré les Jelly Beans, on serait libre d'être tout ce que l'on veut.
D'être ensemble.
Je ne confirmais jamais parce que je n'étais pas digne d'aimer un garçon à l'apparence froide et insensible mais pourtant, si aimant avec moi.
Puis la vie la malmenée. Rejeté par tous, n'ayant aucune chance de devenir un Jelly Beans et s'enfermant dans ses études sur la génétique, j'avais perdu une part de mon cœur à cause de son absence.
Citrus Lime avait disparu...
Jusqu'à ce fameux soir.
Un concert de charité pour les plus démunis, organisé sous la bannière des Jelly Beans dont je faisais partie. La grande Cappuccino, musicienne de génie, m'accompagnait sur scène et malgré ses superbes compositions, je n'y arrivais plus.
Depuis des années, ma voix ne brillait plus. Il n'y avait plus de saveur, de passion, quand elle sortait de ma bouche.
La majorité des gens étaient des moutons aveugles et continuaient à aimer mon talent presque disparu mais le reste, ils avaient compris que je ne servais plus à rien et que ma place chez les Jelly Beans devrait être ré-évaluée.
J'étais au bord du gouffre, effondrée sur le sol sale des coulisses après ce concert éreintant, lorsque Cappuccino était venu me voir pour me dire qu'un certain « deux virgule cinq » voulait acheter sa guitare.
J'avais couru partout à sa recherche et avait fini par le retrouver devant l'entrée des artistes.
Un manteau cachant à peine sa blouse blanche, des lunettes méritant d'être nettoyées, ses cheveux ébouriffés et des cernes pas possibles donnant un air lugubre à sa tête.
Mais dès qu'il avait croisé mon regard, son visage s'était illuminé. J'avais l'impression de retrouver cet adolescent qui avait tenté chaque année de m'inviter sur la grande roue de la fête foraine de Flavor City.
« T'as une expérience sur le feu pour porter encore ta blouse ? »
Je n'avais trouvé que ça à dire, après des années sans nouvelle de lui.
« Je ne t'ai pas abandonné. »
Une phrase qui résonnait dans tout mon être. Il avait compris. Il savait que je lui avais reproché ça, son absence laissant un vide en moi.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Tu as dû entendre parler de moi dans les médias.
— Ouais, « Citrus Lime le savant fou qui joue avec la vie ». Ce que tu fais est illégal dans de nombreux états, celui-ci comprit. Si la police t'arrête, tu risques la taule.
— J'avais des affaires à régler avec Cappuccino. Elle s'est portée volontaire pour une de mes expériences.
— Tu aurais pu me demander, haha !
— Pas avant d'être sûr à 100% de ce que tu veux.
— Je déconnais, hein.
— Non. Je sais que c'est faux. Un jour, tu m'avais dit que ce serait magnifique de faire disparaitre toute cette pression sur tes épaules, qu'on te laisse tranquille et que tu aimerais être enfin toi-même. « Un garçon prisonnier dans un corps de fille ». Tu as toujours voulu changer de sexe mais les Jelly Beans n'auraient jamais autorisé une telle chose.
— C'est... Ça ne se fait pas comme ça ! Et puis, je suis heureuse en tant que femme ! J'ai un copain, une carrière, des fans, la gloire, la richesse, tout !
— Tu t'en fiches de tout ça.
— Tais-toi, Citrus.
— Tu n'en as jamais voulu, rappelle-toi. Accorde-moi cette faveur, Red Apple. Laisse-moi réaliser ton souhait et le mien.
— Tu veux te servir de moi pour « la science ». Ce n'est pas ton souhait.
— Je t'aimerais toujours. Peu importe ton sexe. Ça ne définit pas qui tu es réellement.
J'avais aimé ce citron me mettant face à la réalité, ouvrant ses bras et me demandant de le rejoindre dans la plus folle des aventures...
Mais par peur, j'avais refusé. Je l'avais encore une fois rejeté.
Et puis on ne s'était plus revu. Je continuais de sombrer, donnant de moins en moins de prestation et laissant les rumeurs sur mon talent mort s'amplifier. Et ça malgré le soutien que me fournissaient les Jelly Beans pour redorer mon image.
