34🍬Limoncello

Est-ce que vous avez vu beaucoup de films romantiques ? Est-ce que vous avez déjà vu ou lu cette fameuse scène où l'héroïne parle à sa meilleure amie, ou son chat, et raconte ce qu'elle a ressenti pendant un baiser ?

Moi je me souviens d'une scène d'un film de ce genre que j'avais vu à Noël avec Roy.

— C'est tellement cliché ! avais-je crié. Genre tu ressens des frissons et tout quand tu partages ta salive avec quelqu'un ?

— Ça m'est déjà arrivé, ce type de sensation.

— Ah ouais ?

— L'amour, c'est scientifique, Citrus. Mais ce que tu ressens quand tu embrasses la personne que tu aimes, c'est... parfois inexplicable. C'est une expérience qu'il faut vivre.

— Mouais, ça pue toujours l'abus pour moi.

Eh bien... Je crois que j'ai enfin compris pourquoi les auteurs de ces histoires foutent ce genre de passage dans leurs histoires : c'est comme pour nous prévenir qu'un truc de dingue ne peut arriver que lorsqu'on embrasse la bonne personne.

Mes yeux sont grands ouverts alors que les lèvres de Red se joignent aux miennes. Un simple contact qui abaisse mes paupières et tue toute possible résistance.

Son corps me pousse contre le carrelage de la salle de bain alors qu'une de ses mains se pose à côté de ma tête, l'autre, venant rejoindre ma nuque pour la caresser. Ses doigts sont humides mais chauds grâce à la serviette et me procurent un frisson dans tout le corps.

Sa bouche prend possession de la mienne avec facilité mais me laisse également répondre comme pour s'assurer que j'accepte ce qui est en train de se passer entre nous. Ce sont mes mains qui le convainquent quand elles rejoignent ses hanches, provoquant un petit soupire d'aise de sa part entre nos lèvres.

Sa langue s'engouffre enfin dans ma bouche, venant danser avec la mienne avant que j'investisse son espace comme si j'étais un pro des baisers. À cet instant, j'en ai l'impression et ça même si nos dents se rencontrent parfois maladroitement.

Je ressens cette fameuse sensation décrite dans les films : j'ai l'impression d'avoir des moments de vertiges, des mini-bouffées de chaleur et un shot de bien-être en moi.

Je pourrais m'écrouler contre son torse s'il ne faisait que me soumettre à lui.

Sa bouche se décolle enfin de la mienne et nos respirations erratiques se mélangent lorsqu'il chuchote contre moi :

— Ça va mieux ?

— Ouais...

— Tu ne vas pas flipper ? Pas de crise de panique à cause de ce qu'on vient de faire ? Pas de retournement de veste cliché parce que tu n'arrives pas à comprendre ce qui s'est passé ?

— Je n'en sais foutrement rien. Je ne peux rien te garant-

Red me fait instantanément taire, encore un fois, avec ses lèvres. M'empêchant toutes réflexions susceptibles de me faire trop réfléchir à la situation.

M'empêchant de fuir d'entre ses bras.

La tête qui tourne de plus en plus, mes mains viennent agripper ses avant-bras pour me soutenir, ce qui capte immédiatement son attention. Il me détaille de la tête au pied, le rouge aux joues et un sourire rarement sincère ne voulant pas se décoller de son visage avant de me tirer par la manche.

« Je suis minable de profiter de toi au pire moment » chuchote-t-il avant de m'entrainer dans ma chambre.

Me faisant doucement m'assoir sur mon lit alors que je l'observe comme s'il était un alien, il finit de me passer la serviette sur le visage et quelques parties découvertes de mon corps avant de se mettre à genoux devant moi.

À cet instant où je n'arrive pas à sortir le moindre son de ma bouche, j'ai l'impression d'avoir une fille devant moi. Que la rare féminité de Red a pris le dessus tant dans ses expressions que dans ses attentions d'une extrême douceur.

Il n'y a que son corps musclé devant moi qui me rappelle que c'est bien un mec, comme moi. Que je ne dois pas prendre à la légère sa transidentité et que comme il l'a bien dit, il est un « homme » et rien de plus.

— Arrête de réfléchir, me dit-il soudain.

— Comment tu veux qu-

— Arrête de penser.

— Mais j-

— Tu penses trop. Tu te prends trop la tête et c'est à cause de ça que « l'autre » prend le dessus. Il profite de tes faiblesses et incertitudes pour prendre ta place.

— Red... Il faut que je t'avoue que... Ce n'est pas vraiment moi qui ai accepté de sortir avec Cotton.

— Je m'en doutais un peu, après réflexion.

— Hein ? Comment ?

