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Pop ✉ Tu veux que je vienne te sauver ? Ça sera deux paquets de réglisses alors !

Je souris en regardant l'écran de mon téléphone alors que j'entends la voix de Cotton de l'autre côté de la cabine d'essayage. Cherchant la couleur parfaite pour le costume que je porterais à la fête de Noël.

Elle et la vendeuse parlent de différentes couleurs alors que pour moi, toutes les teintes de bleu foncé et de noir sont les mêmes. D'ailleurs, pourquoi est-ce que je ne pourrais pas porter un costume vert pomme ?

Ou jaune pétant ? Avec des paillettes ? C'est bien un truc que Kapu-Kapu ferait.

Alors qu'on me tend un autre costume bleu nuit à essayer, je me regarde dans le miroir de la cabine et grimace fasse à mes cernes et mon teint blafard... Et mes boutons.

Roy avait raison. Manger des nouilles instantanées et faire une croix sur les fruits et légumes pour du sucre et du sel, ça me défonce.

J'ai de nouveaux compagnons qui ont poussé sur mon visage, la plupart sur mon front donc sous mes cheveux blonds mais les autres...

Un bouton près du nez, bien voyant, au milieu de la figure.

Je n'aurais pas dû faire une nuit blanche en bouffant du chocolat. Encore heureux que je fasse du sport sinon on m'aurait annoncé deux kilos de plus au prochain test sanguin.

« Alors Citrus ? » me demande Cotton de l'autre côté du rideau.

Je me retiens de soupirer et enfile la veste, le pantalon et sors de la cabine avec un faux sourire pour tenter de la satisfaire. Cette dernière, accompagnée de la vendeuse, me passe au radar avant de s'échanger des messes basses que je ne veux pas chercher à comprendre.

Je dois avouer qu'aujourd'hui, Cotton est très belle. Elle porte pour notre rencard express un pull beige qu'elle a rentré dans sa jupe d'uniforme, ajouté à cela ses cheveux roses dont les boucles tombent en cascade jusqu'à ses épaules et un maquillage léger mais qui fait son effet.

Moi, je suis juste venu en jean et sweat.

— Il est pas mal, répète Cotton en jouant avec une de ses mèches. Mais peut-être que le noir avec les boutons bleu marine est mieux sur lui, non ? Vous n'auriez pas un modèle qui s'en rapproche ?

— Je peux aller vous chercher ça, répond la vendeuse.

— Au pire, tenté-je, j'ai vu qu'il y avait des vestes là-bas. C'est moins cher et ça doit valoir le coup d'œil, non ?

— C'est moi qui paie donc pas de soucis !

J'ai l'impression de me faire acheter. Non, de me faire entretenir en échange de... de quoi ? Futures faveurs sexuelles ? Meh.

Je profite de l'inattention de Cotton et me faufile entre les rayons du magasin de vêtement pour homme, l'un des rares de la ville. Mélangeant une section chic et chère avec une autre plus pour les gens comme moi qui non pas envie de lâcher une fortune dans des fringues.

Cette même section que j'arpente en espérant trouver quelque chose de satisfaisant pour moi et également pour Cotton qui place la barre bien trop haute.

« Cette veste va être parfaite sur toi, Punch ! »

Je sursaute en entendant cette voix féminine très familière prononcer le prénom de ma némésis alors que ma tête passe entre deux vestes pour observer d'un œil pas discret la scène devant moi.

Cette connasse de Pina Colada et son salaud de petit copain... bien amoché.

Je tire une grimace devant ma propre œuvre : Punch a un œil au beurre noir, le bras dans une attelle et une béquille alors qu'il enfile péniblement une veste rouge pétante avec de petits sapins verts dessus.

Il est visiblement sur les nerfs à cause du mal qu'il prend à s'habiller mais aussi à cause de Pina face à lui qui ne l'aide pas d'un poil. Cette dernière a exactement les mêmes mimiques que Cotton lorsqu'elle analyse son copain et lui file d'autres vestes à essayer, une horreur.

Des trucs kitch à mort mais qui au final, seraient peut-être plus adaptés et rentables que le costume que je porte actuellement.

« Tu restes là, je vais chercher une vendeuse. » lui ordonne-t-elle avant de le laisser en plan, galérer une nouvelle fois avec une veste bleue.

Je m'apprête à retourner dans ma cabine lorsque j'entends le bruit de sa béquille tomber au sol et que je le regarde galérer pour la récupérer.

Me délecter de ce spectacle est particulièrement sadique et c'est bien un truc que l'ancien Citrus ferait mais... Roy m'a mieux élevé que ça.