C'était un jour « comme les autres » où j'avais eu de ses nouvelles.
— Pourquoi pas un mariage, hein ? Cela fait un moment que vous êtes avec monsieur Sparkling et il n'est pas loin d'obtenir un oscar cette année. Vous pourriez chanter dans le prochain film de sa sœur, ça donnerait un coup de boost à votre carrière !
— Hmm...
— Lâchez cette bouteille, mademoiselle Apple, il n'est que dix heures.
J'avais fait un magnifique doigt d'honneur à mon manageur, soupirant à nouveau de mon état catastrophique. Me noyant dans l'alcool à la moindre occasion, mon appartement chic en bordel chaque matin comme si je venais d'organiser la fête de l'année et ma tête de défoncée.
Il continuait à me faire des propositions, sans quoi il risquait son poste si je perdais ma place chez les Jelly Beans, lorsque mon regard fut attiré par l'un des journaux qu'il avait jetés sur ma table basse.
— C'est Citrus, avais-je grommelé.
— Ah oui, vous n'êtes pas au courant du scandale. Ça fait des jours que la presse en parle. Vous étiez dans la même promotion à l'Académie ?
— Non, pas vraiment.
Je m'étais réveillé d'un coup en voyant sa photo en noir et blanc et ce gros titre près de sa tête : « CLONAGE ILLÉGAL – CITRUS LIME SUR LA PENTE GLISSANTE ».
Un article racontant le dernier scandale crée par ce « savant fou » alors qu'il avait pratiqué le clonage non contrôlé de Cappuccino, scindant ses caractéristiques pour créer non pas un clone mais bien trois.
L'acte était illégal car le clonage des personnes jelly belly n'était effectué que par des organismes très contrôlés par le gouvernement et où les Jelly Beans devaient donner leur accord.
Citrus Lime ayant réussi à créer son laboratoire, il se servit de Cappuccino comme première expérience concrète pour toucher un peu plus son but : manipuler l'ADN pour créer des êtres talentueux à la demande.
Pourquoi ça ? Les gens se disaient que c'était par jalousie ou pour être enfin accepté chez les Jelly Beans mais moi, je savais exactement pourquoi.
C'était pour les détruire. Casser le système des Jelly Beans.
Si tous les clones se mettaient à avoir un talent, alors plus personne ne serait réellement « talentueux ». Plus rien d'extraordinaire dans une normalité créée de toute pièce.
Plus de système, plus aucun contrôle, plus de restriction.
Citrus Lime, derrière cette image folle et détraquée que l'on se faisait de lui, était un idéaliste rêvant de liberté.
Mais peu de gens étaient au courant et lui-même, préférait être craint que soutenu.
Il voulait y arriver seul même si pour cela, il allait devenir la cible numéro un à abattre.
Moins d'un an plus tard, alors que mes fiançailles avaient été annoncées partout dans le monde comme un événement majeur, j'avais reçu une enveloppe.
Pas de lettre, juste une enveloppe contenant sous plastique une clé USB ainsi qu'une heure et une adresse marquées au dos.
Je n'avais pas eu besoin de regarder dans cette clé pour savoir ce qu'elle contenait : Plastic Love. C'était la clé USB qu'on branchait dans sa voiture pour que je chante.
« Plastic Love. »
Je l'avais reprise et chantée lors d'un gala. Ma dernière prestation depuis des mois. J'avais juré l'avoir vu dans la salle et pour sa présence, j'avais chanté cette musique.
Personne n'avait compris, car personne ne comprenait le japonais. Même moi, à l'époque, je n'en comprenais pas le sens et ne l'aimais que pour la musique et les émotions passé par la chanson.
Mais avant que Citrus ne quitte l'Académie, il m'avait traduit la chanson en ajoutant ceci : « C'est une chanson d'amour triste et ironiquement... Elle me fait autant de mal que penser à toi. Elle te correspond. »
Je l'avais mal pris et n'avais compris que des années plus tard pourquoi.
Cette chanson, c'était ma vie.
Je ne faisais qu'aimer « sans aimer ». Jouant des rôles et n'étant jamais réellement moi... sauf avec lui.
