27🍬Hunter
« Et maintenant le dernier groupe à passer ce soir, avant de vous laisser faire la fête jusqu'au bout de la nuit, celui des sœurs Cappuccino, Puccino, Kapu-Kapu avec pour chanteur Red Apple ! Applaudissez-les ! »
J'avance mollement dans la foule, fixant la scène alors que mes amis s'accordent entre eux. Mes yeux dérivent vers Red en train de rouler des épaules comme pour s'échauffer et j'entends déjà les chuchotements le concernant autour de moi.
« Tu crois qu'il va bien chanter ? Parce que la dernière fois, quand il était au collège, ça faisait tellement pitié ! »
« Il ne peut pas être meilleur de Cotton, c'est sûr. »
« Pauvres sœurs Cappuccino. Leur musique va être gâchée par cette brute. »
« Je vais filmer ça parce que s'il chante comme une merde et que les Jelly Beans lui accordent encore un traitement de faveur, ça va faire scandale ! »
« Red a une belle gueule, c'est dommage qu'il n'ait plus de talent. »
Je pourrais le défendre si j'en avais la force mais là...
J'ai juste envie de m'éloigner de lui. Je fais un blocage depuis quelques minutes.
« Citrus ! Alors ? T'en as pensé quoi de mes chansons ?! » s'exclame Cotton en se faufilant jusqu'à moi, une capuche sur la tête pour ne pas se faire remarquer.
Lorsque je m'apprête à lui répondre, Red déboule sur scène comme s'il allait péter la gueule de toutes les personnes présentes. Le silence se fait immédiatement tout autour et l'attention est concentrée sur lui.
Ses mains saisissent le micro sur pied, le caressant délicatement alors qu'il fronce les sourcils et observent la foule.
Jusqu'à arrêter son regard sur moi et Cotton. Il plisse les paupières avant de prendre une grande inspiration et de déclarer :
« Ces paroles, ça n'est pas les miennes mais je vais essayer de vous faire passer ses émotions le plus justement possible avec ma voix. C'est ok pour vous, les filles ? On est parti. Let's fucking go ! »
Kapu-Kapu donne le rythme avec ses baguettes et démarre en trombe avec Puccino à la basse et Cappuccino qui a exceptionnellement troqué ses claviers pour la guitare électrique. La musique rock fait déjà battre du pied certains alors que j'attends le moment fatidique.
Ce moment où tu vas tous les retourner avec ton talent.
Et soudain, en entendant sa voix, la foule semble s'être fait couper le souffle tellement la surprise est grande. Red a un timbre fluide, énergique voire électrique et qui match parfaitement avec la musique.
Une voix qui touche les cœurs profondément et transmet ses émotions. Une voix qui donne envie de s'abandonner, de danser, de caresser... Une voix en contradiction avec le message de ma chanson.
My mind's a wreck
Mon esprit est une épave
Oh, they tell me everything will be okay
Oh, ils me disent que tout ira bien
Well, I wanna be the hunter not the hunted
Eh bien, je veux être le chasseur, pas le chassé
I wanna be the killer not the prey !
Je veux être le tueur, pas la proie !*
Un combat contre le monde qui se dresse devant moi comme un mur. Une envie d'inverser la tendance et de me battre contre tous ceux me courant après.
« Ce n'est pas possible... » murmure Cotton à mes côtés en s'agrippant à mon sweat, les mains tremblantes. « C'est bien trop magnifique... Je croyais qu'il avait perdu sa voix... Son talent. »
Je suis autant voire bien plus troublé qu'elle en entendant mes mots sortirent de sa bouche. Porté par une musique qui correspond parfaitement alors que mes émotions sont transmises à tous ceux présents.
C'est quand le refrain arrive que Red donne tout ce qu'il a en sautant sur scène avec le micro et déversant toute son énergie dans la musique.