— Parce qu'un citron puceau comme toi n'aurait pas eu les couilles de demander à une fille de sortir avec lui sans se pisser dessus.

Je proteste à l'insulte en lui donnant un petit coup de poing à l'épaule alors qu'il a retrouvé son air moqueur favori.

Il a raison, je pense que je n'aurais pas eu l'audace. Je suis pas mal acide avec les gens mais de là à avoir le courage d'aborder une fille et de lui demander d'être en couple avec moi, aka le Pervers Acide, c'est trop dingue.

Je grimace en bougeant légèrement le bras avant de constater un bleu près de mon coude droit. Red penche la tête pour mieux le voir et j'en profite pour avoir des réponses :

— Pourquoi tu n'es pas intervenu dès le début ?

— Parce que t'es assez grand pour gérer tes histoires tout seul, non ? On en a eu la preuve.

— Ouais... Mais on est « pote » non ?

— Non, on n'est pas pote. T'as pas retenu ? T'es un peu mon esclave parolier.

— Va chier !

De nouveaux coups, plus dans la chamaillerie que pour lui faire mal, et je manque de tomber du lit pour me retrouver sur lui. Ce dernier éclate de rire alors que je tente de me débattre hors de ses puissants bras me retenant.

Son rire...

Qu'est-ce que le fuck ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi est-ce que ça s'emballe tant pour pas grand-chose en moi ?

Je suis vraiment mordu à ce point ?

Lui et moi, on ne se connait pas tant que ça mais on est tellement semblable sur certains points que je me serais fait avoir ?

— Arrête de réfléchir je t'ai dit. Ton jus va finir tout trouble.

— Tsss.

— Si je ne t'ai pas aidé, c'est parce que je voulais voir ce que tu tentes désespérément de cacher. Cette colère contenue en toi en permanence, ne sortant que par goutte acide dans ta bouche, se transformant en violence extrême qui donne l'impression que tu prends ton meilleur pied...

— Non arrête, ce n'est pas de moi dont tu parles.

— Tu ne peux pas le nier. Ça a été filmé et je suis sûr que demain, tu vas passer une journée à chier à cause de ça. Passant du Pervers Acide au Beau Blond Bad Boy...

— Tu vas m'appeler « BB » ? plaisanté-je.

— Je n'ai pas le droit puisque tu ne t'es pas encore décidé.

— Hein ?

Red me tire en avant pour que je finisse face à lui, à genoux sur le sol et les joues cramoisies par notre proximité. Il a retrouvé un air sérieux et très déroutant alors qu'il semble chercher les bons mots.

« Je commence à te connaitre et je sais que tu vas passer la nuit à cogiter sur ce qu'on vient de faire. Je sais que t'as aimé ça sinon tu m'aurais repoussé mais je sais aussi que ça te travaille.

Qu'est-ce que je pense de toi ? Qu'est-ce que tu penses de moi ? Qu'est-ce que tu dois faire ? Est-ce que tu dois rester avec Cotton parce qu'elle te plait aussi ? Est-ce que tu dois toujours prétendre être hétéro à 100% ou tu dois te renseigner sur « d'autres possibilités » ? Est-ce que je t'attire réellement ou est-ce que ce n'est pas à cause de notre passé commun ? De la mémoire du premier Citrus en toi ?

Tellement de questions qui vont te faire perdre la boule et faire des conneries... Mais j'anticipe. Je sais que tu vas avoir besoin de temps pour faire le tri et avec ce que tu m'as donné aujourd'hui... je peux être patient. Du moins, jusqu'à la fête de Noël. Jusqu'à ce que je chante les mots que tu auras écrits pour moi.

On a fait un pari, tu te souviens ? Si tu as vraiment un talent lié au mien, j'aurais le droit à une faveur de ta part... Alors prépare-toi, mon citron, parce que j'ai beaucoup de désir et d'imagination. »

🍬🍬🍬

« Bonne journée !... »

Je soupire face aux regards insistants des étudiants quittant la supérette m'ayant foutu un vent magistral dès mon premier jour de travail.

Nous sommes mardi, fin d'après-midi, et Red avait raison : j'ai besoin de temps.

Après son petit monologue dans ma chambre, il m'a laissé seul afin que je puisse déjà reprendre mes esprits sur tout ce qui s'était passé le jour même mais également réfléchir à notre situation.

Red m'a embrassé... et je lui ai bien rendu son baiser.

À ce moment-là, je n'avais pas d'hésitation. Je savais ce que je faisais et j'en avais envie.

Contrairement au baiser volé par Pina qui était bien dégueulasse ou celui avec Cotton que je ne contrôlais tout simplement pas.