Je cherchais sans cesse quelqu'un comme lui sans jamais le trouver. Des similaires, oui, mais qui me rappelait tous le vrai Citrus Lime.
Une traduction dont ce couplet était surligné en jaune par ses soins. Ce couplet s'adressant à son cœur et le blessant comme si je m'adressais à lui avec cette chanson :
Never love me seriously
Ne m'aime jamais sérieusement
Love is just a game, if I'm having fun, then it's OK
L'amour n'est qu'un jeu, si je m'amuse, c'est bon
Fancy dresses and heels are like friends that decorate my closed heart in my loneliness
Les robes de luxe et les talons sont comme des amis qui décorent mon cœur fermé dans ma propre solitude.
Je devais y aller, même si je prenais le risque de me faire arrêter par le gouvernement pour avoir rencontré l'homme le plus recherché du pays.
Lâchant les préparatifs de mon mariage sans amour, j'avais pris le premier taxi en direction de ce café où il m'avait donné rendez-vous...
J'étais à peine camouflé quand lui portait un vieux sweat de l'Académie de Flavor City.
— C'est le pire déguisement que je n'ai jamais vu. C'est un miracle que tu arrives à échapper à la justice.
— Je peux y arriver. Ton souhait. Je peux créer un clone de toi différent mais avec ton talent.
J'avais bugué. Je pensais que nous allions parler de sentiment mais pas de ça. Citrus n'avait pas lâché l'affaire et ses recherches me concernaient.
Il pouvait me faire recommencer à zéro. Sans toute la pression et cette féminité que je devais garder en toute situation alors que je m'en éloignais de plus en plus.
Depuis longtemps, il avait compris que mon talent s'était tellement essoufflé que je ne pouvais plus rien y faire. Qu'on allait bientôt m'abandonner et que je n'aurais plus rien.
Son plan, c'était de m'ouvrir une nouvelle voie.
Me cloner dans le plus grand des secrets, gardant des fragments de ma mémoire comme n'importe quel clone, mais en restaurant au passage mon talent.
— C'est encore expérimental mais je veux essayer ça sur toi.
— Qu'est-ce que ça va me coûter ?
— Rien. J'ai juste besoin de cellules, enfin, de tout le matériel habituellement demandé pour le clonage.
— Tu pourrais... me cloner en garçon ?
— Oui.
— Alors laisse-moi y réfléchir.
— Je te recontacte dans un mois.
L'échange était bref, sans émotion, comme lorsqu'il parlait à des gens pour qui il n'avait aucun sentiment. Ce constat m'avait brisé le cœur... Mais je savais qu'il devait profondément tenir à moi pour me proposer cela.
Une nouvelle existence.
Le problème, c'est que j'aurais dû être plus intelligente et savoir qu'un paparazzi me suivrait. Prenant une photo de moi et de Citrus en pleine discussion.
Transformant la réalité pour mieux ne pas salir mon honneur de Jelly Beans en traitant Citrus Lime de stalker. De fou me suivant et voulant mon attention, moi la future mariée et star de la chanson.
J'étais blessé par cette réputation qu'on lui faisait alors que tous autour de moi, ne me voyait que comme une victime de ce « détraqué ».
C'était la goutte de trop et, bien décidé à changer l'avenir de mon prochain clone, j'avais passé des tests à l'hôpital pour savoir si j'étais éligible au processus que m'avait expliqué Citrus Lime.
Dieu que j'ai regretté cette journée ensoleillée où les oiseaux chantaient et tout semblait parfait... Tout sauf moi.
La mauvaise nouvelle était tombée de la part de mon médecin : j'allais bientôt mourir.
Un gène défaillant lié à mon talent et plus ce dernier disparaissait, plus j'avais des chances de perdre le souffle et ne plus jamais respirer. J'étais condamnée.
Payé grassement pour qu'il garde le silence, mon médecin n'a rien divulgué à mon manageur ni aux Jelly Beans. Quant à moi, j'ai décidé de revoir Citrus, de passer sur sa table de laboratoire et de lui donner ce dont il avait besoin pour me cloner.
Gardant mon problème pour moi. Sombrant un peu plus chaque jour.