« T'as besoin d'aide ? »

Punch sursaute et manque de se retrouver au sol mais je le soutiens de justesse et ramasse sa béquille par la même occasion. Ses sourcils sont froncés et il est en colère jusqu'à ce qu'il se rende compte qui est en face de lui.

Un court instant, je sens son corps se tendre en même temps qu'un voile de peur ne couvre son visage. Il se souvient très bien de ce que je lui ai fait subir et tente de garder contenance mais son corps le trahit.

Un court silence entre nous en dit long et rend la situation particulièrement gênante.

Pourquoi je l'ai aidé déjà ? Alors qu'il m'a fait vivre un enfer depuis mon arrivée ?

« Merci » murmure-t-il enfin.

Il détourne le regard et tente à nouveau d'enfiler la veste trop petite pour ses épaules massives, avant d'abandonner en la jetant au sol et en grognant.

Allez Citrus, casse-toi. Pourquoi tu restes là à le regarder ? Parce qu'il te fait pitié ? Tu t'en veux de lui avoir rendu la monnaie de sa pièce ? N'oublie pas le cauchemar que tu as vécu à cause de lui !

Ouais sauf que comme me l'a appris Roy, il faut parfois savoir raisonner de façon « scientifique ». C'est facile d'en vouloir à quelqu'un mais chercher à comprendre son bourreau, sa psychologie, c'est bien plus fascinant.

— T'as un blème, le citron ? grogne-t-il.

— Désolé, pour... tout ça... En fait... Non. Je ne suis pas désolé. C'est hypocrite. J'ai adoré ça.

— Ben ouais merci, j'ai bien vu ton regard flippant quand t'as failli me péter la jambe et me priver de la prochaine saison sportive ! T'as pris ton pied, sale détraqué.

— Écoute, je n'en ai rien à foutre de ce que tu peux penser mais comme c'est la première fois que l'on peut avoir une discussion sans tes chiens de garde, je vais en profiter.

— Tu veux m'achever c'est ça ? Me défigurer pour de bon ?!

— Mais ta gueule et écoute un peu ! m'énervé-je.

Je vérifie plusieurs fois si personne ne peut nous entendre ou même nous surprendre tous les deux pour ne pas alimenter d'autres rumeurs.

« Je n'ai jamais touché ta copine. »

Soudain, après avoir dit ces mots, la tension présente chez le sportif semble retomber petit à petit. Il a toujours l'air vénère mais les traits de son visage s'adoucissent.

« Pina s'est servi de moi. Je ne l'ai jamais harcelé, c'est même l'inverse. Ça me tue d'invoquer la carte « puceau » pour me justifier mais je le suis, puceau. Je viens d'avoir ma première petite amie, mon premier baiser et je n'ai même pas peloté ma première paire de seins pour l'instant. Je me vois mal avec si peu d'expérience sauter sur ta meuf dès mon arrivée à l'Académie. C'est con, tu ne trouves pas ? »

Je m'épargne le fait de lui dire que c'est Pina qui m'a volé mon premier baiser, qui a essayé de se racheter en me faisant une pipe et qui, dans toute cette histoire, fait tout ça parce qu'elle veut cacher sa tromperie à son petit-copain au sang chaud.

« Ouais, c'est con. »

Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche alors que Punch lève les yeux au plafond comme pour réfléchir à tout ce que j'ai dit... Jusqu'à prendre une mine résignée.

— Je savais que Pina m'avait trompé. Avec un pote d'enfance en plus, le capitaine du club d'athlétisme... Ce même traitre qui n'est pas revenu à l'Académie depuis que les Jelly Beans l'ont approché.

— Ah ouais ? Mais si tu savais...

— Je me suis servi de toi pour me défouler. Je ne pouvais pas frapper un absent et Pina t'a offert sur un plateau d'argent. Sans rancune.

— Ben si, avec rancune ! m'exclamé-je. Vous êtes deux putains d'égoïstes ! Vous savez que je n'avais rien avoir dans cette affaire et dans votre couple mais vous m'avez trainé dans la boue ! T'as une idée des séquelles d'un harcèlement scolaire sur le cerveau d'un adolescent déjà bien paumé dans sa tête ?

— Toi aussi tu m'as humilié. T'as bien caché ton jeu et tout mais tu m'as mis la misère et maintenant on me voit comme un faible. Même ma copine me donne des ordres !

— Juste CHEH. Je voulais juste que tu sois au courant et que tu ne t'avises plus de me refaire ce genre de coup parce que la prochaine fois, je ne mettrais pas autant de temps à réagir.

