42🍬All you need is..love

La tête collée à la vitre, je regarde la pluie glisser sur le long de la paroi et se faire trainer en arrière à cause de la vitesse à laquelle roule mon tuteur.

Le chauffage a beau être allumé, je retiens mon corps de frissonner alors que nous entamons notre quatrième heure de route.

Nos échanges ont été maigres. Aussi peu satisfaisant que les sandwiches mangés à la dernière station-service.

Ça a commencé avec mon bulletin de notes. Mes bons résultats éludés pour mieux se concentrer sur ma honte d'être le clone d'un des plus grands scientifiques de sa génération, clone incapable de résoudre correctement des problèmes à plusieurs inconnus.

Parlons-en, des « problèmes ».

Roy n'a pas perdu de temps et m'a également parlé de mes examens médicaux posant bien trop de questions au personnel sanitaire de l'Académie. Comme quoi il y aurait quelque chose d'étrange dans mon sang mais aussi dans ma tête, ce qui n'est pas une surprise.

L'affaire aurait pu être réglée si mon tuteur n'avait pas refusé de donner mon vrai dossier médical. Celui où il a bien rédigé tout ce qui est anormal dans mon corps.

Résistance considérable à la douleur, temps de récupération accru, trouble du comportement dû à une manipulation sur mon cerveau mais également à de nombreux traumatismes, etc.

Des informations qu'il ne peut donner sans l'accord du gouvernement. Notre gouvernement qui estime que je suis un sujet d'étude instable à qui l'on doit limiter l'utilisation de sa carte GIC et surveiller la moindre anomalie.

« Anomalie », c'est ce qu'il a dit en me parlant également de ma prestation sur scène.

Je n'ai apparemment pas été « conçu » pour avoir ce genre de talent ambigu. Citrus Lime voulait que je sois capable d'être un Jelly Beans mais, écrire des paroles touchantes, ça n'a jamais été envisagé.

Rien n'a été fait pour, d'après Roy, et ce qui l'inquiète c'est que s'il s'avère que j'ai bel et bien un talent, c'est que Citrus a dû me faire quelque chose au cerveau entre le moment où il a viré mon tuteur et où les agents du gouvernement sont venus l'arrêter.

Je dois m'attendre à une batterie de tests en rentrant à la maison... Génial.

Et alors que le silence de mort rend l'habitacle étouffant depuis bientôt une heure de silence, j'entends les doigts de Roy s'agiter sur le volant.

« Freya Haulmes m'a demandé de te faire intégrer leur programme spécial. »

Silence.

Je continue de fixer le paysage défilant à toute vitesse et attends de savoir où il veut en venir.

— Le programme, continue-t-il d'une voix monocorde, c'est une sorte de test sur plusieurs semaines qui permet de savoir si tu peux intégrer les Jelly Beans ou non.

— Et ? Qu'est-ce que tu lui as dit ?

Il ne répond pas mais j'ose tourner la tête vers lui et voit ses dents mordiller sa lèvre inférieure. Je ne retiens pas mon soupir, ce qui lui fait froncer les sourcils mais ne le déconcentre pas de la route.

J'imagine bien Roy laisser ce genre de silence alors qu'il parlait à Freya. Je le vois bien assis derrière son bureau à la fac, entre deux corrections de copies et s'arrêtant de jouer avec la branche de ses lunettes.

Le regard vide face à une lueur d'espoir amère.

S'il est confirmé que je possède un talent, son travail de scientifique sera bien plus reconnu et il obtiendra prix et richesses. « Le premier chef de laboratoire du détraqué Citrus Lime qui a réussi à créer un talent de toute pièce à son sujet d'expérience », c'est-à-dire moi.

Si j'intègre les Jelly Beans, ce sera la consécration ultime. Ce dont il a toujours rêvé. Bloqué comme professeur d'université par le gouvernement, il retrouvera le chemin des laboratoires et pourra à nouveau expérimenter.

