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« – C'est le meilleur film de l'année chérie, et bah dis donc..

– Non mais j'te promet qu'après il y aura du suspens, tu vas adorer.

– Et bien j'y crois pas trop, parce que là tout ce que je vois, c'est juste du sang et des meurtres. Il n'y a aucune histoire bien pensée.

– On arrête alors ?

– Si tu veux, je préfère jouer à la console..

Elle se mit à bouder. Je ne supporte pas lorsqu'elle me fait la tête, c'est affreux.

Elle réussit à me faire changer d'avis et on finit dans les bras l'un de l'autre, à discuter de tout et de rien devant une bête émission.

L'heure arrivait pour moi de partir de chez Clara, il fallait que je rentre à la maison sinon ma mère douterait de moi, surtout depuis l'incident qui date de six mois déjà.

– Clara ?

– Oui mon cœur ? Elle leva les yeux et s'éloigna un peu de mon torse.

– Je dois y aller bébé, promis, je reviendrai.

– Oh non, déjà ?

– Oui, c'est déjà bien que nous avons passé la journée ensemble, je reviens demain, laisse ta fenêtre ouverte.

Elle fronça son nez et m'embrassa une dernière fois.

– À demain, je t'aime, fais attention à toi.

– Moi aussi, bonne nuit !

Elle se contenta de me sourire et de m'embrasser brièvement, avant de me laisser mettre mon tee-shirt. J'enfilais ce dernier pendant qu'elle m'observait ouvertement. Je pris mon blouson en cuir ainsi que mon bonnet et m'en allai par la fenêtre de son sous-sol, comme à mon habitude.

Je reçus un message :

De : Maman.

Tu es où ? Je suis rentrée plus tôt et je n'ai trouvé personne à la maison, apprête toi à recevoir une bonne paire de claques à ton retour.

Je ne répondis pas, et réflechissais à l'excuse que j'aurais pu lui donner. Avoir fait une course est le mieux je pense. Il faut que j'aille au supermarché du coin pour acquérir un petit quelque chose.

En rentrant chez moi, ma mère me hurla dessus comme à son habitude, ne cru pas mon excuse et me frappa aussi fort qu'elle le pu. Je la laisse faire car ça lui permet de s'occuper. Je préfère plutôt ça au fait qu'elle retombe dans sa dépression excessive, qui la saisit depuis la disparition de mon père. Je ne la reconnais plus, ce n'est plus cette mère si douce autrefois qui savait me comprendre et m'écouter. Aujourd'hui, elle est violente et incontrôlable. C'est un tout autre visage, avant elle resplendissait et rayonnait d'épanouissement, à présent elle est froide, sévère et renfermée sur elle même.

Je fis le vide dans ma tête avant de me plonger dans un livre. Mon père adorait lire, j'essaie de prendre exemple sur lui en lisant secrètement ses anciens bouquins. Si ma mère le savait, elle m'aurait tué, car elle devient hystérique lorsque l'on touche aux anciennes affaires de mon père.

– Eh gros tas de merde, viens, descends ici.

Elle a dû encore boire, bordel, je déteste son état lorsqu'elle est ivre.

Je me suis juste enfermé dans ma chambre en attendant qu'elle se calme, Dieu seul sait ce qu'elle peut me faire, même si je n'ai pas peur. Je risque moi-même de la tuer si elle m'approche.

– Dépêche toi espèce de fils de chien avant que j't'attrape.

Je n'en fis rien. Elle me tue les tympans avec ces insultes. C'est se violer la langue, elle s'insulte elle-même.

– Je vais venir t'arracher les yeux sale ordure !

Elle est inconsciente, elle est inconsciente, elle est inconsciente..

J'essaye de me convaincre intérieurement. Je l'entends grogner en montant les escaliers, plus elle se rapproche, plus elle hurle de façon aiguë.

Je me replongeais dans ma lecture lorsque je n'entendis plus de bruit. C'était calme, beaucoup trop calme.

Un bruit de fracas extrême me sortit de ma bulle. Elle frappait à la porte et y donnait des coups de pieds, elle criait d'une voix stridente mon prénom, telle une enfant de quatre ans qui voulait une friandise.

Elle se mit à pleurer, et je pu deviner qu'elle s'était laissée glisser le long de la porte.

– J'ai tout perdu.. Lui, mon amour, ma vie.. Je.. J'ai.. Personne n'est là pour moi.

Dit-elle entre deux sanglots. Elle pleurait bruyamment et se mit à hurler d'horreur, comme si on lui arrachait un organe ou un membre. J'ai l'habitude, mais après ce rapide hurlement, la maison se plongea dans un silence macabre. On entendait simplement le bruit du vent s'acharner sur les vitres. Il commençait à pleuvoir, le ciel se couvrait, on n'y voyait presque rien, seul la lune éclairait légèrement le coin de la pièce.

– DERECK !

Cette fois, elle appelait mon père, elle criait de désespoir. Elle me fit bondir du lit lorsqu'elle criait de plus en plus fort, les fenêtres auraient pu se briser. Je ne ressentais aucunes émotions, car dès lors où mon père a cessé d'être là, j'ai perdu toute forme de compassion pour ma mère, elle est un être devenue cruel et violent.

Son côté binaire m'en donne des frissons, personne ne conçoit cette face là de cette femme, personne, sauf moi et cette foutue lueur qui me suit depuis deux ans. L'ombre de mon père.