— Ça va, j'ai compris... Tss... De toute façon, on a déjà eu des menaces de la part de Red et je n'ai clairement pas envie de finir ma scolarité à l'hôpital de Flavor City.

Je répondrais bien à ce qu'il vient de dire si je n'entendais pas la voix de Cotton m'appeler au loin. Un dernier regard pour cette brute complètement stupide qui continu de payer le prix de son égoïsme et je retourne vers ma cabine d'essayage.

Au final, j'ai été pris dans les problèmes d'un couple dysfonctionnel et on s'est servi de moi comme d'un punchingball. Les répercussions sont lourdes mais j'espère que maintenant, Punch et ses chiens ne viendront plus jamais me faire chier.


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Le temps file à une allure pas possible quand on est occupé. Entre les examens de fin de trimestre, l'écriture et la préparation du concert, mon nouveau boulot un jour par semaine à la supérette et mes heures de libres occupées par mes amis et ma « petite copine », je n'ai pas une minute pour souffler.

L'hiver s'installe déjà bien dans l'environnement qui m'entoure, m'obligeant à m'armer d'un manteau doudoune me faisant ressembler à un bonhomme Michelin, alors que les journées sont plus courtes.

Les arbres de l'Académie sont décorés d'une multitude de guirlande, autant de lumière le soir lorsque l'on se balade dans le centre-ville de Flavor City aux couleurs festives.

Il y a même un marché de noël qui s'est installé en ville sur toute une rue avec des stands de soupes et marrons chauds, de friandise ultra calorique et de vêtement et babioles artisanales.

C'est sur cette grande allée piétonne couverte de fausse neige et sentant le sapin que nous déambulons, Wild et moi, alors que devant nous les filles tentent de soudoyer un vendeur de leur servir du vin chaud.

« Ça va toi, en ce moment ? » me demande mon pote, comme à chaque fois que l'on se retrouve tous les deux.

Franchement, j'ai vraiment beaucoup de chance de l'avoir lui et les autres dans ma vie. Je radote souvent là-dessus mais j'étais loin d'imaginer que j'aurais pu avoir des amis pendant mes études.

— Comme un lundi, réponds-je en frottant mes gars.

— À chier quoi ! s'exclame-t-il en tapant mon épaule. Je croyais que tu vivais la parfaite romance avec ta petite-amie ? D'ailleurs, elle ne voulait pas venir avec nous ?

— Trop de boulot. Elle doit gérer les derniers détails de la fête de ce samedi.

— Et ça va, vous deux ?

— Ouais, je crois, je n'en sais rien, pourquoi ?

Lentement, Wild se rapproche de moi et me chuchote à l'oreille : « Et vous l'avez fait ? »

Est-ce que je feins la débilité ou je pousse un si long soupir qu'il me laissera tranquille avec ça ?

Oh, allez, j'ai envie de m'amuser un peu.

— C'était vraiment bon. J'avais un peu froid sur le moment mais ça n'a pas duré.

— Ah ouais ! s'étonne-t-il en m'arrêtant devant un stand d'écharpe. Froid ? Vous avez fait ça où ?

— Dans la réserve du On the Rocks. C'était tendu parce que son responsable aurait pu débouler à n'importe quel moment... Mais on a pris le risque parce qu'elle voulait vraiment que je teste.

— Hum hum je vois, je vois, cool, cool, cool ! Et alors ? T'as rien d'autre à dire là-dessus ?! T'as pris ton pied ? Et elle ?

— Elle a poussé un de ses soupirs de plaisir, et moi donc ! C'était tellement bon. Et alors quand elle m'a fait gouter ses boules...

— HEIN ?! DE QUOI ?!

— Ses boules de glaces.

Un sourire mesquin se dessine sur mon visage tandis que Wild active son cerveau avant de me regarder d'un air blasé par ma connerie.

— Noix de coco et caramel au beurre salé avec du coulis de chocolat et des petits morceaux de cookies. Je te jure, c'était tellement bon cette première fois où j'ai gouté le dessert phare du On the Rocks, gratuitement en plus !

— Ta gueule Citrus. Juste, ta gueule.

— Quoi ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?

Wild est obligé de foutre sa main sur mon visage pour cacher mon sourire et me repousser en arrière lorsque je me cogne contre quelqu'un.

« Oua, attention ! »

J'ai manqué de renverser le verre de vin chaud d'une magnifique brune qui doit être à peine plus âgée que nous. Une peau de porcelaine, quelques grains de beauté près de ses yeux bleu foncé, aussi grande que moi et dont la longueur des cheveux lisses ferait jalouser Pocahontas.