Mais... S'il accepte tout ça, ce sera la fin de « nous ».

De cette pièce de théâtre que l'on joue depuis des années. Il n'y aura plus de « papa » dans ma tête et pour lui, je redeviendrais son rat. Celui qu'il faisait tourner dans un labyrinthe et qu'il tatouait comme du bétail.

Je ne serais plus l'individu qu'il a essayé de construire après tout ça. Je ne serais qu'une bête de foire, un trophée.

Je serais tout ce que Citrus Lime voulait que je sois : un clone servant ses intérêts.

« J'ai dit que la décision t'appartenait. Est-ce que tu veux rejoindre les Jelly Beans ? »

Je hausse les sourcils, surpris par sa question. Moi qui m'attendais à ce qu'il accepte la proposition de Freya ou, dans le meilleur des cas, qu'il la refuse en bloc par amour pour moi, il me laisse le choix.

— Pourquoi ?

— C'est la plus belle chose que je puisse t'offrir, le choix. Je ne te l'ai jamais donné, même après t'avoir sortie de ce laboratoire. Tu as toujours fait ce que je voulais... sauf depuis que tu es dans cette Académie. Honnêtement, j'hésite à t'en retirer.

— Je ne veux pas.

— Ah oui ? Pourquoi ça ? Tu te fais martyriser là-bas.

— Je... j'y suis bien. Si j'ai le choix, je préfère rester à l'Académie que de rejoindre le programme des Jelly Beans.

— Hum... Je vais y réfléchir. J'ai l'impression que cet environnement n'est pas bon pour toi et en même temps... Tu as fait énormément de progrès depuis ta rentrée. Tu t'es fait des amis et tu as même une petite copine...

Je hausse les épaules et détourne la tête, incapable de le laisser lire en moi pour ne pas qu'il y décèle ma honte.

Pas honte d'avoir une copine qui profite de moi, non, honte de l'avoir envoyé chier pour coucher avec cette fameuse copine après ça. Même si ce n'était pas réellement moi.

Le silence s'installe de nouveau dans la voiture et ce n'est qu'en arrivant dans l'allée de notre maison que je sens la pression monter un peu plus. Il fait nuit noire dehors et sans les phares, je ne pourrais reconnaitre notre érable totalement nu de ses feuilles rouges.

« Est-ce que tu veux que je te laisse tranquille ? »

Sa ceinture détachée, ses mains quittent enfin le volant pour redresser ses lunettes alors qu'il m'accorde le premier regard de la journée. Il a dit ces mots avec un tel neutralité que ça me brise le cœur.

« Je sais que je ne suis pas ton père, mais... »

Soudain, sa voix se brise sur ces mots. Il ne termine pas sa phrase et je ressens une infinie tristesse en moi alors qu'il ferme les yeux et détourne la tête.

Surement pour que je ne sois pas témoin de ses sentiments.

Mon corps frissonne à nouveau, mes yeux me piquent et alors que je m'apprête à lui répondre, il ouvre sa portière et quitte l'habitacle chaud. Je l'imite, affrontant ce froid glacial familier mais toujours désagréable de la région, avant de faire rapidement le tour de la voiture et de le rattraper.

Il me tourne le dos et c'est en silence que je le stoppe de mes bras pour l'enlacer. Collant ma tête contre son dos alors qu'il est déjà sur la première marche de notre maison.

Ne m'abandonne pas. Ne me laisse pas seul.

Aucun son ne sort de ma bouche. Ce n'est que lorsque je sens qu'il se retourne pour me faire face et qu'il caresse mes cheveux avant de me rendre mon étreinte que je craque.

Comme s'il m'avait compris sans parler.

Je fonds en larme dans ses bras et ne peux même pas m'excuser de lui avoir envoyé ce message, de lui avoir dit qu'il n'était pas ce qu'il est, parce que je peine à respirer à cause de mes pleurs.

