Chapitre 4
-Tu es d'une politesse sans pareille, marmonna Dorian qui buvait un chocolat chaud.
-Je ne t'apprécies pas.
-Sans blague...
Le mannequin sirota bruyamment son chocolat qui lui laissa une trace laiteuse sur son doigt de l'ange. Il dévisageait le noiraud qui était assis, jambes croisées, sur le même canapé que lui. Un homme de taille plutôt petite, aux cheveux noirs corbeaux et aux yeux légèrement bridés d'un bleu glacé pénétrant.
-T'as prévu quelle chambre, pour moi ? Demanda le mannequin en reposant sa tasse sur ses genoux.
Évidemment, Dorian avait déjà visité l'appartement. Il le connaissait. Levi n'était pas le maître absolu, il n'avait pas ce savoir d'hôte. Il ne pouvait pas faire visiter son cottage, à ce presque inconnu.
Il pointa cependant du doigt les escaliers en colimaçon qui menaient à sa chambre, tout en ne détachant pas ses yeux de la tasse de Dorian qui penchait dangereusement vers son plaid. Si une goutte -rien qu'une goutte- ne venait a s'écraser sur son merveilleux pilou pilou rouge, neige ou pas neige, ce foutu mannequin finissait à la rue !
Lorsque Dorian se leva pour monter voir sa futur chambre, Levi soupira longuement. La tasse était posée en sécurité sur la table.
-Je peux aller poser mes affaires ? Fit le brun alors même qu'il était déjà sur la première marche.
-Fais comme chez toi, grommela le jeune Freeman en regardant cet inconnu qui allait dans sa chambre.
Les jambes de Dorian disparurent à la dernière marche, et le parquet grinça au dessus de lui. Ça y est, il est dans sa chambre. L'intimité de Levi a été violé, il n'est plus chez lui. Il ne sera plus jamais chez lui, ici.
-Tu m'as laissé de la place dans les tiroirs ? Cri Eren de l'étage.
C'est incroyable, comme le noiraud n'avait pas envie de lui répondre. En fait, il n'avait pas envie que Dorian soit la. De ce qu'il voyait de ce mannequin, ce n'était qu'un jeune parmi tant d'autres, à l'exception que ce prodige de beauté avait réussi à percer dans son milieu. Qu'est ce qui lui avait prit d'accepter de vendre cette maison à un gamin pareil ? Qu'est ce qui lui avait prit d'accepter une putain de collocation avec une personne inconnue ?
Et puis ces jeunes adultes, tout juste sortis de l'adolescence, c'est bien connu : c'est comme les chiens ! Faut les nourrir, les faire boire -Et pas que de l'eau, sans leur portion d'alcool par semaine, ça se déshydrate- les faire sortir trois fois par jours, ramasser la merde qu'ils laissent derrière eux et les tenir en laisse ! Et puis en plus, ça casse toujours au moins un vase.
Ou ça pisse par terre.
-Levi ? L'appela Dorian qui attendait toujours sa réponse.
Par ce que oui, en plus de toute ces conneries, un chien-dolescen-dulte, ça a besoin d'attention.
-Non, je ne t'ai pas fais de place dans le placard ! Ça reste ma chambre, même si t'y dors ! Lui hurla Levi qui se trouvait toujours au rez-de-chaussée, il manquerait plus qu'il marque son territoire...
Comprenant que quand Dorian redescendrait, il aurait complètement oublié sa tasse, lâchement abandonnée sur la table basse, Levi se leva et l'attrapa. S'il devait pendant presque deux semaines, passer toujours derrière lui, ça n'allait pas le faire.
Le noiraud déposa le mug dans le lavabo, en s'assurant qu'elle ne soit pas bancale. Sinon, elle finirait par ce casser.
Le jeune Freeman, eut l'idée de laisser la cuisine telle qu'elle. Rien de mieux qu'une mise en situation, pour voir la réaction de son nouvel animal de compagnie.
Le gamin domestique descendit les escaliers bruyamment, et vêtu d'une doudoune qui avait l'air plutôt chaude et confortable, sorti en trombe, la porte grande ouverte.
-Alors la, il m'en bouche un coin... murmura Levi pour lui même.