— D-Désolé ! bégayé-je perturbé par sa beauté mais aussi par la prestance qu'elle dégage dans sa posture.

— Pas de soucis, petit citron.

Qu'est-ce que le fuck ?

Soudain, mes yeux remarquent enfin la personne à ses côtés, la moitié du visage emmitouflé dans une grosse écharpe en laine, qui n'est autre que Red.

Le grand rouge retire l'écharpe pour en essayer une autre sur le stand derrière nous, ignorant complètement ma présence et celle de Wild sur sa route.

Je ne sais jamais sur quel pied danser avec lui. On est ami ou pas ? Pourquoi est-ce qu'il me snobe un jour sur deux ?

— Ça va Wild, depuis le temps ? demande-t-elle en serrant la main de mon pote.

— Comme sur des roulettes. Notre pomme rouge se tient un peu plus à carreau cette année.

— C'est vraiment génial ! Et donc, j'ai bien deviné, n'est-ce pas ? Toi, tu es Citrus Lime ?

Je hoche la tête et serre sa main de façon molle, me maudissant d'avoir refusé que Roy m'enseigne la « poignée de main ferme des adultes », comme il l'avait appelé.

— Je m'appelle Freya Haulmes. Manager sous contrat avec les Jelly Beans et tutrice de Red Apple.

— Ben... Citrus Lime, du coup. Et euh... Étudiant. C'est tout.

— « C'est tout », c'est très réducteur après ce que j'ai entendu sur toi ! C'est toi qui as écrit les paroles que Red a chanté sur la vidéo qu'on m'a envoyée, non ? Dis, tu es sûr que tu n'as pas un talent pour l'écriture ? Tu as passé les tests de sélection des Jelly Beans ?

— Oula, intervient Wild, ne saute pas sur Citrus ! Je le connais ton discours de chercheuse de talent !

— Tu es vraiment sûr de n'avoir aucun talent, Wild ? Tu serais un très bon élément.

— Yep, mon seul talent c'est de dabber avec classe.

— C'est bien, c'est bien... Et toi Citrus, vraiment aucune once de talent en toi ?

J'hésite. Sincèrement.

Scientifiquement, je n'ai rien mais d'après Red, il y a bien quelque chose qui me rend spécial.

« Il n'en a aucun. »

Nous nous tournons vers Red, essayant une nouvelle écharpe beige avant d'enfin nous jeter un coup d'œil et de me fixer.

J'ai l'impression qu'il essaye de me faire passer un message d'un simple regard.

— Aucun talent, répète Red. Sûr à 100%.

— Oh dommage. Ça aurait été intéressant, surtout avec ton passif et-

— Freya ! s'exclame soudainement Wild, tu n'as jamais rencontré ma copine ! Viens, je vais te la présenter !

Mon pote entraine avec lui la brune après avoir fait un clin d'œil à Red. Nous les regardons tous les deux s'engouffrer dans la foule lorsque Red termine de payer sa nouvelle écharpe en laine et s'approche de moi.

J'ai l'impression que l'on n'a pas été face à face depuis une éternité.

Oui, on se voit tous les jours en cours et avec nos amis communs et oui, parfois, on se croise au dortoir mais... c'est tout.

Depuis que l'on s'est embrassé, on ne s'est plus retrouvé seul.

— Elle me colle aux baskets depuis une semaine. C'est relou. Heureusement que Wild la connait et peut me l'éloigner.

— Ah. Mais pourquoi elle est là ?

— C'est de ta faute.

— Genre ?

— Suis-moi, c'est pas ouf d'en parler ici. Surtout si on retombe sur Freya ou pire, ta copine.

Je grogne en entendant son ton presque méprisant envers Cotton avant d'être surpris par sa main venant agripper ma manche. Me tirant hors de la foule, des odeurs de pain d'épices, des lumières clignotantes, pour mieux m'entrainer dans la pénombre froide et inquiétante.

Dans un autre contexte, j'aurais eu peur qu'il m'entraine à l'écart pour me tabasser.

Mais ce soir, à chaque fois que je fais un pas après lui, j'ai l'impression que mon cœur va exploser tant il bat.



Alors la reprise ? Ça se passe bien ? C'est dur ? 🧐

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? De la petite discussion entre Citrus et Punch ? Surprenant ?

De l'avancement de la relation Cotton/Citrus et de la blague pour Wild ? De la rencontre avec Freya Haulmes et enfin de la fuite avec Red ? Vos théories sur la suite ?

🍬N'hésitez pas à me soutenir en votant ou donnant votre avis en commentaire ! On se retrouve bientôt pour la suite !🍬



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