Prologue
La jeune fille passa ses mains sous l'eau froide avant de les essuyer soigneusement.
La cave dans laquelle elle se trouvait était sombre, aucune ouverture n'était visible et seuls quelques lampes-tempêtes l'éclairaient. La porte était gardée par deux des ses hommes. Assise sur un large fauteuil, une autre adolescente dessinait. Penchée sur son carnet de croquis, elle relevait de temps à autre ses yeux bruns sur son modèle et glissait une mèche de cheveux bouclés derrière son oreille.
La première fille sortit un jeu de poker de sa poche et s'approcha du centre de la pièce.
Un garçon y était attaché sur une chaise.
Il devait avoir quinze ans tout au plus. Les chaînes rouillées qui écorchaient sa peau y laissait de larges marques irritées, ses yeux bleus étaient rouge d'avoir pleuré et supplié, quelques tâches de sang traînaient sur les bords de son bâillon.
Elle mélangea ses cartes lentement et se posta devant le jeune garçon.
-Que dirais-tu...de jouer ?
Elle attendit quelques instant une réponse, puis son amie lui fit remarquer :
-Il ne peut pas te répondre, Via, il est bâillonné.
-Oh, c'est vrai, lâcha la jeune fille.
Elle se saisit d'un long couteau traînant sur une table et trancha sèchement le morceau de tissu qui empêchait le garçon de parler. Celui-ci leva sur elle un regard furieux et cracha par terre avec dégoût avant de lancer :
-Que veux -tu, Reine de Pique ?
La jeune fille esquissa un sourire à l'utilisation de son surnom.
Elle commença à marcher lentement autour de la pièce après avoir déposé le couteau sur le canapé près de son amie. Elle n'avait pas cessée de mélanger son jeu de cartes. Derrière elle, l'artiste continuait son œuvre, un étrange sourire se dessinant sur ses lèvres.
-Vois-tu, commença la Reine, j'apprécierai que tu coopères. Je viens de m'acheter ses bottes et j'aimerai éviter de les tâcher...
Le prisonnier déglutit bruyamment. La présence de nombreux instruments de torture dans la pièce ne laissait guère la place à l'imagination. Si ses réponses ne satisfaisaient pas la jeune fille, elle en trouverait d'autres dans la douleur.
La Reine se saisit d'une chaise et la plaça en face du jeune homme. A présent, les cartes dansaient dans ses mains.
-Tu sais ce que je veux, susurra-t-elle en faisant défiler les différentes têtes du jeu entre ses doigts, dis moi tout ce que tu sais sur le Roi.
Les yeux du prisonnier s'écarquillèrent de terreur et il secoua frénétiquement la tête de gauche à droite en balbutiant :
-Rien ! Je ne sais rien ! Je n'en ai aucune idée !
Un rire sonore résonna dans la cave sombre, se répercutant sur les murs. La dessinatrice avait interrompu son travail et riait aux éclats. Quand elle repris son souffle, elle s'exclama :
-Tu ne croyais tout de même pas que tu étais là par hasard ? Nous savons que tu entretiens une certaine...proximité avec lui.
Le visage du garçon perdait progressivement ses couleurs au fur et à mesure que la jeune fille lâchait ses mots, comme autant de poignards qu'elle lui plantait dans le ventre.
-Tout à fait, reprit la Reine, mais je veux bien te croire...pour l'instant. Alors je vais te donner le choix.
Elle sortit deux cartes de son paquet. En retournant la première, elle déclara :
-Si tu gagnes contre moi dans une partie, je te laisserai un joker, et tu pourras partir. Aucun mal ne te sera fait, tant que tu ne parles à personne de ce qui s'est passé ici bien sûr.
-Et si je perds ?
Un sourire inquiétant s'étira sur ses lèvres :
-Si tu perds, tu me devras quelque chose à la hauteur du pari.
-C'est-à-dire ?
La jeune fille sur le fauteuil se remit à glousser et la Reine murmura :
-A ton avis, combien vaut ta vie ?
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