Je ne voulais plus de cette vie gâchée à ne pas être réellement moi-même. Je voulais sortir de cette prison que sont les Jelly Beans, être libre de faire ce que je veux, quand je veux et fréquenter qui je veux.
Je voulais être libre d'aimer Citrus Lime.
Accusé par la justice et recherché par le gouvernement, il se terrait dans son laboratoire secret en avançant sur ce projet fou de me recréer en tant qu'homme.
Quant à moi, je me préparais pour la fin que j'avais décidée. Laissant des instructions ça et là, retournant même à Flavor City auprès de ce caissier témoin de nombreux échanges entre Citrus et moi. Lui donnant une ultime consigne, preuve de mon amour impérissable pour l'homme que j'avais beaucoup trop rejeté.
La fin était là, toute proche, et c'est lorsque Citrus Lime me donna rendez-vous pour me parler de ses avancements que je décidais de mettre un terme à ma vie.
Une rencontre chez moi, sans personne pour nous déranger et le dénoncer. Des médicaments nocifs pour ce que j'avais, prescrits encore une fois par mon médecin corrompu ne se doutant pas de ce que je comptais en faire.
Je me rappelle de ce soir-là également, parce qu'il pleuvait et que j'observais les lumières de la ville sous mes pieds. Caressant les grandes vitres lorsqu'il frappa à ma porte.
Citrus était comme d'habitude, l'air froid et insensible, habillé de sa blouse et les cheveux blonds ternis par le temps.
Mais il y avait de l'excitation dans ses yeux.
Il avait réussi. Il avait pu me cloner. Il devait encore faire des ajustements mais Red Apple serait prochainement un homme ayant retrouvé une voix d'or.
La nouvelle l'enchantait plus que moi et il parlait déjà de se cloner lui-même pour que nous vivions ensemble cette nouvelle vie...
— Je n'ai pas beaucoup de temps, m'avait-il dit, mais je veux que tu viennes avec moi.
— Où ?
— N'importe où. Où tu veux. J'ai déjà recruté des chercheurs de renom qui sont dévoués et veulent travailler sur mon projet. J'installerais un nouveau laboratoire dans un endroit reculé où personne ne pourra nous retrouver. On vivra caché, mais heureux. Ensemble. Pour la première fois.
— Je ne veux pas vivre emprisonnée Citrus, tu le sais déjà. Je fais tout ça pour être libre.
— Alors tu me rejettes une nouvelle fois ? Je te dégoute à ce point que tu ne veuilles jamais envisager un avenir avec moi ?
— C'est parce que je t'aime que je ne peux pas l'envisager.
C'était la première fois que je lui avouais mes sentiments. La surprise sur son visage était magique et celle après que je l'ai embrassé, encore plus.
Je m'en voulais de lui faire subir ça, mais c'était trop tard.
Citrus et moi n'étions pas faits pour vivre ensemble dans cette vie.
— Reste avec moi ce soir. S'il te plait.
— Tout pour toi, ma pomme d'amour.
J'avais souri, heureuse de passer mes derniers instants allongés dans mon canapé, la tête sur ses genoux et sa main caressant mes cheveux rouges.
Nous avons parlé presque toute la nuit de choses insignifiantes, d'amour et de fantasme de vie que nous aurions pu avoir...
Jusqu'à ce que je m'endorme définitivement sur lui. Lui disant adieu d'un dernier baiser.
Espérant que dans mon autre vie, je puisse avoir la force de lui avouer mon amour et être enfin avec lui.
Un chapitre entièrement consacré à l'ancienne Red Apple, expliquant ses sentiments et comment sont tristement mais amoureusement liés les actuels Red et Citrus !
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? De la relation Red/Citrus de l'époque ? Des choix de Red repoussant Citrus et de ce dernier s'accrochant malgré ça ?
La semaine prochaine, on retourne dans le présent avec Red Apple, toujours de son point de vue ! J'espère que ça vous plaira ;)
🍬N'hésitez pas à me soutenir en votant et en donnant votre avis en commentaire. On se retrouve jeudi prochain pour la suite !🍬
https://youtu.be/AWpsOqh8q0M
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