My heart can't take much more
Mon cœur ne peut pas en supporter davantage
Constantly repeating every single beat I felt before
Répétant constamment chaque battement que j'ai ressenti avant
Every single time I hit that wall
Chaque fois que je frappe ce mur
Crystal bodies hold me tight
Les corps de cristal me tiennent fort
As I fall into the night, ohh
Alors que je tombe dans la nuit, ohh
Just for a chance to see the light
Juste pour avoir une chance de voir la lumière
Je suis envouté. Non, ensorcelé par sa voix. Par toutes ces sensations qui me trouble au plus profond de mon être et...
Ça me terrorise.
Ça m'effraie qu'un homme comme lui ait autant de pouvoir sur mon cœur alors que je ne suis pas « de ce bord-là ». Que je... Je ne sais pas. J'ai peur.
Peur de mes sentiments. De les assumer pleinement.
Je ne suis pas prêt pour ça, pour Red.
C'est bien trop tôt pour qu'il devienne une obsession.
« Citrus ? Ça va ? Tu es en train de pleurer... »
La voix de Cotton me sort de mes pensées alors que je chasse d'un coup de manche mes émotions débordantes. Red et les filles entament le dernier couplet jusqu'à ce que petit à petit, la voix du chanteur rouge ne s'estompe et disparaisse dans la nuit.
Faisant revenir tout son public à la réalité de la fête foraine, des attractions bruyantes et des cris d'amusement. Comme s'il nous avait créé une bulle le temps de chanter, une bulle qu'il venait d'éclater.
Les applaudissements n'arrivent pas tout de suite, les gens étant tous sous le choc de l'excellente et surprenante performance jusqu'à ce qu'enfin toute la foule soit en liesse. Les exclamations sont nombreuses voire euphoriques et certains jettent même des bonbons de toutes les couleurs sur la scène jusqu'à ce se faire crier dessus par ceux s'occupant de la nettoyer.
Je sens toujours Cotton contre moi mais je n'entends pas ce qu'elle dit. Tout est occulté alors que j'observe Red descendre de scène avec les filles et qu'il leur tape dans les mains. Il y a même un attroupement qui s'est formé près de lui pour demander une photo ou un autographe mais il a l'air de s'en foutre.
Il cherche quelqu'un du regard.
« Citrus... Tu es sûr que ça va ? C'était... Oua... C'est toi qui as écrit ça, n'est-ce pas ? Tes mots sont vraiment... bouleversants. »
C'est moi qu'il cherche et son rare sourire s'étire lorsqu'il me trouve enfin. Je sens qu'il va venir dans notre direction mais je ne suis pas prêt.
Je ne pourrais jamais lui dire tout ce que j'ai ressenti en l'entendant porter mes sentiments. Je n'arriverais pas à affronter son regard et même faire une blague. Je serais trop sincère et ça serait gênant.
J'aurais trop envie de lui sauter au cou, de le remercier et même de faire taire cette bouche qui a remué tous les cœurs présents.
« Mdr ce serait tellement comique le citron et la pomme rouge ! Le bourreau et sa victime ! »
Mais je n'ai pas les couilles de faire ça. Je ne suis pas comme ça.
Je... suis totalement perdu. Je n'aime pas les mecs, non. C'est de la faute de Red, c'est à cause de son talent, il n'y a aucune autre explication.
« Citrus ! » s'écrie-t-il en commençant à courir vers nous, l'air étonnement enjoué.
Je dois prouver à mon corps que j'ai raison. Que mes pensées tiennent la route et que je ne fais pas erreur.
Soudain, je pense faire la meilleure des choses, guidé par un instinct qui n'est pas mien et un court sifflement strident dans ma tête. Comme si « Citrus » m'avait poussé à aller au bout de mes réflexions quitte à ce que je fasse une erreur monumentale.
Ma main glisse sur la taille de Cotton, je la fais tourner face à moi et embrasse ses lèvres alors qu'il n'est qu'à quelques mètres.