« Je ne t'abandonnerais pas, mon fiston. »

Les flots redoublent et me piquent la peau tant l'eau est salée et irrite mes boutons d'acné. Je sens de la morve couler mais c'est lui qui l'essuie négligemment avec la manche de son pull en me disant « ça va aller ».

Ça va aller.

Oui, j'aimerais que ça aille bien. Je le souhaite de tout mon cœur.

🍬🍬🍬

La tête dans le brouillard, c'est des heures plus tard que je me réveille en caleçon dans mon lit.

Enfin, ce lit qui m'avait tant manqué. Un matelas à mémoire de forme me donnant l'impression de dormir sur un nuage, mon kiff suprême.

Je pousse un grognement et me racle la gorge en frottant mes yeux avant de détailler ma chambre : yep, rien n'a changé.

Les posters de films et de dessins animés sont toujours aux murs, mon vieil ordinateur prenant la poussière sur mon bureau et mes tiroirs débordants de t-shirts tous similaires aux autres.

Dehors, pas de bruit de circulation ni d'étudiants bruyant. Que les oiseaux et au loin, la mer.

Oui, Roy et moi vivons à même pas cinq minutes à pied de la mer. Une maison isolée d'une petite ville de campagne au bord d'une plage loin d'être touriste car trop souvent gelée dès l'automne et trop agitée l'été.

Le calme pour quelqu'un qui veut étudier et élever un enfant seul sans être harcelé par la presse trop curieuse.

J'étire tous les membres de mon corps tel un chat avant d'enfiler un bas de pyjama, un pull léger, et de descendre les escaliers menant au salon. J'avais oublié la sensation de chaleur se dégageant de partout grâce au chauffage contrôlé par domotique.

Ça et l'éternelle musique des Beatles le matin, accompagnant la bonne odeur de chocolat chaud. Roy lisant les nouvelles du matin sur sa tablette, son café au bord des lèvres et agitant ses pantoufles en forme de lapin que je lui avais offert il y a longtemps.

Mon tuteur lève les yeux vers moi et un sourire se dessine sur son visage alors qu'il m'indique le plan de travail d'un hochement de tête.

« Tartines, confiture de fraise et un bon chocolat chaud comme tu l'aimes. Ça va te redonner un peu de peps. »

Je frotte mes cheveux en bataille et réponds d'un grognement avant de trainer les pieds, de me servir et de le rejoindre à la table de la salle à manger.

Hier soir, mes larmes ont trempé son pull et nous avons passé un bon moment sans rien nous dire, juste à s'enlacer comme un père et son fils se réconciliant avec peu.

Au réveil, j'appréhendais nos retrouvailles mais tout semble normal et pardonné.

Est-ce que je devrais lui dire que ce n'était pas « moi » qui lui ai envoyé ce message ? Pas « moi » qui ai couché avec Cotton Candy.

Non, il s'inquièterait encore plus et me ferait passer de désagréables tests. Et je veux avoir des vacances normales.

« Comment va Red Apple ? »

Je manque de m'étouffer en entendant sa question alors que j'entends les chœurs de « All you need is love » chanter en continu « love, love, love ».

— P-Pourquoi ça t'intéresse ? bégayé-je tout en tentant d'avoir l'air détaché.

— C'est un bon garçon. Il a une voix d'or, d'après ce que j'ai entendu. C'est ton ami, non ?

— Ouais...

— C'est plus que ton ami ?

Je tourne lentement la tête vers Roy qui m'observe derrière ses lunettes, un air indéchiffrable. Son sous-entendu est clairement fondé sur quelque chose... surement sur ma chanson. Il a bien compris qu'elle s'adressait à Red et pas une seconde à ma « copine ».

Mais qu'est-ce qu'il en pense ? Nous n'avons jamais parlé d'autres types de relations différentes de l'hétérosexualité et si les gens à Flavor City n'ont pas l'air « gay-friendly », comment sont ceux hors de la ville ?