Là, j'étais maître de mon corps et de mes sensations et bon sang, que c'était agréable. Ok, j'ai eu des moments de maladresses avec mes lèvres et ma langue, erreur de débutant dont il ne m'a pas tenu rigueur.

Je me demande si Red a embrassé beaucoup de personnes ? D'ailleurs, Wild avait dit qu'il avait eu une copine récemment... Ça m'étonnerait qu'il soit puceau vu comment il s'amuse à m'en traiter mais... Est-ce qu'il est déjà allé plus loin avec un mec ?

« CONCENTRATION ! »

Je pousse un petit cri après m'être fait frapper par le magazine de mots croisés de Monsieur Minh me regardant les sourcils froncés alors que je range la dernière monnaie dans la caisse.

— Tu fais fuir les clients ! s'exclame-t-il. Va ranger les rayons comme je t'ai montré tout à l'heure et après, tu iras en réserve et feras du réassort.

— Oui, monsieur. Vous êtes dur dès mon premier jour.

— La discipline ! C'est important pour dompter des jeunes décérébrés comme vous !

Je grogne et me retiens de faire une réflexion lorsque je pars exécuter mes tâches. Monsieur Minh est un patron qui ne laisse rien passé mais qui pourtant, n'est lui-même pas sérieux dans son travail à en croire toutes les petites choses que les étudiants lui volent à chaque passage.

Il dit être au courant mais il ne fait rien alors qu'il a des vidéos d'eux... Pourquoi ? Peut-être parce qu'avec l'âge, il est habitué maintenant.

Dans tous les cas, avec ce petit job que je fais seulement le mardi, j'ai le droit à un diner préparé par Minh mais aussi une « séance gratuite » de ce psychologue improvisé qu'il est devenu pour moi.

J'aurais bien pu parler de toutes mes inquiétudes à Roy au téléphone, mais je le connais et en bon scientifique, il aurait voulu que je vienne à son université pour me poser des électrodes sur la tête et évaluer chacun de mes troubles. Donc non merci.

— T'as vu la vidéo sur lui ? Il fait grave flipper !

— Ouais j'ai vu... un vrai fou furieux !

— Mais en vrai, ça m'excite un peu ce côté bad boy, avec ses tatouages et tout !

— Grave ! Je pensais la même chose !

Je fais mine de ne pas écouter la discussion entre deux filles de l'Académie dans le rayon d'à côté, ne me regardant pas du tout discrètement entre deux paquets de céréales.

Red avait encore raison, les rumeurs vont vite et on commence déjà à me trouver de nouveaux surnoms dont un qui revient le plus souvent : Limoncello.

Alors déjà, qu'est-ce que le fuck ? Pourquoi un nom d'alcool italien ? Va savoir.

Pop m'a dit que c'était surement parce que j'avais à la fois un côté acide, fort et qui arrache mais qui attire également, comme l'alcool. Aucun sens mais bon, c'est toujours mieux que « deux virgule cinq ».

En pensant à elle, cette dernière apparait dans la supérette en saluant chaleureusement mon patron avant de me rejoindre et de me faire un grand sourire.

Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour parler aujourd'hui à cause de nos cours séparés et examens. Je lui ai donné rendez-vous ici pour parler mais ce matin, j'ai pu au moins lui raconter ce qu'on voyait sur la vidéo tournant en boucle entre les élèves de l'Académie.

Une vidéo où on me voit être soumis jusqu'au sang lorsque soudain, mes yeux verts semblent s'assombrir et qu'un sourire particulièrement malsain prend place sur mon visage. La suite est bordélique mais on me distingue très clairement foutre une putain de raclée à mes harceleurs.

Des coups de poing et pieds très violents faits pour défigurer et souffrir au maximum, allant jusqu'au sang, aux larmes et aux gémissements de pitié de la part de mes bourreaux devenus victimes.

Ce qui fait le plus peur, c'est le pied que je semblais prendre, comme l'avait confirmé Red. Ce même sentiment de bien être que j'avais ressenti un jour en frappant l'autre Citrus.

Ce type m'a tellement manipulé pour me faire aimer la violence que j'en suis devenu un monstre qui peine à se contrôler. Heureusement que le grand rouge était présent pour me retenir.

Un passage à tabac qui du coup, ne donne plus aucune envie à personne de me faire chier. Autant physiquement que « sentimentalement ». Oui, les filles aiment ce côté bad boy violent mais ne tente plus leurs rapprochements et déclarations.

D'une part parce qu'elles ont un peu peur. D'autre part, parce que Cotton a marqué son territoire.

Enfin ça... Il faut que je m'en occupe. Je ne peux pas continuer comme ça.