Quitte à tromper mon cœur et mon corps, autant que ce ne soit avec la fille qui me plait le plus et qui ravive des souvenirs agréables au plus profond de mon être.
Cotton est surprise par mon baiser mais ne perd pas une seconde pour l'accepter et l'accentuer. Ses lèvres ont un goût de sucre et je dois reconnaitre que c'est bien plus agréable que ma première fois forcé par Pina.
Ses mains s'agrippent à ma nuque, caressant mes cheveux blonds alors que sa capuche finit par tomber sur ses épaules. Dévoilant à Red qui est cette fameuse personne que j'ai contre mes lèvres.
« Citrus... » murmure Cotton dans un souffle en se séparant de moi, les joues rouges.
Je cligne des yeux, conscient que j'ai à moitié agi et que ma crise d'identité m'a bien aidé sur le coup, lorsque je tourne la tête et remarque que le grand rouge s'est arrêté. Qu'il nous observe comme s'il était choqué avant de retrouver son air blasé comme si...
Comme s'il s'en foutait.
Ce constat me fait mal au cœur mais je suis obligé de l'accepter.
Il s'approche plus lentement de nous et surprend Cotton qui remet immédiatement sa capuche.
— Hey Red ! s'exclame-t-elle un peu trop enthousiaste. C'était dément ta chanson ! Je ne pensais pas que t'avais retrouvé ton talent et ça fait grave plaisir à entendre ! Je vais en parler aux autres parce qu'il faut que toi et les filles soyez le clou du concert de Noël ! Avec Citrus bien sûr à la composition, hein ?
— Ouais... dit-il d'un ton que je reconnais amer. Merci. C'est cool que tu aies apprécié ce que... ton « mec » a écrit.
— Citrus n'est pas... enfin... C'est trop soudain pour mettre une étiquette à ce qu'il vient de se passer, non ?
Je ne réponds rien, analysant les expressions de Red me faisant de plus en plus mal à l'intérieur. Du dédain, du rejet, de la colère et aussi de la déception. Je perçois tout ça en un instant.
— Les sœurs veulent te féliciter pour la chanson, mec. Tu viens ?
— J'arrive.
Nous nous échangeons un regard autant indifférent des deux côtés lorsqu'il part rejoindre l'attroupement de nouvelles groupies. Je me mords la lèvre, convaincu que j'ai bien fait d'embrasser Cotton, lorsque cette dernière se met sur la pointe des pieds pour me chuchoter :
« J'étais sûr que tu craquerais pour moi. Mon clone m'a raconté et je suis sûr qu'on est fait pour se fréquenter. On en reparle lundi ? J'ai une montagne de travail qui m'attend. Bye bye, Citrus Lime. »
Elle m'embrasse délicatement sur les lèvres avant de me saluer de la main et de partir en direction de ses obligations alors que je reste planté là, comme un con.
Jusqu'à ce que je sente Popcorn et Wild me sauter dessus, surexcité autant que Kapu après une tasse de café.
— Mec ! C'était quoi ça ?! C'était bien qui je pense ?! T'as embrassé Cotton Candy ?! Putain je suis fière de toi !
— T'as pas laissé filer l'occasion ! rajoute Pop. Bon, ce n'était qu'un baiser mais tu es sur la bonne route !
— La bonne route de quoi ? réponds-je distraitement.
— Du dépucelage ! s'exclame-t-il tous les deux.
— Pas un pour en rattraper l'autre...
Dépucelage... Comme si c'était ce qui m'importait actuellement. Comme si j'avais fait ça, « pour ça » et pas pour tromper mes propres sentiments.
Comme si je n'étais pas déjà assez perdu pour en rajouter une couche.
J'ai embrassé une fille qui me plait et pourtant, j'ai tellement mal au cœur que je me le crèverais bien.