Je pourrais mentir par prudence mais l'idée ne m'enchante pas alors que j'ai réussi à me faire pardonner hier soir. Mais... En fait... je peux être honnête.

« Je n'en sais rien. »

La vérité, c'est que je n'ai aucune idée de ce que l'on est. Je n'ai pas revu Red depuis ce moment sur scène et j'ai beau l'avoir cherché et lui avoir envoyé plein de messages, je n'ai eu aucune réponse.

Je me suis même mis à croire que Cotton avait raison : il s'est servi de moi pour lui écrire de magnifiques textes et, dès qu'il a eu ce qu'il voulait, il s'est sauvé.

Utilisant et manipulant mes sentiments... Sauf que je ne veux pas croire à cette possibilité.

Ok, je suis nul en ce qui concerne les relations sociales mais je sais voir quand les gens sont sincères et avec moi, il l'est.

Il veut réellement qu'il se passe quelque chose entre nous. Enfin, il voulait.

Maintenant, je ne sais pas.

Je ne peux qu'imaginer alors que je lui dois encore une faveur qu'il ne m'a pas réclamée. Est-ce qu'il sera là, lorsque je rentrerai à l'Académie ? Est-ce qu'il m'attendra à notre étage commun du dortoir ?

Je l'imagine appuyé contre le mur, les bras croisés, les sourcils froncés mais un sourire malicieux sur le visage. Je vois ses cheveux rouges attachés avec un pauvre élastique ainsi que quelques mèches tomber devant ses iris jaunes.

Habillé d'un t-shirt et d'un jogging, il se contenterait de me dire tout naturellement : « Est-ce que j'ai le droit à ma faveur ? »

« Citrus ? »

Je sursaute en sortant de mes pensées à deux doigts de virer perverses alors que Roy s'inquiète de mon état. Surement parce que je tiens ma tartine depuis presque une minute dans ma main sans même croquer dedans, la confiture commençant à dégouliner sur mes doigts.

— Je n'ai pas de nouvelles de lui depuis le concert donc je ne sais même pas si nous sommes encore amis...

— Une amitié, ça ne se brise pas comme ça.

— Ça se voit que tu ne connais pas Red. Il a un caractère impulsif et le sang chaud. Il... a appris une nouvelle très déconcertante ce soir-là à cause de moi et j'ai peur qu'il m'en veuille énormément.

— Ah oui ? Ça ne peut pas être grave au point de tirer un trait sur... votre relation.

— Hum... la personne qui l'intéresse, je suppose, a couché avec sa... euh... son rival. Et euh... Disons que c'est moi qui lui ai appris ça. Et je le savais depuis longtemps, on va dire.

— Alors il t'en voudrait qu'en bon ami, tu ne lui as pas dit la vérité plus tôt ?

— Oui, et il en veut aussi à... cette personne. Apparemment, ils partagent les mêmes sentiments et sont au courant l'un comme l'autre, enfin je pense, du coup c'est une sorte de trahison, non ?

Roy pose sa tablette tout en rehaussant ses lunettes et en me détaillant, me faisant baisser les yeux sur mon chocolat chaud. C'est un homme intelligent et s'il a imaginé que Red et moi ayons plus qu'une relation amicale, il doit se douter que « cette personne », c'est moi.

Mais il joue le jeu.

— Il doit bien y avoir une raison qui explique pour cette personne, appelons la « X », pourquoi elle aurait fait cela.

— Un accident. J'ai... parlé à « X » et elle m'a assuré qu'elle ne voulait pas le trahir. Qu'elle n'avait pas l'intention de le faire et que d'ailleurs, elle ne s'en souvient pas du tout.

— Elle a été violée ?! s'exclame soudain Roy en faisant les gros yeux.