— Eh oh Limoncello ! s'exclame Pop en secouant sa main devant mes yeux. Tu m'entends ?

— Pardon, j'étais perdu dans mes pensées. Tu disais quoi ? D'ailleurs, t'avais pas rendez-vous avec ton club de robotique ?

— Ah oui mais euh... mon projet est un peu un échec donc on a décidé de le mettre en stand-by, histoire que les pompiers ne se déplacent pas encore pour « rien » en deux jours.

— Ah. Effectivement.

Elle devrait peut-être continuer vers les sciences sociales et non pas dans un domaine où elle risque de tous nous tuer...

— Je disais qu'on devait parler, tous les deux. Pas de ta nouvelle réputation mais de ce qu'il se passe dans ton triangle amoureux.

— Hein ?

— Cotton, Red et toi. Le triangle. Y'a un truc. Tu ne m'as pas tout dit sur ce qu'il se passait dans ton petit cœur acide.

— T'as du temps à tuer ? On peut se retrouver après mon boulot ? J'ai peur que Monsieur Minh ne s'énerve contre moi. Il me fait flipper parfois.

Popcorn approuve d'un hochement de tête avant de me faire un clin d'œil et de me laisser à ma besogne.

Après trois petites heures qui pourtant me semblent interminables, je range mon pauvre t-shirt d'employé et remercie mon patron pour aujourd'hui. Plus détendu que tout à l'heure, Monsieur Minh me fait un petit sourire en me tendant deux bonbons pour Pop et moi : un réglisse et un crocodile au citron.

Je quitte la supérette les mains dans les poches de mon sweat, regrettant de ne pas avoir pris une écharpe alors que l'hiver pose ses marques de plus en plus à Flavor City, lorsqu'à l'autre bout de la rue, j'aperçois mon amie me faire des signes.

Nous nous retrouvons au Crazy Chicks à boire un bon chocolat chaud rempli de petit ourson en guimauve alors que Pop a sorti sa tablette pour se préparer à noter ce qu'il faut sur moi et les derniers événements.

Dans un désir d'être honnête avec elle qui m'a toujours soutenu et parce qu'elle est ma meilleure amie, celle m'ayant poussé à courir après Red et à être sincère avec mon cœur, je lui raconte tout.

Comment Red s'est immiscé dans ma tête et mon cœur, le presque baiser à Halloween comme celui sur la grande roue. Nos échanges plus simples mais tout aussi intenses dans notre dortoir mais aussi à la salle d'arcade. Nos soi-disant talents qui résonnent entre eux, même si je n'y crois pas.

Et enfin, notre premier baiser hier soir dans notre salle de bain commune alors qu'il s'occupait de moi.

En relevant la tête vers elle, ses yeux grands ouverts et son expression neutre me font soudain peur. Je remarque soudain que ça fait plusieurs minutes qu'elle ne tape plus sur le clavier de sa tablette, comme si mes révélations l'avaient bloqué.

Est-ce que je suis allé trop loin ?

Soudain, elle ouvre la bouche après d'interminables secondes de silence pour poser la question la plus inattendue possible :

« Est-ce que les lèvres de Red ont le goût de pomme ? »

Je laisse ma tête tomber sur la table alors que mon amie semble bien s'amuser de ma réaction. Moi qui m'attendais à carrément autre chose, elle me surprendra toujours.

— T'avais pas mieux après tout ce que j'ai dit ? murmuré-je d'un ton désespéré.

— Si, mais je voulais détendre un peu l'atmosphère avant.

— Vas-y, balance. Je vais encaisser.

— Ok alors...

Elle met son doigt sur ses lèvres, réfléchissant la tête levée vers le plafond avant qu'un éclair de lucidité ne la prenne :

« Pourquoi est-ce que tu sors avec Cotton si tu aimes Red ? »



Du Citred, ENFIN ! Citrus et Red ont enfin franchis un cap dans leur relation ambiguë mais... Citrus va continuer à se prendre la tête, on le sait ! Heureusement que le grand rouge est patient ! 

Qu'avez-vous pensé de leur baiser ? De la façon dont Red a compris et géré les choses envers Citrus ? De ce que pense éprouver Citrus à son égard ?

Du premier jour de travail du citron et de sa nouvelle réputation ? De ses révélations à Pop et de cette fameuse question que l'on se pose tous ?

🍬N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur l'étoile et en laissant un commentaire, ça me fait toujours très plaisir de vous lire ! On se retrouve jeudi prochain pour la suite ! En attendant, je vous souhaite un bon réveillon de Noel si vous le fêtez ! La santé et l'amour pour vous et vos proches.🍬



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