🍬 🍬 🍬
Je regarde les papiers couverts de noir de mon carnet alors que je maltraite le capuchon du stylo dans ma bouche en fronçant les sourcils.
Le crachant sur mon bureau avant de me laisser glisser au sol et de frotter mes cheveux. Je commence à faire quelques pompes pour me calmer mais rien ne change. L'inspiration était là, hier soir, en rentrant de la fête foraine.
Ce soir, elle a juste disparu et se perd entre mes pensées.
J'ai terminé la fête avec mes amis et un nouveau tour de toutes les attractions avant que Puccino ne nous emmène à la plage pour conclure la soirée en beauté autour d'un feu et de bières.
A ce moment-là, Wild et Pop n'ont pas arrêté de me charrier sur ce que j'avais fait avec Cotton et que les sœurs Cappu avaient aussi vu de loin. J'ai calmé le jeu en disant que ce n'était rien qu'un baiser, pour reprendre les mots d'un certain grand rouge, et que ça n'irait pas plus loin.
Du moins pour l'instant.
Je n'avais pas menti en disant à mes amis que l'amour était le cadet de mes soucis actuellement mais maintenant, je m'étais mis dans la merde en l'ajoutant à l'équation.
Et s'il n'y avait que Cotton...
Je secoue la tête et me lève d'un coup pour enfiler des baskets avant de partir courir. Je sens que j'ai besoin de me défouler, de faire le tri et le sport m'a toujours fait oublier les pires des soucis, souvent malgré moi.
Je quitte le dortoir et l'Académie en direction du centre-ville et à allure régulière avec dans les oreilles la playlist des Beatles que Roy m'avait fait quand j'étais gosse pour que je calme mes pulsions colériques.
Arrivé à « Yellow Submarine », je décide de faire une pause, la respiration erratique, et entends le bruit d'un rideau de magasin que l'on abaisse.
« Minh Sensei ! » m'exclamé-je avant de l'aider à tirer le rideau. Le vieil asiatique fronce les sourcils comme s'il ne me reconnaissait pas alors que je secoue mes mains dans tous les sens comme un débile pour raviver sa mémoire.
— Ah ! Le grand citron !
— Citrus, rectifié-je.
— Tu m'as appelé « sensei » alors que je ne suis pas japonais. Je suis chinois et si tu as un peu de notion d'histoire, tu devrais savoir que les relations entre la Chine et le Japon ne sont pas excellentes donc respecte moi.
— Pardon sen-... Monsieur Minh.
— Tu vas bien ? Tu as l'air un peu pâlot ? Tu es comme Wild, toi aussi ? Il est arrivé tout pâle ce matin et n'arrêtait pas de dire que la gueule de bois lui faisait entendre un marteau piqueur dans la tête en permanence.
— Non je... Je ne bois pas autant que lui et j'ai eu le temps de récupérer. En fait...
Je triture mon écouteur lorsque monsieur Minh me fait signe de le suivre dans son bureau, comme s'il était officiellement devenu mon psychologue. Gratuit en plus.
« Je veux bien t'écouter si dorénavant, tu viens bosser ici tous les mardis soirs. C'est noté ? Et c'est un boulot au noir donc je te paierais en cash. Je n'ai pas envie que ta carte GIC sache que tu travailles pour moi. »
Bon, pas si gratuit que ça, en fait.
Minh fait comme la fois précédente et me sert un thé vert bien trop chaud avant de me laisser piocher dans un bol de bonbon à l'eucalyptus. J'ai hésité à lui demander pourquoi il m'accueillait sans rechigner à l'arrière de sa boutique jusqu'à me dire que si c'était un pédophile voulant abuser de moi, il l'aurait déjà fait.
On n'est jamais trop prudent mais parfois je peux être un peu con à suivre des inconnus dans leur bureau... Il va falloir que je me reprenne en main. Pop et Wild m'ont trop attendri et fait baisser mon seuil de confiance envers les autres.