— Non, non ! Enfin je ne crois pas non... Elle était bourrée et elle était avec son petit copain, qu'elle essaie de quitter, et l'alcool a dû beaucoup jouer pour qu'elle fasse sa première fois avec ce type alors que...

— Qu'elle aime Red ?

Je hoche la tête tristement, machant lentement ma tartine alors que le désespoir sur ma situation tente de reprendre place dans mon cœur.

— Elle a dit à Red ce qu'elle ressentait ?

— Elle lui a fait comprendre, on va dire.

— Et elle lui a expliqué sa situation ?

— 'Pas eu le temps. Je te l'ai dit, Red est impulsif et quand il ne veut pas parler, il disparait.

— Le ton de ta voix sonne très « déprimé », Citrus. Tu as l'air de prendre très à cœur leur relation.

— Tu n'as pas idée... Enfin... C'est parce que ce sont mes amis, hein ? Et puis... j'ai vu ce que Red apportait à X.

— Vraiment ?

Je pousse un soupir et regarde par la fenêtre, le menton posé sur ma paume et ma dernière gorgée de chocolat chaud glissant dans ma gorge.

« Pour elle, il est une lumière dans l'obscurité. Une bouée de sauvetage alors qu'elle se noie. Une bouffée d'air quand elle n'arrive plus à respirer. Elle sait qu'elle devrait se concentrer sur autre chose, ses notes, ses activités extrascolaires, mais elle n'y arrive pas. Elle ne pense qu'à lui et dès qu'il entre dans son champ de vision, il n'y a plus rien qui compte.

Mais elle sait que c'est dangereux d'être près de lui. Il joue avec ses sentiments, pas méchamment, mais assez pour qu'elle ait peur de ce qu'il peut provoquer en elle. Il est brutal, spontané et adore se moquer d'elle mais il est tout aussi doux, attentionné et lui fait se sentir unique.

Pourtant, il lui donne énormément confiance en elle. Un regard, et elle sent qu'elle peut déplacer des montagnes, qu'elle peut tout surmonter... »

« Qu'elle peut monter sur scène, chanter et jouer de la guitare devant une foule alors qu'elle n'aime pas qu'on la remarque ? »

Je me mordille la lèvre, ne pouvant retenir un petit sourire qui doit satisfaire Roy, si seulement je me retournais pour affronter son regard. Je ne sais pas quoi dire de plus et mon tuteur décide de mettre fin à mon malaise en terminant son café et en se levant de table.

« Je dois aller à l'université aujourd'hui. J'ai des rattrapages à faire passer. Tu as un reste de pâtes dans le frigo et les clés sont, comme avant, dans le bol devant la porte si tu veux sortir. On parlera de tout ça ce soir devant une bonne pizza faite maison. »

J'observe mon tuteur retourner à l'étage puis redescendre pour enfiler son manteau, attraper sa besace, me saluer et partir.

Me laissant seul dans cette maison étant devenue mon refuge au fil des années.

Mon petit-déjeuner terminé, j'étire mes bras et m'apprête à remonter pour me laver lorsque je m'arrête devant l'enceinte du salon. J'active le Bluetooth de mon téléphone pour la connecter et lance le morceau que Red déteste tant écouter lorsque nous sommes au dortoir.

All you need is love...

J'aimerais bien que ce soit si facile.



Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Des retrouvailles touchantes entre Citrus et Roy ? De leur relation ? De la discussion qu'ils ont eu ?

Des sentiments de Citrus pour Red et de sa peur de l'avoir perdu ? Pourquoi n'a-t-il aucune réponse de sa part ? Vos théories sur la suite ?

J'annonce : les trois prochains chapitres seront du point de vue de notre cher Red Apple pour votre plus grand plaisir (et comprendre ce qu'il se passe dans sa tête) ! J'espère que ça vous plaira !

🍬N'hésitez pas à me soutenir en votant ou donnant votre avis en commentaire ! On se retrouve jeudi prochain pour la suite !🍬



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