Il n'était tout de même pas sorti ainsi ? En laissant la porte ouverte ? Il n'allait pas repartir dans sa voiture ?
Heureusement non, le mannequin récupérait juste ses valises dans son coffre. Dans un soupir de soulagement, le noiraud aida le brun à porter ses affaires à l'étage. Il en profita pour récupérer quelques affaires précieuses, et indiqua bien que l'armoire lui appartenait.
-Interdit d'entreposer tes vêtements dans mes tiroirs ! Répéta pour la énième fois Levi, la main sur la rambarde de l'escalier.
-Mais oui, je suis pas bouché ! Lui répondit Dorian en levant grossièrement les yeux au ciel.
Et pourtant, le noiraud avait de sérieux doutes. En réalité, l'appréhension montait petit à petit en lui. Il n'était pas fait pour être sociable, ni pour habiter avec une autre personne que lui. Ou que sa mère, a l'époque.
Lorsqu'il avait vécu deux ans avec Keith, ça avait été un calvaire. Un mal nécessaire certes, mais un mal tout de même. Tous les soirs, la même histoire se répétait. Keith se lavait toujours en premier et Levi en second. Le jeune Freeman avait beau répété à son aîné de passer un jet d'eau après lui dans la douche, il restait toujours, sortis de nul part, des poils. Des putains de poils dans sa douches ! Et le vieux qui niait les faits... Levi avait dû supporter ce calvaire deux années. Oh bien sûr, l'histoire des poils n'était absolument rien, face à celle des pizzas surgelées du samedi soir.
-Tu veux qu'on s'organise comment pour les soirées ? Demanda Dorian en descendant à son tour.
Alors qu'il tournait dans les escaliers, ces derniers se mettaient à craquer, et Levi priait pour que son cottage ne s'effondre pas.
-Je suis chez moi, répondit tout simplement le noiraud en inspectant d'un œil avisé les marches de l'escalier.
-Bien. Et donc ?
-Et donc rien du tout. Je déciderai de ce que je mettrai le soir sur ma télévision dans ma maison.
Dorian s'écrasa lamentablement sur le canapé, salissant par la même occasion de son jean sale de l'extérieur, la si chaude couverture rouge de Levi.
-Je peux ? Grogna le noiraud sans attendre de réponses.
Il tira brusquement sur son plaid, faisant se lever Dorian d'un bond. Levi l'enroula autour de sa poitrine, et l'emporta avec lui dans la chambre de sa mère.
Il faudra dresser ce gamin domestique. De toute urgence. Sinon il le savait : vase cassé ou pipi par terre. Obligatoirement.
-Tu es allé au supermarché avec ce pantalon, lui fis remarquer le noiraud.
Le mannequin baissa la tête sur son jean délavé, puis releva ses yeux verts sur son hôte.
-Oui, j'ai pas pu me changer entre temps dans ma voiture. Tu voulais quoi ? Que je fasse comme chez moi et me mettes en caleçon ? Tu m'excusera mais t'es pas assez accueillant pour que je me mette à l'aise.
-Mais je ne veux pas que tu sois à l'aise. Je ne veux pas non plus te voir à moitié à poil dans ma maison ! Je veux que tu sois propre, et que tu ne pollues pas mes affaires !
-Excuse-moi de m'être assis sur ta couverture, grommela Eren en attrapant la télécommande de la télévision.
Le noiraud lui arracha des mains avant que l'écran ne soit devenu éclairé. Il lui ponta la salle de bain du doigt, et tapa du pieds bruyamment. Le mannequin, lui, écarquillait grand les yeux. Si ce nain allait être comme ça durant toute leur colloc' ça risquait d'être bien chiant.
-Je vais travailler dans ma chambre, l'informa le noiraud alors que Dorian rentrait dans la salle de bain, ne vient pas ma déranger. Il y a ta vaisselle dans le lavabo. Je ne veux plus rien voir d'ici demain matin, quand je serai debout.
Le jeune Freeman n'entendit pas la réponse de Dorian qui était déjà enfermé dans la salle de bain. De toute façon, ce n'était pas une question, c'était un ordre.
Et il valait mieux obéir à Levi Freeman.
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