Après lui avoir raconté les derniers événements, tous sans exception, le vieux chinois caresse sa fine barbe blanche comme un sage avant de saisir son journal et de me frapper la tête.
— Mais euh ! m'écrié-je en caressant mon crâne. Qu'est-ce que j'ai dit ?
— Qu'est-ce que tu as fait et pas fait, justement ! Je t'avais bien dit que tu devais te renseigner sur la transidentité et considérer la pomme rouge comme un garçon. Tu vois, ne pas m'écouter t'as apporté des emmerdes.
— Ouais ben pardon de n'avoir trouvé aucun bouquin en parlant à l'Académie. Je n'ai pas eu l'éducation sur la question.
— Et on t'a appris à te mentir à toi-même par contre, c'est ça ? Tu as vraiment embrassé la barbe à papa pour perdre ta virginité ? Les gosses, vous êtes tous les mêmes ! Obsédé par les fesses !
— C'est tellement réducteur et en plus, c'est faux...
— Surtout que, continue-t-il sans m'écouter, le citron n'est pas fait pour aller avec la barbe à papa. Ce n'est pas un bon mélange et ça ne l'a jamais été. J'en suis témoin.
— Quoi ? Comment ça ? Vous êtes au courant de quelque chose ?
— Tu sais Citrus, j'ai travaillé dans cette supérette depuis mes 14 ans et jusqu'à maintenant donc j'ai eu le temps d'observer les gens et leurs relations. J'ai connu ton ancien toi et toutes ses magouilles. Et on peut au moins vous reconnaitre un point commun.
— Lequel ?
— Vous êtes des paumés qui n'arrivent pas à s'en sortir dans vos relations. Autant physique qu'amoureuse jusqu'à vous écraser et vous mentir à vous-même.
— C'est facile d'avancer ça sans preuve.
— Quoi ? Tu veux vraiment une preuve ? Ben attends, je vais te faire fermer ta petite bouche d'adolescent indécis.
Soudain, Minh se lève de son fauteuil en s'étirant avant de s'approcher de l'armoire et de désigner un gros carton que je m'efforce d'attraper et de poser sur son bureau. A l'intérieur, il y a pleins de boite rempli de clé USB de plusieurs giga chacune et étiqueté dans des caractères qui me sont inconnus.
« Tiens, j'ai bien fait de garder cette vidéo de surveillance. Je savais que ça pourrait servir un jour. »
Monsieur Minh agite une des clés avant d'allumer son vieil ordinateur et de la brancher.
— Vous êtes au courant que ce n'est pas très légal de garder ce genre de vidéo mais surtout que si vous avez des informations pouvant servir à la justice et contre Citrus Lime, vous auriez dû les transmettre à son jugement il y a des années ?
— Tu viens de dire que c'était illégal donc je ne pouvais pas les donner à moins d'être moi aussi puni par la loi.
Je soupire devant sa logique et attend quelques minutes en silence, me disant intérieurement qu'il devrait nettoyer le ventilateur de son PC en train de cracher ses poumons, lorsqu'il me fait signe de venir derrière lui.
Je m'exécute mais alors qu'il s'apprête à ouvrir le fichier vidéo, j'ai un mouvement de recul instinctif en voyant le titre.
« Citrus Lime – Cotton Candy – 14/08/XX – fin de journée – dispute de couple »
Qu'avez vous pensé de la prestation de Red et des soeurs Capu ? De ce que sa voix a provoqué chez Citrus et du baiser de ce dernier avec Cotton ? Ça rage les Citred ?
De sa discussion avec Minh et de ce qu'il va lui montrer ? Vos théories ?
🍬J'espère que ce chapitre vous a plu ! Si c'est le cas n'hésitez pas à voter et laisser votre en commentaire. On se retrouve jeudi prochain pour la suite !🍬
*Hunter - Ken Ashcorp (une chanson parlant clairement de l'anime Shingeki no Kyojin)
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