– Ouvre moi cette putain de porte ou je prends le fusil de chasse de ton pè-

Elle éclata à nouveau, je l'entendis s'éloigner de la pièce et elle finit par descendre les escaliers. Dommage que nous habitons dans un duplex car si ça avait été une maison, j'aurais sans doute songé à l'enfermer dans le garage ou encore le grenier.

Quelques minutes passèrent et on entendait les mouches voler. Je me suis donc levé pour aller me chercher quelque chose à manger car je mourrais de faim. Je sortis donc discrètement de ma chambre et descendis silencieusement les escaliers, j'ai juste jeté un œil un peu partout pour voir où ma mère était et je la vis, assise sur le fauteuil, le regard dans le vide. Avec une dizaine de bouteilles d'alcool vides, sur la table en verre.

Elle avait l'air exténuée. Je m'approchais doucement d'elle, elle sentait l'alcool à plein nez.

– Maman ?

Elle se mit à rire à gorge déployée, elle hurlait presque de plaisir, elle faisait trembler les meubles.

– Tu oses venir t'approcher du monstre qui t'a mis au monde ?

Elle m'empoigna le col. Elle comptait me gifler, mais elle s'évanouit subitement.

Je devais souvent l'emmener à l'hôpital pour ses évanouissements causés par ses excès d'alcool. Elle restait avant tout ce qui me servait de mère. Et en plus de ça, je n'avais nulle part où aller et les poches vides. Manque d'argent.

Je mis mon blouson et mes bottines, la pris dans mes bras après l'avoir couverte et pris les clés de la voiture.

Arrivée à l'hôpital, il devait être au moins vingt-et-une heures, les gens me regardèrent comme s'ils venaient d'apercevoir un fantôme. Peut-être parce que je ne reflétais aucunes émotions à travers mes actes. Le visage impassible.

Peu importait, je me dirigeais vers l'accueil, toujours avec ma mère dans les bras. La secrétaire me sourit et me dit :

– Bonsoir Monsieur Arsenault, encore pour votre mère à ce que je vois ?

– Bonsoir, effectivement.

– Allez attendre dans la salle d'attente, on va vous donner une chambre pour votre mère et appeler le Docteur Smith. En attendant, allongez cette pauvre dame au sol et soulevez lui les jambes. Je pense qu'on va également contacter un psychologue.

Je lui répondis par un simple sourire et m'exécutais.

De retour à la maison, il était sûrement minuit. J'étais exténué de cette soirée-là, et ma mère dormait paisiblement dans mes bras. Je l'ai déposé dans son lit sans lui mettre son pyjama, et la couvris de sa couette.

Je tombais moi aussi vite dans les bras de Morphée après m'être déshabillé.

Le soleil se levait et cette lumière me rappela la journée que j'allais passer. Aujourd'hui, Clara et moi fêtions nos trois ans ensemble. Je comptais passer toute la journée avec elle. Ma mère allait se rendre chez ma grand-mère, car nous sommes Jeudi, et le Jeudi est le jour où elle doit lui rendre visite. Mamie est au bord de la mort, elle est très malade.

Je devais me préparer et juste dire à ma mère que j'allais aller chez Lukas.

Vers dix heures, je finis par laisser un petit mot à ma mère sur son chevet et me suis en allé. Je savais qu'elle me frapperait à coup sûr, mais je m'en fichais.

C'est pour Clara..

Un appel me sortit de mes pensées alors que je m'apprêtais à démarrer ma moto.

" – Allô ?

– Allô !

– C'est qui ?

– C'est Max banane.

– Ah, ça va ?

– Oui, très bien merci, et toi ?

– Ouais, qu'est-ce qu'il y a ?

– Mec faut que tu viennes voir ça !

– Venir voir quoi ?

– Rejoins moi, je t'envoie ma localisation.

– Je peux pas. Je passe la journée avec Clara aujourd'hui, j'te l'ai dit.

– Mais Clara est avec moi avec toute la bande, rejoins nous, tu verras c'est géant.

– Comment ça ? Putain, elle est sérieuse ?

– Mais viens, c'est rien.

– Ouais, j'arrive. "

Légèrement froissé, je me mis en route après avoir enfilé mon casque et vu l'emplacement où ils étaient.

C'est à l'autre bout de la ville, qu'est-ce qu'ils font tous là-bas ?

Après au moins vingt-cinq minutes passées sur le trafic, je les vis au loin entrain de me faire de grands gestes.

Je descendis de mon véhicule et les rejoignis. J'ai salué tout le monde et Raquël prit la parole :

– Ouais donc, il y a eu une rumeur sur une certaine maison qui serait habitée par des fantômes.

– Non mais attendez les mecs, on a tous au moins vingt ans, vous croyez encore à ces trucs ? S'interposa Jake.

– Laisse moi finir, Jake. Je disais, cette rumeur elle circule depuis un bon bout de temps déjà, mais personne n'a osé s'en approcher.

– Je pense plutôt que personne n'est au courant de son existence, regarde où on est, dans un coin paumé du Canada, où personne n'y a mis les pieds depuis des siècles. Cette maison est juste abandonnée, moi je me casse avec Aaron, c'est bon. »

Clara me tira le bras, et on se dirigea vers ma bécane.

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